Le contrebassiste Pierre-Yves Le Jeune a monté Rue de Tanger avec l’accordéoniste Laurent Derache et le percussionniste Dogan Poyraz. Le choix du nom du groupe ne doit rien au hasard : la rue de Tanger, dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, est cosmopolite, à l’image de la musique du trio. Par ailleurs, de 1926 à 1968, le numéro huit de cette rue a abrité un célèbre bal musette : le Tourbillon. Or le musette est l’une des sources d’inspiration de Le Jeune, dont un grand-père était accordéoniste…
Rue de Tanger publie son premier disque, Simone, le 21 août 2020 chez Wopela et le concert de sortie aura lieu le 7 novembre au Zèbre, à Belleville. Au programme de Simone, « un personnage mystérieux et insaisissable », cinq compositions signées Le Jeune, et deux reprises de Jo Privat : « La Zingara » et « Balajo ».
Sur une darbouka et des percussions enjouées, l’accordéon et la contrebasse dialoguent sur « La Zingara ». L’atmosphère est à la fête, dans une ambiance musette du monde. Après un ostinato de la contrebasse, l’accordéon expose le thème-riff « Simone », bientôt rejoint par la batterie, foisonnante et toujours aussi entraînante. Le développement, bien qu’empreint d’une certaine nostalgie, reste d’un dynamisme élégant, porté par les poly-rythmes de Poyraz et les lignes rondes de Le Jeune. Avec son tempo enlevé, transporté par le cliquetis des percussions, interrompu par des passages plus mélancoliques joués par Le Jeune à l’archet, le « Balajo » retrouve le climat chamarré des cabarets… Grave et boisée, la contrebasse introduit « Rétrospection », avant que Derache n’expose le thème, solennel, soutenu par une ligne sourde de Le Jeune et un Poyraz luxuriant, auteur d’un chorus mat et puissant. « Denya quoi ! » commence par un slam moyen-oriental profond, renforcé par la ligne sourde de la contrebasse et le bruissement de la batterie. La suite s’inscrit dans une lignée musette moyen-orientale avec les vocalises et modulations de Saïdi, entrecoupées de spoken word, sur des motifs chaloupés. « Chez Odette » tangue au rythme des phrases sinueuses et énergiques de Derache, des shuffle de Le Jeune et des frappes touffues de Poyraz. « La poule aux yeux d’or » n’est pas franchement gaie : l’accordéon étire une valse sur une contrebasse minimaliste. Les cliquetis de Poyraz redonnent de la vitalité au morceau et Le Jeune continue dans la même veine, avant que le trio ne parte dans une ronde joyeuse.
Rue de Tanger rejoint le monde du jazz musette cher à Richard Galliano. Simone est un disque qui pétille de bout en bout, avec des mélodies chantantes et des rythmes pétulants !
Le disque
Simone
Rue de Tanger
Laurent Derache (acc), Pierre-Yves Le Jeune (b) et Dogan Poyraz (perc), avec Sofiane Saïdi (voc).
Wopela
Sortie le 21 août 2020
Liste des morceaux
01.« La Zingara », Jo Privat (6:14).
02.« Simone » (6:18).
03.« Balajo », Jo Privat (5:23).
04.« Rétrospection » (8:30).
05. « Denya quoi! » (5:49).
06. « Chez Odette » (4:26).
07. « La poule aux yeux d'or » (5:41).
Tous les morceaux sont signés Le Jeune, sauf indication contraire.