27 octobre 2020

Suspended - Antoine Pierre Urbex Electric

Le batteur
Antoine Pierre monte l’octuor Urbex en 2014. Après un premier disque éponyme sorti en 2016 chez Igloo Records, Pierre récidive en 2018 avec Sketches of Nowhere, toujours chez Igloo Records. Suspended, le troisième disque d’Urbex, a été enregistré en concert, à Flagey, dans le cadre de l’édition 2020 du Brussels Jazz Festival, et sort le 11 septembre 2020 chez Outnote Records.

Le trompettiste Jean-Paul Estiévenart, le guitariste Bert Cools, le pianiste Bram de Looze, le bassiste Felix Zurstrassen et le percussionniste Frédéric Malempré sont toujours de l’aventure. En revanche Toine Thys et Steven Delannoye laissent la place au saxophoniste alto Ben Van Gelder, déjà présents sur quelques morceaux de Sketches of Nowhere, mais aussi à Reiner Baas à la guitare et à Jozef Dumoulin au Fender Rhodes.

Pour les neuf compositions du répertoire, toutes signées Pierre, le batteur a puisé son inspiration dans Bitches Brew, que Mile Davis a publié en 1970. Comme chez Davis, la rythmique de Suspended groove grave !... poussée par une batterie tourbillonnante (« Drums Take Over ») au jeu serré (« You Nod But You Ain’t ») et nerveux (« Steam »), et des motifs et riffs de basse sourds (« What U Expect! ») et entêtants (« Steam »), avec, parfois, des touches rock (« Sound Barrier »). Les musiciens prennent évidemment des chorus, mais, globalement, la musique d’Urbex est davantage une musique de mouvements collectifs. Les voix grouillent (« You Nod But You Ain’t ») : effets électro en décor (« Sound Barrier »), couinements (« Obsession ») ou nappes de sons (« Abstract: Peace ») en arrière-plan, stridences des guitares électriques (« What U Expect! »), bruitages de science-fiction (« Abstract: Tide »), contrepoints de la trompette et du saxophone alto (« Abstract: Peace »), unisson dans une veine hard-bop (« Obsession ») ou « davisienne » (« Feather »)… Suspended évolue dans une ambiance d’ensemble qui évoque bien sûr celle de Bitches Brew (voire In A Silent Way, notamment pour la présence de la batterie), mais les thèmes et les développements gardent la pâte d’Urbex.

Suspended suit les traces d’Urbex et de Sketches of Nowhere : une musique toujours aussi incisive, qui laisse la part belle aux rythmes et aux interactions.

Le disque
 
Suspended (Live at Flagey)
Antoine Pierre Urbex Electric
Jean-Paul Estiévenart (tp), Ben Van Gelder (as), Reinier Baas (g), Bert Cools (g, electro), Bram De Looze (p), Jozef Dumoulin (Fender Rhodes, electro), Félix Zurstrassen (b), Antoine Pierre (d) et Frédéric Malempré (percu).
Outnote Records - OTN 637
Sortie le 11 septembre 2020.
 
Liste des morceaux
 
01. « Steam » (05:59).
02. « Obsession » (07:53).
03. « Abstract: Peace » (04:12).
04. « What U Expect! » (08:13).
05. « Abstract: Tide » (03:46).
06. « Feather » (02:31).
07. « You Nod But You Ain’t » (05:09).
08. « Drums Take Over » (04:19).
09. « Sound Barrier » (03:07).
 
Tous les morceaux sont signés Pierre. 
 

25 octobre 2020

A la découverte de Camille Thouvenot

Pianiste et contrebassiste formé dans les conservatoires de Nîmes et de Lyon, Camille Thouvenot s’est aussi bien frotté à la musique classique qu’au reggae, ska, funk et, bien sûr, au jazz. En novembre 2020, il sort Crésistance, premier disque sous son nom avec le Mettà Trio ; l’occasion de partir à la découverte de ce musicien éclectique !


La musique

J’ai découvert le jazz pendant mon enfance, entre autres, grâce à mes parents et à l’entourage familial. Mon père est contrebassiste amateur et grand mélomane, et ma mère a hérité d’un petit piano droit… Il était là dès ma naissance. J’ai donc commencé très tôt !… Et quand mon père a décidé d’apprendre le violoncelle, j’ai récupéré sa contrebasse ! [Rires]. Quand j’étais gamin, des amis proches de mon père passaient de temps en temps à la maison, et notamment des musiciens professionnels comme Claude Tchamitchian, Raymond Boni, Stéphan Oliva, Jean-Pierre Jullian, Henri Texier... J’entendais régulièrement leurs disques et écoutais les nouvelles qu’ils donnaient. Et il y a surtout eu un ami intime de mon père, Gérard de Haro, l’un des créateurs des Studios La Buissonne. J’ai donc pu écouter beaucoup de disque de jazz... Mais pas uniquement !

Pour moi, le jazz, évidemment, c’est beaucoup de choses !... Mais c’est avant tout de la musique ! D’ailleurs je ne catégorise pas trop par style : c’est la musique qui prime ! Même si je suis un « jazzman » et que je m’ancre progressivement dans cette « famille »... [Sourire] Cela dit, j’aime énormément la musique et l’improvisation. Et c’est sûr que le jazz un remarquable terrain de jeu pour improviser. Mais je reste très ouvert à d’autres styles de musique. Par exemple, la musique classique… Que j’ai d’ailleurs retrouvée récemment « grâce » au confinement ! [Rires] J’aime particulièrement essayer de faire des liens entre les différents « styles » et le piano est, bien sûr, un formidable instrument pour ça : il transporte avec lui un tel héritage musical…

Je commence le piano avec Marc Cornelissen. Mes premiers camarades de musiques et moi ne faisons pas vraiment du jazz – nous avons entre six et neuf ans ! – mais Marc nous fait découvrir que la musique se joue à plusieurs et qu’ensemble, nous pouvons sans trop de difficulté s’amuser et partager en musique ! A quatorze ans je rejoins le conservatoire de Nîmes où je poursuis mon apprentissage de la musique classique et contemporaine. Ado, avec mon premier groupe, nous jouons du ska, du reggae, du funk… Ensuite, à dix-neuf ans, après mon bac, j’intègre la classe de Mario Stantchev au conservatoire de Lyon. C’est à ce moment que je fais mes premières rencontres et expériences réellement jazz, avec des groupes comme Dreisam, G.M.T. Trio, Trio DT, La&ca, Foolish Ska Jazz Orchestra etc. En parallèle je décide d’approfondir mon apprentissage de la contrebasse et entre dans la classe de Jérôme Regard, toujours au conservatoire de Lyon.

En dehors de mes professeur, j’ai été influencé par de très nombreux musiciens comme Wayne Shorter, Wynton Marsalis, Brad Mehldau, Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock, Bob Marley, Ray Charles, The Blues Brothers, Tigran Hamasyan, Cory Henry, Gerald Clayton, Shai Maestro, Ahmad Jamal, Errol Garner, Bill Evans, Vijay Iyer, The Bad Plus, E.S.T., Andy Emler, Bojan Z, Baptiste Trotignon, Laurent de Wilde, Pierre de Bethmann... mais aussi la musique traditionnelle indienne, The Skatalites, Glenn Gould, Daniel Baremboim et une pléthore de compositeurs de musique « classique »...



Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Le jazz / la musique c’est du partage, de l’amour, de la joie, de la colère… et tellement d’autres choses !

Pourquoi la passion du jazz ? Parce que, avant tout, le jazz, ce sont des sensations, des émotions, que l’on a aussi bien en l’écoutant qu’en le jouant.

Où écouter du jazz ? En live, en live ! Dans les festivals et les concerts organisés par des associations, des passionnés, des clubs, des bars, des restaurants etc. Pour moi, rien ne vaut la chance et l’expérience de pouvoir écouter des musiciens en vrai. Et nous sommes tous bien placés en ce moment pour nous rendre compte que ça nous manque !

Sinon, il y évidemment aussi les disques ! Et maintenant, internet, bien sûr ! J’avoue avoir passer des centaines d’heures sur YouTube à regarder des vidéos de concerts, clips, etc. de tous types de musique !

Comment découvrir le jazz ? En allant voir des concerts, en écoutants des disques, en lisant des écrits liés à son histoire et… en regardant des vidéos de concerts sur internet [sourire].

Une anecdote autour du jazz ? A trois mois, dans mon berceau, j’ai assisté à une Master Class de Charlie Haden à laquelle mon père participait...


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un chameau,

Si j’étais une fleur, je serais un coquelicot,

Si j’étais un fruit, je serais un fruit de la passion,

Si j’étais une boisson, je serais un café !

Si j’étais un plat, je serais un plateau de fromages !

Si j’étais un mot, je serais foolish,

Si j’étais un chiffre, je serais 23,

Si j’étais une couleur, je serais rouge,

Si j’étais une note, je serais mi.


Sur l’île déserte…

Quels disques ? Des disques de Bob Marley, Brad Mehldau et Johann Sebastian Bach… Mes trois B !

Quels livres ? Des livres de Paul Auster et Haruki Murakami… plus un dictionnaire !

Quels films ? The Blues Brothers et Eternal Sunshine of The Spotless Mind de Michel Gondry.

Quelles peintures ? Edward Hopper, Vassily Kandinsky, Jean-Michel Basquiat, Pablo Picasso, Joan Miró, Camille Pissarro, Le Douanier Rousseau

Quels loisirs ? Yoga, escalade, vélo, rando, cuisine, voyages, jeux de société, moments conviviaux avec les copains et encore de la musique !


Les projets

Continuer de pouvoir partager la musique avec d’autres, en concerts, en enregistrant en créant… en résistant !


Trois vœux…

  1. Un monde sans inégalités si cruelles…

  2. Un monde ouvert à l’art et aux belles choses !

  3. Un monde qui va bien…


24 octobre 2020

Twins - Collectif La Boutique & Vincent Peirani

Jean Remy Guédon fonde l'ensemble Archimusic en 1993. Autour d'un noyau de huit musiciens, la compagnie devient le collectif La Boutique en 2018 et prend ses quartiers dans La Boutique du Val, à Meudon. Les projets du collectif s'articulent autour de grands ensembles - New Guinguette avec Andy Emler, Caminos et Mizik a Kompè de Guédon etc. - de créations personnelles en petites formations, d'échanges avec des musiciens d'autres pays - Air Artistes - et d'une résidence au centre d'Art et de Culture de Meudon.

Twins est une création de Fabrice Martinez pour l'octuor Archimusic sur des compostions de Guédon. L'orchestre est composé des membres du collectif : Nicolas Fargeix à la clarinette, Emmanuelle Brunat à la clarinette basse, Vincent Arnoult au hautbois, Clément Duthoit aux saxophones, Yves Rousseau à la contrebasse et David Pouradier Duteil à la batterie. C'est Anaïs Reyes qui est au basson, à la place de Vincent Reynaud. Enfin, l'octuor invite Vincent Peirani car Martinez « a eu envie d'un instrumentiste dans le rôle de la chanteuse [et Peirani] peut faire chanter son accordéon comme peu de gens ». La première de Twins a lieu le 13 mars 2020 au Théâtre Rutebeuf, à Clichy, et le disque sort le 24 avril 2020 sur le label Archimusic.

Les compositions de Guédon sont de courtes pièces – quatre minutes trente secondes en moyenne – finement ciselées. A partir de mélodies qui rappellent  ça-et-là la musique du début vingtième, les morceaux se déroulent souvent en deux mouvements : le premier plutôt serein et le deuxième enlevé (« Parméric »). L’instrumentation aidant, les développements marient musique de chambre et jazz. L’accordéon apporte une touche dansante (« L’intelligence »), sans pour autant laisser de côté son potentiel nostalgique (« Spaciba »), ni ses envolées exaltées (« Darkniet »). Des duos d’une élégance rare – contrebasse et bugle en introduction de « L’intelligence », contrebasse et gatham dans « La nature universelle » – côtoient des arrangements délicats – les chœurs qui accompagnent l’accordéon (« L’intelligence ») –, des accompagnements malins – entrelacs des voix autour de celle de l’accordéon (« L’imagination ») –, des dialogues raffinés – la clarinette avec le reste de l’orchestre (« Spaciba ») – et tout un jeu d’interactions habiles – foisonnement (« Darkniet »), unissons (« Parméric »), échanges croisés (« Lois et passions »), trio clarinette – contrebasse – batterie subtil (« Parrain »)… L’ensemble Archimusic jongle avec les ambiances : jungle Ellingtonnien (« Parméric »), majestueux comme une marche funeste (« Peur et religion »), cinématographique (« L’intelligence »), bluesy (« Parrain »), free (« Darkniet »), rock progressif (« Avis aux vieux ») ou plus mainstream (« Parfum »). Une mention spéciale pour la section rythmique qui, du début à la fin, balance joyeusement (« La nature universelle »), dispense un swing contagieux (« Lois et passions ») et entraînant (« L’imagination »), sortant même une walking et un chabada de derrière les fagots (« Parrain »).

Twins est tout simplement un très beau disque : quarante-neuf minutes de plaisir pur !


Le disque

Twins
Collectif La boutique & Vincent Peirani
Nicolas Fargeix (cl), Emmanuelle Brunat (bcl), Vincent Arnoult (ht), Anaïs Reyes (basson), Clément Duthoit (sax), Fabrice Martinez (tp), Yves Rousseau (b) et David Pouradier Duteil (d), avec Vincent Peirani (acc).
Archimusic – CLB932027
Sortie le 24 avril 2020

Liste des morceaux

    01. « L’intelligence » (4:52).
    02. « Parfum » (3:27).
    03. « La nature universelle » (4:57).
    04. « Peur et religion » (5:11).
    05. « L’imagination » (3:27).
    06. « Parrain » (4:25).
    07. « Lois et passions » (4:16).
    08. « Darkniet » (3:58).
    09. « Avis aux vieux » (4:38).
    10. « Parméric » (3:54).
    11. « Spaciba » (5:39).

Toutes les compositions sont signées Guédon.

 

18 octobre 2020

Remembering Jaco Pastorius – Multiquarium Big Band & Biréli Lagrène

Après avoir joué aux côtés de
Didier Lockwood au début des années quatre-vingt-dix, André Charlier et Benoît Sourisse forment un duo de choc. En 1999, le violoniste, l’organiste et le batteur cofondent le Centre des Musiques Didier Lockwod  (CMDL) puis, en 2001, ils sortent Gemini avec Jerry Bergonzi en guest star. C'est le premier album sous le nom « Charlier/Sourisse », qui devient au fil des ans une véritable marque de fabrique. Suivront Eleven Blues (2004) avec Kenny Garrett, Héritage (2007) avec Kurt Rosenwinkel, Imaginarium (2010), European New Quartet (2018) et Tales From Michael (2019), un hommage à Michael Brecker avec Louis Winsberg.


Quant à l'épisode Multiquarium, il commence en 2013 avec un disque éponyme en compagnie du trompettiste Claude Egéa, du saxophoniste Stéphane Guillaume, du guitariste Pierre Perchaud et du contrebassiste Jean-Michel Charbonnel. Quelques années plus tard, le sextet est devenu un orchestre de dix-sept musiciens qui publie Multiquarium Big Band en 2016, avec des arrangements signés Carine Bonnefoy et Pierre Drevet. Forts de cette expérience, Charlier/Sourisse décident de poursuivre l'aventure en jouant la musique de Jaco Pastorius. Remembering Jaco sort le 16 octobre 2020 chez Naïve Records et il est dédié à « notre grand ami Didier Lockwood ».


Décédé le 21 septembre 1987 à Fort Lauderdale, Pastorius n'avait que trente-cinq ans. Non content d'avoir révolutionné la basse électrique, Pastorius a également fait partie, entre 1976 et 1982, de l'un des premiers et des plus influents groupes de jazz-fusion : Weather Report.  Pour tenir le rôle du bassiste, Charlier/Sourisse font appel à un… guitariste ! Mais pas n'importe lequel : Biréli Lagrène, qui, pour l'occasion, troque la six cordes pour une basse électrique fretless, comme celle de son illustre prédécesseur. Sans oublier que Lagrène connaît bien Pastorius car ils ont joué ensemble à New York en 1985, puis tourné en Europe et publié Stuttgart Aria en 1986. Autre invité d'honneur, Peter Erskine, batteur de Weather Report de 1978 à 1982, à qui revient la tâche de présenter Remembering Jaco. Charlier/Sourisse ont également demandé à Yannick Boudruche de chanter « Fanny Mae ».


Globalement, il y a peu de changements dans le Multiquarium Big Band par rapport à l'équipe de 2016 : Erick Poirier et Yves Le Carboulec  rejoignent Egéa et Drevet aux trompettes,  Stéphane Chausse se joint à Lucas Saint-Cricq, Guillaume, Frédéric Borey et Frédéric Couderc dans la section des hanches, Denis Leloup, Damien Verherve, Philippe Georges et Didier Havet sont toujours derrière les pupitres des trombones, Perchaud tient encore la guitare et les percussions de Nicolas Charlier continuent d’accompagner la batterie. Les morceaux ont été arrangés par Sourisse, Guillaume, Drevet ou Nicolas Folmer.


En introduction, Erskine pose une question qui lui sert de fil conducteur pour commenter Remembering Jaco : « la question que les étrangers me posent le plus souvent c’est : comment c’était de jouer avec Jaco ? ». 


Le périple de Multiquarium Big Band commence par « (Used To Be a) Cha Cha », tiré du premier disque de Pastorius en leader, sorti en 1976, et dans lequel il affiche déjà son goût pour les orchestres à dimension variable, avec quelques musiciens aux côtés desquels il fera un bout de route, comme Herbie Hancock, Wayne Shorter, Randy et Michael Brecker, Don Alias, Narada Michael Walden, Lenny White… Nerveux et tonitruant, « (Used To Be a) Cha Cha » ressemble à une bande originale des années soixante-dix, avec un Lagrène véloce et mélodieux à l’instar de Pastorius et un Guillaume convaincant à la flûte. 


C’est dans Black Market, le septième album de Weather Report, publié en 1976, que Pastorius fait ses débuts avec Joe Zawinul et sa bande. Le bassiste joue sur « Cannon Ball », hommage à Cannonball Adderley, décédé en 1975, et sur sa composition « Barbary Coast », que Charlier/Sourisse interprètent dans une ambiance soul funky foisonnante, soutenus par la basse virevoltante de Lagrène et le chorus relevé de Saint-Cricq.


« Liberty City » est au répertoire de Word of Mouth, deuxième disque de Pastorius sous son nom, édité en 1981. Pastorius reprend souvent ce morceau, notamment lors d’une tournée avec son big bang de 1981 à 1983. Big band dans lequel nous retrouvons notamment Randy Brecker et Don Alias, mais aussi Bob Mintzer, Toots Thielemans et… Peter Erskine. Les concerts au Japon sont enregistrés et sortent sur disque en 1983 sous le titre Invitation, du thème éponyme de Bronislaw Kaper. Le Multiquarium Big Band enchaîne les deux morceaux dans un esprit voisin des originaux. Là encore, les unissons brillants et la vivacité rythmique mettent en relief le côté cinématographique des morceaux de Pastorius. Le trombone élégant de Leloup, le saxophone soprano tourbillonnant de Guillaume, la basse virtuose de Lagrène, le piano entraînant de Sourisse et les percussions puissantes des Charlier viennent animer les morceaux. « Continuum », également au programme d’Invitation, s’appuie sur un dialogue la ligne de basse, un brin nostalgique, et l’orchestre, brillant.


Speak Like A Child est un album « classique » d’Hancock sorti en 1968. Dans son premier disque, Pastorius en reprend le morceau-titre qu’il associe à « Kuru ». Riffs rapides, percussions ardentes et chœurs impétueux permettent au piano de Sourisse et au ténor de Borey de laisser voguer librement leurs phrases aux accents bluesy.  


« Teen Town » est extrait de Heavy Weather, huitième album de Weather Report – 1977 – dans lequel Pastorius joue pour la première fois sur tous les titres. Dans ce morceau funky, le jeu de Lagrène évoque Pastorius avec maestria.


Charlier/Sourisse réinterprètent ensuite « Three Views of A Secret » de Word of Mouth en mettant l’accent sur le caractère mélancolique de cette ballade. La clarinette de Chausse, la guitare de Perchaud et le bugle d’Egéa s’envolent sur les volutes de l’orchestre. 


Toujours dans Heavy Weather, « Palladium » est une composition de Shorter, avec un balancement et une joie rythmiques qui rappellent une samba. Le ténor de Guillaume et la trompette de Drevet emmènent le morceau vers des horizons hard-bop aux touches funky.


Remembering Jaco s’achève sur « Fannie Mae », tube de 1959 chanté par Buster Brown, et qui est au menu d’Invitation. Un rock’n roll chanté par Boudruche dans la plus pure tradition et mis en relief par les chorus de Sourisse à l’orgue Hammond et Verherve au trombone.


Le mot de la fin revient à Erskine : « Donc… comment c’était de jouer avec Jaco ? En un mot, c’était… chouette ! »… comme Remembering Jaco !


Le disque


Remembering Jaco Pastorius
Multiquarium Big Band & Biréli Lagrène
Claude Egéa, Pierre Drevet, Erick Poirier, Yves Le Carboulec (tp), Stéphane Chausse (as, cl), Lucas Saint-Cricq (as, ts), Stéphane Guillaume (ss, ts, fl, cl), Frédéric Borey (ts), Frédéric Couderc (bs, bcl), Denis Leloup, Damien Verherve, Philippe Georges (tb), Didier Havet (btb), Pierre Perchaud (g), Benoît Sourisse (p, org), Biréli Lgrène (b), André Charlier (d) et Nicolas Charlier (perc), avec Yannick Boudruche (voc) et Peter Erskine (voc).
Naïve Records – NJ7195
Sortie le 15 octobre 2020.


Liste des morceaux


    01. « Introduction », Peter Erskine (1:19).
    02. « Used to Be a Cha Cha » (4:49).
    03. « Barbary Coast » (6:19).
    04. « Interlude # 1 », Peter Erskine (1:08).
    05. « Liberty City » & « Invitation », Bronislaw Kaper (9:46).
    06. « Continuum » (2:01).
    07. « Kuru » & « Speak Like a Child », Herbie Hancock (6:42).
    08. « Interlude # 2 », Peter Erskine (1:30).
    09. « Teen Town » (3:32).
    10. « Three Views of A Secret » (6:15).
    11. « Palladium », Wayne Shorter (8:15).
    12. « Conclusion », Peter Erskine (2:10).
    13. « Fannie Mae », Clarence L. Lewis, Morris Levy & Waymon Glasco (3:46).

Tous les morceaux sont signés Pastorius sauf indication contraire.


16 octobre 2020

11 octobre 2020

Abrazo – Peirani & Parisien

Depuis qu’ils ont croisé leurs notes dans le quartet de
Daniel Humair en 2012, Vincent Peirani et Emile Parisien ne se quittent plus ! Après le duo Belle Epoque (2014) et le quintet Sfumato (2016), les deux musiciens se retrouvent pour Abrazo, qui sort toujours chez ACT, en août 2020.

Peirani apporte trois compositions et Parisien, une. Ils reprennent aussi « The Crave », composé par Jelly Roll Morton en 1938, « Fuga y Misterio » (sixième mouvement de l’opéra-tango María de Buenos Aires - 1968) et « Deus Xango » (tiré de l’album Summit avec Gerry Mulligan – 1974) d’Astor Piazolla, « Temptation » du « roi de la rumba » Xavier Cugat, « A Bebernos Los Vientos » du compositeur argentin Tomás Gubitsch (guitariste du groupe Invisible) et « Army Dreamers », le tube de Kate Bush du disque Never for Ever (1980). Comme souvent chez ACT, la pochette du disque est soignée : le détail d’une toile du peintre allemand figuratif abstrait Thomas Scheibitz se détache sur le fond blanc.

D’élégantes mélodies (« Fuga Y Mysterio »), sous forme de thème-riff (« The Crave »), d’airs majestueux (« Deus Xango », « A Bebernos Los Vientos »), nostalgiques (« Between T's », « Army Dreamers ») ou sombres (« Temptation »), côtoient des morceaux plus chambristes (« Memento »), voire de musique contemporaine (« Nouchka »). Les mélodies sont portées par des motifs dansants aux accents néo-orléanais (« The Crave ») et des boucles entraînantes comme une farandole (« A Bebernos Los Vientos »), en passant par des suites d’accords qui évoquent le tango (« Temptation »), des phrases fuguées (« Fuga Y Mysterio »), des lignes de basse enlevées (« Memento ») et des pompes profondes (« FT »). Le son brillant et les legatos de Peirani fusionnent avec la sonorité chaude et veloutée de Parisien. La connexion entre les deux artistes est quasiment télépathique. Ce qui est particulièrement évident dans le développement des morceaux : dialogues intimistes (« Temptation »), contrepoints (« Fuga Y Mysterio ») et unissons (« Memento ») virtuoses, questions-réponses acérées (« Between T's »), montée en tension haletante (« Memento »), dialogues subtils (« A Bebernos Los Vientos »), discussions à bâton rompu (« Nouchka »)…

Peirani et Parisien démontrent avec brio l’adage qui dit que le jazz est la plus savante des musiques populaires (et réciproquement) et lAbrazo qu’ils proposent fait du bien en cette période d’épidémie !

Le disque

Abrazo
Peirani – Parisien
Emile Parisien (ss) et Vincent Peirani (acc).
ACT – ACT 9631-2
Sortie le 28 août 2020

Liste des morceaux

01. « The Crave », Jelly Roll Morton (04:35).
02. « Temptation », Xavier Cugat (06:06).
03. « Fuga Y Mysterio », Astor Piazzolla (03:34).
04. « Between T's », Peirani (02:35).
05. « Deus Xango », Astor Piazzolla (05:25).
06. « Memento », Parisien (05:40).
07. « A Bebernos Los Vientos », Tomás Gubitsch (06:39).
08. « Nouchka », Peirani (09:17).
09. « FT », Peirani (02:39).
10. « Army Dreamers », Kate Bush (05:38). 

02 octobre 2020

Les grilles de Bob... Octobre 2020


Horizontal
A Fait souvent mal aux oreille.
B Trompettiste américain des années 30 au prénom musclé.
Résonne dans un gamelan.
C A tenu la contrebasse dans le Jazz de Paris de Combelle.
D Acronyme utilisé par un groupe punk-rock.
Avec Brown et Manne, il forme les Poll Winners.
E Singer sait très bien le faire, même sans chanter.
F Tu indiquais leurs positions sur la tablature.
G Et si elle était la cause du SFC de Jarrett ?
H Hamasyan s'y est peut-être baigné.
I Elles sont au moins deux à porter ce patronyme.
« Petite Lili » est le thème le plus connu de ce trompettiste.
J Ville des USA plus connue pour le cinéma que pour le jazz.
Vertical
1 Surnom d'un altiste qui mangeait beaucoup.
2 Initiales d'un pianiste qui a étudié avec Hindemith.
Compositeur estonien.
Autant de capacité permet de stocker tout le jazz possible !
3 Kirk en a joué, mais Gunhild Carling en est la spécialiste.
4 Fondateur du World Saxophone Quartet.
Une ville que Bojan Z connait sûrement.
5 Nom et prénom d'un improvisateur clé né à Bristol.
6 Célèbre festival multi-disciplinaire néerlandais.
Ce contrebassiste a les mêmes initiales qu'un géant de l'électronique.
7 Ils ont servi à amener les esclaves à travers les océans.
Timbales en bref.
Même les musiciens en ont besoin pour leurs murs.
8 Bruit en Tok Pisin.
L'acousmatique en est friande.
Elle.
9 Le droit que nous avons dans une chose.
Technique d'amplification sonore développée par Philips.
Marc Johnson connait très bien cette chanteuse et pianiste.
10 Dans une chaîne Hi-Fi, ils modifient le volume des fréquences.


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