30 novembre 2020

A la découverte de Mico Nissim

Alors qu’il sort un onzième disque sous son nom – Traces – et qu’il est présent depuis une cinquantaine d’années sur toutes les scènes du jazz, Mico Nissim reste pourtant encore un pianiste à découvrir...


La musique

Quand j’étais enfant, j’ai commencé l’apprentissage du piano avec madame Fabre-Bossard, professeure de piano classique à Nice. Depuis, je n’ai jamais changé d’instrument ! La suite de mon parcours musical est raconté sur mon site… Sinon, j’ai découvert le jazz dans les années soixante grâce aux émissions de Sim Copans. Côté influences, je citerais Robert Schumann, Claude Debussy, Miles Davis, John Coltrane et tous les pianistes de jazz, dont Paul Bley, Keith Jarrett et Herbie Hancock.


Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? C’est un langage qui se décline à partir de ses bases historiques – de ses débuts à la Nouvelle Orléans jusqu’au free jazz des années soixante – en intégrant toutes sortes d’ingrédients, qui le font évoluer dans de multiples directions...

Où écouter du jazz ? Il faut écouter le jazz en concert, avec un public, en particulier dans les clubs, et surtout la nuit !

Comment découvrir le jazz ? Ecoutez d’abord les enregistrements historiques... Puis sortez, allez écouter des musiciens sur scène, des plus connus aux plus obscurs...

Une anecdote autour du jazz ? Le soir où, au Baron’s Club de Harlem, j’ai vu Louis Armstrong qui était venu écouter les deux groupes de la soirée : le quintette de Miles Davis et le quartet de Dizzy Gillespie…

Mico Nissim © Pierre-Jérôme Adjedj 


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais une abeille qui butine, donne le miel et la cire, et pique si on l’emmerde !
Si j’étais une fleur, je serais un coquelicot, seul au milieu des champs de blé...
Si j’étais un fruit, je serais un kaki, juteux et sucré,
Si j’étais une boisson, je serais du jus de pomme,
Si j’étais un plat, je serais un couscous brochettes pour la convivialité et le partage...
Si j’étais une lettre, je serais S comme secret...
Si j’étais un mot, je serais sérénité car c’est dans le domaine du possible !
Si j’étais un chiffre, je serais 3 : mélodie, harmonie, rythme... Par exemple !
Si j’étais une couleur, je serais bleu, la couleur des jeunes étoiles, du ciel, de la mer et de la plupart de mes vêtements !
Si j’étais une note, je serais ré...


Les bonheurs et regrets musicaux

Avoir tenu dans la durée est ma plus belle réussite et je n’ai toujours aucun regret...


Sur l’île déserte…

Quels disques ? One Voice de Barbara Streisand, Milton de Milton Nascimento et toute l’œuvre pour piano de Debussy.

Quels livres ? Tout Honoré de Balzac, Fiodor Dostoïevski, Charles Dickens et une centaine de polars...

Quels films ? Le Port de l’angoisse de Howard Hawks, Le Salon de musique de Satyajit Ray, La Règle du jeu de Jean Renoir et bien d‘autres...

Quelles peintures ? Pablo Picasso, Berthe Morisot, Edward Hopper, Giotto...

Quels loisirs ? Des études de physique et des rêveries au coin du feu…



Les projets

Mon premier projet est un concerto pour piano et orchestre et le deuxième, c’est un groupe avec des chanteurs, dans la lignée de Tears For Fears.


Trois vœux…

1. Voir mon fils heureux dans sa vie.
2. Rester en bonne santé.
3. Vivre heureux avec ma femme.


29 novembre 2020

Constantine – Valentin & Théo Ceccaldi

Directeur et fondateur en 1986 de Musique et Equilibre, une école de musique associative à Orléans, Serge Ceccaldi fête ses soixante ans en 2020. Pour l’occasion, ses deux fistons, Valentin et Théo, lui ont offert un sacré cadeau : Constantine, un album dont le répertoire a été puisé dans les quelques six cent œuvres composées pour le théâtre par leur père et qui retrace l’histoire familiale depuis l’exil algérien… Le disque sort chez Brouhaha le 11 décembre.

Pour réaliser Constantine, les frères Ceccaldi ont évidemment fait appel au Grand Orchestre du Tricot, nonet du Tricollectif, dont les deux frères sont membres. Aux violon et violoncelle des rejetons Ceccaldi se joignent donc la voix de Robin Mercier, le saxophone ténor et les claviers de Quentin Biardeau, les saxophones et clarinettes de Gabriel Lemaire, les guitares de Guillaume Aknine, le piano et les claviers de Roberto Negro, et les batteries et percussions de Florian Satche et Adrien Chennebault. Mais la fête ne serait pas complète sans une pléthore d’invités : Leïla Martial, Fantazio et Abdullah Miniawy à la voix, Naïssam Jalal à la flûte traversière, Airelle Besson à la trompette, Emile Parisien au saxophone soprano, Michel Portal au bandonéon et à la clarinette basse, Yom à la clarinette et Thomas de Pourquery au chant et au saxophone alto.

L’illustration de la pochette, signée Jean Mallard, rappelle Constantine, les gorges du Rhummel et un mélange entre les ponts Sidi M’Cid et Salah Bey, dans un style naïf géométrique minimaliste. L’album s’ouvre d’ailleurs sur « Ampsaga », qui n’est autre que le nom antique du célèbre cours d’eau qui traverse la ville du vieux rocher. La culture arabe est également suggérée via « Falak falak », prénom arabe, mais aussi celui du serpent de mer des Mille et une nuits… Le titre des autres morceaux est plus énigmatique, à l’exception de « Sigognac », allusion directe au Capitane Fracasse, donc au théâtre, si cher à Ceccaldi-père...

Les motifs mélodiques simples et efficaces (« La trace du papillon ») dans l’esprit des musiques de film (« La règle du scarabée ») se développent dans des ambiances particulièrement variées qui évoquent tour à tour le monde arabe (la tournerie et les vocalises lointaines d’« Ampsaga », « Falak falak »), la musique baroque (le duo violon – violoncelle dans « Le retour des perdrix »), le rock underground (« Une bonne dose de vent », « Elle »), le klezmer (« Le retour des perdrix »), la folk (« La règle du scarabée »), la pop (« Sous les plis de l’aurore »), le tango (« Et même le ciel »), les fanfares (« Sigognac »)… Cette exubérance, juste reflet de la vitalité des Ceccaldi, est parfaitement mise en valeur par un orchestre foisonnant (« Horizon fantôme »), une utilisation adroite des voix (« Une bonne dose de vent »), des solos inventifs (« Sigognac », « La trace du papillon »), des arrangements inspirés (« La règle du scarabée ») et une section rythmique puissante (« Elle »).

Véritable mosaïque, luxuriant et bigarré, Constantine est un magnifique album souvenir musical, que tout un chacun rêverait de recevoir en cadeau d’anniversaire !

Le disque

Constantine
Théo et Valentin Ceccaldi
Robin Mercier (voc), Théo Ceccaldi (vl), Quentin Biardeau (td, kbd), Gabriel Lemaire (sax, cl), Guillaume Aknine (g), Roberto Negro (p, kbd), Valentin Ceccaldi (cello, b), Florian Satche (d, perc) et Adrien Chennebault (d, perc), avec Leïla Martial (voc), Fantazio (voc), Abdullah Miniawy (voc), Airelle Besson (tp), Naïssam Jalal (fl), Emile Parisien (ss), Michel Portal (bandonéon, bcl), Thomas de Pourquery (as, voc) et Yom (cl).
Brouhaha
Sortie le 11 décembre 2020

Liste des morceaux

01. « Ampsaga » (3:35).
02. « La règle du scarabée (4:35).
03. « Le retour des perdrix » (4:12).
04. « Une bonne dose de vent «  (4:22).
05. « Falak falak » (3:40).
06. « Sous les plis de l'aurore » (4:45).
07. « Sigognac » (5:02)
08. « La trace du papillon » (5:23).
09. « Elle » (6:40).
10. « Et même le ciel » (5:57).
11. « Horizon fantôme » (3:36).

Tous les morceaux sont signés Serge Ceccaldi.

26 novembre 2020

Traces – Mico Nissim

En près de cinquante de carrière
Mico Nissim a joué avec moult musiciens, dont Gérard Marais, Michel Edelin, Eric Le Lann, Didier Malherbe… mais aussi avec l’Orchestre National de Jazz, de 1989 à 1991, sous la direction de Claude Barthélémy. A côté de ses activités autour du jazz, le pianiste accompagne également des artistes de variété tels que Sacha Distel, Mory Kante, le groupe Touré Kunda, Brigitte Fontaine… compose abondamment pour le théâtre et enseigne au conservatoire de Saint-Cloud.

Onzième disque de Nissim, Traces sort le 13 novembre 2020 sur le label Trois Quatre, que le pianiste a créé en 2014. En trente sept minutes, Nissim met en boîte neuf compositions originales, « Pavane » de Gabriel Fauré et « L’île de Ré » de Claude Nougaro et Gérard Pontieux.

Les miniatures de Nissim se développent sur des thèmes impressionnistes (« Un soupçon d’innocence »), avec des nuances nostalgiques (« My Yiddish Song »), des touches folk (« Who’s Missin’ ») ou bluesy (« Blues For Arnold »). Marquée par le vingtième (« Pavane », « Décidément ») la musique de Traces met l’accent sur la mélodie (« Île de Ré »), avec une approche qui évoque parfois Keith Jarrett (« Malgré tout »). La plupart des morceaux sont pris sur un tempo medium-lent et Nissim insuffle une pulsation entraînante en s’appuyant sur une walking (« Blues For Arnold »), des ostinatos (« Who’s Missin’ »), des brisures aux allures « monkiennes » (« Felicity Moon ») ou un balancement tranquille (« Plumbago For Ever », belle évocation de la dentelaire du Cap…). Dans son hommage au petit bonhomme qui se trouve sur les signalisations des passages piétons à Berlin (« Ampelmann »), Nissim dévoile un humour feutré.

Traces est un album intime dans lequel Nissim laisse tranquillement vagabonder son âme...

Le disque

Traces
Mico Nissim
Mico Nissim (p)
Label Trois Quatre
Sortie le 5 juin 2020

Liste des morceaux

01. « Un soupçon d’innocence » (3:55).
02. « Malgré tout » (4:08).
03. « Blues for Arnold » (2:40).
04. « Décidément » (1:32).
05. « My Yiddish Song » (5:28).
06. « Felicity Moon » (3:48).
07. « Pavane », Fauré (3:57).
08. « Who’s Missin’ » (3:16).
09. « Ampelmann » (2:06).
10. « Île de Ré », Nougaro et Pontieux (3:18).
11. « Plumbago For Ever » (3:19).

Tous les morceaux sont signés Nissim, sauf indication contraire.


24 novembre 2020

Crésistance – Mettà Trio

En 2017,
Camille Thouvenot crée le Mettà Ttio avec le contrebassiste Christophe Lincontang et le batteur Andy Barron. Après une série de concerts, le trio enregistre Crésistance, qui sort en novembre 2020. Le pianiste a également invité la violoncelliste et compositrice Audrey Podrini de parsemer le disque d’effets et compositions électro-acoustiques.

Ce premier disque est une véritable profession, dans lequel Thouvenot met beaucoup de lui : le bouddhisme avec le Mettà (l’un des quatre Incommensurables : la bienveillance), le titre de l’album, référence à Stéphane Hessel (« Créer c’est résister, résister c’est créer »), l’extrait du Manifeste du réseau de résistance alternatif cité en exergue, les illustrations de la pochette de Victor Coste et Lucas Linares, le livret qui retrace le genèse des morceaux, pour la plupart liés à l’univers intime du pianiste : hommage à un oncle décédé, ode à la bien-aimée, dédicaces au filleul et aux enfants de ses « frères de cœur »…

Thouvenot signe six des quinze morceaux, Podrini propose trois transitions et le trio reprend sept standards : « Nardis » (Miles Davis – 1958), « On Green Dolphin Street » (Bronislaw Kaper et Ned Washington – 1947), « Caravan » (Duke Ellington, Juan Tizol et Irving Mills – 1936), « Alone Together » (Arthur Swhartz et Howard Dietz – 1932), « Cherokee » (Ray Noble – 1938) et « Moment’s Notice » (1958), couplé avec « Countdown » (1959), deux thèmes de John Coltrane. Au grès des morceaux, le pianiste cite également ses références : Gerald Clayton (« Maestro »), The Bad Plus, Bill Evans, Davis, Herbie Hancock et Coltrane (« Nardis » et « On Green Dolphin Street »), Ellington et Ahmad Jamal (« Caravan »), Brad Mehldau (« Berenice », inspiré par « Ode » de l’album éponyme, sorti en 2012). E.S.T. et Tord Gustavsen (« Eliot »), Mario Stantchev (« Alone Together »), Wynton Marsalis (« Cherokee »), Tigran Hamasyan (« Moment’s Notice » et « Countdown ») et, toujours, Coltrane (« Le père de Marcel », « Couleurs d’automne »…).

Les mélodies due Thouvenot sont plutôt délicates (« Maestro »), parfois nostalgiques (« Couleurs d’automne »), voire romantiques (« 7 Years »), avec des accents bluesy (« Eliot ») ou des allures de comptine (« Bérénice »). Le trio assure une pulsation dynamique (« Caravan ») qui repose sur un phrasé plein de swing du pianiste (« Cherokee »), une contrebasse minimaliste (« Alone Together »), mais solide (« Nardis ») et une batterie particulièrement mobile (« Le père de Marcel »), puissante (« Caravan ») et touffue (« Moment’s Notice »). Les morceaux, entraînants (« On Green Dolphin Street ») et intenses (« Maestro »), se déroulent pour la plupart sur le modèle thème – chorus – thème, et sont parsemés de voix-off (clameurs de manifestation, interviews d’Hancock, Ellington, Marsalis, Coltrane...) et de collages sonores électros (« Music Is A Deep Meditation », « Couleurs d’autombe »).

Si Crésistance s’inscrit dans une lignée néo-bop, Thouvenot y insuffle une bonne dose d’âme et d’intimité qui lui donnent une personnalité à part entière, à découvrir...

Le disque

Crésistance
Mettà Trio
Camille Thouvenot (p), Christophe Lincontang (b) et Andy Barron (d), avec Audrey Podrini (électro).
Jinrikisha Production – JIN.004
Sortie le 6 novembre 2020

Liste des morceaux

01. « Crésistance », Podrini.
02. « Maestro », Thouvenot.
03. « 7 years », Thouvenot.
04. « Nardis », Davis.
05. « The Wrong Chord », Podrini.
06. « On Green Dolphin Street », Kaper et Washington.
07. « Caravan », Ellington, Tizol et Mills.
08. « Bérénice », Thouvenot.
09. « Eliot », Thouvenot.
10. « Alone Together », Schwartz et Dietz.
11. « Music Is A Deep Meditation », Podrini.
12. « Cherokee », Noble.
13. « Le père de Marcel », Thouvenot.
14. « Moment's Notice », Coltrane.
15. « Couleurs d'automne », Thouvenot.


13 novembre 2020

Dance Dance – Rêve d’éléphant Orchestra

Créé il y a plus de trente cinq ans, le Collectif du lion abrite une quinzaine de projets, dont Rêve d’éléphant Orchestra, qui voit le jour au début des années deux mille. Cinquième disque du septuor,
Dance Dance sort le 16 octobre 2020 chez Igloo Records.

Pierre Bernard aux flûtes, Michel Massot au trombone, sousaphone et autre euphonium, Stephan Pougin et Michel Debrulle aux batteries et percussions, forment le quatuor historique que nous retrouvons dans Racines du ciel, Lobster Caravan et Pourquoi pas un scampi ? publiés respectivement en 2001, 2004 et 2011. Le guitariste Nicolas Dechêne rejoint le groupe en 2015 sur le projet Odyssée 14. Pour Dance, Dance, le trompettiste Christian Altehülshorst et le bassiste Louis Frères complètent le septet.

Le répertoire de Dance, Dance s’articule autour de neuf morceaux, tous composés par les musiciens de Rêve d’éléphant Orchestra. Le titre du disque n’est pas usurpé : les deux percussionnistes déchaînés (« BK »), les soufflants surchauffés (« Danse, danse, danse »), la guitare « rockisante » (« La complainte de Bernard ») et la basse sourde (« Papillon ») font danser la musique ! Comme un brass band, Rêve d’éléphant Orchestra s’appuie essentiellement sur le collectif et les solos sont le plus souvent de brèves parenthèses au milieu des chœurs, contre-chants et unissons. La plupart des morceaux sont construits en deux parties, à l’instar de « Papillon », qui commence comme un slow, puis accélère avant de décoller avec légèreté. Les décors sont variés : musique du monde avec des accents moyen-orientaux (« Nemo »), latino (« Quarte blanche »), « jungle » (« Danse, danse, danse »), bluesy (« Sketch in Blues »), fanfare (« Papillon »), flamenco (« Nemo »), mystèrieux (« Post-scriptum »)… Sans oublier que l’humour n’est jamais bien loin, comme les caquètements et autres barrissements dans « Fureur volatile » ou l’expressivité foisonnante de « Danse, danse, danse ».

A l’image des illustrations de la pochette – les ébats d’un pachyderme dans l’eau –, la musique du Rêve d’éléphant Orchestra est décalée, sans doute placée sous le signe du surréalisme belge, que René Magritte a si bien représenté… Toujours est-il que Dance Dance propose une musique joyeuse, entraînante… ensoleillée !

Le disque

Dance Dance
Rêve d’éléphant Orchestra
Christian Altehülshorst (tp, bg), Pierre Bernard (fl, bfl), Michel Massot (tb, sousaphone, euphonium), Nicolas Dechêne (g), Louis Frères (b), Stefan Pougin (d, perc) et Michel Debrulle (d, perc).
Igloo Records – IGL316
Sortie le 16 octobre 2020.

Liste des morceaux

01. « BK », Massot (4:30).
02. « Papillon », Massot (5:25).
03. « Fureur volatile », Bernard, Debrulle & Frères (7:11).
04. « Danse, danse, danse », Frères (9:21).
05. « La complainte de Bernard », Bernard (6:13).
06. « Post-scriptum », Bernard (4:38).
07. « Quarte blanche », Massot (7:09).
08. « Stretch In Blue », Bernard (3:43).
09. « Nemo », Massot (6:50).


11 novembre 2020

Vert émeraude – Clover

Venus des Pays de la Loire,
Sébastien Boisseau, Alban Darche et Jean-Louis Pommier sont complices depuis les années quatre-vingt dix, mais ce n’est que vingt-ans plus tard qu’ils montent un trio : Clover, le trèfle en anglais. Vert émeraude sort le 21 août 2020 chez Yolk Records, label que les trois musiciens ont créé à l’orée des années deux mille et qui compte désormais plus de quatre-vingt références.

Au programme de Vert émeraude : neuf compostions de Darche et deux morceaux signés respectivement Boisseau et Pommier. Des pièces concises – quatre minutes en moyenne – et denses, comme autant de petits poèmes. Avec son instrumentation – sans tambour, ni piano – et sa sonorité acoustique très naturelle, la musique du trio s’apparente d’autant plus à un « jazz de chambre » que les trois musiciens parsèment leurs discours d’éléments de musique contemporaine (« China Pop »), de phrases qui rappellent le début vingtième (« Snake ») et utilisent les techniques étendues (« Où sont les oiseaux »). Cette impression « chambriste » est également renforcée par les développements raffinés (« Histoire sans parole ») et les interactions sophistiquées (« Matin d’automne ») : contrepoints aux accents bluesy (« China Pop »), unissons enjoués (« L’Elfe B »), contre-chants subtils (« Snake ») et dialogues passionnants (« Le chemin (vertueux) »). Il n’y a pas non plus de soliste à proprement parler, mais plutôt de courtes digressions solitaires qui s’inscrivent dans la continuité des échanges (« A la bougie »). La plupart des morceaux se déroulent dans des ambiances intimistes (« Vert émeraude »), mystérieuses (« Hiking »), graves (« Susi ») ou solennelles (« Matin d’automne »). Cela dit, poésie ne rime pas avec mollesse et le phrasé dynamique des trois compères assure une pulsation enlevée (« A la bougie »), tandis que la contrebasse maintient une carrure solide (« Le chemin (vertueux) »), avec un swing souple (« Matin d’automne »), mais puissant (« Susi »), des motifs groovy (« L’Elfe B »), des riffs entraînants (« A la bougie ») et même un passage en walking (« Vert émeraude »).

La musique de Vert émeraude respire une liberté sereine. Et si le trèfle ne porte pas toujours bonheur, Clover, lui, apporte du bonheur !

Le disque

Vert émeraude
Clover
Alban Darche (sax, cl), Jean-Louis Pommier (tb) et Sébastien Boisseau (b).
Yolk Records – J2077
Sortie le 21 août 2020.

Liste des morceaux

01. « China Pop » (4:23).
02. « Le chemin vertueux » (3:25).
03. « Histoire sans paroles » (2:18).
04. « Susi » (3:42).
05. « Où sont les oiseaux », Boisseau (5:07).
06. « Matin d'automne » (4:29).
07. « A la bougie » (4:45).
08. « Vert émeraude » (4:17).
09. « L'Elfe B », Pommier (3:24).
10. « Hiking » (4:26).
11. « Snake » (4:06).

Tous les morceaux sont signés Darche sauf indication contraire.
 

07 novembre 2020

A la découverte de Cathy Escoffier

Entre son Trio, Catessens, Sun Project, Serket & The Cicadas, les nombreux autres projets auxquels elle participe et l’enseignement, Cathy Escoffier mène rondement sa carrière. La pianiste sort Incantation le 6 novembre 2020, une bonne occasion pour partir à sa découverte...


La musique

Je me suis mise au piano naturellement : ma mère et mon frère aîné en jouaient déjà et il y avait un piano à la maison… J’ai été fascinée très tôt par le son de cet instrument. Autour de six ans, j’ai commencé par prendre des cours particulier de piano classique. A douze ans, je suis rentrée au conservatoire de Marseille, d’abord pour apprendre la harpe, puis l’orgue d’église, avec Annick Chevalier… En parallèle et en dehors du conservatoire, j’ai continué le piano avec Béatrice Walle.
C’est mon père, trompettiste et fan de Louis Armstrong, qui m’a fait découvrir le jazz, mais, à seize ans, quand je suis tombée sur Thelonious Monk, dans Straight No Chaser, le documentaire de Charlotte Zwerin produit par Clint Eastwood, je ne m’en suis jamais remise !… [Rires] Monk faisait tout le contraire de ce j’avais appris et ça sonnait terrible !

Cathy Escoffier © Chris Boyer 
A dix-neuf ans, je suis entrée à l’Institut Musical de Formation Professionnel (IMFP) de Salon de Povence pour y suivre le cursus jazz. J’ai pris des cours avec le pianiste de jazz Philippe Corromp et avec Jean-François Bonnel au conservatoire d’Aix en Provence. Ensuite je suis retournée cinq ans au conservatoire de Marseille, puis j’ai rejoint le conservatoire de Toulon, avec Nicolas Folmer. En 2008, j’y ai obtenu mon Diplôme d’études musicales, à l’unanimité et avec mention du jury, et le prix Sacem. Récemment, j’ai repris des cours de batterie et de chant à l’IMFP.

Par ailleurs, depuis que j’ai seize ans, je donne des cours de piano et d’ensemble. Diplômée d’État de professeur de musique en 2008, j’enseigne dans les conservatoires d’Istres et de Pertuis.

Beaucoup de musiciens m’ont influencé ! Filiation paternelle oblige, il y a d’abord des trompettistes : Armstrong, Miles Davis et Maurice André. Sinon, Monk, Igor Stravinsky, Nino Rota, Ennio Morricone, Johann Sebastian Bach, Brad Mehldau, Aaron Parks et Serge Gainsbourg.


Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Tout et son contraire pour atteindre le point d'équilibre entre les deux… Un lâcher prise maîtrisé ! Un état d'esprit...

Pourquoi la passion du jazz ? Le jazz est à la fois une tradition, une culture, une histoire, mais aussi la capacité de se ré-inventer sans cesse et de s'inscrire dans son époque. C’est également l'assimilation de codes, d'idiomes, de contraintes qui permet d’atteindre le chemin de la liberté et de l'improvisation. Il est à la fois une recherche de sophistication et de de simplicité. Le jazz est écoute, partage, empathie, capacité de ressentir l'instant... pour mieux apprendre à se connaître, ressentir ses limites, les accepter et avancer.

Où écouter du jazz ? Dans sa voiture, seul(e), en conduisant sur une autoroute, la nuit...

Comment découvrir le jazz ? Il faut aller au concert, dans des petits clubs, voir des documentaires, lire des autobiographies, faire le bœuf...


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un cheval Barbe,
Si j’étais une fleur, je serais une pâquerette,
Si j’étais une boisson, je serais un planteur,
Si j’étais un plat, je serais un tajine,
Si j’étais une lettre, je serais d'amour,
Si j’étais une couleur, je serais terre de Sienne,
Si j’étais une note, je serais la note sensible.




Sur l’île déserte…

Quels disques ? You Must Believe in Spring de Bill Evans, Rage Against the Machine, Largo de Brad Melhdau et Rhapsody in Blue de George Gershwin.
Quels livres ? Le joueur d'échecs de Stefan Zweig et Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley.

Quels films ? Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone, Vertigo d’Alfred Hitchcock, Interstellar de Christopher Nolan et Thor de Kenneth Branagh.

Quelles peintures ? Les dessins d'Henri Michaux, Affluence de Jean Dubuffet et les dessins de Francisco de Goya.

Quels loisirs ? Marcher.


Trois vœux…

1. Replacer la créativité au centre de l'éducation.

2. Transmettre aux générations futures une planète plus propre et une société moins violente.

3. Être riche et célèbre mais ne pas attraper « la grosse tête »... [Rires]

06 novembre 2020

Les grilles de Bob... Novembre 2020




Horizontal
A Fofo.
B Bird se jeta à l'eau lors d'une jam.
Sousa le fit souvent à La Nouvelle Orléans.
C Il faut le faire pour les débutants.
D Souvent en musique, mais sans parole.
L'ami en accord.
Elle a été inventée par Edwin Armstrong en 1933.
E A l'inverse d'un scientifique, le musicien est plutôt immoral…
Un orchestre rock bien froid.
F L'armure la protège.
G Prix Nobel loufoque.
Prénom d'un bassiste originaire de Panama.
H Dresser pour voler.
Convertisseur audio d'un fabricant japonais.
I Elles essaient de contrecarer les effets de la mondialisation.
Prénom d'un batteur américain souvent associé à un pianiste français.
Qui t'appartient.
J Celles de Bach et d'Haendel sont particulièrement connues.
Vertical
1 Combos.
2 Autophone joués par deux.
A mon avis, en anglais, sur la toile.
Il se déplace dans le futur.
3 Combiner des airs gracieusement.
4 C'est obligatoire dans les clubs, surtout enfumés.
5 Label fondé en 1949 par Jack Skurnick.
Initiales d'une chanteuse qui insiste !
Groupe de reggae néo-zélandais.
6 Quand l'air s'échappera par le nez d'un chanteur.
Fleuve qui traverse le conté natal de John Parish.
La tienne.
7 Etre à la mode.
8 Didier Lockwood en est mort.
Un son très mince.
9 Les orchestres en ont besoin.
Nom du saxophoniste qui a remplacé Evans chez Basie.
10 Toots, Jean-Jacques et Olivier en sont des spécialistes.

Pour plus de confort, copiez la grille dans un tableur.

04 novembre 2020

Waterworks – Gaël Rouilhac

C’est en 2015 que Gaël Rouilhac monte un trio, avec Caroline Bugala au violon et Roberto Gervasi à l'accordéon. Le guitariste précise les caractéristiques musicales qu’il a trouvé chez ses compagnons :  « sensibilité, virtuosité, écoute, risques, échanges, implication, spiritualité... » Waterworks, premier album sous son nom, sort le 25 septembre 2020 chez Laborie Jazz.

Entre des thèmes nostalgiques (« Cape Cod »), voire mélancoliques (« Time Flies ») ou cinématographiques (« Home ») et des riffs énergiques (« Un point c’est tout »)... les dix compositions de Rouilhac révèlent un sens mélodique bien affûté. L’instrumentation du trio laisse penser que le jazz-musette n’est pas loin, mais il n’en est rien : la seule valse - « La valse des parachutistes belges » - navigue davantage dans une ambiance manouche, comme « Diamant rouge », « Home », « Time Flies » et « « Un point c’est tout ». Cela dit, Rouilhac et ses compères ne se contentent pas des pompes et autres traits virtuoses du « jazz sans tambour ni trompette » cher à Stéphane Grappelli, mais s’aventurent dans les territoires folk (« Mood »), blues (« La montagne verte »), be-bop (« Billie’s Bounce » en filigrane de « Un point c’est tout »?), classique (« Solo »), voire même klezmer (« Time Flies ») ou concrète et flamenco (« Ça c’est l’enfer mon frère »). La musique du trio est servie par une sonorité brillante, des échanges élégants, un phrasé clair et net, et une mise en place dynamique et chantante.

Waterworks, véritable patchwork original de styles et de rythmes, transmet sa bonne humeur subtile et profonde à qui l’écoute. Bien joué !

Le disque

Waterworks
Gaël Rouilhac
Caroline Bugala (vl), Roberto Gervasi (acc) et Gaël Rouilhac (g) , 
Laborie Jazz – LJ53
Sortie le 25 septembre 2020.

Liste des morceaux

01. « Cap Cod » (8:15).
02. « Diamant rouge » (6:10).
03. « Home » (6:02).
04. « La Montagne verte » (4:45).
05. « La Valse des Parachutistes belges » (4:20).
06. « Times flies » (5:16).
07. « Solo » (2:44).
08. « Mood » (4:02).
09. « Un Point c’est tout » (3:59).
10. «  Ça c’est l’enfer mon frère » (5:49).

Tous les morceaux sont signés Rouilhac.