28 février 2021

Zappe Satie – Pierrejean Gaucher

Le 5 mars 2021
Pierrejean Gaucher sort Zappe Satie, un disque-hommage à deux artistes d’exception : Erik Satie et Frank Zappa. Le rocker a déjà fait l’objet d’un album de Gaucher en 1998 : Zappe Zappa. Le guitariste s’approprie maintenant l’œuvre du « Velvet Gentleman », mais sous le prisme de Zappa, car il a « découvert que Satie était, d’une certaine façon, le « grand-père spirituel » du génial moustachu ».

Pour son projet Gaucher a réuni Thibault Gomez au piano et Fender Rhodes, Alexandre Perrot à la contrebasse et Ariel Tessier à la batterie. Au grès des plages il invite également Julien Soro, au saxophone et à la clarinette, et Quentin Ghomari, à la trompette, tous les deux membres du quartet de Perrot, avec Tessier. Le tromboniste Robinson Khoury – actif dans le quintet de Gomez – et le peintre-saxophoniste Paul Vergier font aussi partie de l’aventure.

Si les albums dématérialisés fleurissent, et encore davantage depuis le début de la crise sanitaire, recevoir un disque physique, même compact, avec une belle illustration – œuvre de Julien Allegre, sculpteur à découvrir d’urgence – et des notes instructives – signées Gaucher – reste un véritable plaisir. Dans Les mémoires d’un psychotique, titre du livret du disque et clin d’œil aux Mémoires d’un amnésique que Satie a publié en 1912, Gaucher explique d’abord pourquoi il rapproche Satie et Zappa, puis commente chaque morceau du répertoire. Le guitariste constate avec pertinence que « […] tous deux autodidactes, ils considèrent que le seul intérêt des règles, c’est de les dépasser. Et pour atteindre ce but, leur méthode est souvent la même : ils poussent l’écriture dans ses retranchements, parfois jusqu’à l’absurde. Ils juxtaposent tous les langages musicaux sans hiérarchie aucune, plagient ou citent, détournent, moquent et surprennent constamment l’auditeur, sans oublier d’en rire. »

Côté programme Gaucher propose dix-huit pièces qui sont, comme la plupart du temps chez Satie, plutôt courtes et ne respectent pas vraiment d’unité de temps : elles vont de vingt-cinq secondes à plus de six minutes. Les titres sont souvent humoristiques et font référence aux compositions de Monsieur le Précurseur, comme l’appelait Claude Debussy, qui ont inspiré Gaucher : « Ecriture totomatique » pour « Description automatique », « La croisière ça use » pour « Yachting », « Les clowns dansent » pour « Les pantins dansent », « Pesée nocturne » pour le « 5ème Nocturne », « Service coupé » pour « Tennis », « L’office des étoiles » pour « Le fils des étoiles »…

La musique pétille ! Le quartet et ses invités jouent à fond la carte de l’interplay et s’en donnent à cœur joie : d’un foisonnement foutraque (« Vaine agitation ») à une boîte à musique de nuit cristalline (« Berceuse pudique »), d’une valse bluesy (« Satie’s blues », à partir du motif de la Première pensée Rose-Croix sur les accords I IV V...) à un thème sautillant et bouffon (« Les clowns dansent »), d’une ambiance rock progressif (« La croisière ça use – Le départ ») à une bande-son burlesque (« Ecriture totomatique »), d’une marche funèbre (« Sad Satie ») à des espagnolades entraînantes (« La croisière ça use – Le retour »), d’une atmosphère hawaïenne (« Service coupé ») à des ballades mélodieuses (« Pesée nocturne ») et dansantes (« Le binocle et le moustachu »)...

Cocktail parfaitement réussi pour Gaucher : Zappe Satie est enivrant !

Le disque

Zappe Satie
Pierrejean Gaucher
Pierrejean Gaucher (g), Thibault Gomez (p, org), Alexandre Perrot (b) et Ariel Tessier (d), avec Quentin Ghomari (tp), Robinson Khoury (tb), Julien Soro (sax, cl) et Paul Vergier (sax)
Musiclip – MU2103
Sortie le 5 mars 2021

Liste des morceaux

01. « Vaine agitation » (0:25).
02. « Satie's blues » (5:40).
03. « Ecriture totomatique » (0:28).
04. « La croisière ça use - Le départ » (3:30).
05. « Circulation fluide » (1:31).
06. « Les clowns dansent » (3:42).
07. « Pesée nocturne » (2:09).
08. « Gymnopédie n°8 » (4:57).
09. « En forme de prune » (1:10).
10. « Sad Satie » (2:54).
11. « Service coupé » (1:00).
12. « L'office des étoiles » (6:23).
13. « La croisière ça use - Le retour » (4:25).
14. « Berceuse pudique » (1:25).
15. « Le binocle et le moustachu » (5:15).
16. « Sad Franky » (1:37).
17. « Danse de travers n°4 » (4:40).
18. « Circulation dense » (1:33).

Tous les morceaux sont signés Gaucher, sauf indication contraire.


23 février 2021

Let My People Go – Archie Shepp

En quelques soixante ans de carrière
Archie Shepp a joué dans tous les formats possibles, du solo au grand orchestre. Sur plus d’une centaine de disques en leader, une quinzaine sont des duos. Si le batteur Max Roach, les contrebassistes Richard Davis et Niels-Henning Orsted-Pedersen ou le claviériste Jasper Van’t Hof ont été des partenaires de choix, le piano reste le complice privilégié du saxophoniste. Dollar Brand (Duet – 1978), Tchangodei (Eagle’s Flight – 1985), Mal Waldron (Left Alone Revisited – 2002), Siegfried Kessler (First Take, premier disque d’ArchieBall, le label créé par Shepp en 2004) et Joachim Kühn (Wo!Man – 2011) ont tous donné la répartie à Shepp. Mais avec six disques à son actif en compagnie du saxophoniste, Horace Parlan remporte haut les mains la palme du favori : Goin’ Home (1977), Trouble in Mind (1980), Duo Reunion (1987), En Concert: 1st et 2nd Set (1987) et Swing Low (1993)…

Pendant l’automne 2017, Shepp enregistre deux concerts en duo avec Jason Moran. à La Philarmonie de Paris, lors de Jazz à La Villette, et à Manheim, au cours du festival Enjoy Jazz. Let My People Go sort le 5 février 2021 chez ArchieBall. Les peintures anguleuses, colorées, empreintes de primitivisme et toujours aussi expressives de Jacek Woźniak illustrent la pochette du disque, comme elles le font depuis le premier disque du label.

Dans le contexte des violences policières, du racisme et de l’intolérance qui ont miné les Etats-Unis pendant la campagne présidentielle, le programme de Let My People Go n’est pas le fruit du hasard. Au répertoire, huit morceaux poignants : « He Cares », signé Moran ; « Sometimes I Feel Like a Motherless Child » et « Go Down Moses », deux traditionnels déjà interprétés avec Parlan (Goin’ Home et Swing Low, pour le deuxième) ; « Round Midnight » de Thelonious Monk, également au programme de En Concert: 1rst Set avec Parlan ; « Lush Life », un classique de Billy Strayhorn, que Shepp a souvent repris, de Montreux One (1976) à First Take, avec Kessler, ; « Wise One » de John Coltrane, qui figure sur Ballads for Trane (1977) ; et un deuxième hommage à Duke Ellington et Strayhorn, « Isfahan », tiré de The Far East Suite (1967).

L’exposé des thèmes reste souvent proche de la mélodie originale (« Round Midnight »), mais Shepp joue avec sa sonorité pour les magnifier, comme le filet ténu et fragile du soprano pour « Go Down Moses » ou le son grave, épais du ténor pour « Lush Life », tandis que Moran met en relief les phrases du saxophoniste à coup de contre-chants élégants (« Isfahan »), de réponses délicates (« He Cares ») ou de trilles, ostinatos et accords tendus (« Wise One »). Le free lyrique de Shepp, qui alterne lignes mélodieuses et cris déchirants (« Sometimes I Feel Like a Motherless Child »), va comme un gant à ces mélodies solennelles (« Lush Life »). Quant à sa voix, rocailleuse et gutturale, elle joue avant tout sur l’émotion (« Lush Life »), avec un je-ne-sais-quoi de fragilité (« Go Down Moses ») et, toujours, le blues en filigrane (« Sometimes I Feel Like a Motherless Child »). Dans les traces également bluesy de Parlan, Moran – tout en écoute, subtilité et sobriété – ajoute une touche de modernité, dans un style musique de chambre (« Isfahan ») classique (« Rounod Midnight »), free (« Wise One ») ou contemporain (« Lush Life »). Le duo fonctionne à merveille ! Ils rebondissent d’une idée à l’autre (« Round Midnight »), s’entendent pour changer d’ambiance (« He Cares »), rivalisent de tension (« Wise One ») et se retrouvent dans les moments dramatiques (« Go Down Moses »).

Shepp est coutumier des beaux duos et il a trouvé en Moran une âme sœur. La musique des deux hommes est touchante à l’extrême : Let My People Go est d’ores et déjà un incontournable !

Le disque

Let My People Go
Archie Shepp
Archie Shepp (ts, ss) et Jason Moran (p).
Archieball
Sortie le 5 février 2021

Liste des morceaux

01. « Sometimes I Feel Like a Motherless Child », Traditionnel (8:20).
02. « Isfahan », Strayhorn & Ellington (6:10).
03. « He Cares », Moran (6:41).
04. « Go Down Moses », Traditionnel (7:00).
05. « Wise One », John Coltrane (13:12).
06. « Lush Life », Strayhorn (8:48).
07. « Round Midnight », Thelonious Monk (8:31).
08. « Sometimes I Feel Like a Motherless Child », Traditionnel (3:51).


14 février 2021

Deux disques de Toine Thys

Il en faut plus qu’une crise sanitaire pour arrêter la créativité de Toine Thys ! Entre Liège Duets, DERvISH, Les Ventistes du Faso et ses trios, mais aussi Antoine Pierre’s Urbex, Crazy Men, Zouratie Kone Ensemble… le musicien bruxellois est toujours aussi actif. En novembre 2020 et en février 2021, Thys sort deux disques avec deux nouvelles formations : Orlando et Overseas...
 

Orlando
 

Thys a formé un nouveau quartet avec Maxime Sanchez au piano, Florent Nisse à la contrebasse et Antoine Pierre, compagnon de longue date, à la batterie. Le saxophoniste a baptisé ce groupe Orlando, d'après le titre du roman de Virginia Woolf, publié en 1928. Le disque éponyme sort le 13 novembre 2020 chez Hypnote records.
 
Les dix compositions, signées Thys, sont accompagnées d'un dépliant avec dix photos de Gil Mirande qui illustrent les morceaux, libre à l’auditeur d’associer les images aux notes. Les élégants clichés évoquent Brassaï ou André Kertész par leur esthétisme (l’arbre, le surfeur, la tour Eiffel..), mais aussi, parfois, Robert Doisneau (les trois hommes et le chien, le mariage...).

Tour à tour chaloupées (« Orlando »), élégantes (« Forever Ago »), cinématographiques (« Bad Gang »), bluesy (« Gospel Simple »), néo-bop (« Survival Mode »), légères (« Vautour »), nostalgiques (« Romanian Circus », « Angel de la guarda »), dansantes (« Mandingue ») et orientalisantes (« La Dengue »), les mélodies de Thys ne manquent pas de charme. Fidèle à lui-même, Pierre en met partout (« Survival Mode »), avec une vivacité qui ne se dément pas (« Mandingue ») et une puissance contrôlée (« Vautour »). Ce qui ne l’empêche pas de rester mélodieux (« Orlando ») et de manier les balais avec douceur (« Romanian Circus »). Les chorus de Nisse impressionnent par leur musicalité (« Angel de la guarda ») et le beau timbre, grave et profond de la contrebasse (« Gospel Simple »). Ses ostinatos pénétrants (« Orlando »), riffs heurtés (« Bad Gang »), motifs sourds (« Mandingue ») et autres lignes minimalistes sombres (« Gospel Simple ») maintiennent le quartet sous tension. Ecouté notamment au sein de Flash Pig – quartet formé avec son frère jumeau, le saxophoniste Adrien Sanchez, le batteur Gauthier Garrigue et Nisse – Maxime Sanchez possède une jeu captivant : des dialogues pimentés avec la contrebasse (« Orlando ») aux échanges incisifs avec le ténor (« Bad Gang ») ou le soprano (« Vautour »), en passant par quelques traits bluesy (« Mandingue »), des déboulés véloces (« Survival Mode ») et un maniement habile des déséquilibres (« Orlando »)… Le piano est à la fête ! Thys alterne avec autant de bonheur le soprano, le ténor et la clarinette basse. Il jongle avec le son chaud et velouté de la clarinette (« Forever Ago »), en ajoutant des nuances de blues (« Gospel Simple ») ou des modulations orientales (« La Dengue »). Si c’est plutôt le côté virevoltant (« Survival Mode »), nerveux (« Bad Gang ») et dynamique (« Mandingue ») qui s’affirme avec le ténor, sa sonorité velouté sert à merveille la mélancolie (« Romanian Circus ») et les moments de délicatesse (« Angel de la guarda »). Quant au soprano, il tourbillonne avec beaucoup d’intensité (« Orlando ») et joue les trublions sur une rythmique caverneuse (« Vautour »).

A l’image de The End of Certainty (2012), Grizzly (2015) et The Optimist (2019), tous les trois sous son nom, Orlando est une ode à la vitalité !
 
Le disque
 
Orlando
Toine Thys's Orlando
Toine Thys (sax, bcl), Maxime Sanchez (p), Florent Nisse (b) et Antoine Pierre (d).
Hynote Records - HR016
Sortie le 13 novembre 2020
 
Liste des morceaux
 
01. « Orlando » (06:41).
02. « Forever Ago » (06:04).
03. « Bad Gang » (05:12).
04. « Gospel Simple » (04:39).
05. « Survival Mode », Pierre (05:03).
06. « Vautour » (04:20).
07. « Romanian Circus » (03:56).
08. « Mandingue » (06:24).
09. « Angel De La Guarda », Nisse (05:50).
10. « La Dengue » (03:22).
 
Tous les morceaux sont signés Thys, sauf indication contraire.
 

Tamam Morning - Overseas

 
En 2017 Toine Thys et le oudiste Ihab Radwan montent une première mouture d’Overseas. C’est en 2019 que la formation trouve son équipage de croisière avec Annemie Osborne au violoncelle, Ze Luis Nascimento aux percussions et Harmen Fraanje au piano. Tamam Morning sort le 19 février 2021 chez Igloo Records.

Thys apporte six compositions et Radwan, trois. « Memory of the Trees » donne le ton du disque. Morceau vif et dansant, il joue sur la majesté du violoncelle, le foisonnement des percussions, la crépitement de l’oud et l’agilité du soprano. La suite « Istanbul Kidz » se décline en trois parties qui évoquent la Sublime Porte : « Bosphorus », « Tarlabasi » et « Sufi ». Après une introduction chaloupée de l’oud et du violoncelle sur une rythmique frémissante, le piano, bientôt rejoint par le soprano, dépeignent avec emphase le Bosphore, dans une ambiance hypnotique, portée par Osborne en pizzicato, les motifs de Radwan et les splash de Nascimento. A l’image du quartier éponyme d’Istanbul, « Tarlabasi » se déroule dans une atmosphère surchauffée : percussions galopantes, soprano virevoltant, oud véloce et contre-chants tourbillonnants ! L’environnement dense de « Sufi » est marqué par un riff de l’oud et les bruitages du violoncelle et du soprano, avec des tambours enveloppants. « Cross My Border » démarre dans un style arabe, mis en valeur par l’ostinato d’Osborne, les syncopes dansantes de Nascimento et les modulations chaleureuses de Radwan, auxquelles répondent les contrepoints de Thys. Quand le morceau traverse la frontière, il se retrouve dans un décor plutôt rock progressif puissant… Le climat mystérieux qu’installent l’oud, le piano et le violoncelle va comme un gant à « Hollywood Catacombs ». Le discours de la clarinette basse reste dans le même esprit, avant que le quintet ne fasse monter la pression. Dans l’ensemble, les morceaux sont structurés autour de différents tableaux, un peu comme des mosaïques sonores. « Seven Angels » est un thème-riff introduit à l’unisson par le ténor, l’oud et le violoncelle sur une rythmique régulière et entraînante. Le chorus d’Osborne combine musique médiévale et orientale et sert de point de départ à un emballement général, avec Radwan qui double à la voix les lignes de l’oud et Thys qui prend un solo furieux. Dans « Giacomo Casanova », les phrases sinueuses et très musique classique du violoncelle contrastent avec le staccato de l’oud. Dans un deuxième temps, tandis que Nascimento continue de faire danser ses rythmes, la clarinette basse discute élégamment avec l’oud, qui finit par un discours bluesy du plus bel effet. Court et solennel, « Circling » s’appuie sur les trémolos de Radwan, l’unisson d’Osborne et de Thys et les cymbales de Nascimento. « Longa Nekriz » s’ouvre sur une pédale de l’oud, des motifs cristallins du piano et des clochettes. Le soprano commence par dérouler une mélodie ondulante et délicate, puis le quintet décolle à l’unisson et laisse Radwan soliloquer sur le bourdon du violoncelle et les chœurs du soprano. Nascimento conclut par un chorus sur les peaux. Le morceau-titre, signé Radwan, est apaisé : pendant que le violoncelle et les percussions maintiennent une pulsation tranquille, la clarinette basse joue des lignes chaloupées mises en valeur par sa sonorité velouté, l’oud et le piano dialoguent en contrepoints et Fraanje propose un solo bien inspiré, dans une veine contemporaine.

Savoureux cocktail de musique arabe et de jazz, Tamam Morning est un élixir à mettre entre toutes les oreilles et à écouter sans modération !

Le disque
 
Tamam Morning
Overseas
Ihab Radwan (oud), Toine Thys (ss, st, bcl), Annemie Osbourne (cello) et Ze Luis Nascimento (perc), avec Harmen Fraanje (p).
Igloo Records - IGL
Sortie le 19 février 2021
 
Liste des morceaux
 
01. « Memory Of The Trees » (5:13).
02. « Istanbul Kidz (part 1) / Bosphorus » (3:33).
03. « Istanbul Kidz (part 2) / Tarlabasi » (4:20).
04. « Istanbul Kidz (part 3) / Sufi » (1:08).
05. « Cross My Border » (5:17).
06. « Hollywood Catacombs » (6:58).
07. « Seven Angels », Radwan (7:30).
08. « Giacomo Casanova » (5:02).
09. « Circling » (2:12).
10. « Longa Nekriz », Radwan (7:28).
11. « Tamam Morning », Radwan (5:03).
 
Tous les morceaux sont signés Thys sauf indication contraire.

 

13 février 2021

05 février 2021

Les grilles de Bob... Février 2021




Horizontal
A Avec De Lucia et Di Meola, il forme un fameux trio.
B John Deere et Kubota sont des confrères.
Non.
C Andrew l'a financée et y donner un concert est une consécration.
D Ils redonnent vigueur, dans le Dauphiné.
E Boule de neige.
Juron québécois.
F Seizième lettre de l'alphabet grec.
Danse traditionnelle semi-improvisée.
Il donne l'âge.
G Diminutif d'un ensemble de matériels plutôt utile dans un club de jazz.
H Points culminants.
I Exprime la négation.
Nom d'une chanteuse de jazz brésilienne.
J Cactus orchidée.
Vertical

1 Augmente le volume des sons.
2 Genre musical originaire d'Afrique du nord.
Repose en paix.
3 Tout petit, il peut servir de serveur de musique.
Initiales d'un batteur américain qui a accompagné Petrucciani et Jonasz.
4 Prénom de scène d'Annabelle Allan Short.
Initiales d'un percussionniste qui a enregistré avec Archie Shepp.
5 Tout le monde passe beaucoup de temps devant eux.
6 Ce pingouin vient d'Ecosse.
Prénom du pianiste de Giant Steps et de Saxophone Colossus.
7 Les grosses légumes.
Un affluent du Doux.
8 Elles sont de mêmes hauteur et on n'en entend qu'une.
L'un des sept laboratoires de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique.
9 Friches, squats, ateliers abandonnés… investis par des artistes.
Nom de scène de Lee Ji Eun.
10 Trompettiste surtout connu pour son travail dans l'orchestre de CBS.


Pour plus de confort, copiez la grille dans un tableur.

02 février 2021

Poetic Power – Claude Tchamitchian Trio

Du solo d'
In Spirit au tentet Lousadzak (Need Eden) en passant par le quintet Ways Out et le trio Naïri, Claude Tchamitchian développe sa musique dans tous les formats. Pour son nouveau projet, Poetic Power, Tchamitchian fait appel à Christophe Monniot et Tom Rainey, ou Eric Echampard. Le disque éponyme sort le 14 février 2020 chez Emouvance, label créé par le contrebassiste en 1994.
 
Poetic Power s'articule autour de six morceaux composés par Tchamitchian. « Katsounine », pièce écrite en 1994 pour Lousadzak, démarre sur une mélodie délicate et lente, soulignée par les cliquetis de la batterie et le grondement de l’archet sur la contrebasse, puis débouche sur une promenade joyeuse, pendant laquelle le trio interagit, avec force pédales, rim shot, ostinato, dialogues tendus et autres lignes sinueuses. La complexité des échanges, souvent proche de la musique contemporaine, n’empêche pas les solistes de prendre des chorus mélodieux. Après un démarrage sur les chapeaux de roues, « L’envolée belle » continue sa cavalcade, portée par les incartades free du saxophone alto et les bonds de la rythmique. L’esprit d’Ornette Coleman plane au-dessus de « So Close, So Far », avant que le morceau bifurque vers un rock progressif, avec une contrebasse puissante, une batterie dense, un alto véloce et barré ! « Shadow’s Breath » est construit comme une suite. Dans le premier mouvement, le balancement délicat de la contrebasse et les frémissements des balais sur la batterie accompagnent le saxophone alto, pendant l’exposition subtile d’un chant intimiste. Basé sur un interplay toujours pertinent, le deuxième mouvement reste dans une ambiance plutôt nostalgique, renforcée par des modulations au parfum oriental. La musique de chambre contemporaine s’invite autant dans les propos entre les trois artistes que dans leurs chorus, à l’instar de celui de Tchamitchian dans « Shadow’s Breath ». Le dernier mouvement est vif : riff entraînant, drumming touffu et phrases énergiques de l’alto. La rythmique met la pression sur le saxophone, qui décolle rapidement avec des envolées legato torrentueuses, parsemées de vocalises mêlées aux notes… Changement de décor avec « Le temps d’un regard », qui se déroule comme une sinusoïde ténue, sur fond de cymbales et de pizzicato en suspension. Pour clore l’album, « Unncessary Fights » porte bien son nom : Rainey est brutal, Tchamitchian gronde et Monniot déchire la mélodie, dans une atmosphère free-rock surchauffée.

Le disque de Tchamitchian, Monniot et Rainey n’a pas volé son nom ! Poetic Power joue la carte d’une émotion qui passe d’un extrême à l’autre : d’une fragilité touchante à une violence exubérante…

Le disque
 
Poetic Power
Christophe Monniot (sax), Claude Tchamitchian (b) et Tom Rainey (d)
Emouvance - EMV1042
Sortie le 14 février 2020
 
Liste des morceaux
 
01. « Katsounine » (12:08).
02. « L’envolée belle » (6:50).
03. « So Close, So Far » (13’17).
04. « Shadow’s Breath » (13:55).
05. « Le temps d’un regard » (5:03).
06. « Unnecessary Fights » (7:59).
 
Tous les morceaux sont signés Tchamitchian.