28 mai 2018

In Spirit & Tilt à La Dynamo…

Le 17 mai, La Dynamo de Banlieues Bleues propose un double-concert avec un solo de ClaudeTchamitchian et le quartet de Joce Mienniel.


In Spirit

Tous les huit ans, Tchamitchian sort un album en solo ! En 1992, c’est Jeux d’enfants, le premier disque en leader du contrebassiste. En 2010, Another Cmhildhood est publié ches émouvance, label que Tchamitchian a créé en 1994. Quant à In Spirit, il a été enregistré le 12 mars 2018 au Studio 106, pendant l’émission A l’improviste, mais la date de sortie du disque n’est pas encore annoncée...

Pendant le concert à La Dynamo, Tchamitchian joue trois des quatre parties d’In Spirit. Le musicien commence par expliquer la genèse du projet : il rappelle qu’il pratique le solo depuis pas mal d’années, mais qu’à la différence de ses précédentes expériences, cette fois, il a « entendu » la musique qu’il voulait jouer à l’avance. Comme Tchamitchian constate que sa contrebasse ne lui permet pas d’arriver à traduire ce qu’il a entendu, il décide d’en changer. Anne Jenny-Clark lui propose alors l’une des deux contrebasses de Jean-François Jenny-Clark, la deuxième étant jouée par Jean-Paul Céléa. In Spirit reflète donc la musique qui lui est d’abord venu à l’esprit, mais c’est aussi un hommage à la mémoire de Jenny-Clark.

Dans la première partie, Tchamitchian met à l’honneur le gros son grave et boisé de la contrebasse avec un premier tableau minimaliste à base d’ostinatos, puis de roulements qui s’accélèrent pour déboucher sur une ligne rythmique rapide parsemée de slap. Le deuxième tableau, à l’archet, évoque une sorte de « bruitisme industriel » : les ricochets de l’archet sur les cordes produisent un vrombissement de machine dont l’intensité croît et décroît. Une mélodie-riff sombre, suivie de contrechants rapides joués en pizzicato constituent le dernier tableau. Pour la deuxième partie, Tchamitchian fait appel à une technique de jeu plutôt inhabituelle avec deux archets : un archet joue un bourdon, tandis que le deuxième déroule une mélodie fragile aux accents moyen-orientaux, avec une sonorité qui rappelle un peu une vièle. Tchamitchian joue également avec les dissonances et les contrastes d’ambitus. Il conclut la deuxième partie avec un passage rapide, construit sur des séries de contrepoints. La troisième partie commence par des questions – réponses entre des notes cristallines aigues et une pédale grave, puis s’envole sur une mélodie élégante portée par un ostinato groovy, joué en contrepoint, un peu comme une basse continue.

Seul avec sa contrebasse, Tchamitchian arrive à créer des mouvements d’une grande diversité et leur construction, particulièrement cohérente, tient l’auditeur en haleine de bout en bout.


Tilt #2

En 2016, Mienniel monte le quartet Tilt avec Guillaume Magne à la guitare et au banjo, Vincent Lafont au piano et aux claviers et Sébastien Brun aux percussions. Ils sortent leur premier opus éponyme chez Drugstore Malone, label fondé par le flûtiste. Le concert de La Dynamo présente le deuxième opus de Tilt, qui devrait voir le jour sous peu.

Au programme : quatre compositions signées Mienniel, dont trois sans titre et « Appartement 643 », un hommage à Le Corbusier, puis des lectures libres de la bande originale composée par Michael Nyman pour Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway, « Gazzelloni » d’Eric Dolphy (Out To Lunch! – 1964) et « Money » des Pink Floyd (The Dark Side of the Moon – 1973).


Tilt, c’est d’abord un son de groupe : une texture sonore originale, avec un mélange de sophistication des timbres (notamment la flûte, le banjo, la batterie « préparée » avec ses mailloches…), d’accords électro aériens et de rythmique naturelle. Cette sonorité singulière est aussi le fait de l‘absence de contrebasse et d’une utilisation fréquente des techniques étendues – souffles, clés, voix, piano préparé… – et d’instruments divers : harmonica, sanza, Korg MS20 et autres claviers... Le quartet met aussi l’accent sur les ambiances : une marche funèbre qui tourne à la danse irlandaise (« We Are Hoplessly Nothing… », le premier morceau), un mouvement incantatoire dans une veine africaine (« World Wistle », le deuxième morceau), une danse amérindienne qui se transforme en pièce baroque (« Meurtre dans un jardin anglais »), un développement inspiré par Ennio Morriccone (« Appartement 643 » en hommage à Le Corbusier), une polyrythmie qui passe à de la quasi-dance floor (« Gazzeloni »), des superpositions de riffs heurtés (« Money »)… Tilt possède également une personnalité romantique, avec un caractère parfois sombre (« We Are Hoplessly Nothing… ») et emphatique (« Meurtre dans un jardin anglais »), qui se manifeste clairement dans une chanson onirique (sans titre pour l’instant), véritable pastiche des chants pop psychédéliques de l’époque des pattes d’eph et autres chemises à fleurs...

Jazz, folk, classique, pop, world, électro, musique répétitive… autant dire que Tilt puise son inspiration dans de multiples sources pour proposer un cocktail détonnant !