Le jazz n’échappe évidemment pas à la révolution numérique et les webzines sont désormais incontournables dans le paysage de la presse jazz française. Depuis le début des années 2000, l’histoire de la presse jazz papier ressemble davantage à un torrent de montagne qu’à un long fleuve tranquille !
En 2012, dans le cadre de Recherches sur la presse musicale française, un ouvrage collectif dirigé par Danièle Pistone, le musicien, musicologue et professeur Martin Guerpin publie La presse jazz en France (1929 – 2011), passionnante synthèse dans laquelle l’auteur retrace l’évolution de la presse jazz dans l’hexagone, à la lumière des mutations de la scène du jazz et de ses acteurs.
Quand il aborde le XXIe siècle, manque de recul oblige, l’étude de Guerpin laisse de côté quelques acteurs trop récents (Jazz News), trop éphémères (JazzoSphère, So Jazz, Sextant) ou trop spécialisés (Improjazz, Le son du grisli, Le journal des allumés du jazz), qui montrent quand même que le papier reste vivace dans le milieu du jazz… et tant mieux pour l’empreinte carbone (mais c’est un autre débat) ! Le parcours qui suit présente les publications en suivant l’ordre chronologique de leur date de création. Après un bref historique du magazine, il passe en revue son format, décrit son contenu-type et expose sa ligne éditoriale.
Il y a sans aucun doute des revues ou fanzines qui ont échappé à l’inventaire, soit parce qu’ils n’ont probablement pas pignon sur rue nationale, à l’instar des bulletins des Hot Club régionaux et des publications liées à des associations et festivals, soit parce qu’ils ont disparu avant les années 2000, comme le magazine marseillais Jazz Hip, créé en 1958 par Roger Luccioni et Pierre Bompar, rejoints par Aristide Destombes. Boris Vian l’avait soutenu et Chester Himes – qui, à l’époque, habitait à Venelles, près d’Aix-en-Provence – y tenait une rubrique sur le free jazz... Jazz Hip, sur les traces de Mad, cultivait la provocation et l’impertinence, et donnait une large place à la bande dessinée, au roman photo, aux nouvelles loufoques... Il aurait pu faire partie de la liste, mais il a disparu en 1967, sans avoir eu de rejeton... En tout cas, tout ajout sera salutaire ! De même, s’il y a des oublis et des inexactitudes, les corrections seront également les bienvenues.
« La Revue du Jazz Authentique »
Première publication mensuelle consacrée au jazz dans le monde, La Revue du Jazz est fondée en juillet 1929 par le chef d’orchestre Krikor Kelekian, alias Grégor, mais elle disparaît moins d’un an après, en mars 1930… Ce n’est pas encore le Bulletin du Hot Club de France, mais Hugues Panassié y chronique déjà des disques. Comme il continue d’ailleurs de le faire dans Jazz-Tango qui, entre 1931 et 1935, prend (en quelques sortes) la suite de La Revue du Jazz.
Président du Hot Club de France dès 1932, Panassié évince Delaunay en 1947 et crée le Bulletin du HCF en octobre 1950, présenté comme l’« Organe officiel musical du Hot Club de France ». Il dirige le bulletin jusqu’à sa mort, en 1974. Madeleine Gautier, collaboratrice du Maître (sic), prend la suite. Au décès de Gautier, en 1983, c’est Jacques Pescheux qui lui succède. François Desbrosses tient les commandes du Bulletin depuis 2004, avec Dominique Brigaud comme rédacteur en chef.
C’est en juillet 1999, avec le numéro 483, que « La revue du jazz authentique » devient le nom principal du bulletin et qu’une photo (en l’occurrence celle de Louis Armstrong) illustre la couverture. Avec le numéro 576 de décembre 2008, la photo est agrandie et prend un tiers de la couverture, mais c’est avec le numéro 596 de décembre 2010 que la couverture du bulletin prend sa forme actuelle : « Bulletin du hcf » devient le titre principal, « La revue du jazz authentique » se transforme en vignette et la photo occupe désormais la moitié de la page.
Imprimé à Montauban – le fief de Panassié – le Bulletin du hcf a un format quasiment A5. Du fait de sa taille, la mise en page est plutôt dense et austère avec les articles publiés sur deux colonnes justifiées et les chroniques sur une colonne. La couverture est en couleur et, depuis le numéro 621 de mai 2013, des photos en couleur ont également fait leur apparition dans la revue. Les trente-deux pages comportent en moyenne une trentaine d’illustrations et peu de publicité (quelques annonces de concerts et de festivals). Le Bulletin du hcf est distribué par abonnement. Les soixante et un euros couvrent dix numéros par an, vendu sept euros à l’unité.
Si l’éditorial est toujours écrit par Desbrosses, le Bulletin du hcf s’appuie sur des chroniqueurs tels que Jacques Morgantini (1924 – 2019), Daniel Janissier, Christian Sabouret, Laurent Verdeaux, Michel Lalanne… Certains sont musiciens et la plupart sont des spécialistes du « jazz authentique » (si cela veut dire quelque chose, mais voir plus bas). A noter qu’en avril 2011, Cabu, grand amateur, entre autres, de Cab Calloway, a réalisé un dessin à l’occasion du numéro 600. Hormis l’éditorial, le sommaire-type d’un Bulletin du hcf comporte généralement un article sur l’histoire du jazz et de ses musiciens, des comptes rendus de festivals (JazzAscona, La Roquebrou, Sancy Snow Jazz…), une dizaine de chroniques, une nécrologie, un article de fond (Le « vieux style » n’existe pas, Droits d’auteurs, Parler du jazz, parler jazz…) et la rubrique Echos qui donne des informations diverses sur des concerts, des annonces etc. Les unes du Bulletin du hcf consacrent, par exemple, Albert Ammons, Armstrong, Ray Bryant, Aretha Franklin, Jean-Paul Amouroux, Maxim Saury…
Fidèle au credo de Panassié, dont le centenaire de la naissance a été célébré par un numéro spécial (novembre 2012), la ligne éditoriale du Bulletin du hcf s’en tient à la forme originelle du jazz. Un commentaire de Janissier illustre cet état d’esprit (numéro 620 d’avril 2013 – page 25) : « alors, pourquoi « jazz authentique » […] ? C’est bien parce que, depuis pas mal d’années, ce mot est devenu un mot-valise qui recoupe tout et n’importe quoi. […] disons seulement qu’une musique d’où le swing est banni, où la pratique instrumentale est proche de celle de nos conservatoires, où l’accent typique a disparu au profit d’une eau tiède (voire de l’accent brésilien, sénégalais ou molodovalaque [sic]…), où le blues est ignoré, méprisé, où la danse est inconnue…, comment appeler cette musique ? Certainement pas jazz. Je proposerais éventuellement M.C.I., musique contemporaine improvisée ; mais, bien entendu, le mot jazz, commercialement et sociologiquement porteur, est trop précieux pour être abandonné par les doctrinaires et les mercantis ». Sous couvert d’une définition doctrinaire du jazz, le ton du Bulletin du hcf est souvent péremptoire, la critique vindicative et les jugements sans appel.
Le Bulletin du HCF s’adresse avant tout aux passionnés de « vieux jazz », c’est-à-dire qui s’inscrit dans la lignée des origines du jazz jusqu’au be-bop (exclu), et, plus généralement, à tous ceux qui veulent s’informer sur la pratique de ce jazz, passée ou présente !
« La revue internationale du jazz depuis 1935 »
C’est en 1932 qu’Elwyn Dirats et Jacques Auxenfants fondent le Hot Club de France. Ils sont bientôt rejoints par Hugues Panassié, qui en prend la présidence. L’année suivante, c’est au tour de Charles Delaunay d’adhérer à l’association. En mars 1935, Delaunay crée la revue Jazz Hot. Après trente-deux numéros, la guerre interrompt la publication de Jazz Hot, remplacé par le bulletin, puis la circulaire du Hot Club de France... En octobre 1945 Delaunay relance Jazz Hot. André Hodeir, Philippe Koechlin, Michel Le Bris, Philippe Adler, Pierre de Chocqueuse, Laurent Goddet… se succéderont à la rédaction du magazine, jusqu’à ce qu’Yves Sportis en reprenne les rênes, à partir de 1993.
En 1998 Jazz Hot crée son site internet et propose aux abonnés un « supplément internet » qui reprend les chroniques postées sur le site. A partir d’octobre 2003 des articles en anglais font leur apparition dans le magazine. Si le tarif au numéro passe de 5,5 € à 6 € en septembre 2005, en revanche l’abonnement reste inchangé à 55 € pour huit numéros mensuels, deux numéros doubles, un numéro spécial, dix suppléments internet et un CD en cadeau !
Avec le numéro spécial 2000, le logo de Jazz Hot passe entre crochets et, avec le numéro 626 daté de décembre - janvier 2006, le titre change de couleur, de blanc à doré, comme les numéros spéciaux. Ce numéro double, habituel, est suivi d’un nouveau numéro double, daté février – mars 2006, qui annonce un « New Deal », comme l’écrit Sportis dans son éditorial : Jazz Hot passe un partenariat avec Universal, le supplément internet est supprimé. A partir de décembre – janvier 2007, le prix de Jazz Hot augmente à 7 €, sans que le montant de l’abonnement ne soit modifié. Le magazine change également d’imprimeur et passe de l’imprimerie des Deux-Ponts à Eybens à l’imprimerie Pons à Cagnes-sur-mer.
Coup de théâtre : dans le numéro 644, daté de novembre 2007, Sportis commence son éditorial par « Cher(e)s ami(e)s », pour annoncer une suspension de parution de Jazz Hot afin de repenser le rôle de la revue, notamment par rapport au site internet. Jazz Hot est absent des kiosques trois mois, jusqu’en mars 2008.
Dans le numéro 645, un éditorial au ton étrange de Sportis revient sur les changements : « La vie de Jazz Hot suit son cours avec cette édition de chantier […] C’est donc préventivement que nous avons imaginé cette pause, ces points de suspension qui ne s’imposaient pas dans une histoire sans trop d’histoires, sauf pour cette nécessité indispensable de réinventer la suite plutôt que de reproduire, mois après mois, ce qui n’est plus tout à fait une passion, même si ça reste une douce habitude ». Le numéro 645 est vendu 5 €, ne compte plus que 34 pages (contre environ 66 pages précédemment) et porte un bandeau « Ouvert pendant les travaux – www.jazzhot.net ». Il n’y a plus d’abonnement possible, les rubriques sont dans la continuité des numéros précédents, mais avec nettement moins d’articles, et Jazz Hot ne sortira plus que trois ou quatre fois par an.
Après une année erratique, en juin 2009, la vignette « travaux » est retirée, le tarif passe à 10 € pour une cinquantaine de pages. Jazz Hot propose moins d’actualités et d’entretiens que dans le passé et reprend des articles plus anciens. A l’été 2010, avec le numéro 652, le magazine papier semble retrouver un peu de sa superbe : il devient une publication trimestrielle avec un sommaire allégé qui se concentre sur des comptes-rendus de concerts, quelques entretiens, la rubrique nécrologique et les chroniques. Ce numéro marque aussi l’officialisation du rôle du site comme moteur de Jazz Hot.
Un an plus tard, avec le numéro de l’été 2011, le magazine est de retour à l’imprimerie des Deux-Ponts, mais pour peu de temps : avec le numéro 662 de l’hiver 2012, la revue Jazz Hot jette l’éponge. A partir du printemps 2013, les numéros de Jazz Hot sont gratuits, dématérialisés et téléchargeables à partir du site. Une nouvelle histoire commence…
Imprimé en couleur au format A4, Jazz Hot propose une soixantaine de pages particulièrement denses : beaucoup de textes (deux colonnes pour les entretiens, quatre pour les chroniques), des photos illustratives, des paragraphes justifiés compacts, peu d’encarts et aucune ornementation superflue. La mise en page de Jazz Hot est spartiate.
Sportis a pu s’appuyer sur une équipe de rédacteurs fidèles et connaisseurs, tels que Michel Laplace, Jean Szlamowicz, Serge Baudot, Michel Maestracci, Jean-Jacques Taïb… pour n’en citer que quelques-uns. Dans le contenu-type d’un numéro de Jazz Hot, le lecteur trouve les Hot News (quelques pages de nouvelles sur le monde du jazz), les Actualités (plusieurs pages de comptes-rendus de concert et une dizaine de pages d’entretiens), le Magazine (une quinzaine de pages sur le thème de couverture), une quarantaine de chroniques et un agenda (quelques pages). Il n’y a qu’une dizaine de publicités pour une cinquantaine de pages.
La plupart des numéros de Jazz Hot sont organisés autour d’un thème central, traité à la fois dans les Actualités et dans le Magazine : les trompettistes, les contrebassistes, les batteurs… Les dossiers comportent une pléthore d’entretiens avec des musiciens qui couvrent la quasi-totalité des approches, de la Nouvelle-Orléans au free jazz, en passant par le be-bop et autres. Atout supplémentaire de ces interviews qui sont bien préparées (notamment pour les discographies, très complètes), elles donnent la parole aussi bien à des stars qu’à des artistes moins connus. Les chroniques de disques sont sérieuses et argumentées. Les sélections de la rédaction sont honorées d’un carré rouge avec un i blanc pour « Indispensable ». Jazz Hot indique également la liste de tous les disques reçus par le magazine chaque mois.
Dans l’ensemble, le ton de Jazz Hot est neutre, le style direct et la lecture facile. La revue parcourt toutes les branches de jazz, du New-Orleans au jazz contemporain, sans sectarisme. Les éditoriaux de Sportis – les plus longs de la presse jazz française – sont, très souvent, des coups de gueule, volontiers polémiques, sur des sujets politiques, culturels, économiques, sociaux, environnementaux…
Revue généraliste sur le jazz, aussi bien attachée au fond qu’à l’actualité, Jazz Hot proposait un panorama sur le jazz contemporain ou historique, complet et documenté. Dommage que la version papier ait disparu !
www.JazzMagazine.com
Le Salon du Jazz de 1954 sponsorisé par Jazz Hot et organisé par Delaunay finit sur un fiasco financier. Comme aucun des parrains – Eddie Barclay, Léon Cabat et André Réty – n’accepte de renflouer les caisses, l’administrateur de Jazz Hot, Jacques Souplet, claque la porte, rejoint Barclay et le convainc de créer un magazine de jazz concurrent : Jazz Magazine. Transfuge de chez Jazz Hot, Franck Ténot devient rédacteur en chef de la nouvelle revue, qu’il rachète avec Daniel Filipacchi en 1957. A partir de 1962, Jean-Louis Ginibre est rédacteur en chef de Jazz Magazine et, en 1971, Philippes Carles lui succède.
En 2000, Jazz Magazine fait 27,5 x 21 cm et compte autour de soixante-six pages. Dans le coin supérieur gauche, le titre de la revue est en fonte blanche dans un carré rouge et magazine est écrit en script. Imprimé en noir et blanc, sauf certaines publicités, sa mise en page est touffue et un peu vieillotte. Il vaut 30 F, soit 10 F plus cher que son principal concurrent, Jazzman. L’abonnement à 11 numéros est fixé à 280 F avec un CD Universal en cadeau. Carles est épaulé de Christian Gauffre et Frédéric Goaty. Les journalistes de Jazz Magazine font partie de l’intelligentsia du jazz et la plupart ont contribué à l’indispensable Dictionnaire du jazz de la collection Bouquins : Jacques Réda, François-René Simon, Michel Boujut, André Clergeat, Alain Gerber, Thierry Leboff, Xavier Matthyssens, Jean-Pierre Moussaron, Claude Oberg, Thierry Quénum, Jean-Paul Ricard, Jacques Aboucaya, Michel Laverdure, Pierre-Henri Ardonceau, Gérard Rouy… pour n’en citer que quelques-uns, sans oublier les photographes Jean-Pierre Leloir, Giuseppe Pino, Christian Rose... Jacques Attali est la guest star de Jazz Magazine !
A partir de Janvier 2002, Jazz Magazine hésite sur son prix de vente : d’abord fixé à 5,34 €, il passe à 5,40 € dès le numéro 524, daté de mars 2002, puis redescend à 4,70 € en avril 2002 (contre 3 € pour Jazzman). Les numéros spéciaux sont vendus 5,5 € et l’abonnement est fixé à 42,70 € pour onze numéros plus le CD cadeau. Le sommaire-type comprend la rubrique Medley (une dizaine de pages pour traiter de l’actualité du jazz), un dossier de quelques pages, une quinzaine de pages pour les entretiens et les articles, Frankly Speaking de Ténot, Tangentielles par Goaty, sur les musiques sœurs, Jazzmag au net de Gauffre, Trans Europe Express de Quénum, Version latine de Luc Delannoy, sur les musiques latinos, L’œil de Pino, Disques d’hier aujourd’hui, Trésor oublié, une trentaine de chroniques regroupées dans les Disques d’émoi et les Disques du mois, un agenda et des petites annonces. Jazz Magazine est parsemé d’une quarantaine de publicités, pour une soixantaine de pages. Les numéros sont accompagnés d’un CD Collector, avec les notes de pochettes dans un encart détachable. Jazz Magazine aborde l’ère de l’euro en ordre de marche !
En mai 2003 Tangentiel devient un supplément détachable. C’est aussi début 2003 que N.EM.M., la société de Filipacchi et Ténot qui édite Jazz Magazine, rachète Jazzman aux Editions Classique Affaires, mais les deux revues poursuivent leurs chemins séparément, même s’ils sont imprimés tous les deux par l’imprimerie de Jazzman, Léonce Deprez. Moins d’un an après ce rachat, le 8 janvier 2004, Ténot décède à son domicile de Neuilly sur Seine.
Jazz Magazine passe à 5 € et 45 € pour l’abonnement en février 2004 et, dans le numéro 546, daté de mars 2004, pour plus de clarté, le sommaire est désormais divisé en trois sections : le Medley avec l’actualité sur une douzaine de pages ; le magazine avec le dossier ; les entretiens et articles (une vingtaine de pages) ; les rubriques qui couvrent une vingtaine de pages avec les Disques d’émoi, les Disques du mois, les Disques d’hier aujourd’hui, Où jouent-ils ainsi que les petites annonces. Au mois de novembre 2004, Tangentiel devient un magazine à part entière : Musiq, vendu 3 €.
En janvier 2005, la couverture est rajeunie avec la photo-titre en pleine page, encadrée par les gros titres. C’est le prélude d’un changement significatif, avec le numéro 559, daté de mai 2005 : Jazz Magazine prend le format de Jazzman, 30 x 23 cm, il est désormais imprimé en quadrichromie, le logo-vignette est abandonné au profit d’un logo en pleine largeur, la mise en page est aérée, et, pour couronner le tout, le prix de la revue baisse à 3,8 € ! Le contenu est lui-aussi modernisé : le Medley devient Jazzosphère, une Jazz Galerie fait son apparition, Réda lance L’improviste, Etienne Brunet propose sa Petite fleur électronique…
Jazz Magazine continue sa mutation en 2006 : en avril, le logo rouge, plutôt agressif, est remplacé par un logo centré sur la photo pleine page et ceint d’un liseré fin (abandonné à partir de juin 2006). C’est aussi en juin de la même année, qu’après trente-cinq de bons et loyaux services Carles cède les commandes à Goaty et prend la direction de la rédaction, nouveau poste créé pour l’occasion. A l’été 2006 le poste de secrétaire de rédaction est également créé et il sera occupé d’abord par Lorraine Soliman, puis Thomas Laurens à partir de septembre 2007, remplacé ensuite par Maryse Charlot (février 2008) et Mathieu Durand, en juin 2008 (il vient de collaborer pendant un an avec Citizen Jazz, puis passera par So Jazz, puis Jazz News).
Dans le numéro de juillet – août 2006, le sommaire prend place sous l’éditorial et de nouvelles rubriques font leur apparition : Les vues de Boujut, Le Mange-disques de Daniel Yvinec, Kronikexpress, Ad Lib de Carles… Jazz Magazine compte désormais quatre-vingt pages.
Il faut attendre le numéro 585 d’octobre 2007 pour une nouvelle formule, à 5 €. Le logo retrouve la pleine largeur, le sommaire est dynamisé par des vignettes, les rubriques sont remises à plat, avec notamment l’apparition de Clés en main, consacré à l’analyse d’un solo, avec partition à l’appui. Côté rédaction, Carles se retire, Goaty prend sa place et c’est Franck Bergerot, ancien de Jazzman, qui devient rédacteur en chef. En janvier 2008, Thomas Boudrant prend en charge la publicité (il rejoindra brièvement So Jazz, avant de lancer Jazz News, mais c’est une autre histoire...).
Septembre 2009 marque une étape importante : Jazz Magazine absorbe Jazzman. C’en est fini de l’un des fleurons de la presse jazz française. La « nouvelle » revue, Jazz Magazine / Jazzman reprend le format de Jazzman, à savoir 28 x 22 cm, la reliure reste agrafée, comme Jazz Magazine, et le logo est placé dans le coin supérieur gauche. Alex Dutilh – ex-rédacteur en chef de Jazzman – assure une coprésidence avec Goaty pour le premier numéro, puis quitte le magazine. L’équipe de Jazz Magazine reste en place et les rédacteurs de Jazzman partent vers de nouveaux horizons, à l’exception de Jean-Marc Gelin et Stéphane Ollivier, plus quelques-autres qui rejoindront la rédaction par la suite. Après plus de trente ans chez Jazz Magazine, Gauffre se retire. Robert Dessi remplace Durand au secrétariat de la rédaction et François Lacharme prend la place de Boudrant. Le sommaire est revu, mais la mise en page reste dans la même veine, le magazine a soixante-seize pages et coûte 5 € (52 € pour l’abonnement à onze numéros). A noter que pour distinguer les disques préférés de la rédaction, les Chocs de Jazzman sont adoptés au détriment des Disques d’émois de Jazz Magazine. Fin 2009, le poste de secrétaire de rédaction est supprimé et Goaty reprend l’éditorial en main.
A partir du numéro 624 d’avril 2011, Muziq, qui avait disparu fin 2009, redevient un supplément détachable… Une nouvelle formule à 5,5 €, avec une couverture en papier glacé et un nouveau logo dans lequel Jazzman apparaît en petit dans le premier Z de Jazz Magazine, est lancée en juin 2013.
2014 est l’année des soixante ans de Jazz Magazine ! Et, en juin, N.EM.M. cède le journal à Jazz & Cie, société présidée par Édouard Rencker. Une nouvelle formule à 5,8 € voit le jour en février 2015 : Jazzman disparaît, la photo pleine page est bordée d’un cadre élégant (il est retiré en février 2019) et le logo reste dans le coin supérieur gauche. Le contenu et la mise en page restent inchangés. De temps à autres, des publireportages sont publiés tête-bêche comme, par exemple, Jazz à Vienne en juin 2015, All That Jazz en octobre 2017… Jazz magazine passe à 6 € en octobre 2015, puis 6,90 en novembre 2017. Tristan Bastid prend la promotion en novembre 2015, remplacé en mai 2017 par Céline Breugnon, qui vient de chez Harmonia Mundi.
Si la reliure agrafée laisse définitivement place à une reliure collée à partir de juin 2018, c’est en février 2019 que sort une nouvelle formule avec un nouveau logo : JAZZ passe en lettres minuscules et le numéro du magazine est dans le point du j. La revue compte maintenant une centaine de pages, avec un contenu grosso modo identique aux précédents numéros.
En février 2020 Bergerot laisse son siège de rédacteur en chef à Yazid Kouloughli, entré au magazine fin 2018, qui, dès le mois de mars, se retrouve confronté à la crise sanitaire du covid-19 : pour la première fois, le numéro 727 du mois de mai 2020 n’est pas disponible dans les kiosques et ne peut qu’être téléchargé à partir du site internet de Jazz Magazine…
Aujourd’hui, Jazz Magazine est toujours proposé à 6,90 € le numéro et l’abonnement vaut 54,90 €, pour onze numéros, le CD collector plus un cadeau-surprise. La revue compte plus d’une vingtaine de publicités pour environ quatre-vingts pages et est toujours imprimé par Léonce Deprez. La mise en page est luxuriante, avec de nombreuses photos et encarts colorés.
Le sommaire comprend les rubriques Sortir (les coups de cœur du magazine sur une dizaine de pages), [Re]découvrir, qui présente des musiciens et disques d’hier et d’aujourd’hui (une dizaine de pages), une trentaine de pages consacrées à des articles divers – Story, Dossier, Entretien, Portrait… –, près d’une soixantaine de chroniques réparties entre les Chocs et les disques du mois, En images (un portfolio de photos d’une dizaine de pages) et un agenda sur quelques pages. Le style est vivant, sans être désinvolte, et les contenus ont la simplicité et le sérieux d’un magazine spécialisé diffusé en kiosque.
Jazz Magazine s’intéresse à tous les jazz, de toutes les époques, et fait également parfois de de la place aux musiques cousines. C’est ainsi que Jimi Hendrix a eu droit à cinq unes depuis le début des années 2000, Frank Zappa, quatre, Carlos Santana, deux, Stevie Wonder, James Brown et Sting, une… Evidemment, comme la plupart des magazines d’actualité vendus en kiosques, Jazz Magazine s’attache en priorité aux musiciens de jazz les plus populaires, morts ou vifs ! En couverture, le champion toute catégorie reste Miles Davis qui a fait pas moins de quatorze unes en vingt ans… Mais Jaco Pastorius (quatre), Django Reinhardt (trois), Keith Jarrett (trois), Diana Krall (trois)… sont également des valeurs sûres !
L’une des forces de Jazz Magazine est d’avoir su conserver une équipe de rédacteurs stable et dont la connaissance du jazz est au-dessus de tout soupçon ! Les « historiques » tels que Jacques Aboucaya, Philippe Bas-Rabérin, Carles, François-René Simon… ont été rejoints par des anciens de Jazzman, comme Anquetil, Lionel Eskenazi, Felix Marciano, Pascal Rozat, Pierre de Chocqueuse, Ollivier… et des nouveaux venus comme Noadya Arnoux, Ludovic Florin, Vincent Cotro, Guy Darol, Katia Dansoko Touré… Côté photographes, autre point fort de Jazz Magazine, Pino et Rose sont évidemment toujours là, tout comme Guy Le Querrec, mais Jean-Baptiste Millot, Sylvain Gripoix, Jean-Baptiste Lenoir… sont aussi venus enrichir la palette des clichés.
En 2020, avec Jazz News, également édité par Jazz & Cie, Jazz Magazine est le dernier magazine jazz vendu en kiosque en France, avec un peu plus de vingt mille exemplaires tirés, mais à peine la moitié vendue… De quoi se faire peur sur l’avenir de la presse jazz papier !
Les cahiers du jazz
Jazz et musicologie
Pour enrichir les analyses sur le jazz et compléter les magazines d’actualité, Ténot propose à Lucien Malson de créer une revue avec des articles de fonds sur le modèle des Cahiers du Cinéma : N.EM.M publie dix-sept numéros des cahiers du jazz entre 1959 et 1967. Après une longue interruption, Malson sort onze nouveaux cahiers du jazz aux PUF, de 1994 à 1997. Un numéro isolé est également publié en janvier 2001, aux Editions Alive. Il faut attendre 2004 pour qu’une nouvelle série des cahiers du jazz puisse voir le jour chez Outre-Mesure. Dix numéros sont publiés de 2004 à 2013.
La couverture des sept premiers numéros des cahiers du Jazz relève davantage de l’ouvrage universitaire que du magazine artistique : un bandeau de couleur uniforme occupe le tiers supérieur de la couverture, le titre de la revue, en majuscule, est placé en haut à gauche, Les cahiers du sont en noir et jazz en blanc, la liste des auteurs est affichée sur une colonne dans la partie inférieure. Il est pratiquement impossible de faire plus sobre. Même la couverture d’Esprit est plus fantaisiste ! A partir du huitième numéro, une photo (John Coltrane) remplace la liste des auteurs, puis elle passe en pleine page au numéro douze (Eric Dolphy). La série des années quatre-vingt-dix garde une certaine austérité avec un fond uni, le dessin d’un cornet hybride en arrière-plan et le nom de la revue avec un jazz presque fantasque… Le numéro de 2001 revient à la couverture du numéro 1 de 1959 avec une photo à la place des rédacteurs (en l’occurrence Billie Holiday). Quant à la série des années 2000, elle mise sur des couvertures avec un fond monochrome et un graphisme géométrique dépouillé pour le titre de la revue et le sujet du dossier. Le sommaire est en quatrième de couverture.
Malson est directeur du bureau éditorial des dix numéros des cahiers du jazz des années 2000, et même, « directeur fondateur », à partir de 2007, puis carrément « président fondateur » en 2013, pour le dernier numéro. Pendant les trois premiers numéros, de 2004 à 2006, le bureau est stable : Laurent Cugny est directeur de la publication, Jean-Louis Chautemps est rédacteur en chef et Vincent Cotro assure le secrétariat de la rédaction. Mais avec le numéro quatre, daté de 2007, le bureau éditorial est chamboulé : Cugny est remplacé par Jocelyn Bonnerave, Chautemps devient « directeur rédacteur en chef », Roger Lajus entre dans le bureau en tant que conseiller, Patrick Williams et Olivier Roueff codirigent la rédaction et le poste de secrétaire de rédaction est supprimé. En 2009, avec le numéro six, Malson remplace Bonnerave et cumule direction du bureau éditorial et de la publication, et André Clergeat est nommé consultant rédactionnel. Pour le dernier numéro de la série, en 2013, le bureau éditorial est renouvelé de fond en comble : Malson reste évidemment président, Chautemps ajoute la direction de la publication à celle de la rédaction, Pierre Fargeton et Ludovic Florin deviennent rédacteurs en chef, Jacques Aboucaya reprend le secrétariat général, Lajus et Clergeat conservent leur fonction, et un rôle de « sociétaire » fait son apparition avec Jean Jamin, Isabelle Leymarie, Sandrine Malson, Denis-Constant Martin, Francis Marmande et Patrick Williams.
A côté du bureau éditorial, siège un comité éditorial, qui ne compte que de connaisseurs émérites du jazz comme, entre autres, André Hodeir (1921 – 2011), Lewis Porter, Philippe Baudoin, Gilles Mouëllic, François Jeanneau… La nouvelle vague des musicologues du jazz contribue également aux cahiers du jazz, parmi lesquels Anne Legrand, Martin Guerpin... D’autres rédacteurs rejoignent la revue au fil des numéros, à l’instar de Jacques B. Hess, Alain Pailler, Yves Buin, Xavier Prévost, Alain Gerber, Alain Tercinet...
Au format 21 x 14,5 cm, imprimé en noir et blanc par France Quercy à Cahors, Les cahiers du jazz sont vendus à un tarif qui varie en fonction du nombre de pages : les numéros un (160 pages), deux (192 pages), huit (176 pages) et neuf (160 pages) sont à 15 €, les numéros trois (224 pages) à 18 €, quatre (120 pages) à 10 €, cinq (132 pages) à 11€, six (144 pages) à 12 €, sept (192 pages) à 16 € et dix (192 pages) à 18 €. Seul le premier numéro est accompagné d’un CD qui illustre brillamment les analyses musicologiques, mais, pour des raisons mesquines de droit, Les cahiers du jazz ne pourront pas renouveler l’expérience. Il n’y a évidemment quasiment pas de publicités, justes quelques annonces de sorties de publications des éditions Outre-Mesure et une ou deux réclames pour des magazines de jazz, placées en début ou en fin de revue.
La mise en page de la nouvelle série des cahiers du jazz n’a pas évolué entre 2004 et 2013 : une colonne pour les articles et deux colonnes pour les chroniques, des paragraphes justifiés, des marges étroites, des titres en gras, aucune lettrine ou autres arabesques, pas d’illustration, hormis des partitions et une ou deux photos… Pas d’esbroufe : tout est dans le contenu !
Le sommaire des cahiers du jazz ne change pas beaucoup entre les numéros un et dix. Après un ou plusieurs textes qui servent d’éditorial, le contenu comprend : le Dossier consacré à la une, la partie Textes (remplacé par Universités à partir du numéro neuf) avec des articles de fond et des Rubriques : Evénements pour les hommages, chroniques et comptes-rendus, Témoignages avec des entretiens, Techniques (jusqu’au numéro quatre) avec une analyse musicale et Anachroniques, pour des flash-back.
Les trois premiers dossiers sont consacrés à Keith Jarrett, Wayne Shorter et Martial Solal. Après le départ de Cugny, les trois cahiers du jazz suivants ne proposent plus de dossier. C’est avec le numéro sept, daté 2010, que Michael Brecker fait la une, il sera suivi de Marciac, Hodeir et, pour le dernier numéro de la série, une étude sur le jazz d’aujourd’hui. Les cahiers du jazz parlent aussi bien de Jack Teagarden, Clark Terry, Wynton Marsalis… que de John Zorn, David Murray, Ellery Eskelin... Ce qui compte, c’est la musique, pas les catégories. Les articles des cahiers du jazz sont probablement ce qui se fait de plus fouillé et complet dans la presse jazz française en termes de documentation, d‘analyse et de restitution. Le style de la plupart des textes est typiquement universitaire : simple, modéré et précis.
Entre livre et revue, Les cahiers du jazz se présentent comme un recueil d’essais et leur approche musicologique du jazz en fait un complément indispensable aux magazines d’actualité. Dommage que leur publication soit aussi erratique.
« Le journal de tous les jazz »
En 1992, François Lacharme propose à Alex Dutilh, Franck Bergerot, Arnaud Merlin et Pascal Anquetil de créer un supplément jazz au Monde de la Musique : Jazzman est né. En mars 1995, Jazzman prend son envol et devient rapidement le leader de la presse jazz en France.
Dès le départ, Jazzman mise sur la modernité : une mise en page rythmée, de la couleur, des encarts, des dessins, des photos soignées signées Christian Ducasse, Mephisto, Philippe Etheldrède, Jean-Pierre Leloir… La couverture est un dessin en pleine page, œuvre d’illustrateurs célèbres tels que Pascal Rabaté, Moebius, François Avril, Ted Benoît, Muñoz, Louis Joos, Yves Budin, Robert Crumb, Cabu, Blutch… Le format de la revue est de 30 x 23 cm (plus grand que son concurrent Jazz Magazine) et Jazzman est imprimé par l’imprimerie Léonce Deprez, qui deviendra l’imprimeur de Jazz Magazine.
Le logo de Jazzman évolue en décembre 2000 et passe du nom sur une portée à des caractères blancs sur fond bleu et, en filigrane, toujours les lignes de la portée. La couverture abandonne le grain pour le papier glacé.
En 2001, Dutilh est rédacteur en chef et son comité de rédaction reste constitué du noyau des fondateurs, Merlin, Bergerot et Lacharme, auxquels s’est joint Thierry Lepin. Dans les soixante-six pages, le lecteur trouve les Actualités (une dizaine de pages), le Magazine avec ses entretiens et articles (environ vingt pages), les Chroniques (autour de vingt pages), l’Agenda et diverses informations (une dizaine de pages). Des rubriques récurrentes animent la revue : Le Fureteur d’Alain Tercinet (1935 - 2017), les mots croisés de Misterioso, Du côté de jazz 6 de Philippe Adler (1936 – 2017), At Home… de Thierry Pérémarti, Jazzmen, la bande dessinée de Blutch… Une vingtaine de publicités sont réparties ici et là.
Le numéro 76 de janvier 2002 marque le passage à l’euro avec un numéro à 3 € (19,68 F contre 20 F avant) et l’abonnement pour onze numéros coûte 26,5 € avec un sac à dos en prime, et 45 € pour deux ans, avec un CD en cadeau... Le tarif sera revu à la hausse en juillet 2003, à 3,5 €. C’est en novembre de la même année que Philippe Venturini démarre une chronique hi-fi instructive, qui dure jusqu’en mars 2004.
En 2003, N.EM.M, la société d’édition de Daniel Filipacchi et Frank Ténot, l’éditeur de Jazz Magazine, rachète Jazzman aux Editions Classique Affaires de Christian Brégou. Côté rédaction, en mai, le contrebassiste Clovis Nicolas prend la rubrique New York, New York. Il la tiendra jusqu’à l’été 2007, quand il sera remplacé par le pianiste Dan Tepfer, avec un court intermède assuré par Emilie Pons.
En mars 2004, c’est la dernière planche de Blutch. Ludovic Debeurme prend la suite pour quelques numéros avec Old and New Dreams. Le numéro passe à 3,8 € en avril et l’abonnement à 29,5 €. Vincent Bessières remplace Merlin au secrétariat de la rédaction, en octobre 2004.
Pour son nouveau logo, en mai 2005, le fond bleu disparaît et le titre Jazzman apparaît directement sur la pleine page. Quant à l’éditorial, il passe en page deux et le sommaire occupe toute la première page.
Après près de trois ans à 3,8 €, le prix de Jazzman passe à 4,5 € en juin 2007, puis à 5 € en février 2008.
Le numéro 139 d’octobre 2007 est une révolution : sur la couverture, une photo remplace désormais le dessin en pleine page ; le sous-titre devient « Musique et culture jazz » au lieu de « Le journal de tous les jazz » ; le format passe de 30 x 23 cm à 28,5 x 22, la taille de Jazz Magazine ; la reliure est collée au lieu d’être agrafée ; le magazine gagne une dizaine de pages ; le sommaire est rafraîchi, il y a davantage de photos et quelques nouvelles rubriques… Du côté de la salle de rédaction, Bessières prend la place de Bergerot comme rédacteur en chef adjoint et Anne-Laure Bucelle prend le secrétariat de rédaction. Sébastian Danchin, Jacques Denis et Jonathan Duclos-Arkilovitch font leur entrée dans le comité éditorial, qui passe de sept à neuf membres.
En mai 2008, Jazzman réalise une enquête d’ordre général auprès de ses lecteurs. Robert Dessi – futur secrétaire de rédaction de Jazz Magazine Jazzman – succède à Bucelle au secrétariat de la rédaction en octobre 2008.
Juillet – Août 2009 et son numéro 159 marquent la fin de l’aventure de Jazzman, absorbé par Jazz Magazine à partir du mois de septembre...
Depuis sa création, Jazzman représente toutes les tendances du jazz et, à la différence de Jazz Magazine, la revue ne surfe pas sur les Jimi Hendrix, Franck Zappa, Carlos Santana et autres musiques cousines. Résolument dans son temps, Jazzman accorde une grande importance aux illustration – dessins et photos – et sa mise en page s’inscrit davantage dans la lignée des Inrockuptibles que de celle des autres magazines de jazz. Jazzman adopte un ton à la fois professionnel et décontracté. Tout comme chez Jazz Magazine, les rédacteurs de Jazzman font partie des spécialistes français du jazz, présents sur les ondes (Dutilh, Merlin…), auteurs de nombreux ouvrages (Bergerot, Merlin, Danchin…), commissaires d’expositions (Bessières...) et actifs dans différents organismes liés à la musique (Anquetil à l’IRMA, Lacharme à l’Académie du jazz…).
Jazzman a incontestablement marqué son époque et rajeuni la presse jazz papier : la plupart des magazines créés dans les années 2000 – So Jazz et Jazz News – et même le Jazz Magazine d’aujourd’hui, se sont inspirés de son approche et de sa mise en page modernes.
Jazz Dixie/Swing
« Du Ragtime au Big Band »
En 1964, le tromboniste et tubiste Raymond Fonsèque crée le Jazz Club de France. Il reste président de cette association qui « défend les mêmes valeurs jazzistiques que le Hot Club de France » jusqu’à sa mort, en 2011. C’est son épouse, Francine Fonsèque, qui reprend le flambeau. En 1993, Fonsèque fonde Jazz Dixie/Swing, « organe de presse sympathisant, édité par le Jazz Club de France » (citation du Hot Club de France). Au grès des déménagements de son fondateur, le siège de la revue est passé de Saint Leu La Forêt, dans le Val d'Oise, à Chéronvilliers, puis Breteuil sur Iton, dans l'Eure.
Revue trimestrielle, Jazz Dixie/Swing paraît en février, mai, août et novembre de chaque année. De sa création à février 2000, le magazine est imprimé par les imprimeries P. Oudin à Poitiers, puis, depuis août 2000, par l'Imprimerie de l'Etoile à Tourouvre (Orne). Le cent-septième numéro est sorti en mai 2020.
Jazz Dixie/Swing n'a pas changé depuis son premier numéro : entre quarante et cinquante-six pages au format A4, imprimées en bichromie, avec à peine une petite dizaine de publicités et annonces. La mise en page, sur deux colonnes, est simple et les illustrations bien choisies. Jazz Dixie/Swing offre également à ses lecteurs des DVD ou des CD. D'abord proposé à trente francs, le tarif passe ensuite à sept euros cinquante, avant de s'établir à huit euros. L'abonnement est fixé à vingt-trois euros pour les adhérents au Jazz Club de France et trente euros pour les autres.
Outre Fonsèque qui écrit de nombreux articles et propose les mots-croisés jazzy, Jazz Dixie/Swing peut compter sur des pigistes tels que Michel Laplace, François Guin, Jean-Marc Ternois, Denise Bogé, Irakli de Davrichewy… Le magazine propose des informations sur les lieux du jazz, une rubrique nécrologique (« Ils ont replié leur ombrelle »), des comptes-rendus de concerts (« Ils y étaient pour nous »), des chroniques, des partitions et des articles de fonds sur des musiciens de jazz historiques (Benny Carter, Alphonse Picou, Bill Coleman, Bud Freeman, Duke Ellington, Louis Armstrong…) ou contemporains (Guin, Marc Richard, Roger Guérin, Jean-Michel Proust, François Laudet…), l’histoire (Storyville et Jazz, Swing Era, The Red Light District…), la technique (le super-tempérament…) et divers sujets (Selmer, matériels d’enregistrement sonore, les intermittents…). La revue ne dispose pas d’un site en propre, mais propose la une et le sommaire des tous ses numéros sur le site du Hot Club de France. L'écriture est directe et factuelle, et le ton est neutre, sans vindicte à l'égard des autres styles de jazz.
Comme l’indique son nom et son sous-titre, « Du Ragtime au Big Band », Jazz Dixie/Swing est dédié au « Jazz authentique » dont l’esthétique correspond grosso modo au jazz joué entre le début du XXe et le be-bop.
« Magazine d’Information Musicale »
En 1993, dans le cadre d’Improjazz, association à but non lucratif qui produit des enregistrements, organise des concerts et distribue des disques, Philippe Renaud et Patrick Gentet décident de créer un magazine. Le numéro 0 d’Improjazz sort en décembre 1993. Le magazine est essentiellement diffusé par abonnement, mais aussi distribué dans certains festivals et, pendant quelque temps, chez Paris Jazz Corner.
Au départ Renaud et Gentet se partagent les textes. Dans le courant de l’année 1994, ils sont rejoints par Marc Sarrazy, Gustave Cerutti, Serge Perrot, Francesco Martinelli, Alain Chauvat… Le magazine prend son envol et, à la fin des années 1990, Improjazz peut compter sur les plumes de Luc Bouquet, Marc Chaloin, Alexandre Pierrepont, Claude Copaert, Gérard Rouy, Philippe Alen, Noël Tachet, Guillaume Tarche… A partir de 2000, de nouveaux rédacteurs réguliers viennent étoffer l‘équipe, à l’instar de Franck Médioni, Joël Pagier, Jean-Michel Van Schouwburg, Olivier Ledure, Gary May, Bob Hatteau… Les photos de Rouy, May, Christine Pagier, Hélène Collon, Thierry Trombert, Jean-Claude Sarrasin… et celles des rédacteurs, viennent illustrer les articles. A noter qu’Improjazz est gérée par Pagier, Perrot, Martial Petit et Renaud, également directeur de la publication.
A la différence de la majorité des magazines de jazz qui sont installés en Île de France, Improjazz, lui, a son siège à Blois, Loir-et-Cher. La revue, au format A4, est imprimée en noir et blanc par Idem41. Au début des années 2000, le logo est en haut en pleine largeur et une bande verticale à gauche indique le numéro, le mois et le tarif. Improjazz est vendu 4 € et l’abonnement aux dix numéros annuels revient à 40 €. Il n’y a aucune publicité et juste quelques rares annonces de concerts et festivals. Sur une ou deux colonnes justifiées, à l’exception des chroniques qui sont réparties sur trois colonnes, sans lettrines, ni encarts, ni couleurs, la présentation de la cinquantaine de pages est pour le moins dense et austère !
Le contenu-type d’Improjazz s’articule autour d’un éditorial de la rédaction, de la rubrique Sac à pulses (les nouveautés discographiques au catalogue), d’Entretiens, de portraits, d’articles de fond, de comptes-rendus de concerts et festivals et d’une trentaine à une quarantaine de chroniques. La première mouture du site internet est animée par May et Renaud.
En janvier 2007, Improjazz passe à 4,2 € et Petit se retire de la gestion de l’association. Par la suite, le tarif d’Improjazz n’augmente que modérément : 4,5 € en janvier 2013, 4,8 € en janvier 2017 et 5 € à partir de novembre – décembre 2018, avec un abonnement à 50 € pour dix numéros. Dans le courant de l’année 2007, des photos d’Horace, Juan Carlos Hernandez, Jean-Yves Molinari et Jacques Bisceglia (1940 – 2013) viennent enrichir les illustrations du magazine.
La une évolue en janvier 2009 : le bandeau à gauche disparaît, la photo est centrée, encadrée, avec le nom de l’artiste dans une vignette en bas à droite. La vignette passe à l’extérieur du cadre de la photo avec le n° 219 d’octobre 2015. Derrière la photo, sur le fond noir, des traits en diagonal évoquent des cirrus… Ils sont abandonnés pour un fond noir uni à partir du n° 156. A partir de 2009 la plupart des éditoriaux ne sont plus signés La Rédaction, mais directement de Renaud, sauf exceptions.
En septembre 2011 la rubrique Sac à pulses est remplacée par un Additif au catalogue et, en février 2012, Improjazz se dote d’un nouveau site internet, plus moderne, et rajeuni une nouvelle fois en septembre 2019. Pour le numéro 200 de novembre – décembre 2013, la couverture est ornée d’une peinture en couleur de Gustave Cerruti : « For Daunik Lazro ». Suivront, une photo en couleur de Joëlle Léandre pour le numéro 220 (novembre – décembre 2014), puis celles de Jean-Noël Cognard (août 2016), Quentin Rollet (novembre – décembre 2018) et Alfred Spirli (novembre – décembre 2019).
Au printemps 2016, Improjazz change de département et déménage à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours. Pagier se retire de la gestion de l’association en octobre 2017 et il est remplacé par Bouquet en février 2018.
Dans l’éditorial du numéro 261, daté de novembre - décembre 2019, Renaud rappelle que 2020 est la dernière année d’Improjazz, au moins au format papier.
Le format et le sommaire d’Improjazz n’ont pas changé depuis le début des années 2000. Alen, Bouquet, Hatteau, Ledure, May, Medioni, Renaud, Rouy, Van Schouwburg forment un noyau constant de rédacteurs, mais sont souvent épaulés par Réjean Beaucage, Claude Parle, Claude Pla, Colpaert, Alain Pailler, Philippe Charpentier… La revue propose de nombreux articles de fond sur des labels indépendants, l’Afrique du sud, des festivals… les rubriques Rencontre avec un écrivain amateur de jazz et A la découverte de… , et une quarantaine de chroniques de disques. Improjazz fonctionne sur la base de rédacteurs bénévoles, donc le sommaire peut varier en fonction de l’arrivage et de la longueur des articles et des chroniques.
Comme son sous-titre l’indique, Improjazz est un « magazine d’information musicale » et, en tant que tel, la revue se veut un forum complètement libre d’accès, ouverts à tous les jazz et plus, selon les appétences des rédacteurs. Si les musiques expérimentales, d’avant-garde, à tendance free sont les plus représentées, le jazz rock progressif l’est également, ainsi que le jazz du monde, sans oublier les « classiques » d’hier et d’avant-hier. Improjazz a autant de tons que de rédacteurs ! Les textes sont publiés tels quels, sans corrections, mais la passion aidant, leur contenu est le plus souvent sérieux et bien documenté. Curiosité, bienveillance et respect sont de mise : la rédaction assure un rôle de modérateur, mais jamais de censeur, ni de correcteur. Sans oublier que grâce à son statut, Improjazz est complètement indépendant et libre de ses propos.
Entre fanzine et magazine, nourri pendant près de trente ans par les passions de ses rédacteurs, Improjazz a donné la parole à de nombreux musiciens créatifs qui ne trouvent que rarement une tribune ailleurs. Sa fin programmée en 2020 laissera un vide dans la presse jazz papier.
JazzoSphère
« Musiques créatives et nouvelles »
Créé en 1997 par Sabine et Sébastien Moig, JazzoSphère s’arrête après une aventure d’une dizaine d’années, à la fin de l’été 2008, sur le numéro trente-cinq.
JazzoSphère sort trois fois par an et compte vingt-trois pages. Vendu d’abord 3 € le numéro, puis 4 € à partir de la fin 2005, la revue est imprimée par Gerfau dans un format presque A4, en noir et blanc, avec juste la couverture en couleur. Ce n’est qu’à compter de l’automne 2007 que JazzoSphère prend des couleurs et son prix passe à 4,25 €, avec toujours la possibilité de s’abonner pour deux numéros (8 €) ou quatre numéros (19 €).
Moderne et aérée, la mise en page laisse une belle place aux photos, le plus souvent de qualité. Il n’y a (évidemment) aucune publicité et juste quelques rares annonces pour des festivals et sorties de livres ou disques. La couverture de JazzoSphère est composé d’une photo en pleine page qui illustre le thème central du numéro et, à gauche, sur toute la hauteur, d’une bande cinématographique, dont les vignettes illustrent le sommaire de la revue.
Les numéros de JazzoSphère tournent autour d’un thème principal : la guitare, la batterie, nature et sons, jazz et Méditerranée, le musicien engagé… Le sujet central est abordé via des entretiens, articles de fonds ou poésies. Quelques textes sortent du jazz et parcourent les eaux littéraires ou des musiques sœurs. JazzoSphère propose aussi des comptes-rendus de festivals et concerts et une grosse vingtaine de chroniques.
« JazzoSphère est un magazine consacré aux musiques créatives et nouvelles ». Tout est dit dans cette phrase d’intention : d’Olivier Benoît à Jean-Luc Guionnet, en passant par Noël Akchoté, Jean-Jacques Birgé, Andrea Parkins, Régis Huby, Daevid Allen, Bruno Toccane, Matana Roberts, Pino Minafra, Edward Perraud, Hasse Poulsen… JazzoSphère s’intéresse aux musiciens d’avant-garde et Jazz à Luz est leur festival ! Si les Moig sont les contributeurs principaux, ils peuvent compter sur les plumes de Julien Prat, Olivier Renaud, Charles Demassieux… et les musiciens, qui sont également invités à écrire. Le ton de JazzoSphère est bienveillant, les analyses et questions fouillées et le style reste sobre, avec quelques élans poétiques ça-et-là.
Fanzine soigné, avec une orientation esthétique claire et un contenu travaillé, JazzoSphère a traversé le paysage de la presse jazz comme une comète… Dommage !
« Le jazz des origines au be-bop »
En 1998, Guy Chauvier crée et dirige la revue Jazz Classique. Après deux mandats, Chauvier demande, en 2004, qu’un nouveau bureau soit constitué pour animer le magazine. En 2007, après trois années sans candidat, Chauvier accepte pour une dernière fois de garder les rênes jusqu’en 2009. En janvier 2008, dans l’éditorial du numéro 49, Chauvier rappelle qu’il se retirera de Jazz Classique à la fin 2009. En juin 2008, la publication de Jazz Classique manque de s’arrêter brutalement après un cambriolage ! Mais, faute de repreneur, c’est finalement en novembre 2009 que le cinquante-huitième et dernier numéro de Jazz Classique sort des imprimeries de Saint Etienne l’Allier...
En dehors de la couverture qui est en couleur, Jazz Classique est imprimé en noir et blanc dans un format proche du A4. Les quarante-huit pages sont illustrées d’une vingtaine de photos (hors pochettes de disque) et ne comptent quasiment aucune publicité, à part quelques annonces de concerts et festivals. Les cinq numéros annuels sont vendus cinq euros chez Paris Jazz Corner et Jacques Bisceglia (1940 – 2013), et par abonnement, qui revient à vingt euros. La page de couverture est une photo en pleine page, en général un portrait sur un fond uni, sérieux et ascétique, à l’instar du reste de la mise en page de la revue.
Comme l’écrit Chauvier dans son dernier éditorial (novembre 2009 – N° 58 – Page 1) : « Jazz Classique est né de l’envie d’un magazine parlant des formes anciennes du jazz, de leurs richesses, de leurs beautés, de leur existence, sans les enfermer dans un discours sectaire ou militant. Le jazz des origines au be-bop […] ». Le ton de la revue n’est pas vindicatif et les « autres » jazz ne sont pas rejetés… Si Sydney Bechet occupe souvent les devants du magazine, le be-bop y a aussi sa place et il arrive qu’Archie Shepp (Goin’ Home avec Horace Parlan), Lee Konitz, John Coltrane… surgissent au détour d’une page. Comme le constate Chauvier (éditorial du numéro 50 d’avril 2008), Jazz Classique veut éviter l’écueil des œillères : « on a jadis connu plusieurs revues sclérosées par la pensée unique, du Bulletin du HCF à Jazz Hot ». Les signatures sont de qualité : Philippe Baudoin, Irakli, Marc Laferrière, Louis Mazetier… A la une défilent Armstrong, André Villéger, Bruno Rousselet, Romane… Le sommaire type de Jazz Classique se compose d’entretiens (Christian Chevalier, Guy Bonne, Romane, Jérôme Etcheberry, Claude Tissendier…), de dossiers historiques (Bechet, Louis Ladnier, la famille Ferret…), une trentaine de chroniques, The Amen Corner (les artistes du jazz et le gospel), Echoes of The Jungle (le titre est explicite) et des rubriques consacrées aux concerts et festivals.
Au chapitre des anecdotes : les disques, livres et DVD « chéris de la rédaction » sont identifiés par deux cerises, en référence au « cherry » anglais... Sinon, dans le numéro 54 de juillet 2009, la rédaction de Jazz Classique consacre déjà une photo en pleine page à… Cécile McLorin Salvant ! Quant au dernier numéro de Jazz Classique, il fait sa une et consacre un dossier à Daniel Huck.
Laissons la conclusion à Chauvier, qui écrit dans son pénultième éditorial (septembre 2009 – N° 57) : « le jazz n’est plus moderne. Il n’est également plus populaire, n’a pratiquement plus aucun rapport avec les musiques populaires actuelles. Il est devenu un art classique. Ce statut est sans doute pour lui la seule chance d’échapper à la lente agonie des pratiques ésotériques. […] Cette évolution a aussi le mérite de rendre obsolètes les fractures esthétiques, ouvrant ainsi de nouveaux horizons aux artistes et aux auditeurs ».
Engagement et passion
Créée en 1995 pour fédérer la production musicale indépendante, Les Allumés du Jazz regroupe aujourd’hui une soixantaine de maisons de disques. En 1999 l’association crée Le journal des Allumés du jazz, diffusé à seize mille exemplaires sur abonnement libre ou gratuit.
Le premier numéro, daté du quatrième trimestre 1999, est imprimé en noir et blanc à Montreuil et compte douze pages. Le graphisme du logo est dans un esprit fanzine et d’ailleurs, dès le départ, la bande dessinée est une source d’inspiration pour le journal. Réalisé par Valérie Crinière, calligraphié par Stéphane Cattanéeo et illustré par Jiho, Le journal des Allumés du jazz « est une publication gratuite à la périodicité diablement aléatoire »…
Le sommaire des premiers journaux des Allumés du jazz tourne surtout autour du catalogue commenté des maisons de disques de l’association (une dizaine de pages) et la vie des labels (deux pages), mais il y a également un éditorial volontiers agitateur, La question de Jean-Jacques Birgé (Avez-vous une bonne raison de produire ? Comment entendez-vous l’avenir du jazz ? Qu’évoque pour vous un allumé du jazz ? etc.) et de nombreux dessins.
Le journal passe rapidement à vingt-quatre pages puis augmente régulièrement au rythme du contenu qui s’étoffe avec des entretiens, des portraits, des coups de gueule, des nouvelles… Les belles photos de Guy Le Querrec illustrent le journal pendant plusieurs années. Quelques autres photographes contribuent également au journal, à l’instar d’Hélène Collon, Christian Ducasse… Les rédacteurs sont multiples – Jean Rochard, Pablo Cueco, Birgé, Xavier Mathyssens, Jean-Paul Ricard, Didier Levallet…– passionnés et engagés.
En 2003, l’association quitte la rue de Charonne, dans le onzième arrondissement de Paris, pour s’installer au Mans, rue du Bourg-Belé. Avec le numéro huit, daté du premier trimestre, le logo prend un côté ethnique avec un fond qui rappelle des batiks. Fond qu’il perd fin 2007 laissant le titre du journal en pleine largeur. C’est au troisième trimestre 2008 (numéro vingt-deux) que l’allumette masquée devient la mascotte du journal, clin d’œil aux Allumés, bien sûr, mais qui évoque aussi Le Concombre masqué, la célèbre bande dessinée de Nikita Mandryka.
Le huitième numéro ne s’accompagne pas seulement d’un changement de logo, mais également d’une nouvelle présentation du Journal des Allumés du jazz, plus organisé, avec davantage de rubriques dont les titres reprennent la charte graphique du logo. Le Journal des Allumés du jazz est désormais « une sacrée publication gratuite à la périodicité diablement aléatoire » !
En 2005, nouvelle évolution du journal avec une couverture composée d’un dessin ou d’une photo en pleine page, un sommaire qui passe à l’intérieur, un changement de fonte de caractères, une mise en page toujours aussi dense et remplie d’illustrations et d’encarts.
A compter du troisième trimestre 2006, les dessins deviennent prépondérants et remplacent les photos. C’est avec le numéro dix-sept de la même année que le journal se structure avec deux rédacteurs en chef, Birgé et Rochard, et un comité éditorial : Crinière, Cueco, Mathieu Immer, Jacques Oger, Jean-Louis Wiart, Ricard, Jean-Pierre Vivante et Jean Morières. Si Ricard, Vivante et Morières ne font qu’un numéro, en 2007 (numéro 20), Jean-Paul Rodrigue rejoint le comité éditorial. Le numéro vingt-et-un adopte une présentation de moins en moins fanzine, vingt-quatre pages bien remplies, avec de plus en plus de dessinateurs et moult articles de fond. Finalement le rôle de rédacteur en chef disparaît au troisième trimestre 2008, avec le départ de Birgé, et le comité éditorial est dissout fin 2009 (numéro 24). Crinière prend le secrétariat de la rédaction au quatrième trimestre 2014, mais, un an plus tard, le titre est remplacé par « Pésence inoubliable », autrement plus poétique…
En 2011, l’association déménage rue de la galère (sic), toujours au Mans. Le tour de France des imprimeurs commence : après avoir été imprimé à Montreuil entre 1999 et 2011, le journal est d’abord imprimé à Moncé-en-Belin dans la Sarthe, puis, en 2013, à Fouilloy dans la Somme, avant de partir, en 2015, à Reyrieux, dans l’Ain, et finir, en 2019, dans les imprimeries Ouest France, dans la Loire-Atlantique…
Le numéro trente-huit, daté du deuxième semestre 2019, adopte un format tabloïd de 41 x 31,5 cm. Toujours imprimé en noir et blanc, il compte vingt-huit pages, sans sommaire, ni publicité, mais une vingtaine de dessins et une dizaine de photos… Après le dessin de couverture en pleine page et Encyclopédie, une rubrique signée Albert Lory et différents illustrateurs, Le journal des Allumés du jazz fait de la place aux articles de fond : Transition (écologique et numérique) par Cueco, la production indépendante (sujet de la une) par Rochard, un plaidoyer pour le compact disc de Gontran de Mortegoutte, le centre national de la musique par Fabien Barontini… La rédaction interviewe Léa Trommenschlager, Xavier Garcia, Anne Montaron… François Jeanneau, Cueco et d’autres proposent des billets d’humeur. Un portrait rend hommage à Steve Dalachinsky. Les labels de l’association ont huit pages pour présenter leurs nouveautés et s’exprimer. Ricard propose des Mots Jazzés Croisés. Quant à la bande dessinée, elle n’est pas oubliée avec Les belles histoires de mon oncle de J.R. et Pic (inspiré des Belles Histoires de l’oncle Paul, créées par Jean-Michel Charlier en 1951 pour le magazine Spirou).
Le ton est libre, légèrement décalé, souvent impertinent, mais toujours réfléchi et argumenté… Le journal des Allumés du jazz est résolument engagé pour défendre les causes humanistes, avec un parfum de rébellion, entre soixante-huitard et gilet-jaune.
Publication indépendante et mutine, Le journal des Allumés du jazz est atypique et salutaire dans le paysage de la presse jazz papier.
Sextant
« Revue acoustellaire »
En décembre 2005, le réalisateur, cinéaste, vidéaste… Igor Juget s’entoure d’une petite équipe pour créer une revue ambitieuse : Sextant (comme le disque d’Herbie Hancock). Avec son sous-titre, « revue acoustellaire », et son sur-titre, « Musiques – Arts – Cultures », Juget annonce la couleur et la rehausse dans l’éditorial : « plus qu’un nouveau magazine, Sextant se veut un objet hybride par sa forme – qui se lit comme un livre illustré – et par son contenu qui traite des créations artistiques tous azimuts ». Prévu pour être trimestriel, puis semestriel, il ne sortira en fait qu’un numéro par an. Le troisième et dernier numéro de Sextant est publié en mai 2007.
Le premier numéro est consacré à Henri Texier et sa sphère – Guy Le Querrec, Tony Rabeson, Manu Codjia, Label Bleu… A partir du deuxième numéro (daté d’avril 2006), Sextant se lit tête-bêche : Steve Argüelles et Benoît Delbecq font les unes du numéro deux, tandis que Jean-Jacques Birgé et Vincent Courtois font celles du numéro trois. Sextant numéro 1 est accompagné d’un DVD dont le programme est composé de Border, un court-métrage de Laura Waddington (2002), Audioplages, « une machination interactive » signée Noël Akchoté et des extraits de la rencontre avec Texier. Le deuxième numéro vient avec un CD qui compile des morceaux avec Delbecq et Argüelles. Dans le troisième numéro, le lecteur peut télécharger des morceaux choisis de Birgé et de Courtois sur le site du magazine.
Sextant est en vente dans les bureaux de presse à 8,90 €, puis le prix passe à 6,90 € pour le deuxième et 6 € pour le dernier numéro. Le lecteur dispose d’une revue de cinquante pages au format A4, en noir et blanc, avec quelques arrières-plans colorés, imprimée dans le Calvados et sans publicité (à peine une publicité dans le premier numéro). La couverture est en couleur sur papier glacé. Photos, collages, dessins, pochettes de disques : près d’une trentaine d’illustrations égaient les textes. La mise en page est dynamique et moderne, avec de nombreux encarts, un nombre de colonnes variables, des titres verticaux… Sextant s’intéresse essentiellement à des musiciens et artistes multi-disciplinaires reconnus. La revue s’articule uniquement autour d’entretiens et de textes de fonds avec une exigence intellectuelle évidente et, parfois, un style qui peut sembler légèrement prétentieux.
Revue hybride ambitieuse, conçue dans l’esprit du numérique, mais réalisée en fibres de cellulose, Sextant n’a pas trouvé ses lecteurs...
So Jazz
« Le meilleur du jazz »
Créé en 1991 à Lausanne par le dessinateur Noyau, Pierre-Jean Crittin et Elisabeth Stoudmann, le magazine Vibrations est consacré aux musiques du monde. En novembre 2009, Vibrations lance la revue So Jazz. Crittin est le président de la rédaction et c’est le journaliste, écrivain et réalisateur Arnaud Robert qui est nommé rédacteur en chef. Des anciens de Jazzman, Jacques Denis, Francisco Cruz, Vincent Bessières… rejoignent également l’équipe. Le sous-titre de So Jazz est d’abord « Culture musique histoire tendances », qui deviendra « Le meilleur du jazz » avec le numéro 17, en juillet 2011. So Jazz garde la vignette « Nouveau » en première de couverture jusqu’au numéro 10 (octobre 2010).
Le premier numéro fait sa une sur Jamie Cullum : « le jazz est un état d’esprit ». Cecil Taylor et « Jazz et Gangsters » se partagent le deuxième plan. Miles Davis, Carl Craig et un Reportage à Cuba sont en manchette. Le numéro fait 82 pages, imprimées en couleur sur papier glacé et une trentaine de publicités émaillent le magazine. L’aventure est lancée !
Romain Grosman remplace Robert en juillet 2010. Mais moins d’un an plus tard, en avril 2011, sous l’impulsion de Thomas Boudrant, responsable de la publicité et transfuge de Jazz Magazine, les ex de Jazzman, accompagnés de Mathieu Durand, Bruno Guermonprez et Grosman, quittent So Jazz pour une nouvelle aventure : Jazz News. Du coup Crittin doit reprendre le rôle de rédacteur en chef dès le numéro 15 (mai 2011). Mais So What, qui comptait autour de 80 pages à ses débuts, n’en a plus que 66.
En février 2012, Crittin doit changer radicalement de formule : le numéro 22 de So Jazz prend un format de type supplément, plus petit que du A4 et imprimé sur du papier journal. Il tombe à 31 pages et son prix passe de 5,5 € à 3,50 €. Le trente-quatrième et dernier numéro de So Jazz est publié en avril 2013. Quant à Vibrations, il dépose le bilan en juin 2013. Parmi les pigistes qui ont collaboré à So Jazz à cette époque, certains rejoindront d’autres médias, comme Bruno Pfeiffer (Libération), Louis Michaud (FIP) ou Katia Touré (Jazz Magazine).
La ligne éditoriale de So Jazz s’inscrit dans la lignée de celle de Jazz Magazine et autre Jazzman : « génie américain, adopté par l’Europe, le jazz est désormais mondial. So Jazz ira voir partout ». Dans sa dernière mouture, So Jazz est un magazine d’actualité généraliste sommaire sur le jazz, avec les rubriques habituelles : quelques nouvelles, un ou deux portraits ou hommages, une ou deux interviews, une vingtaine de chroniques et un agenda succinct. Le ton est typiquement journalistique, sans fioriture et facile à lire.
La mise en page est plutôt sobre, avec deux colonnes aérées pour la plupart des articles. Quelques encarts placés judicieusement et des photos vivantes assurent le dynamisme de l’ensemble. A noter qu'il y a quasiment une publicité toutes les deux pages. Un point à noter : les unes ne consacrent que des musiciens vivants et évitent les sempiternelles et racoleuses unes avec Miles Davis, Thelonious Monk, Duke Ellington, Charlie Parker et autres têtes de pont disparues… Seuls Keith Jarrett (numéros 2 et 20) et Ahmad Jamal (numéros 3 et 22) ont eu le droit à deux unes.
So Jazz est arrivé sur le marché quand Jazz Magazine et Jazzman fusionnaient, pensant, peut-être, qu’il y avait une nouvelle place à prendre. Malheureusement, le lancement d’un troisième concurrent, Jazz News, la crise du disque, l’essor de nouveaux médias, mais sans doute aussi l’étroitesse du segment des magazines d’actualité sur le jazz, auront eu raison de So Jazz, qui n’a vécu que cinq ans…
Jazz News
« La curiosité est un sport de combat »
En 1948, alors que Panassié et Delaunay s’entre-déchirent, Eddie Barclay fonde Jazz News pour soutenir son label Blue Star. C’est l’ancêtre de Jazz Magazine, mais il met la clé sous la porte en 1950, après onze numéros, dont les trois derniers sous la houlette de Boris Vian. En dehors du jazz et du nom, ce premier Jazz News n’a rien à voir avec le Jazz News lancé par Thomas Boudrant (ex-Jazz Magazine et So Jazz) en avril 2011 et édité par Velvet, société créée pour l’occasion. Romain Grossman est nommé rédacteur en chef et Jacques Denis, secrétaire de rédaction.
C’est en mai 2011 que sort le numéro un, avec Youn Sun Nah en une. Imprimée en Espagne, Jazz News est proposé à 4,9 € et l’abonnement à 45 € pour un an, dix numéros et un CD en cadeau. Le nom du magazine s’étale sobrement en pleine largeur sur un fond blanc et le premier sous-titre indique « Reportages – Interviews – Chroniques ». La photo de couverture est encadrée d’un bord blanc élégant. Davantage dans les pas de Jazzman que de Jazz Magazine, Jazz News propose soixante-quatorze pages, agréablement mises en page, avec des photos soignées, entrecoupées d’une trentaine de publicités. Dans son format A4, imprimé en couleur, relié collé, et avec Jazz News affiché sur la tranche des neufs premiers numéros empilés, la revue se veut jeune, moderne et souriante comme la chanteuse !
Une partie de l’équipe de Jazzman, dont certains sont passé par So Jazz, rejoint Jazz News : Vincent Bessières, Thierry Lepin, Sébastien Vidal, Francisco Cruz… Les photos sont signées Philippe Lévy-Stab, Gildas Boclé... Au sommaire, les News, une quinzaine de pages qui regroupent de courts articles autour de portraits de musiciens, de Rendez-vous, de rubriques et de billets : Taille standard raconte un thème de jazz célèbre, Live pour les comptes-rendus de concerts, Straight No Chaser de Vidal, Sur le zinc, un entretien express par Grossman, Body & Soul par Sébastian Danchin sur le blues et consorts, On the corner par Denis et Arnaud Boubet (Paris Jazz Corner), La discothèque idéale et Out of Nowhere, une chronique sur les USA par Thierry Pérémarti… La deuxième partie est consacrée au Magazine qui, sur une trentaine de pages, reprend les titres de la une avec l’entretien du mois, un reportage et la Story... Une cinquantaine de Chroniques précède un Agenda (une dizaine de pages), et la rubrique Ya pas que le jazz dans la vie de Grossman conclut le magazine. Comme Jazz Hot, les disques préférés de la rédaction sont gratifiés d’un « Indispensable ».
Ce n’est qu’à partir du numéro sept, daté de décembre 2011, que le nom des photographes est mentionné systématiquement (sans doute un oubli dans les numéros précédents), notamment en en-tête des articles, à côté de l’auteur. Pendant cette période, le contenu de Jazz News s’enrichit, entre autres, de L’avis du jazz, billet signé Médéric Collignon, et de la rubrique hifi de Laurent Thorin.
En mars 2013, le sous-titre de Jazz News disparaît et l’entretien du mois précède le sommaire, désormais présenté sous forme de liste. Cette présentation ne dure qu’un an et elle est remplacée par un sommaire en pleine page, plus lisible et agrémenté de vignettes. Le tarif de Jazz News passe à 5,5 €, le montant de l’abonnement reste inchangé, à 45 €. Ce numéro de mars 2014 est marquant car Christiane Taubira et Jacques Schwarz-Bart font la une.
Deux mois plus tard, en mai 2014, le nom Jazz News quitte son bandeau et se retrouve sur la photo pleine page. Le logo évolue de nouveau en février 2015 : des caractères plus fins, un News plus visible et disparition de la bordure. Le format du magazine rétrécit légèrement à 28 x 21 cm et passe à quatre-vingts pages. La mise en page de Jazz News s’aère, l’équipe de rédaction reste inchangée et le magazine est désormais disponible sur tablette.
2015 est une année de changements ! En mai 2015, une vignette en haut à gauche reprend le logo. En septembre, Grossman quitte Jazz News, Boudrant reprend la rédaction en main, l’éditorial est signé Durand et les anciens de Jazzman disparaissent du magazine. L’éditorial et le sommaire reviennent dans les premières pages et Jazz News compte près de cent pages. En décembre, le sous-titre devient : « la curiosité est un sport de combat ». Le ton de Jazz News devient plus désinvolte, voire potache.
En avril 2016, Boudrant devient directeur de la direction et confie la rédaction à Durand. Jazz News revient à 82 pages. C’est dans le numéro cinquante-cinq de septembre 2016 que le numéro et la date font leur apparition dans un octogone entre le J et le A du logo, et que le sous-titre devient « Revue éclectique ».
Courant 2017, Nikola Cindric, maquettiste depuis le numéro un, laisse son rôle et se concentre sur la photographie. Le prix de Jazz News passe à 5,9 €, mais le montant de l’abonnement reste inchangé. Thomas Chaumont prend le nouveau poste de secrétaire de rédaction en novembre 2018.
Seize mois plus tard, un double numéro inhabituel sort, daté février – mars 2019, sans éditorial et sans secrétaire de rédaction. En avril 2019, Durand a quitté la rédaction, il n’y a pas d’éditorial et la publication de Jazz News s’interrompt jusqu’en juillet. Le numéro quatre-vingt est publié par Jazz & Cie (propriétaire de Jazz Magazine) qui a racheté Jazz News à Velvet. Boudrant reste l’éditeur, mais Edouard Rencker prend la direction de la publication, avec un comité de rédaction réduit autour de Jacques Denis (ex-Jazzman, parti un temps de Jazz News, et de retour), Alexandre Fournet, Bruno Guermomprez, David Koperhant, Alice Leclercq, Pierre Tenne, Romain Villet et Marc Zisman. Jazznews n’a plus d’éditorial, couvre deux mois et passe à cent pages... A partir de décembre – janvier 2020, la maquette est reprise par Claude Gentiletti (qui s’occupe également de Jazz Magazine), Boudrant reprend la responsabilité de la rédaction et Louis Michaud rejoint l’équipe.
Jazz News ne sort pas en février 2020. Dans le numéro quatre-vingt-quatre, daté mars – avril 2020, Gil Scott-Héron fait la une, comme il l’avait déjà faite dans le numéro trois. Côté contenu, les News occupent seize pages, avec les rubriques Buzz, Portraits et Sur le papier ; A la une présente, sur une trentaine de pages, des interviews, dossier, reportages et club de rencontre ; le Cahier critique propose une quarantaine de chroniques sur près de trente pages, avec les rubriques La page oldies et La page libre ; quant au Cahier Live, il tient sur une dizaine de pages. Jazz News compte une quarantaine de publicités pour quatre-vingt-deux pages.
Comme Jazzman et So Jazz auparavant, Jazz News a dû mal à survivre dans un monde où le numérique a pris le pas sur le papier et dans une niche déjà occupée par Jazz Magazine…
En 2004, Guillaume Belhomme crée Lenka Lente, destinée d’abord à publier des disques, puis, à partir de 2013, des livres et des livres-disques. En parallèle, Belhomme crée un blog, Le son du grisli, dédié à toutes les musiques créatives, du jazz au noise, en passant par l’ambient, l’électroacoustique… Ce n’est qu’en 2016 que Bonhomme décide de franchir le pas et de publier une revue papier.
Le son du grisli est publié par Lenka Lente et distribué par Les presses du réel. Le premier numéro sort au prix de 9 € et les numéros suivants sont vendus 12 €. Le son du grisli est une publication annuelle en noir et blanc, dans un format 21 x 19 cm, avec de quatre-vingt-dix (numéro un) à cent soixante pages (numéro cinq), sans publicité. Après le numéro un, sorti en décembre 2016, les numéros suivants sortent en juin 2017, décembre 2017, juin 2018 et, le numéro cinq, en mars 2020.
Une photo pleine page illustre le recto verso de la revue. Sur la couverture, à droite,
verticalement, le nom de la revue couvre toute la hauteur de la couverture. La mise en page est aérée, avec des textes sur une ou deux colonnes, une fonte de grande taille, des photos pleines pages, des citations isolées… L’ensemble est sophistiqué, ascendant minimaliste.
Outre Belhomme, Luc Bouquet et Pierre Cecile forment le noyau dur des rédacteurs de la revue. Au grès des numéros, d’autres contributeurs, morts ou vifs, tels que Man Ray, Tristan Tzara, Paul Sérusier, Daunik Lazro… apportent de l’eau au moulin.
Le son du grisli s’articule autour d’une petite dizaine d’essais, de portraits et d’entretiens, suivie, à partir du numéro deux, d’une pléthore de chroniques (quelques cent trente dans le dernier numéro). Les articles traitent aussi bien d’Ornette Coleman, François Tusques, Daunik Lazro… que de La Monte Young, Edgar Varese, Zbigniew Karkowski… ou Nick Cave, Tristan Tzara, Paul Sérusier… Le ton des articles oscille entre poésie, littérature et philosophie.
Certes assez éloigné d’un magazine de jazz à proprement parler, Le son du grisli est davantage une revue-livre qui s’intéresse à tout ce qui touche aux musiques et mouvements créatifs originaux.
Paradoxalement, c’est au moment où Internet a explosé que la presse jazz papier s’est démultipliée : alors qu’entre 1920 et 1990, il n’y avait que huit revues dédiées au jazz (dont quatre éphémères), depuis 1990, quatorze magazines ont occupé le terrain… Même si 2020 pourrait marquer un tournant avec l’arrêt d’Improjazz et l’avenir incertain de Jazz News, il n’en reste pas moins que la presse jazz papier est loin d’être enterrée !
Sources :
- Archives personnelles.
- Sites internet des magazines.
- La presse jazz en France (1929 – 2011) – Martin Guerpin.
- Les cahiers du jazz N° 1 – 2004 et N° 2 – 2005.