22 décembre 2020

A la découverte d’Alexandra Grimal

La musique

« Alexandra Grimal est compositrice, saxophoniste et chanteuse.

En résidence de compositeur à la Scène Nationale d’Orléans de 2015 à 2017 (DGCA-SACEM), elle a créé en 2016 le trio kankū (avec Éric Echampard et Sylvain Daniel) et en 2017 la version concert de son opéra clandestin la vapeur au-dessus du riz. Elle se produit à l’international dans les festivals tels que Musica, Donaueschingen, les Philarmonies de Paris, de Cracovie, Parco della Musica, Opéra de Dijon...



Formée en saxophone jazz à la Sibelius Academy, au CNSM de Paris, au Conservatoire Royal de La Haye, a étudié auprès de John Ruocco, Steve Coleman... Elle étudie le chant avec Donatienne Michel-Dansac, Martina Catella, Brigitte le Baron, Frédérique Epin. Remarquée dès 2007 au Concours International de Jeunes Solistes de Fribourg, elle a depuis reçu de nombreux prix notamment, deux MacDowell Fellowship et un Tavitian Fellowship en tant que compositrice.

Elle sort son premier disque Shape en 2009, avec Antonin Rayon et Emmanuel Scarpa. Après son deuxième disque, Seminare Vento, elle part s’installer à New York pendant deux ans, et en revient avec un album, Owls Talk, au casting prestigieux : Lee Konitz, Gary Peacock et Paul Motian. Alexandra Grimal dirige aussi l’ensemble Nāga (commande d’Etat - Marc Ducret, Nelson Veras, Stéphane Galland, Jozef Dumoulin et Lynn Cassiers) dont le double-album vient de sortir en mars 2019. Tous ses disques ont été primés, notamment Andromeda, avec son quartet américain (Todd Neufeld, Thomas Morgan et Tyshawn Sorey), publié chez Ayler Records en 2012.


Elle a été soliste à l’Orchestre National de Jazz, au sein du tentet de Joëlle Léandre Can You Hear Me? et poursuit ses collaborations avec des artistes issus d’autres formes d’arts. Elle se produit comme chanteuse au sein de l’ensemble Dedalus, notamment dans la pièce Death Speaks de David Lang.

Elle crée actuellement une pièce chorégraphique shānta pour cinq danseuses, commande de Césaré, coproduction de la Scène Nationale d’Orléans. Artiste en résidence au Centre des arts numériques à Enghien-Les-Bains en 2020-21, elle travaille sur une installation sonore et visuelle the monkey in the abstract garden pour voix, musique électronique, paysage et vidéo.
Elle est compositrice en résidence au Château de Chambord en 2020, où elle enregistre bientôt un nouveau solo de saxophone. Sa pièce pour orchestre symphonique humus, commande du Paris Mozart Orchestra - Claire Gibault sera créée à la Philharmonie de Paris en 2020. Elle travaille actuellement sur un mélologue L’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, pièce pour récitante et ensemble de dix musiciens, nouvelle commande du PMO - Claire Gibault pour 2021. Elle jouera aussi la musique de Lady Aoi de Yukio Mishima, mis en scène Raphaël Trano de Angelis pour une création au musée Guimet en 2022. »




Comment s'est fait le choix de l'instrument ? La découverte de John Coltrane dans le vinyl Round Midnight de Miles Davis.

Quelles sont vos principales influences ? Mes amis musiciens, chorégraphes, poètes, peintres, écrivains, Anne Teresa De Keersmaeker et Rosas, les grands créateurs toutes disciplines confondues, Black Mountain College, Parvathy Baul...


Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? La diversité.

Pourquoi la passion du jazz ? la liberté.

Où écouter du jazz ? Emprunter des disques à la bibliothèque...

Comment découvrir le jazz ? En allant écouter des concerts !

Une anecdote autour du jazz ? Je crois que je ne suis plus dans le monde du jazz… [Sourires]


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un chat,
Si j’étais une fleur, je serais un coquelicot,
Si j’étais un fruit, je serais une mangue,
Si j’étais une boisson, je serais un jus de citron,
Si j’étais un plat, je serais des sushis végétariens,
Si j’étais une lettre, je serais le A,
Si j’étais un mot, je serais courageuse,
Si j’étais un chiffre, je serais 7,
Si j’étais une couleur, je serais indigo,
Si j’étais une note, je serais un si bémol.


Les bonheurs et regrets musicaux

Les bonheurs : mon disque Owls Talk avec Paul Motian, Gary Peacock et Lee Konitz, mes deux résidences à la Mac Dowell Colony, ma pièce pour orchestre symphonique Humus, Nāga, The Monkey in The Abstract Garden, chanter avec l’Ensemble Dedalus…

Les regrets : ne pas avoir eu le temps d’enregistrer en duo avec Jean-Jacques Avenel.




Sur l’île déserte

Quels disques ? A Fender Rhodes Solo de Jozef Dumoulin, Triangle de Tethered Moon, Angles of Repose de Joe Maneri, Barre Phillips et Mat Maneri, Magical Moments of Rhythm de Zakir Hussain, Improvisations au Zarb de Djamchid Chemirani, Solo Session (Volume 1) de Nelson Veras, les Sonates et Partitas de Johann Sebastian Bach par David Grimal, Solo Live at Pôle Sud de Jean-Jacques Avenel...

Quels livres ? La bande dessinée Anent de Alessandro Pignocchi, Le Médecin de Cordoue de Herbert Le Porrier, La maîtresse des épices de Chitra Banerjee Divakaruni, Le jardin en mouvement de Gilles Clément et L’espace vide de Peter Brook.

Quels films ? La danse du vent de Rajan Khosa, The Taste of Tea de Katsuhito Ishii, Les enfants du paradis de Marcel Carné et Les ailes du désir de Wim Wenders.

Quelles peintures ? Voyage cosmique en bateau de Paul Klee, un tableau de Geneviève Asse, un collage de Mamiko Otsubo, Ceruleum Deep Blue, Notation n°2 et Silences 5/5 de Fabienne Verdier...

Quels loisirs ? Le yoga, le dessin, la lecture et faire du pain !


Les projets

Finir ma pièce chorégraphique Shānta, composer un opéra sur le climat, terminer ma création The Monkey in The Abstract Garden, dans laquelle je chante, écrire un mélologue sur L’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono pour un ensemble de dix musiciens et une récitante, qui est une commande du Paris Mozart Orchestra de Claire Gibault pour août 2021...




Trois vœux…

1. Travailler avec les bonnes personnes !

2. Que Shānta et Humus tournent dans le monde entier, dans les plus belles salles !

3. Continuer à vivre de ma musique… 

20 décembre 2020

Majakka – Jean-Marie Machado

Jean-Marie Machado
est un hyper-créatif ! Il y a évidemment Danzas, le nonette fétiche, créé en 2007, mais aussi ses duos avec Didier Ithursarry et André Minvielle, le quintet Impulse Songs, les performances avec Jean-Jaques Fdida et Francine Vidal et les solos… Et voici que le pianiste propose un nouveau projet en quartet : Majakka. Machado explique qu’il a été séduit par ce mot au cours d’une tournée dans les pays baltes : la prononciation de « majakka » – [mayak_ka] – est très musicale et ce terme finnois signifie « phare »…

Outre Jean-Charles Richard, déjà membre de Danzas, Machado a fait appel à Vincent Ségal, au violoncelle, et Keyvan Chemirani, aux percussions. Les dix compositions sont de la plume du pianiste et Majakka, enregistré par Gérard de Haro, sort sur le label La Buissonne.

La plupart du temps, portés par des rythmes légers et enjoués (« Gallop impulse »), les airs virevoltent dans des ambiances chatoyantes (« Bolinha »), souvent teintées des couleurs de l’orient (« Les pierres noires »). Basés sur des interactions sophistiquées – contrepoints, questions-réponses, contre-chants, entrelacs des voix, unissons… – les développements évoquent la musique de chambre (« Outra terra »). La sonorité du quartet, franche et ronde, est d’autant plus chaleureuse que les timbres acoustiques des instruments se marient harmonieusement. Le discours moderne (« Um vento leve »), les phrases sinueuses (« Les yeux de Tangati »), l’écoute attentive et l’inspiration sans faille (« Emoção de alegria ») de Richard s’inscrivent parfaitement dans l’esprit de Majakka. En pizzicato, pour assurer la carrure(« Um vento leve »), épauler les percussions (« Gallop Impulse ») et dialoguer avec ses compères (« Les yeux de Tangati »), ou à l’archet, pour insuffler de la solennité (« La lune dans la lumière »), distiller de l’émotion (« Emoção de alegria ») et converser en mode quatuor (« Slow Bird »), le violoncelle de Ségal est un régal ! D’une subtilité à toute épreuve, le zarb et les percussions de Chemirani font des merveilles : luxuriantes (« Gollop Impulse »), sans jamais étouffer les propos du quartet, constamment entraînantes et aériennes (« Outra terra »), et d’une musicalité irréprochable (« Emoção de alegria »). Quant à Machado, tour à tour lyrique (sans mièvrerie, « Um vento leve »), percussif (« Gallop Impulse »), minimaliste (« Outra terra »), cristallin (le piano préparé sonne à la manière d’une cithare dans « Bolinha »), mélodieux dans ses dissonances (« La mer des pluies »)… il place son piano sous le signe des compositeurs du début vingtième et de la musique des mondes.

A la croisée des chemins entre musiques de chambre, jazz et musiques du monde, Majakka défie les catégories pour le « bien-écouter » de tous : merci Machado !

Le disque

Majakka
Jean-Marie Machado
Jean-Charles Richard (bs, ss, fl), Jean-Marie Machado (p), Vincent Ségal (cello) et Keyvan Chemirani (perc).
Label La Buissonne – RJAL397039
Sortie le 1er février 2021

Liste des morceaux

01. « Bolinha » (6:24).
02. « Les pierres noires » (5:19).
03. « Um vento leve » (4:26).
04. « La lune dans la lumière » (3:28).
05. « Gallop impulse » (7:01).
06. « Outra terra » (3:48).
07. « Emoção de alegria » (6:05).
08. « La mer des pluies » (6:32).
09. « Les yeux de Tangati » (8:16).
10. « Slow bird » (5:49).

Tous les morceaux sont signés Machado.

13 décembre 2020

Papier ciseau – Roberto Negro

Depuis
Quand hurlent les haut-parleurs, duo avec Xavier Machault publié en 2010, Roberto Negro n’a pas chômé : il compte désormais treize albums sous son nom et le quatorzième, Papier ciseau, sort le 13 novembre 2020 chez Label Bleu.

Le pianiste se produit dans les configurations les plus variées : solo (Kings and Bastards – 2018), duo avec Théo Ceccaldi (Babies – 2016 et Montevago – 2019), trio (Garibaldi Plop – 2017 et Saison 3 – 2017), quartet (La Scala – 2014, Kimono invite Christophe Monniot – 2015 et Musique de chambre avec… – 2017), quintet (Happy Meal – 2015), sextet (Downtown Sorry – 2010 et Loving Suite pour Birdy So – 2014) et grand format (Tribute to Lucienne Boyer – 2017).

Pour Papier ciseau, Negro s’entoure d’un quartet de compagnons au long cours. Emile Parisien est au saxophone soprano. Il joue en duo avec Negro dans Les Métanuits, projet bâti autour des Métamorphoses Nocturnes de György Ligeti, mais aussi dans le trio Dadada. Trio dans lequel Michele Rabbia tient les percussions et glisse des effets électro, comme dans Papier ciseau. Quant au quatrième larron, il s’agit du violoncelliste Valentin Ceccaldi, à la contrebasse pour l’occasion, et qui a déjà participé à La Scala, Loving Suite pour Birdy So, Garibaldi Plop et Tribute to Lucienne Boyer. Autant dire que les quatre musiciens se connaissent sur le bout des notes !

Au programme, huit morceaux signés Negro. Le chifoumi nous ramène à l’école et plusieurs compositions évoquent les cours de récréation : « Lime » et ses voix d’enfants ou le côté potache de « Solarels ». Les ambiances oniriques peuvent aussi rappeler l’enfance (« Missa »), tout comme la bande son de jeux d’arcade (« Apotheke ») et les atmosphères de science-fiction (« tOOt »). A l’instar du créacollage, comme diraient les québecois, le quartet copie colle des effets électro (nappes de sons dans « Missa »), des voix off (lecture de la notice d’un médicament dans « Apotheke »), des pépiements (« Solarels »)… Avec ses ostinatos (« Odile »), discours minimalistes (« Telex »), pédales (« Missa ») et autres cliquetis de notes (« Solarels »), le piano de Negro s’aventure souvent sur les voies de la musique contemporaine. Les lignes aériennes de Parisien (« tOOt ») explosent dans un lyrisme exacerbé (« Telex »), véritable marque de fabrique du saxophoniste. De son côté, la rythmique interagit avec subtilité (« Lime »). Les motifs boisés (« Odile ») et les boucles («  Solarels ») de la contrebasse répondent aux bruissements des percussions (« Odile »), mais ils s’entendent bien aussi pour mettre la pression (« Telex »). Tension particulièrement palpable dans « Neunzehn », avec les phrases sourdes de la contrebasse, les frappes puissantes de la batterie, les contre-chants décalés du piano et les envolées free du soprano.

Papier Ciseau mêle musique contemporaine, jazz, électro, free… dans des collages sonores chamarrés, comme un album de souvenirs.

Le disque

Papier ciseau
Roberto Negro
Emile Parisien (ss), Roberto Negro (p, electro), Valentin Ceccaldi (b) et Michele Rabbia (d, electro).
Label Bleu – LBLC6735
Sortie le 13 novembre 2020

Liste des morceaux

01. « Lime » (3:38).
02. « Odile » (9:19).
03. « tOOt » (4:11).
04. « Apotheke », Nergro & Ceccaldi (3:05).
05. « Telex » (5:40)
06. « Neunzehn » (4:31).
07. « Missa » (5:54).
08. « Solarels » (3:30).

Toutes les compositions sont signées Negro, sauf indication contraire.


08 décembre 2020

Incantation – Serket & The Cicadas

Après Le temps conté, enregistré en 2014 avec son trio Catessens, Cathy Escoffier sort un deuxième album sous son nom le 6 novembre 2020 : Incantation. La pianiste est en compagnie de son quartet Serket & The Cicadas, autrement dit – en très raccourci – la Déesse et les Cigales… car, comme l’explique Escoffier : « Serket est une divinité bienveillante et guerrière. Elle veille sur les défunts, fait respirer les hommes et les protège du venin. Elle symbolise la vie et la chaleur du soleil. » Et les « Cicadas (cigales, en anglais) sont les seuls insectes capables de produire un son unique aussi puissant... ».

Les cigales en question sont André Sudhilbhasilp à la guitare, Guilhaume Renard à la basse et Julien Heurtel à la batterie. Serket & The Cicadas invite également les chanteurs Tina Mweni, Caroline Mayer, Nicolas Rochette et Jean-Philippe Trotobas. Le programme d’Incantation est divisé en trois chansons et trois instrumentaux. Aux cinq morceaux signés Escoffier s’ajoute « Speak Low » composé en 1943 par Kurt Weill et Ogden Nash pour la comédie musicale One Touch of Venus.

Les mélodies sont soignées (« Une âme ») et le quartet s’y entend pour les faire danser (« L’appel aux larmes ») grâce à des interactions percutantes (« Speak Low ») et nerveuses (« Incantation »). Avec son touché ferme (« Incantation ») et son jeu tendu (« Speak Low »), le piano imprime un bon swing à ses développements (« Volupté »), avec ça-et-là des boucles répétitives (« L’appel aux larmes ») ou des touches funky (« Volupté »), voire rock (« Incantation »). La guitare passe d’un chorus vigoureux et métallique (« Speak Low ») et d’accords tranchants (« Incantation ») à des lignes aériennes (« L’appel aux larmes ») et autres effets lointains (« Equal »). Volontiers minimaliste (« Speak Low »), la basse gronde (« Volupté »), maintient une carrure nette (« Une âme ») ou met la pression (la pédale rapide d’« Incantation »). Quant à la batterie, toute en souplesse (« Speak Low ») ou, au contraire, binaire (« Incantation »), elle virevolte (« Une âme ») et répond toujours avec sagacité aux propositions de ses compères (« Equal »). Les voix colorient la palette sonore : Mayer dans une veine pop-folk (« Volupté »), Mweni et une ambiance rap (« Equal »), ou Rochette avec ses spoken words (« Une âme »). Incantation propose une musique à part, dans laquelle jazz, folk, pop, chants… se mélangent avec subtilité.

Que The Cicadas chantent, c’est sûr, mais Serket n’est certainement pas une fourmi : Incantation danse et met tout le monde d’accord !

Le disque

Incantation
Serket & The Cicadas
Andre Sudhilbhasilp (g), Cathy Escoffier (p, Rhodes, voc), Guilhaume Renard (b) et Julien Heurtel (d), avec Tina Mweni, Caroline Mayer, Nicolas Rochette et Jean-Philippe Trotobas (voc).
Sortie le 6 novembre 2020

Liste des morceaux

01. « Speak Low » Weil (5:20).
02. « Volupté » (7:31).
03. « L’appel aux larmes » (7:11).
04. « Intro Equal » (1:22).
05. « Equal » (4:35).
06. « Une âme » (6:22).
07. « Incantation » (5:36).

Tous les morceaux sont signés Escoffier, sauf indication contraire.


05 décembre 2020

Deux galettes de José Lencastre

Croire qu’il n’y a qu’Amália Rodrigues, Nuno Oliveira et Cristiano Ronaldo au Portugal est une grossière erreur : la Lusitanie peut aussi compter sur José Lencastre, fondateur du Nau Quartet ! En plein covid, le saxophoniste alto sort deux disques : Vento le 4 septembre 2020 et Anthropic Neglect le 6 novembre 2020.


Vento

Vento est publié sur Phonogram Unit, label lisboète autogéré par des musiciens et dédié aux musiques expérimentales, improvisées et électro-acoustiques. Lencastre a choisi la formule du trio avec le contrebassiste Hernâni Faustino, également membre du Nau Quartet, et le batteur Vasco Furtado.

Les six morceaux sont collectifs et durent le temps qu’il faut aux trois compères pour exprimer leurs idées, de quatre à treize minutes… « Here We Go » navigue entre des discontinuités contemporaines et des dissonances vrombissantes, avant que l’archet de Faustino, les grondements de Furtado et le discours fragile de Lencastre se marient dans un foisonnement délirant. L’ombre d’Albert Ayler plane au-dessus d’« Abstração » : démarrage en technique étendue, puis complainte de la contrebasse, bruissement de la batterie et cris du saxophone alto. « Test Drive » est enchaîné rapidement. La course-poursuite est nerveuse, intense et débridée. Le morceau explose dans un magma sonore, porté par une batterie athlétique et à la sonorité très naturelle, une contrebasse musclée et un saxophone puissant ! Le bourdonnement d’un insecte sur une ligne de running bass et des frappes rapides accueillent « Keep Going ». Le trio déroule le morceau dans un esprit entre contemporain et free. Place au minimalisme et au bruitisme pour « Ruínas », avec des interactions spontanées et une tension crescendo imposée par la batterie et la contrebasse, tandis que les phrases de l’alto restent aériennes. Conclusion sous forme de complainte mystérieuse, « Vento » finit par décoller sous l’impulsion de la batterie touffue de Furtado, de la contrebasse robuste de Faustino et des envolées effrénées de Lencastre.

Si Vento s’inscrit dans une une veine free, Lencastre, Faustino et Furtado prennent les risques qu’il faut pour que l’expérience soit originale.

Le disque

Vento
José Lencastre
José Lencastre (as), Hernâni Faustino (b) et Vasco Furtado (d)
Phonogram Unit – PU1CD
Sortie le 4 septembre 2020

Liste des morceaux
01. « Here We Go » (12:18).
02. « Abstração » (4:17).
03. « Test Drive » (13:11).
04. « Keep Going » (5:16).
05. « Ruínas » (10:46).
06. « Vento » (6:49).

Tous les morceaux sont signés du trio.



Anthropic Neglect

C’est sur un autre label portugais d’avant-garde que sort Anthropic Neglect : Clean Feed Records. Lencastre revient au quatuor, mais pas son habituel Nau Quartet… Pour ce disque, le saxophoniste est entouré de Jorge Nuno à la guitare, Felipe Zenícola à la basse et João Valinho à la batterie.

Au programme, une suite de trois « Concept » composés instantanément par les quatre musiciens et qui se déroulent sur plus de dix minutes chacun. Les motifs sombres de la basse, le cliquetis de la batterie, les égratignures de la guitare et les jets sonores du saxophone plongent le premier « Concept » dans un free mâtiné de musique contemporaine minimaliste et concrète. Quand Lencastre commence à faire hurler son saxophone, puis que Zenícola lance des lignes vrombissantes, Valinho martèle puissamment sa batterie et Nuno rudoie sa guitare, l’ambiance vire au rock underground. Une pédale vive de la basse, un crépitement rythmique, des effets électro et un motif fragile du saxophone sculptent progressivement le deuxième « Concept ». Là encore, tout s’accélère sur une montée en tension intense, presque oppressante, avec cet ostinato rapide et sourd de la basse, les coups haletants de la batterie, les couinements pullulants de la guitare et le saxophone, nerveux comme un animal pris en cage. Le troisième « Concept » commence par une mélodie que Lencastre prend le temps de développer. Ensuite, comme toujours, les musiciens font monter la pression à force d’interactions denses, batterie massive, basse grondante, guitare musculeuse et sax hurleur...

Réfléchir aux conséquences de la négligence humaine ne supporte aucun compromis ! A l’image des « Concept » d’Anthropic Neglect

Le disque

Anthropic Neglect
José Lencastre
José Lencastre (ts, as), Jorge Nuno (g), Felipe Zenícola (b) et João Valinho (d)
Clean Feed Records – CF551
Sortie le 6 novembre 2020

Liste des morceaux

01. « Concept 1 » (12:49).
02. « Concept 2 » (10:21).
03. « Concept 3 » (15:49).

Tous les morceaux sont signés du quartet.


04 décembre 2020

Les grilles de Bob... Décembre 2020


Horizontal
A Il tient les baguettes de l'un des trios phares du jazz depuis 1983.
B La sous-dominante.
Elle a chanté avec Paul Whiteman et a été mariée à Seger Ellis.
Constitué de.
C Hydrate de carbone dont les jazzmen ont besoin pour tenir toute la nuit…
D Vous la mettiez dans vos narines.
E Les hommes préhistoriques l'utilisaient pour construire des sifflets.
Pseudonyme d'une secrétaire d'Anne Sylvestre et de Barbara.
F Il est plutôt de camp ou des logis que jazz !
G Prénom scandinave.
Equivalent des set en boxe.
H Représentés par des nombres.
I Clarinettiste français des Lorientais.
Saxophoniste, skieur et coureur automobile américain.
J Elle précise le phrasé, l'accentuation, la nuance et le caractère.
Vertical
1 D'abord rejetée, les musiciens l'ont finalement acceptée.
2 Un saxophoniste et un pianiste portent ce nom.
Ils éloignent le mauvais sort.
3 Elle a servi de mesure pour la radioactivité.
Elle a produit De-lovely sur Cole Porter.
4 Tromboniste dans Blue Train.
La Mi Mi.
5 Ondes décamétriques.
Deuxième partie du nom d'une chanteuse américaine d'ascendance jamaïcaine et costaricienne.
6 L'easy listening tombe souvent dedans.
7 Et le néant ?
Son chant en réveille plus d'un.
8 Pseudonyme d'un chanteur hawaïen de poids !
Pas sûr que Joey Alexander soit allé dans ce village.
9 Prénom d'un trompettiste qui a beaucoup joué avec Mingus et Dolphy.
Saxophoniste ténor américain notamment partenaire d'Eddie « Lockjaw » Davis.  
10 Tromboniste, saxophoniste, clarinettiste, bassiste… de la West Coast particulièrement actif en studios.

Pour plus de confort, copiez la grille dans un tableur.