21 décembre 2021

Poetry of Storms – Sylvain Cathala Quintet

Après Print, un quartet avec
Stéphane Payen, Jean-Philippe Morel ou Jean-Luc Lehr et Frank Vaillant, un trio aux côtés de Sarah Murcia et Christophe Lavergne, un septet en compagnie de Marc Ducret, Benjamin Moussay, Guillaume Orti, Bo Van der Werf, Murcia et Lavergne, et bien d‘autres projets en parallèle, Sylvain Cathala a monté un quintet qui réunit Olivier Laisney, Moussay, Frédéric Chiffoleau et Maxime Zampieri, avec lequel il sort un treizième disque sous son nom, Poetry of Storms, sur le label du Triton.

Cathala est l’auteur des huit morceaux. Le saxophoniste est visiblement marqué par l’espace : « Centaurus A », « Sirius Story », « Laniakea »… à moins que ce ne soit la mythologie (« Enée’s Story »), ou les deux !

Les mélodies de Cathala sont résolument modernes, sous forme d’airs dissonants et secs (« Centaurus A »), de thèmes-riffs endiablés (« Study 5 »), de questions – réponses recherchées (« My Strong Identity, My Real Self-2 ») ou de ballades sophistiquées (« Line 2 »). Le plus souvent denses et nerveux (« W.I.C. (Winter Is Coming) »), les développements s’appuient sur des constructions harmoniques complexes (« Sirius Song ») et une tension coriace (« Study 5 »), renforcée par des interactions foisonnantes (« Enée’s Story »). La rythmique, costaude (« Sirius Song »), navigue entre un « néo bop contemporain » (« Enée’s Story ») et des motifs entraînants (« Study 5,»), voire délirants (« My Strong Identity, My Real Self-2 »), en passant par des lignes dansantes (« W.I.C. (Winter Is Coming) »), parfois teintées de funk (« Laniakea »). Claire et vive (« Enée’s Story »), la trompette s’envole dans des chorus virtuoses (« Sirius Song ») ou des lignes aériennes (« Line 2 »). Le saxophone ténor joue volontiers des phrases fragiles (« Enée’s Story »), parfois soulignées par un vibrato subtil (« My Strong Identity, My Real Self-2 »), prend des solos fluides et puissants (« Sirius Song »), et dialogue en contre-chant ( « Study 5 ») ou  cavale à l’unisson (« W.I.C. (Winter Is Coming) ») avec la trompette. Le piano bondit d’un phrasé contemporain (« Centaurus A ») pimenté de swing (« My Strong Identity, My Real Self-2 » ), à un mouvement enlevé (« Study 5 »), et accompagne les solistes d’accords discordants (« Sirius Song »), en pointillés (« Enée’s Song ») ou en contrepoints (« Laniakea »). La contrebasse assure une carrure solide (« Enée’s Story »), mais déroule aussi des motifs sombres (« W.I.C. (Winter Is Coming) »), des lignes débridées (« Sirius Song ») et des développements mélodieux (« Laniakea »). Touffue et enthousiaste (« Sirius Song »), la batterie promène ses frappes chaloupées (« Study 5 ») en toute liberté (« Centaurus A »), avec un solo à base de roulements énergiques (« W.I.C. (Winter Is Coming) »)

Pas le temps de s’ennuyer dans Poetry of Storms : Cathala et sa bande jouent un jazz animé, nerveux, citadin… qui n'endort jamais !

Le disque

Poetry of Storms
Sylvain Cathala Quintet
Sylvain Cathala (ts), Olivier Laisney (tp), Benjamin Moussay (p), Frédéric Chiffoleau (b) et Maxime Zampieri (d).
Le Triton – TR-21564
Sortie le 28 janvier 2022

Liste des morceaux

01. « Centaurus A » (6:26).
02. « Enée’s Story » (5:26).
03. « Sirius Song » (5:39).
04. « W.I.C. (Winter Is Coming) » (6:27).
05. « Laniakea » (6:20).
06. « Study 5 » (5:29).
07. « My Strong Identity, My Real Self-2 » (8:44).
08. « Line 2 » (4:14).

Tous les morceaux sont signés Cathala.


18 décembre 2021

Paradigme – Clover

Clover est un trio monté en 2020 par trois amis de vingt ans : Sébastien Boisseau à la contrebasse, Alban Darche au saxophone ténor et Jean-Louis Pommier au trombone. Après Vert émeraude, sorti en 2020, Clover publie Paradigme le 14 octobre 2021, toujours chez Yolk.

Au programme de Paradigme, dix morceaux, dont les titres sont des jeux de mots - « Label aventure », clin d’œil à Yolk, fondé par les trois compères, « La sensation du temps », presque une contrepèterie – des hommages - « Telemann » pour le compositeur aux six mille œuvres et « Wendat » pour les Hurons – ou le reflet de leur structure – « Canevas », « Paradigme ». Darche en signe huit, et Boisseau et Pommier en proposent un chacun.

Ce qui marque d’emblée, c’est une grande cohérence des thèmes et des développements. Les mélodies sont plutôt courtes (« Laisse aller »), sous forme de tourneries (« La sensation du temps ») ou de riffs (« Paradigme »). Si l’esprit du jazz est omniprésent en filigrane, la musique classique – moderne et / ou baroque – et les musiques folkloriques marquent également Paradigme de leur empreinte. Comme il n’y a pas de batterie, la pulsation rythmique est assurée par des ostinatos (« Les anges silencieux »), des pédales (« Label aventure »), des motifs dansants (« L’empreinte »), des lignes slappées (« Paradigme »), mais aussi par la structure même des échanges, qui pallie également l’absence d’instrument harmonique. En effet, les dialogues reposent sur une savante organisation de contre-chants (« La sensation du temps »), questions-réponses (« Paradigme »), unissons (« Label aventure »), décalages (« Les anges silencieux »), superpositions (« Winter Song ») ou croisements (« Canevas ») des voix, qui n’est pas sans rappeler la musique de chambre classique. La musique circule de l’un à l’autre avec un bel équilibre (« Canevas »), une expressivité communicative (« Wendat »), un esprit ludique évident (« Laisse aller ») et une finesse de jeu à toute épreuve (« Paradigme »).

Dans la lignée de Vert Emeraude, Paradigme confirme que Clover est un trio élégant – à l’instar des flamands roses de la pochette du disque – et que leur musique de chambre moderne vaut incontestablement le détour !

Le disque

Paradigme
Clover
Alban Darche (ts), Jean-Louis Pommier (tb) et Sébastien Boisseau (b).
Yolk Records – J2087
Sortie le 14 octobre 2021

Liste des morceaux

01. « Laisse aller » (4:59).
02. « Canevas » (6:41)
03. « Les anges silencieux » (3:22).
04. « Paradigme » (3:23).
05. « Label aventure », Pommier (5:19).
06. « La sensation du temps » (2:44).
07. « Telemann » (4:14).
08. « Wendat » (4:06).
09. « Winter Song » (2:44).
10. « L'empreinte », Boisseau (3:01).


12 décembre 2021

Under One Sky – Mark Lewandowski

Contrebassiste anglais, désormais installé à New York, Mark Lewandowski (Robert n’est pas son frère…) est passé par la Guildhall School of Music and Drama et la Juillard School. Après le très réussi Waller, dédié à la musique de Fats Waller et sorti en 2017 chez Whirldwind Recordings, le contrebassiste propose Under One Sky, toujours en trio, et publié le 5 novembre 2021.

Lewandowski s’entoure d’Addison Frei au piano et de Kush Abadey à la batterie. Les onze morceaux sont signés Lewandowski. Quant à l’illustration de la pochette – un couple devant un paysage de montagnes sous un ciel de tournesols – c’est une œuvre de la photographe Naomi Allen.

Au milieu des frémissements de la batterie, la contrebasse et le piano exposent à l’unisson le délicat « Introduction (3459 Miles) ». Le développement de Frei reste dans une ambiance intimiste soulignée par les frappes discrètes d’Abadey et la finesse de Lewadowski. Dans « Licks », mené sur un bon tempo, Lewandowski prend un chorus feutré et sinueux, Abadey foisonne et Frei déroule ses phrases limpides dans un registre médium. Le cliquetis de la batterie, le contre-chant vif et souple de la contrebasse et les bonds du piano introduisent « Provarus », qui prend rapidement une voie bop, avec sa walking, son chabada et les envolées véloces du piano. Après un mouvement sombre du piano, porté par les frappes denses de la batterie et la ligne profonde de la contrebasse, « For Paul Bley » part dans un blues du plus bel effet. Ballade tranquille, « The Same Moon » met en valeur le sens musical de Lewandowski et sa belle sonorité boisée. Frei lance « Islands » avec enthousiasme et un humour sautillant à la Erik Satie, soutenu par les notes en pointillés de Lewandowski et le drumming touffu d’Abadey. Frei aborde « Very Well » sur les traces de Bill Evans, avec une mélodie chaloupée qui s’égrène sur ses trois temps, tandis que les balais d’Abadey caresse les peaux et que Lewandowski soliloque avec verve. « Very Well » fait ensuite une escapade dans le bop, avec un piano dont le swing est mis en relief par une walking et un chabada non moins énergiques. Batterie aux couleurs latines, ponctuées de rim shots, contrebasse aux lignes chaloupées, pimentées de shuffle, et piano guilleret emportent la « Queen of the Orchids » dans une ronde entraînante… Des échanges croisés entre une batterie sépulcral, une contrebasse fougueuse et un piano débridé annoncent « For Andrew Hill », que Lewandowski sublime dans un chorus plein d’adresse et de musicalité. Unisson dansant de la contrebasse et du piano sur une batterie touffue : « Skyline » est un thème-riff légèrement teinté de funk. Le développement de Frei s’inscrit dans une lignée bop, sur une rythmique excitante. La contrebasse poursuit le chorus du piano avec le même entrain. Le final s’emballe et permet à Abadey de laisser parler sa puissance. Avec ses lignes croisées élégantes et ses contre-chants, « Under One Sky » s’apparente d’abord un peu à une pièce de musique de chambre, encore marquée ça-et-là par Evans, mais le final s’emballe brusquement, dans une atmosphère de jazz luxuriant.

Dans une lignée néo-bop, Under One Sky est servi par un casting parfait qui fait bouillonner la musique !

Le disque

Under One Sky
Mark Lewandowski
Addison Frei (p), Mark Lewandowski (b) et Kush Abadey (d).
Sortie le 5 novembre 2021

Liste des morceaux

01. « Introduction (3459 Miles) » (03:58).
02. « Licks » (04:28).
03. « Provavus » (04:30).
04. « For Paul Bley » (03:16).
05. « The Same Moon » (05:10).
06. « Islands » (04:28).
07. « Very Well » (05:45).
08. « Queen of the Orchids » (04:21).
09. « For Andrew Hill » (03:04).
10. « Skyline » (05:35).
11. « Under One Sky » (06:21).

Tous les morceaux sont signés Lewandowski.

Alter ego - Yves Rousseau

Yves Rousseau
n’a pas d’œillères ou, plutôt, pas d’« oreillères » ! Sa musique jongle aussi bien avec Franz Schubert (Wanderer Septet), Thomas Jennefelt et Alfred Schnittke (D’amour et de folie) ou la poésie de François Cheng (Murmures), que le rock expérimental (Fragment Septet), les dialogues plus intimistes (Continuum duo) et, bien sûr, le jazz, toujours en filigrane (Spirit Dance).

Dirigé depuis janvier 2019 par Pierre-François Roussillon, transfuge du Théâtre 71 de Malakoff dans lequel Rousseau a été en résidence, l’Orchestre Régional de Normandie propose des spectacles plus variés les uns que les autres depuis près de quarante ans, à l’image d’Alter ego, qui sort sur le label MCO le 10 décembre 2021. Ce programme est une suite de sept mouvements composés par Rousseau comme autant de dialogues entre l’Orchestre Régional de Normandie et le multi-instrumentistes et griot Oua-Anou Diarra. L’artiste burkinabé joue du n’goni, de la flûte peul, des percussions et chante avec les dix-sept musiciens qui entourent le chef d’orchestre Jean Deroyer : sept violons (Florent Maviel, Karen Lescop, Anne Faucher, Jean-Yves Ehkirch, Corinne Basseux-Béguin, Gaëlle Israëliévitch et Jean-Daniel Rist), deux altos (Cédric Catrisse et Adrien Tournier), deux violoncelles (Vincent Vaccaro et Aurore Doué), une contrebasse (Fabrice Béguin), une flûte (Aurélie Voisin-Wiart), un hautbois (Alain Hervé), une clarinette (Gilles Leyronnas), un cor (Arthur Heintz) et un basson (Clément Bonnay).

Les trames mélodiques de Rousseau trouvent aussi bien leurs sources dans le post-romantisme (« Renaissance ») que dans la musique moderne (« Kolokènèya »), avec des touches folkloriques (« Hakilisigi »), voire filmiques (« Clair-obscur »). Les développements s’appuient sur des unissons sépulcraux (« Renaissance ») et majestueux (« Clair-obscur »), des contrepoints élégants (« Hakilisigi »), des contre-chants touffus (« Kolokènèya »)… et jouent avec les textures des cordes (« Man Tao Tao »), des flûtes (« Hakilisigi »), du cor (« Kolokènèya ») et des bois (« Teriya »). Les sonorités de l’orchestre, familières à l’oreille, tranchent avec la douceur boisée du n’goni (« Renaissance »), l’expressivité vibrante de la flûte peul («  Teriya ») et les mélopées (« Clair-obscur »). Autre contraste flagrant, l’approche rythmique : au traitement régulier et linéaire de la musique classique répondent les phrases syncopées, aspérités et autres contorsions dansantes des musiques du monde. Concertiste au n’goni (« Renaissance »), conteur avec un poème en bambara (« Kaari »), choriste puissant (« Renaissance »), chanteur mélancolique (« Clair-obscur »), flûtiste expressif (« Hakilisigi »), percussionniste entraînant (« Man Tao Tao »)… Diarra a évidemment un rôle clé dans Alter ego, « cette rencontre entre deux mondes », comme l’écrit Rousseau.

Alter ego ou les sept promenades d’un rêveur (pas solitaire, celui-là !) en quête d’harmonie entre musique savante et musique populaire… A « médicouter » !

Le disque

Alter ego
Orchestre Régional de Normandie – Jean Deroyer - Yves Rousseau - Oua-Anou Diarra
Oua-Anou Diarra (fl, n’goni, perc, voc), avec Florent Maviel, Karen Lescop, Anne Faucher, Jean-Yves Ehkirch, Corinne Basseux-Béguin, Gaëlle Israëliévitch et Jean-Daniel Rist (vl), Cédric Catrisse et Adrien Tournier (avl), Vincent Vaccaro et Aurore Doué (cello), Fabrice Béguin (b), Aurélie Voisin-Wiart (fl), Alain Hervé (hb), Gilles Leyronnas (cl), Arthur Heintz (cor) et Clément Bonnay (basson).
MCO Label – MCO13
Sortie le 10 décembre 2021

Liste des morceaux

01. « Renaissance (part 1) » (6:17).
02. « Renaissance (part 2) » (5:25).
03. « Hakilisigi (part 1) » (3:43).
04. « Hakilisigi (part 2) » (3:09).
05. « Hakilisigi (part 3) » (6:47).
06. « Kaari (part 1) » (3:22).
07. « Kaari (part 2) » (2:29).
08. « Kaari (part 3) » (1:51).
09. « Teriya (part 1) » (1:07).
10. « Teriya (part 2) » (2:22).
11. « Clair-obscur (part 1) » (2:07).
12. « Clair-obscur (part 2) » (4:25).
13. « Man Tao Tao » (3:44).
14. « Kolokènèya (part 1) » (3:24).
15. « Kolokènèya (part 2) » (3:19).
16. « Kolokènèya (part 3) » (4:11).

Tous les morceaux sont signés Rousseau.

28 novembre 2021

From the Astral – Oli Astral

De ce côté-ci de l’Atlantique, le jazz canadien s’est fait un nom grâce à des artistes tels qu’
Oscar Peterson, Paul Bley, Kenny Wheeler, Gil Evans, Diana Krall… des labels à l’image de RCI, Effendi, Songlines... des écoles comme le Banff Centre for Arts and Creativity et, bien sûr, le célébrissime Festival International de Jazz de Montréal. La scène contemporaine n’en est pas moins active, comme le prouve Oli Astral.

Oli Astral a été créé par le guitariste Olivier Grenier-Bédard, avec le contrebassiste Frédéric Alarie et le batteur William Régnier. From the Astral, premier album du trio, sort le 14 janvier 2022 sur le label Multiple Chord Music. Les six morceaux sont signés Grenier-Bédard.

Les thèmes-riffs (« From the Astral ») aux allures de comptines (« From the Heart »), le plus souvent aériens (« Spectre Sonore »), se dévident en boucles (« From the Deep »), sur des tempo médium-lents (« Avec Plaisir »), encadrées par les lignes souples de la contrebasse (« L'envol ») et les frappes compactes de la batterie (« Avec Plaisir »), tandis que ça-et-là des effets électro plantent des décors de science-fiction (« Spectre Sonore »). Ces atmosphères étirées (« From the Astral »), presque psychédéliques (« Spectre Sonore »), accentuées par une sonorité cristalline et feutrée de la guitare (« L'envol ») et soutenues par une rythmique veloutée (« Avec Plaisir »), poussent à la méditation...

From the Astral développe un univers sonore vaporeux aux touches électro, dans la lignée d’un jazz contemporain décontracté et éthéré.

Le disque

From the Astral
Oli Astral
Olivier Grenier-Bédard (g, électro), Frédéric Alarie (b, électro) et William Régnier (d)
Label Multiple Chord Music
Sortie le 14 janvier 2022

Liste des morceaux

01. « From the Astral » (8:16).
02. « L'envol » (3:54).
03. « From the Deep » (4:39).
04. « Avec Plaisir » (4:11).
05. « From the Heart » (7:46).
06. « Spectre Sonore » (6:48).

Toutes les compositions sont signé Grenier-Bédard.


26 novembre 2021

A la découverte d’Olivier Grenier Bédard…

Avide de musiques diverses et variées, Olivier Grenier Bédard a formé le trio Oli Astral, qui sort From The Astral en janvier 2022. Partons à la découverte de ce guitariste québécois dont la démarche électro-acoustique attise la curiosité...


La musique

L’aventure a débuté lorsque j’étais très jeune, dans le sous-sol de la maison familiale, avec la collection de disques et de vinyles de mon père... Je ne sais pas quand j’ai découvert le jazz car il y avait toujours de la musique dans la maison ! Certains artistes de jazz sont dans mes oreilles depuis le début... Quant aux autres, je les ai découverts en 2008, lors de mon arrivée à Montréal. Et c’est le CÉGEP qui m’a permis d’approfondir l’univers du jazz contemporain.

Mon père était guitariste de jazz amateur. C’est donc lui qui m’a fait connaître le jazz et la guitare ! Ma guitare me rappelle tous les moments que nous avons passés ensemble, avec mon père, à discuter, écouter, jouer... La guitare, à mes yeux, c’est également un instrument qui traverse plusieurs genres musicaux. C’est l’instrument idéal pour moi parce qu’il me permet de satisfaire un certain « besoin d’expansion ». Qui pense à la guitare, pense au jazz, au rock, au folk… Et quand on se met à composer de la musique créative avec la guitare, on peut « élargir » la musique, mélanger les genres, et utiliser les différentes caractéristiques de l’instrument !

Oli Astral (c) Hyppolyte Vendra
Hippolyte Vendra
J’ai eu la chance d’aller au CÉGEP et de suivre le cursus de guitare jazz à l’Université de Montréal. Grâce à mon parcours académique, j’ai pu côtoyer John Abercrombie, Jonathan Kreisberg et Mike Moreno. Montréal est une belle ville pour le jazz: j’ai d’abord pu faire des tournées avec LEAF, un quartet de jazz contemporain, puis j’ai formé Oli Astral, un trio qui fusionne la guitare jazz et des atmosphères sonores créées à partir de technologies audio numériques.

Sinon, Pat Metheny est probablement le guitariste que j’ai écouté le plus ! La fluidité de son jeu m’a beaucoup inspiré. Depuis quelque temps, je suis également attiré par la musique électronique. Atmosphères et textures ont toujours été importantes à mes oreilles ! Et je trouve des choses intéressantes dans ce genre musical, à l’image de cette playlist que j’ai créée.


Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Pour moi, il s’agit d’une musique créative, où l’on recherche un équilibre entre l’improvisation et la composition, un équilibre entre la liberté et la discipline. Je pense que la définition du jazz s’est élargie à travers les années, puisque les musiciens recherchent leur identité à travers cette musique, et que l’identité des individus d’une époque n’est pas figée dans un genre musical précis. Donc, le jazz change, tout comme les gens, les sociétés et le monde.

Pourquoi la passion du jazz ? La créativité, la recherche, le besoin d’expansion… Où tout simplement parce que l’on ressent quelque chose lorsqu’on l’écoute !!!

Où écouter du jazz ? Dans les clubs, les festivals, les salles de spectacle, ou même à la maison, lors d’une soirée musique avec des ami(e)s. La musique est quelque chose qui se vit en groupe ! Dans la mesure du possible les gens devraient éviter les plateformes comme Spotify, Apple Music ou Deezer, mais plutôt encourager les artistes sur Bandcamp. Nous vivons dans un monde un peu paradoxal : d’un côté nous souhaitons tous avoir accès à ces services, mais, de l’autre, nous voulons aussi vivre dans un monde où la culture est rétribuée à son juste prix... Merci donc à tous ceux et celles qui achètent encore de la musique ! (sourire)

Comment découvrir le jazz ? Comme je le dis au-dessus, la musique est une expérience sociale. Donc je crois que c’est en allant aux concerts et en échangeant avec des passionnés que l’on peut découvrir et aimer le jazz. Dans mon cas, c’est ce qui s’est passé : mon père m’a transmis son amour du jazz, de la guitare et de la musique en général !

Une anecdote autour du jazz ? Un jour, j’ai vu Ben Monder au 55 Bar, un club de NYC. Nous partagions une table avec trois ou quatre amis. Le concert était très intense. Tout le monde semblait en immersion totale dans la musique. Après environ une heure de musique, je commence à ressentir des symptômes physiques, comme des douleurs dans mon corps. Je remarque également qu’un de mes amis n’a pas non plus l’air dans son assiette. De retour à l'hôtel, je ne me sens pas bien du tout et lui demande s’il ressent la même chose que moi. Il me répond que oui. Cela peut paraître une histoire un peu sombre, mais je crois qu’elle témoigne du pouvoir de la musique, et de ce qu’elle peut faire ressentir... Je dois dire que ce concert a été pour moi une expérience assez marquante !


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un chien
Si j’étais une fleur, je serais une tulipe
Si j’étais un fruit, je serais une pomme
Si j’étais une boisson, je serais un thé
Si j’étais un plat, je serais une pastilla de Fez
Si j’étais une lettre, je serais un O
Si j’étais un mot, je serais Astral
Si j’étais un chiffre, je serais 12
Si j’étais une couleur, je serais bleu
Si j’étais une note, je serais Do


Les bonheurs et regrets musicaux

Ma plus belle réussite musicale est d’avoir la chance de jouer de mon instrument tous les jours ! Et, pour l’instant, je ne sais pas quel est mon plus grand regret musical...


Sur l’île déserte…

Quels disques ? Secret Story de Metheny, Weekend in L.A. de George Benson et Invisible Cinema d’Aaron Parks.

Quels livres ? Free Play de Stephen Nachmanovitch, The Music Lesson de Victor L. Wooten et Dao de jing de Lao Tseu.

Quels films ? Star Wars de George Lucas, The Salt of the Earth de Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders, et Up de Disney / Pixar.

Quelles peintures ? Il faudrait demander à mon épouse, elle s’y connaît beaucoup mieux que moi !

Quels loisirs ? La lecture.



Les projets

Un vidéoclip sort le 5 décembre 2021 et un album le 14 janvier 2022 ! Par ailleurs, une tournée est prévue pour l’été 2022. L’expérience Live aura une dimension visuelle : en plus des ordinateurs, contrôleurs MIDI et autres synthétiseurs modulaires, nous projetterons des images vidéos pendant le spectacle. Bienvenue dans l’univers d’Oli Astral !


Trois vœux…

Que les gens apprécient ce nouveau projet et que la musique leur apporte du confort

Que nous ayons la chance de produire notre spectacle dans le plus d’endroits possibles

Que les gens qui aiment déjà ce projet réservent leur album sur bandcamp ! (rires)

21 novembre 2021

Shan – Trio Shan

En 2011
Pascal Charrier crée la compagnie Naïnô autour de sculpteurs musicaux : l’octet Kami, le sextet Kami Extension, le quartet Omun et le trio Shan. A côté des concerts, stages, ateliers et festivals (Le Son des pierres, Le Son des peuples) qu’il organise, en 2014, le collectif s’est doté d’un label, NaïNô Records.

Le trio Shan, c’est Charrier à la guitare folk, Julien Pontvianne à la clarinette ou au saxophone ténor et Ariel Tessier à la batterie. Le premier disque éponyme sort le 18 juin 2021 sur le label maison. Le graphisme de la pochette du cd est signée Ursula Caruel, tout comme les œuvres uniques qui illustrent une édition limitée de cinquante vinyles.

Au répertoire de Shan (montagne en chinois) sept improvisations dérivées du solo Petite Montagne (...), composé par Charrier. Trio minimaliste à forte tendance contemporaine, Shan laisse la part belle aux interactions. La guitare passe d’accords lointains aux accents folk (« Traces et Empreintes du Jour ») à des boucles cristallines (« Vagues Animales »), avec un jeu subtil sur les pianissimo (« Plongée vers les Roches Sombres » ) et les forte (« Ce que voit l’Aigle ») qui génère une tension croissante (« La Neige devient Torrent »). La batterie se fond avec la guitare à travers des bruitages quasiment figuratifs (« Le Chant de la Pluie »), des cliquetis aériens (« Ce que voit l’Aigle »), des ponctuations délicates (« Traces et Empreintes du Jour ») et des pulsations qui s’amplifient (« La Neige devient Torrent »), mais toujours avec finesse. Que ce soit aux clarinettes ou au saxophone ténor, les notes sont tenues et ténues (« Traces et Empreintes du Jour »), éparses (« La Neige devient Torrent »), étirées (« Lumières de l’Eau »), bourdonnantes (« Vagues Animales ») et les esquisses mélodiques s’évaporent rapidement (« Ce que voit l’Aigle »)...

Ne cherchez pas des mélodies et ne vous tourmentez pas avec les harmonies, Shan est avant tout un cocktail de textures sonores qui poussent à l’introspection...

Le disque

Shan
Trio Shan
Pascal Charrier (g), Julien Pontvianne (cl, ts) et Ariel Tessier (d).
NaïNô Records – NN2020CD
Sortie le 18 juin 2021

Liste des morceaux

01. « Traces et Empreintes du Jour » (07:52).
02. « Le Chant de la Pluie » (07:06).
03. « Lumières de l’Eau » (03:44).
04. « Plongée vers les Roches Sombres » (01:03).
05. « Ce que voit l’Aigle » (06:07).
06. « Vagues Animales » (04:46).
07. « La Neige devient Torrent » (09:08).


15 novembre 2021

Voyageurs - Samuel Blaser & Marc Ducret

Créé en 1986, Jazzdor fait partie des Scènes de Musiques ACtuelles (SMAC) qui organise un festival automnal à Strasbourg, un festival estival à Berlin et, toute l’année, des concerts, master class, animations, résidences...

En 2014 Jazzdor lance le label Jazzdor Series. Les cinq premiers disques sont des enregistrements en concert, à Berlin ou à Strasbourg. Se succèdent Joëlle Léandre et Vincent Courtois (#1) et Magique (#2), avec Maggie Nicols, Denis Charolles et David Chevalier. Special Relativity (#3) - Heinz Sauer, Daniel Erdmann, Johannes Fink et Christophe Marguet - et Jean-Jacques Avenel solo (#4) sortent en 2015. QÖÖlp live at Kesselhaus (#5), avec Théo Ceccaldi, Valentin Ceccaldi, Ronny Graupe et Christian Lillinger, est publié en 2016. En 2017, La Symphonie Déjouée (#6) du Bernard Strubert Jazztet, est le premier enregistrement en studio du label. Après trois ans de pause, COVID aidant, le label revient avec pas moins de cinq disques, tous sortis en 2021 ! Au catalogue : Als das Kind Kind War (#7 - février 2021) du pianiste Grégory Ott, Tribute to an Imaginary Folk Band (#8 - mars 2021) de BedMakers - Robin Fincker, Mathieu Werchowski, Dave Kane et Fabien Duscombs -, Gentle Ghosts (#9 - juin 2021) du quartet de Benoît Delbecq, avec Mark Turner, John Hébert et Gerald Cleaver, Suite Anabasis (#10 - août 2021) de Dominique Pifarély en octet, et Voyageurs (#11), un duo de Samuel Blaser et Marc Ducret, qui sort le 15 octobre 2021.

Blaser, en compagnie de Pierre Favre ou Gerry Hemingway, et Ducret, aux côtés de Delbecq ou Liudas Mockunas, sont familiers des conversations à deux. L’exercice coule d’autant plus de source qu’ils jouent ensemble dans certaines de leurs formations respectives : Blaser dans Lady M et Ici, et Ducret dans The Samuel Blaser Trio. Pour Voyageurs, le tromboniste et le guitariste proposent huit morceaux de leur cru, trois chacun et deux cosignés.

Dès les deux premiers morceaux, « The Beekeeper » et « Des états lumineux », l’écriture des deux musiciens se marie à un tel point que Voyageurs pourrait être une suite en huit mouvements. Le tromboniste et le guitariste emploient tout un arsenal de techniques étendues qui rend leur musique particulièrement expressive, voire descriptive (« Accross The Mountain Forest » et sa nuée d’insectes...). La sourdine wawa (ou pas), le bourdon, les barrissements, les glissandos veloutés (ou pas), les esquisses mélodiques et les nappes sourdes de Blaser fusionnent avec les grattements, stridences, déflagrations, saturations, grésillements et autres malaxages sonores dont Ducret à le secret. Entre des questions-réponses montées sur ressorts (« The Beekeeper »), des courses-poursuites effrénées (« The Next Morning »), des contre-chants ludiques (« Des états lumineux ») et des échanges de lamentations (« Dans une certaine mesure »), Blaser et Ducret glissent des passages « mécanistes » (« The Next Morning »), bluesy (« Morse ») ou funèbres (« La vie sans toi »). Il y a un côté burlesque dans leurs dialogues piquants (« Morse ») et leurs discussions sont souvent très ludiques (« Des états lumineux »).

Vu les énergumènes, la surprise était forcément au rendez-vous ! Et des surprises de cet acabit, nous en redemandons !

Le disque

Voyageurs
Samuel Blaser & Marc Ducret
Samuel Blaser (tb) et Marc Ducret (g).
Jazzdor Series 11
Sortie le 15 octobre 2021

Liste des morceaux

01. « The Beekeeper », Blaser (04:50).
02. « Des états lumineux », Ducret ( 08:48).
03. « The Next Morning », Blaser (04:35).
04. « Dans une certaine mesure », Blaser & Ducret (04:11).
05. « Morse », Ducret (03:47).
06. « The Rain Only Drums at Night », Blaser (07:14).
07. « Across the Mountain Forest », Blaser & Ducret (03:58).
08. « La vie sans toi », Ducret (02:53).


14 novembre 2021

Paris Rio New York – EHA

Philippe Coignet
forme EHA dans les années 2000. Le claviériste Leandro Aconcha est de la partie depuis le début de l’aventure, en revanche, le saxophoniste Cacau de Queiroz, le bassiste Michel Alibo et le batteur Damien Schmitt ont rejoint le duo pour Paris Rio New York, troisième opus d’EHA, qui sort chez Kwazil le 24 avril 2020.

Sur ce projet Coignet invite un aréopage de musiciens qui justifie le titre de l’album : Rubinho Antunes à la trompette, Sulaiman Hakim au saxophone alto, Lionel Segui au trombone et au tuba, Andy Narell aux tambours en acier, Minino Garay, Juan Manuel Forero et Mario Contreras aux percussions et Mike Stern à la guitare. Toutes les compositions sont signées Coignet. Distance et covid obligent, la plupart des pistes ont été enregistrées séparément et Didier Zilliox, du studio Adima, s’est chargé de leur mixage. Quant à la pochette du disque, joyeuse et colorée, elle est tirée de Joy of Life 8, un tableau de l’artiste danoise Shefali Ranthe.

Les mélodies de Coignet sont souvent des thèmes-riffs (« Toronto Layover ») exposés à l’unisson (« Plain Dance ») ou en contrepoints (« 2 Stars in my Skies »). Toute la panoplie groovy y passe : des envolées funk du saxophone (« Celeste A »), volontiers shouter (« Missié Didié »), aux chœurs des soufflants (« Plain Dance »), des voix foisonnantes (« 2 Stars in my Skies ») aux nappes d’orgue en arrière-plan (« Nuits Magnétiques »), en passant par la guitare bluesy (« 2 Stars in my Skies »), folk (« Dudatjo »), rock (« Toronto Layover »), réverbérée (« Plain Dance ») ou aux consonances hawaïennes (« Queen of My Nights »). Sans oublier la section rythmique puissante, tour à tour mate et binaire (« Nuits Magnétiques »), sourde (« Plain Dance »), rock‘n roll (« Toronto Layover ») et mise en relief par la walking (« Mars ») ou le slap (« Missié Didié ») de la basse, les tambours en aciers (« Celeste A »), les chorus véloces de la batterie (« Missié Didié ») et la présence touffue des percussions. EHA est marqué, entre autres, par Jaco Pastorius (le solo mélodieux de « Nuits Magnétiques »), Weather Report (« Missié Didié »), Miles Davis (« Nuits Magnétiques »)...

Une fanfare (« 1984 »), reprise dans un esprit funky (« 1984 (funky cover) »), de la fusion (« Mars »), du jazz-rock (« Missié Didié »), du rock (« Nuits Magnétiques »), mais aussi des ballades mélodieuses (« 2 Stars in my Skies ») et entraînantes (« Queen of My Nights ») : la musique de Paris, Rio, New York est une mosaïque d’ambiances plus dynamiques les unes que les autres et s’inscrit dans l’esprit fusion des années quatre-vingt.

Le disque

Paris Rio New York
EHA
Cacau de Queiroz (sax, fl), Philippe Coignet (g), Leandro Aconcha (kbd), Michel Alibo (b) et Damien Schmitt (d), avec Rubinho Antunes (tp), Sulaiman Hakim (as), Lionel Segui (tb, tu), Mike Stern (g), Andy Narell (steel pans), Minino Garay, Juan Manuel Forero et Mario Contreras (percu).
Sortie le 24 avril 2020
Kwazil - KWZ 119

Liste des morceaux

01. « 1984 (fanfare) » (03:25).
02. « Mars » (03:03).
03. « Missié Didié » (08:19).
04. « Nuits Magnétiques » (09:36).
05. « 1984 (funky cover) » (03:51).
06. « 2 Stars in my Skies » (06:08).
07. « Celeste A » (05:15).
08. « Toronto Layover » (04:35).
09. « Dudatjo » (05:09).
10. « Plain Dance » (05:22).
11. « Queen of My Nights » (04:26).

Toutes les compositions sont signées Coignet.

27 octobre 2021

The Possibility of A New Work For Aquaserge

Créé en 2005, Aquaserge est un groupe d’une dizaine de musiciens dont la musique trouve ses sources dans le rock progressif, la musique contemporaine, le free jazz et plus encore !
The Possibility of A New Work For Aquaserge, leur dixième opus, sort le 15 octobre 2021 sur le label Crammed Discs, dans la collection Made To Measure, dédiée aux musiques créatives.

Pour ce disque, Aquaserge est constitué de Marina Tantanozi et Sylvaine Hélary aux flûtes, Manon Glibert aux clarinettes, Robin Fincker au saxophone ténor et à la clarinette, Olivier Kelchtermans au saxophone baryton, Julien Gasc au synthétiseur, Julien Chamla à la batterie (et pléthore d’autres instruments), Audrey Ginestet à la basse (et au synthétiseur), Benjamin Glibert à la guitare (et moult claviers...) et Camillle Emaille au vibraphone et percussions.

Le titre annonce la couleur de l’album : il est tiré de « The Possibility of A New Work For Electric Guitar », œuvre composée par Morton Feldman en 1966. De Feldman, l’orchestre donne deux versions d’« Only », pièce de 1947 autour d’un poème de Rainer Maria Rilke. Figure également au répertoire, « Un grand sommeil noir » d’Edgar Varèse (1906) sur le poème éponyme de Paul Verlaine. Les morceaux signés Aquaserge rendent hommage à ces compositeurs avant-gardistes : « Comme des carrés de Feldman », « Hommage à Giacinto Scelsi », « 1768°C » pour Varèse, et « Nuit terrestre » et « Nuit altérée » dédiés à György Ligeti.

The Possibility Of A New Work For Aquaserge fait ressortir trois ambiances principales : deux chansons (« Un grand sommeil noir » et « Only (version 1) ») naviguent dans une veine rock alternatif, avec des airs chanté-parlé ponctués de dissonances, un phrasé étiré, une rythmique puissante et un accompagnement sophistiqué (à noter qu’« Only (version 2) » n’est pas dans cette lignée et évoque davantage une ode élisabéthaine) ; deux instrumentaux (« 1768°C », « Comme des carrés de Feldman ») voguent plutôt sur un rock avant-gardiste, marqué par une batterie musclée, une basse sourde, une guitare grondante et un mélange d’effets électro touffus, de foisonnements expressifs, de percussions denses, mais aussi de ruptures minimalistes ; et deux morceaux (« Hommage à Giacinto Scelsi », « Nuit Terrestre – Nuit Altérée (à Gyorgy Ligeti) ») traversent la musique contemporaine acousmatique avec des faisceaux de notes tenues, aux variations infimes et dont les timbres fusionnent comme un tissage musical, ou sont percés par des bruitages, vibrations, chuintements, bourdonnements et stridences qui leurs donnent des allures de sculptures sonores mouvantes.

Savant mélange de musiques expérimentales – électro contemporain, rock alternatif, jazz d’avant-garde etc. – The Possibility of A New Work For Aquaserge ouvre le champ des écoutes pour tout esprit ouvert et oreilles curieuses…

Le disque

The Possibility Of A New Work For Aquaserge
Aquaserge
Sylvaine Hélary (fl), Marina Tantanozi (fl), Manon Glibert (cl), Robin Fincker (ts, cl), Olivier Kelchtermans (bs), Julien Gasc (voc, synthé), Audrey Ginestet (voc, synthé, b), Benjamin Glibert (kbd, g, b), Camille Emaille (perc, vib), Julien Chamla (kbd, perc, d).
Crammed Discs - MTM46
Sortie le 15 octobre 2021

Liste des morceaux

01. « Un grand sommeil noir », Varèse & Verlaine (04:28).
02. « 1768°C (à Edgar Varèse) », Chamla, Glibert & Tantanozi (07:04).
03. « Hommage à Giacinto Scelsi », Glibert (06:29).
04. « Only (version 1) », Feldman & Rilke (01:16).
05. « Comme des carrés de Feldman », Aquaserge (05:11).
06. « Only (version 2) », Feldman & Rilke (01:36).
07. « Nuit Terrestre (à Gyorgy Ligeti) », Glibert (10:02).
08. « Nuit Altérée (à Gyorgy Ligeti) », Glibert (02:38).