30 mars 2021

Sleeper Train

Le Grand Six, YO5, Aérophone, Lucky Dog, Old & New Songs, Slow… autant de projets qui permettent d’apprécier l’originalité de la musique de Yoann Loustalot. Le 12 mars 2021, le trompettiste propose Sleeper Train, un nouvel opus publié chez Bruit Chic, label que Loustalot a fondé avec Victor Michaud en 2010.

Loustalot poursuit ses pérégrinations en quartet, format avec lequel il enregistre souvent depuis Primavera, son premier disque, sorti en 2006. Sleeper Train réunit quatre compagnons de scène qui se connaissent sur le bout des notes : le pianiste François Chesnel, le contrebassiste Frédéric Chiffoleau et le batteur Fred Pasqua.

Au programme de Sleeper Train, neuf étapes multiculturelles qui tournent essentiellement autour d’airs traditionnels : « Sanza tristesse » de Francis Bebey (Psychedelic Sanza 1982 – 1984), deux thèmes japonais – « Le chemin vers Izumo : le soleil se couche sur le temple de Kyoto » de Toshio Funagawa et « Kuroda Bushi », chanson folklorique de la ville de Fukuoka – , le célèbre « Oy, moroz moroz » composé par Maria Pavlovna Morozova-Uvarova en 1954, « Mangé pou le cœur » du poète réunionnais Alain Péters (1984), « Gente humilde » d’Anibal Augusto Sardinha, Vinicius de Moraes et Chico Buarque (1945), la comptine américaine « Oh Where », la ballade écossaise « Tam Lin » et un traditionnel mongol, « Ekh ornii magtaal ». 

Des ambiances intenses (« Sanza tristesse »), intimistes (« Oy, moroz moroz »), voire mystérieuses (« Gente humilde ») et empreintes de mélancolie (« Oh Where »), laissent place à des mélodies cinématographiques (« Le chemin vers Izumo… »), des comptines (« Kuroda Bushi »), des ballades solennelles (« Tam Lin »), des envolées néo-bop (« Ekh ornii magtall »), ou encore, des mouvements qui balancent tranquillement (« Mangé pou le cœur »). Le quartet est en parfaite osmose. Constamment aux aguets, Pasqua passe de cliquetis et rim shot entraînants (« Sanza tristesse ») à un feulement subtil (« Gente humilde »), de frappes dynamiques et véloces (« Ekh ornii magtall ») à un jeu aux balais plein de swing (« Oy, moroz moroz »)… Le gros son boisé de Chiffoleau met en relief ses motifs minimalistes (« Oh Where »), la souplesse de ses lignes (« Le chemin vers Izumo… »), ses riffs dansants (« Mangé pou le cœur ») et ses chorus mélodieux (« Tam Lin »). En accompagnateur attentif, Chesnel alterne suites d’accords discrètes (« Oy, moroz moroz »), contre-chants élégants (« Tam Lim ») et autres phrases délicates (« Oh Where »). Ses dialogues avec Loustalot swinguent efficacement (« Oy, moroz moroz »), ses discussions avec la contrebasse et la batterie foisonnent joyeusement (« Le chemin vers Izumo… ») et si, dans l’ensemble, son approche est plutôt franche et sobre (« Ekh ornii magtaal »), il laisse parfois percer une pointe de lyrisme (« Kuroda Bushi »). Quant à Loustalot, sa sonorité ronde et velouté (« Le chemin vers Izumo... »), ses volutes aériennes (« Sanza tristesse »), son phrasé net et précis (« Ekh ornii magtaal »), son jeu décontracté (« Gente humilde ») et ses développements placides (« Oy, moroz moroz ») emmènent l’auditeur dans un voyage où contemplation et action se côtoient sans cesse.

Sleeper Train s’approprie les mélodies traditionnelles avec beaucoup de bonheur et les met à sa sauce, moderne, raffinée et savoureuse !

Le disque

Sleeper Train
Yoann Loustalot (tp, bugle), François Chesnel (p), Frédéric Chiffoleau (b) et Fred Pasqua (d).
Bruit Chic – BC0152
Sortie le 12 mars 2021

Liste des morceaux

01. « Sanza tristesse », Bebey (5:30).
02. « Le chemin vers Izumo : le soleil se couche sur le temple de Kyoto », Funagawa (9:58).
03. « Oh Where », traditionnel américain (3:36).
04. « Ekh ornii magtaal », traditionnel mongol (6:04).
05. « Oy, moroz moroz », Maria Pavlovna Morozova-Uvarova (5:57).
06. « Mangé pou le cœur », Alain Péters (4:53).
07. « Kuroda Bushi », traditionnel japonais (6:30).
08. « Tam Lin - Child 39 », traditionnel écossais (6 :46).
09. « Gente humilde », de Moraes, Buarque & Sardinha (3:07).

28 mars 2021

Ecume de mai – Christofer Bjurström

Chris
tofer Bjurström développe sa musique loin des sentiers battus, dans des domaines aussi variés que la chanson, le conte, le théâtre, le cinéma, la vidéo, les spectacles jeune-public, les ciné-concerts et, bien sûr, la musique improvisée. Depuis Doucement au réveil, publié en 1990 avec un sextet, le pianiste a enregistré une quinzaine de disques. Ecume de mai, sorti le 12 octobre 2020 chez MZ Records, est son deuxième opus en solo, après Piano solo (2005).

Pour ses neuf compositions, Bjurström s’est inspiré d’autant de poèmes, tirés d’œuvres de Jules Supervielle (Oublieuse Mémoire), Abdellatif Laâbi, Sylvia Plath, Claude Roy, Emily Dickinson, Bo Carpelan, Raymond Carver. Le musicien propose également Ecume de mai sous forme d’un concert-spectacle avec des jeux d’images et de lumières, signés Mitch Fournial et Ludovic Le Bihan.

Si la plupart des mélodies de Bjurström sont délicates (« Tant ») à forte tendance minimaliste (« Neige »), elles n’en présentent pas moins des aspérités dissonantes (« Soi derrière soi ») et des ruptures rythmiques (« Une seule main ne suffit pas ») qui leur donnent du piquant. Visiblement marqué par la musique répétitive – ostinatos (« Ce qui est devenu écume »), riffs (« Moutons dans la brume »), pédales (« La vitesse foudroyante du passé »), bruitages (« La chambre du malade »), technique étendue (« Le fleuve de l’exil ») – Bjurström pimente son discours de passages plein de swing (« Une seule main ne suffit pas ») et autres motifs entraînants (« Le fleuve de l’exil »).

D’un lyrisme sobre, qui combine musique contemporaine et jazz, la musique d’Ecume de mai est intense et… poétique !

Le disque

Ecume de mai
Christofer Bjurström
Christofer Bjurström (p)
MZ Records
Sortie le 12 octobre 2020

Liste des morceaux

01. « Ce qui est devenu écume » (6:37).
02. « Une seule main ne suffit pas » (2:48).
03. « Moutons dans la brume » (6:48).
04. « Tant » (5:44).
05. « Le Fleuve de l'exil » (3:41).
06. « Soi derrière soi » (5:02).
07. « La chambre du malade » (6:14).
08. « La vitesse foudroyante du passé » (5:00).
09. « Neige » (6:15).

Tous les morceaux sont signés Bjurström.

23 mars 2021

InTime Brubeck – Duo Fines Lames

Quatre an après un premier disque éponyme très réussi, le Duo Fines Lames est de retour dans les bacs avec InTime Brubeck, qui sort le 2 avril 2021, toujours produit par le collectif tourangeau La Saugrenue.

Les fines lames, c’est Renaud Detruit, au vibraphone et marimba, et Florent Sepchat, à l’accordéon. Pour ce nouvel opus, le duo joue en trio sur quatre titres, avec Yoann Loustalot au bugle et Jean-Baptiste Réhault au saxophone alto.

Sans surprise, au programme d’InTime Brubeck figurent six compositions de Dave Brubeck : « Tritonis », tiré de l’album éponyme, publié en 1980, avec Jerry Bergonzy, Chris Brubeck et Randy Jones, et cinq morceaux enregistrés avec Paul Desmond, Eugene Wright et Joe Morello, le quartet qui a sorti en 1959 l’un des disques les plus vendus dans l’histoire du jazz : Time Out. « Bluette » figure sur Time Further Out, disque de 1961, « Fast Life » est au répertoire de Countdown: Time In Outer Space, 1962, et les trois derniers – « Koto Song », « Tokyo Traffic » et « Fujiyama » – proviennent de Jazz Impressions of Japan, édité en 1964. Detruit propose « Fairy Blades », peut-être inspiré du « Fairy Day » de Brubeck (Live Together – 1955), et « Ibericana », lointain parent d’« Iberia » (Time Changes – 1959). Dans « Take Eleven », Sepchat s’amuse avec le célèbre « Take Five » de Desmond (Time Out) et « Eleven Four » (Countdown : Time In Outer Space), valse à onze temps… Quant à « Rondo », écrit par le compositeur de musiques de films, Pablo Pico, il renvoie à « Blue Rondo a la Turk » (Take Five) et « Rondo » (Dave Brubeck Octet – 1956).

Des morceaux concis (moins de quatre minutes) et denses qui laissent la part belle aux dialogues et aux monologues (« Fast Life »). Les envolées virtuoses qui ne négligent pas la musicalité (« Fairy Blades »), entrecoupés d’échanges croisés entraînants (« Tokyo Traffic »), de décalages et contrepoints habiles (« Rondo »), d’unissons déliés (« Take Eleven »), de questions-réponses ingénieuses (« Ibericana »), d’échanges délicats (« Koto Song ») et autres boucles astucieuses (« Tritonis »), servent d’autant mieux la complexité de la musique de Brubeck (« Fast Life ») que la mise en place rythmique du duo est soignée (« Bluette ») et swingue efficacement (« Koto Song »). Les deux musiciens se soutiennent avec vigueur (« Take Eleven »), à force d’ostinatos (« Rondo »), de motifs heurtés (« Ibericana »), de riffs (« Elm ») et motifs répétitifs (« Tritonis »). Le duo parsème également son discours de touches « multi-culturelles » subtiles : valse (« Fairy Blades »), moyen-orientale (« Take Eleven »), andalouse (« Ibericana »), orientale (« Koto Song »), bruitiste (« Tritonis »), bluesy (« Fujiyama »)… Décidément, les facilités harmonico-mélodiques de l’accordéon et l’expressivité mélodico-rythmique du vibraphone se marient à merveille ! Et la sonorité velouté et les lignes sinueuses du bugle (« Rondo ») ou les phrases ondulantes du saxophone alto (« Bluette ») apportent une chaleur supplémentaire aux morceaux.

Le titre clin d’œil de l’album InTime Brubeck joue évidemment avec Time Out… et les autres référence à Time, souvent utilisé par le pianiste pour le nom de ses albums, mais il évoque aussi Time Magazine, dont Brubeck a fait la une en 1954, et, bien sûr, c’est également un très bel hommage intime à la musique de cet humaniste du jazz.

Le disque

InTime Brubeck
Duo Fines Lames
Renaud Detruit (vib, marimba) et Florent Sepchat (acc), avec Jean-Baptiste Réhaut (as) et Yoann Loustalot (bugle).
La Saugrenue - LC85720
Sortie le 2 avril 2021

Liste des morceaux

01. « Fairy Blades », Detruit (5:06).
02. « Fast Life » (3:27).
03. « Take Eleven », Sepchat (3:04).
04. « Rondo », Pico (3:19).
05. « Ibericana », Detruit (4:13).
06. « Bluette » (3:21).
07. « Elm », Detruit (5:05).
08. « Tritonis » (4:42).
09. « Koto Song » (4:52).
10. « Tokyo Traffic » (3:01).
11. « Fujiyama » (2:54).

Tous les morceaux sont signés Bubeck, sauf indication contraire.

Morricone Stories – Stefano Di Battista

Stefano Di Battista
déboule sur la scène française du jazz au début des années quatre-vingt dix. Blue Note, l’ONJ de Laurent Cugny, Michel Petrucciani, Aldo Romano, Claude Nougaro, Jacky Terrasson, Jean-Pierre Como, Kyle Eastwood… près d’une quarantaine de disques en tant qu’accompagnateur et une bonne quinzaine d’enregistrements en leader... Le saxophoniste transalpin peut se targuer d’avoir une carrière déjà bien remplie !

Le titre de son dernier disque, qui sort le 2 avril 2021 chez Warner Music, est explicite : Morricone Stories. Di Battista rend hommage au célèbre compositeur Ennio Morricone, décédé le 6 juillet 2020. Pour sa reprise des thème du Maestro, Di Battista s’entoure de Fred Nardin au piano, et de deux compagnons de route : Daniele Sorrentino à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie. Les douze morceaux sont, évidemment, signés Morricone, mais Di Battista n’a pas forcément choisi que des thèmes les plus connus : Cosa avete fatto a Solange ? un giallo de Massimo Dallarmo (1972) ; plus connu, Peur sur la ville d’Henri Verneuil (1975) ; La cosa buffa d’Aldo Lado (1974), apparemment jamais distribué en France ; Veruschka – Poetry of a Woman de Franco Rubartelli (1971) ; « Deborah’ Theme », air familier tiré d’Il était une fois en Amérique, le dernier film de Sergio Leone (1984), avec Robert De Niro ; Metti, una sera a cena de Giuseppe Patrinu Griffi (1969), avec Jean-Louis Trintignant ; « Apertura della caccia » dans 1900 de Bernardo Bertolucci (1976) avec De Niro et Gérard Depardieu  ; Il grande silenzio de Sergio Corbucci (1968), également avec Trintignant ; « Flora », dédié à la fille de Di Battista, une composition inédite que Morricone a composé pour le saxophoniste lors d’une soirée chez le cinéaste Stefano Reali ; La donna della Domenica de Luigi Comencini (1975), encore avec Trintigant, et Marcello Mastroianni ; « Gabriel’s Oboe », autre air célèbre, dans The Mission de Roland Joffé (1986), avec De Niro ; et, sans doute l’un des plus fameux, The Good, The Bad and The Ugly de Leone (1966).

Si Di Battista expose respectueusement les thèmes de Morricone, ils sont souvent plus vifs que dans les versions originales (« Metti, una serra a cena »). La structure des morceaux reste sur le thème – solos – thème cher au jazz, mais seuls le saxophone et le piano prennent des chorus. Au soprano, Di Battista s’envole dans des phrases sinueuses (« La cosa buffa »), quasiment romantiques (« Apertura della caccia »). Son phrasé net et ses lignes véloces (« La donna della Domenica ») sont soulignés par une légère réverbération. Aussi à l’aise à l’alto, le saxophoniste laisse parler son lyrisme (« Deborah’s Theme ») et sa virtuosité (« Metti, una serra a cena »), avec une énergie contagieuse (« The Good, The Bad and The Ugly »). Nardin nage comme un poisson dans l’eau ! Accompagnateur subtil, ses phrases mettent en relief les propos de Di Battista (« Cosa avete fatto a Solange » ), ses contre-chants égayent le discours du saxophoniste (« Flora ») et ses unissons densifient les thèmes (avec l’alto dans « Metti, una serra a cena » ou la contrebasse dans « Peur sur la ville). Quant à ses chorus, ils sont bien ancrés dans l’esprit post-bop qui anime la musique du quartet (« Veruschka »), avec un placement et un swing très sûrs (« Il grande silenzio »). Sorrentino et Ceccarelli forment une section rythmique soudée, puissante (« Peur sur la ville »), d’une régularité et d’un équilibre à toute épreuve (« Gabriel’s Oboe »). A la souplesse grave et boisée de la contrebasse (« La cosa buffa ») répond l’assurance à la fois légère et tonique de la batterie (« Deborah’s Theme »). D’un mouvement style samba (« Veruschka ») à une walking et un chabada rapides (« Metti, una serra a cena »), en passant par des roulements serrés sur des motifs graves (« La donna della Domenica ») ou des frottements prestes (« La cosa buffa »), les morceaux sont toujours entraînants.

Tribut fidèle à l’œuvre du compositeur italien, Morricone Stories allie le charmes des bandes originales avec la vigueur du jazz.

Le disque

Morricone Stories
Stefano Di Battista
Stefano Di Battista (as, ss), Fred Nardin (p), Daniele Sorrentino (b) et André Ceccarelli (d).
Warner Music – 14666
Sortie le 2 avril 2021.

Liste des morceaux

01. « Cosa avete fatto a Solange » (3:58).
02. « Peur sur la ville » (3:22).
03. « La cosa buffa » (4:21).
04. « Veruschka » (4:45).
05. « Deborah’s Theme » (3:42).
06. « Metti, una sera a cena » (3:54).
07. « Apertura della caccia » (4:56).
08. « Il grande silenzio » (4:16).
09. « Flora » (2:34).
10. « La donna della Domenica » (6:39).
11. « Gabriel’s Oboe » (3:30).
12. « The Good, The Bad and The Ugly » (3:31).

Tous les morceaux sont signés Morricone.

21 mars 2021

Change ør Nø Change – Jean-Paul Daroux Project

Depuis
Drop of Swing, publié en 2000, Jean-Paul Daroux poursuit ses aventures discographiques dans différentes configurations : en septet, Asmada (2000), en quartet, No Mad Land (2006), et en trio, avec Prelude For A New World (2010), Déambulations (2015) et La légende des sept sages (2018).

C’est avec Jean-Christophe Gautier à la contrebasse et Luca Scalambrino à la batterie, tous les deux déjà présents sur le précédent opus, que le pianiste sort Change ør Nø Change le 12 février 2021 chez Plaza Mayor Company.

Daroux a composé les dix morceaux du répertoire. Les thèmes sont souvent mélodieux (« Les ours polaires ne regardent plus les aurores boréales »), avec un côté musique de film (« La trépidante odyssée d’un bébé tortue ») ou un lyrisme prononcé (« Un indicible bonheur »), parfois agrémentés de boucles entraînantes et autres touches pop (« Le sacre du pangolin »), un peu dans l’esprit d’E.S.T. (« Le corridor sans fin »). Les développements restent dans une veine harmonieuse (« Un matin de canicule sur Oxford Street »), soutenus par la contrebasse à l’archet avec, soit des effets électros denses (« Rencontre avec le petit peuple de la forêt »), soit des nappes de sons saturées qui évoquent une guitare électrique (« Change ør Nø Change »). Les chorus de Gautier sont fluides (« Un matin de canicule sur Oxford Street ») et son jeu, varié, comme l’introduction en double-cordes dans « Le sacre du pangolin ». Avec Scalambrino, ils forment une paire rythmique pleine d’entrain (« Rencontre avec le petit peuple de la forêt ») et dansante, en mode valse ( Un matin de canicule sur Oxford Street ») ou funky (« Escapade sous la lune rousse »), qui n’oublie pas non plus leurs classiques, à l’instar de la walking et du chabada dans « Le ballet des méduses ».

Véritable bande son pour un plaidoyer écologique, Change ør Nø Change reflète, en musique, la diversité de l’environnement, du pangolin à l’ours blanc, en passant par les tortues et les méduses !

Le disque

Change ør Nø Change
Jean-Paul Daroux Project
Jean-Paul Daroux (p), Jean-Christophe Gautier (b) et Luca Scalambrino (d).
Plaza Mayor Company - SERG272
Sortie le 12 février 2021

Liste des morceaux

01. « Rencontre avec le petit peuple de la forêt » (3:55).
02. « Les ours polaires ne regardent plus les aurores boréales » (5:44).
03. « Change ør Nø Change » (6:01).
04. « Le sacre du pangolin » (6:07)
05. « Un indicible bonheur » (4:14).
06. « Le corridor sans fin » (4:01).
07. « Un matin de canicule sur Oxford Street » (4:38).
08. « La trépidante odyssée d’un bébé tortue » (4:20).
09. « Escapade sous la lune rousse » (4:23).
10. « Le ballet des méduses » (3:40).

Tous les morceaux sont signés Daroux.

07 mars 2021

Plays The Music of Hank Jones – Nicholas Thomas 4

Après Blues For Eileen (Du Savon dans les Yeux - 1998) avec le Thomas - Ferri 4tet et Joe Magnarelli en invité, puis Opus One (Du Savon dans les Yeux - 2018) du quartet Swing Vibrations, Nicholas Thomas sort un troisième disque en leader : Plays The Music of Hank Jones chez Fresh Sound, toujours en quartet.  

Pour jouer la musique d’Hank Jones, Thomas s’entoure d’Alain Jean-Marie au piano, Michel Rosciglione à la contrebasse et le batteur Mourad Benhammou, avec qui il joue dans le nonnette de Laurent Marode, le trio de Viktorija Gečytè et Gene Perla, mais aussi en compagnie des chanteuses Isabelle Seleskovitch et Marie Carrié.

Décédé en mai 2010, à quatre-vingt onze ans, Jones répondait à un journaliste qui lui demandait s‘il était un géant du jazz : « non, peut-être en suis-je un nain appliqué »… Et pourtant, non content d’avoir joué avec le gotha du jazz, Jones figure également sur près de huit cent disques et en a enregistré plus de cent cinquante sous son nom ! Frère aîné du batteur Elvin Jones et du trompettiste et arrangeur Thad Jones, Hank commence sa carrière à treize ans, en 1931, et l’achève avec une tournée au Japon en 2010, après soixante-neuf ans de musique…

Thomas a évidemment pioché son programme dans les compositions de Jones : « Minor Conception », écrit en 1956 pour Hank Jones' Quartet (Savoy), avec Bobby Jaspar à la flûte, Paul Chambers à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie ; « Angel Face » cosigné avec Abbey Lincoln pour When There Is Love, un disque en duo enregistré en 1992 au Studio Davout à Paris ; « Récapitulation » qui figure dans Arigato (1976 – Progressive) ; « Vignette » composé en 1958 pour The High and Mighty Hawk, album de Coleman Hawkins ; « Beaches in the A.M. » produit en 1973 pour Zoot at Ease, disque de Zoot Sims ; « Odd Number » et « We’re All Together » joués en 1955 dans The Trio avec le contrebassiste Wendell Marshall et Clarke ; « Things Are so Pretty in the Spring » créé en 1956 pour Urbanity, un disque de solos et de trios avec le guitariste Johnny Smith et le contrebassiste Ray Brown ;  « Chant » autre morceau interprété avec Hawkins en 1957 dans The Hawk Flies High.Thomas dédie « Hank’s Vibe » au pianiste.

Thèmes vifs, le plus souvent exposés à l’unisson (« Chant »), solos enlevés, pris à tour de rôle (« Odd Number »), stop-chorus dynamiques (« We’re All Together »), walking et chabada entraînants (« Vignette »), shuffle et rim-shot dansants (« Recapitulation »), lignes d’accords recherchées (« Things Are so Pretty in the Spring »)… Plays the Music of Hank Jones s’appuie sur tous les ingrédients du be-bop. Vibraphone aidant, le Nicholas Thomas 4 évoque évidemment le Modern Jazz Quartet (« Minor Conception »). D’autant plus que, comme ces illustres prédécesseurs, le quartet alterne traits virtuoses (« Minor Conception ») et élégants (« Chant »), questions-réponses acérées (« Vignette ») et touches funky (« Beaches in the A.M. »). Gečytè prête sa voix veloutée de crooner à la ballade « Angel Face ».

Thomas et ses compagnons relèvent avec panache le défi de jouer la musique d’Hank Jones et rendent un hommage mérité à un pianiste qui a servi la musique avec passion et abnégation !

Le disque

Plays The Music of Hank Jones  
Nicholas Thomas 4
Nicholas Thomas (vib), Alain Jean-Marie (p), Michel Rosciglione (b) et Mourad Benhammou (d), avec Viktorija Gečytè (vcl).
Fresh Sound - FSRCD 5111
Sortie le 19 mars 2021.

Liste des morceaux

01. « Minor Conception » (3:05).
02. « Angel Face », Jones & Lincoln (4:49).
03. « Recapitulation » (3:22).
04. « Vignette » (4:03).
05. « Hank’s Vibe », Thomas (5:37).
06. « Beaches in the A.M. » (4:33).
07. « Odd Number » (2:42).
08. « Things Are so Pretty in Spring » (4:14).
09. « Chant » (4:42).
10. « We’re All Together » (4:05).

Tous les morceaux sont signés Jones, sauf indication contraire.

05 mars 2021

Les grilles de Bob... Mars 2021




Horizontal
A Ils ont la résonnance d'un kazoo.
B Il ouvrit en grand.
C Pianiste be-bop américain né à Palerme.
D Attention ! Interjection chez les Ibériens.
Il l'ont attrapé.
E Mûrier des haies.
La moindre des choses.
F Il l'est quand on en referme la dernière page.
La Corbeille d'or en fait partie.
G Initiales d'un batteur devenu avocat.
La tienne.
H Bioni Samp doit l'être pour élever son instrument.
I Une chanson douce l'est souvent.
J Demain, il le fera sous sa douche.
Vertical

1 L'un des berceaux du jazz.
2 Du bois dont sont faites les sanzas, en général.
Informations d'identification personnelle.
3 Pièce où lon joue de la musique.
Petit oiseau et grande chanteuse.
4 Infrarouge lointain.
Il est sous le pantalon.
5 Dix ans séparent ces trois musiciennes.
Titre original de Tourments de Buñuel.
Trois lettres centrales du nom d'un saxophoniste américain qui a beaucoup joué avec Jack McDuff.
6 Elle est rouge dans le titre d'un disque d'Erik Truffaz.
Prénom d'un saxophoniste baryton disparu trop tôt.
7 Même à l'imparfait du subjonctif, un couteau en a besoin.
8 Accronyme du théâtre qui organise Sunday Jazz.
C'est un vautour qui l'a donné pour fabriquer une flûte il y a 35000 an.
Saison principale pour les festivals.
9 De l'eau en créole guadeloupéen.
Une danseuse classique ne s'en passe pas.
10 Célèbre percussionniste d'origine cubaine.

02 mars 2021

Loving You George – George Otsuka

George Otsuka
n’aura malheureusement pas l’occasion d’écouter la réédition de son disque-culte , Loving You George, que Wewantsounds sort le 26 mars 2021 en vinyle et en laser : le batteur est décédé le 10 mars 2020, à quatre-vingt deux ans...

Loving You George a été enregistré en concert le 19 juillet 1975 au Nemu Jazz Inn pour le célèbre label japonais Bellwood Records. Le quintet d’Otsuka comprend le contrebassiste Mitsuaki Furuno, partenaire de prédilection du batteur : en 1973, les deux musiciens ont enregistré Jackeyboard en trio avec Jack DeJohnette au piano et Furuno est également présent sur In Concert! (1973), Now’s The Time (1974) et Physical Structure (1976), trois albums du batteur. Au piano et au Fender Rhodes, Fumio Karashima, qui a notamment fait partie du Jazz Machine d’Elvin Jones pendant cinq ans. Le percussionniste Norio Ohno et le saxophoniste Shozo Sasaki complètent le groupe. C’est d’ailleurs avec ce quintet qu’Otsuka enregistre Physical Structure l’année suivante.

Au programme de Loving You George : « Little Island », signé Karashima, « Something Everywhere », une composition de Steve Kuhn sur le disque Trance, sorti en 1974 chez ECM, « Miles’ Mode », morceau de John Coltrane pour Coltrane (1962 – Impulse!), et « Loving You », tube qui figure dans Perfect Angel, le disque qui a lancé la carrière de la chanteuse soul Minnie Riperton, en 1974.

Avec les crépitements du piano, les frappes puissantes et touffues de la batterie, les motifs grondants de la contrebasse et les lignes enfiévrées du saxophone soprano, « Little Island » s’inscrit dans une lignée post-bop free brillante. L’ombre de Coltrane plane également sur « Something Everywhere », que Sasaki développe à coup de phrases débridées, tandis que le Fender Rhodes de Karashima fait monter la tension, poussé par le jeu en double-cordes véloces de Furuno et la batterie déchaînée d’Otsuka, qui conclut sur un solo exubérant. Après une introduction saccadée et nerveuse, « Miles’ Mode » déboule sur une voie hard-bop, propulsé par une walking leste, un chabada vif, coloré de pêches énergiques, un Fender Rhodes virtuose et un saxophone ténor dynamique à souhait. Le chorus, intense et dansant, d’Otsuka s’appuie sur des roulements mats et secs, un jeu musclé sur les peaux, le tout ponctués de splash retentissants sur les cymbales. Loving You George s’achève presque en douceur avec « Loving you », pris sur dans une veine funky entraînante.

Otsuka et ses compagnons méritent d’être connus : leur musique, à la croisée du post-bop, du free et de la fusion, est un concentré d’énergie et Loving You George n’a pas pris une ride !

Le disque

Loving You George
George Otsuka Quintet
Shozo Sasaki (ss, ts), Fumio Karashima (p, Fender), Mitsuaki Furuno (b), Norio Ohno (perc) et George Otsuka (d).
Wewantsounds - WWSCD38
Sortie le 26 mars 2021

Liste des morceaux

01. « Little Island », Karashima (12:12).
02. « Something Everywhere », Kuhn (10:42).
03. « Miles’ Mode », Coltrane (9:21).
04. « Loving You », Riperton (6.58).