26 juin 2019

Le Surnatural Orchestra aux Nuits des Arènes de Lutèce


Du 13 au 16 juin les arènes de Lutèce retrouvent (presque) leur fonction première et vivent au rythme des pièces de théâtre, concerts, spectacles de danse, expositions, conférences, ateliers, jeux, débats, repas et même… des parties de pétanque endiablées !

Créé en 2015, le festival Les Nuits des Arènes investit l’amphithéâtre à ciel ouvert de la rue Monge. Construites au premier siècle, ces arènes, qui comptaient autour de dix-sept mille places, préfigurent les salles polyvalentes d’aujourd’hui puisqu’elles servaient à la fois aux jeux du cirque et à des représentations théâtrales… Au programme de la cinquième édition du festival : pas moins de cinq concerts, huit pièces de théâtre, un spectacle de danse, quatre expositions et, toujours, de nombreux moments d’interactions et de convivialité avec le public.

Depuis 2003 et leur disque éponyme, la vingtaine (plus ou moins) de musiciens du Surnatural Orchestra suit son bonhomme de chemin et aligne les projets : Sans tête, Pluir, Profondo Rosso, Ronde, Esquif… sans compter ceux qui ne sont pas – encore – sortis sur disque. En 2018, l’orchestre a posé ses instruments dans le théâtre L’Echangeur à Bagnolet, où il a installé son studio, Caracol. Le 15 juin, le Surnatural Orchestra présente son dernier projet, Tall Man, puis il est rejoint en deuxième partie par l’octet de Denis Charolles.


Comme souvent pour leurs concerts, le Surnatural Orchestra monte sur scène déguisé (en robe pour la plupart) et affublé de coiffes loufoques. Pendant tout le set, les musiciens changent de place, vont et viennent devant l’orchestre, au grès des solos, se mêlent aux spectateurs, montent dans les gradins, jouent avec des escabeaux et des spots, invitent le public à danser… dans une atmosphère festive. Et quand la Campagnie des musiques à ouïr de Charolles s’en mêle, la fête redouble d’intensité ! Mais ces facéties n’empêchent pas la musique, souvent dirigée par des instructions de Soundpainting, d’être tout ce qu’il y a de plus sérieuse pendant près de trois heures !


Des mélodies plutôt courtes, sous forme de ritournelles ou de refrains, laissent place à des développements foisonnants, qui alternent des ambiances de fanfare, de cirque, de carnaval, mais aussi d’hymnes, de marches, d’odes… dans des croisements de voix, des contrepoints, des questions-réponses, des envolées déjantées… tous plus jubilatoires les uns que les autres ! La Nouvelle Orléans, le rock’n roll, le calypso, le free, le rock alternatif, le charleston, le cha-cha-cha, la valse, la scottish… ou encore les musiques du monde, arabo-andalouses, folkloriques, voire klezmer s’invitent dans la danse. Le tout, toujours parsemé de chorus inspirés, d’interactions astucieuses, de digressions ingénieuses et de dialogues relevés. Entre la batterie – devant l’orchestre –, les percussions, les motifs de la guitare et les riffs des soufflants, le rythme est également l’une des composantes essentielles de la musique du Surnatural Orchestra. Comme d’habitude, Hanno Baumfelder est préposé aux propos dada hilarants, tandis que Nicolas Stephan part dans des envolées dignes d’un opéra bouffe… Charolles n’est pas en reste avec un discours grotesque dans un sabir inintelligible, puis avec une caricature de rock’n roll particulièrement savoureuse !

Les deux orchestres ont la pêche : une joie de jouer contagieuse, un plaisir manifeste de mélanger les genres, une malice évident à alterner musiques faciles et passages ardus… Du surnaturel à ouïr d’urgence, assurément !

24 juin 2019

A la découverte d’AfuriKo


AfuriKo est constitué de la percussionniste Akiko Horii et du claviériste Jim Funnell. Depuis plus de cinq ans ces deux artistes promènent leur musique métisse, patchwork de jazz, funk, pop, reggae, folklores… aux quatre coins du monde. La sortie de Tao est une excellente occasion de partir à la découverte de ce duo original…


La musique

Akiko : j’ai commencé par prendre des cours particuliers de piano classique à Ashiya, au Japon, avec Hitomi Shimamoto. A l’adolescence, je suis passé au saxophone jazz avec son fils, Takashi Shimamoto, et j’ai découvert les géants du sax ténor : Joe Henderson et Stan Getz. Mais c’est lors d’un spectacle organisé par mon lycée, The Stony Brook School, que j’ai entendu un djembé pour la première fois et le lendemain je téléphonai au musicien pour programmer mon premier cours… Ensuite, je suis allée étudier au California Institute of the Arts (CalArts), suivi d’une immersion en Afrique de l’Ouest, entre Côte d’Ivoire, Mali et Guinée. Avec le quintet Les Elles du tambour, nous avons sorti un album éponyme, puis, avec AfuriKo, un vinyle, アフリ子 (2012), et trois disques : On the Far Side (2014), Style (2016), et Tao (2019).

Jim : j’ai pris des cours particuliers de piano avec Pascale Audouze avant d’entrer au conservatoire de Mennecy. J’ai travaillé ensuite avec Rémy Theven, professeur de saxophone et piano jazz, puis me suis plongé dans les œuvres des maîtres du piano jazz que sont Ahmad Jamal et Keith Jarrett. Par la suite, j’ai intégré le Berklee College of Music. A côté des disques d’AfuriKo, j’ai également sorti Word Out (2009) et Spirit of The Snail (2015). Sinon, en 2011, j’ai reçu le prix de composition aux Trophées du Sunside.

Sur le plan des influences, Akiko cite Alfred Ladzekpo, Mamady Keïta, Manolo Badrena… Quant à Jim, il nomme David Fiuczynski, Laszlo Gardony, Jamal, Bill Evans… Et en duo, ils revendiquent Miles Davis, Hermeto Pascoal



Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? L’art d’innover constamment.

Où écouter du jazz ? Dans la cuisine, entre trois et cinq heures du matin !

Comment découvrir le jazz ? Lâcher prise…


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un papillon,
Si j’étais une fleur, je serais un rhododendron,
Si j’étais un fruit, je serais une nashi (poire japonaise),
Si j’étais une boisson, je serais du Genmaicha (thé de riz brun),
Si j’étais un plat, je serais du guacamole,
Si j’étais une lettre, je serais  ,
(prononcez « ko », il s’agit du pictogramme japonais pour le mot « enfant »),
Si j’étais un mot, je serais arbre,
Si j’étais un chiffre, je serais 11,
Si j’étais une couleur, je serais orange,
Si j’étais une note, je serais Sol.


Les bonheurs musicaux

L’album Tao est sans doute le projet qui nous donne le plus de joie à ce jour, car il dépasse le cadre strictement musical : il s’agit en effet d’une véritable recherche personnelle qu’AfuriKo propose à l’auditeur, qui peut aboutir à une profonde transformation... Par ailleurs, depuis deux ans, c’est aussi pour AfuriKo le commencement d’un nouveau chapitre de vie à New York, dans le Queens, quartier multi culturel par excellence et qui abrite le plus vaste panel de populations au monde !


Sur l’île déserte…

Quels disques ?  A Voz e o Violão de Djavan, Saiyuki de Nguyên Lê, Ifrikya de Karim Ziad, Heavy Weather de Weather Report et Sanfona d’Egberto Gismonti.


Quels livres ?  L’Alchimiste de Paulo Coelho, Miles: The Autobiography de Davis et Quincy Troupe, The Jazz Piano Book de Mark Levine, Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, Effortless Mastery: Liberating the Musician Within de Kenny Werner.

Quels films ? L'Odyssée de Pi, Le Voyage de Chihiro, Mon voisin Totoro, La Vie rêvée de Walter Mitty, Coco…

Quelles peintures ? Jóhannes Sveinsson Kjarval et Hilma af Klint.

Quels loisirs ? Qigong et randonnée.


Les projets

Dans un premier temps, présenter l’album Tao sur scène, en club et dans les festivals, puis il sera temps de se lancer dans la création d’un nouveau disque…




Trois vœux…

Amour.

Harmonie.

Liberté.

22 juin 2019

Le Studio de l’Ermitage ouvre des voies


Le mardi 12 juin 2019, l’incontournable Studio de l’Ermitage accueille la soirée d’inauguration d’Open Ways. Open Ways est une association née du rapprochement d’Emouvance, compagnie créée par Claude Tchamitchian, Abalone Productions, structure montée par Régis Huby, et Solange, association fondée par Bruno Angelini. L’union fait la force…

La soirée se déroule en trois sets d’une quarantaine de minutes : Tchamitchian ouvre la soirée en solo avec son programme In Spirit, Huby poursuit avec le trio Codex III, puis Angelini conclut en quartet Open Land.


In Spirit

Tchamitchian élabore In Spirit en 2018 et sort un disque chez Absilone le 25 janvier 2019. Le contrebassiste commence par donner quelques explications sur ce projet. Quand il a conçu ce solo, il s’est rendu compte que sa contrebasse habituelle ne lui convenait pas. Grâce à Andy Emler et Anne Jenny-Clark, il a pu utiliser l’une des deux contrebasses de Jean-François Jenny-Clark

Le concert commence par « In Spirit », dédicacé à Jenny-Clark. Des pédales et boucles graves et profondes lancent majestueusement le morceau. Les lignes sourdes s’emballent ensuite pour une course en pizzicato à perte d’haleine. Dans une troisième partie, l’archet martèle les cordes et fait gronder la contrebasse comme un moteur, entraîné dans une suite rythmique aux résonnances harmoniques complexes. Le final, vif et mélodieux, est ponctué de glissandos aux accents orientaux et de motifs rapides.

La deuxième pièce de la soirée, « In Memory », trouve son origine dans le souvenir d’une mélodie ancienne de musique arménienne que Tchamitchian a joué en duo avec le kamenciste Gaguik Mouradian. Tchamitchian utilise une technique unique avec deux archets : l’un au-dessus du chevalet et l’autre en-dessous. Un bourdon caverneux accompagne une mélodie fragile aux couleurs moyen-orientales qui rappellent la sonorité du kamençe. Les développements alternent phrases legato, bariolages, doubles cordes et autres contrepoints… Tchamitchian termine par une variation solennelle, voire dramatique, avec une sonorité et une souplesse qui évoquent parfois celle du violoncelle.


Le timbre boisé et chaleureux et la variété de jeu qu’offrent les cordes font de la contrebasse un instrument solo d’autant plus captivant que Tchamitchian est un conteur-né !


Codex III

Huby a cofondé Codex III avec Bruno Chevillon à la contrebasse et Michele Rabbia aux percussions. La musique sera électro ou ne sera pas : le violoniste et le contrebassiste siègent au milieu d’une pléthore de pédales à effets ! Le batteur n’est pas en reste, avec un ordinateur portable à portée de mains…


Sur une ligne en pizzicato heurtée et les crépitements de la batterie, le violon commence par s’envoler dans des phrases aux couleurs contemporaines, émaillées de dissonances et de sauts d’intervalles. Dans un deuxième mouvement, très sombre et intense, le trio s’écoute attentivement pour interagir toujours à propos sur les bruitages lancés par l’ordinateur de Rabbia, les grincements électriques de Chevillon ou les effets réverbérés d’Huby. Un bourdon puissant, entre gong et avion, accueille un troisième tableau, qui s’oriente petit à petit vers des boucles mécanistes, soutenues par une batterie imposante. Dans la partie suivante, les sustains, martèlements rythmiques et autres tintinnabulements se mêlent à des bourdonnements, grondements et ronflements dignes d’un moteur ! Après cet épisode dense, des nappes sonores sourdes se déroulent lentement pendant que le violon joue une mélodie fragile, toujours dans un esprit proche de la musique contemporaine. La batterie met alors en place un rythme sec et mat, pendant que le violon aligne des contrepoints rapides sur un continuo de la contrebasse : l’ambiance tourne au rock progressif. Dans le final, un pizzicato cristallin, comme une sanza, égrène ses notes sur un décor électronique coupé de stridences saturées, qui évoque parfois la bande-son d’un film de science-fiction underground.  



Avec des traces de musique acousmatique et de rock progressif, Codex III possède une forte personnalité, sans concession et résolument tournée vers l’avant-garde expérimentale.




Open Land

C’est en 2014 qu’Angelini réunit Huby, Tchamitchian et Edward Perraud dans Open Land. Le quartet publie un premier disque, Instant Sharings, en 2015, suivi d’un deuxième opus éponyme en 2017, toujours sur le label du Studio La Buissonne.


Angelini commence par une introduction a capella délicate, avec des notes éparses. « Jardin perdu », exposé à l’unisson par Huby et Tchamitchian sur une pédale du piano, rappelle certaines mélodies du début vingtième. Perraud intervient subtilement sur ses cymbales et autres cloches. Les voix se croisent et les dialogues s’animent, mais toujours dans une atmosphère de musique de chambre, marquée par un romantisme moderne et élégant.

Des boucles et des ostinatos annoncent « Indian Imaginary Song ». Le violon et la contrebasse, à l’archet, emboîtent les pas du piano, tandis que la batterie foisonne. Le quartet met en scène le volume sonore, la diversité des timbres et les variations rythmiques, dans des échanges savoureux à bâton rompu.

« Perfumes of Quietness », dédié à Michel Serres, débute par une belle mélodie, exposée
sur un rythme solennel. Le piano développe le thème avec vivacité, accompagné par les traits minimalistes du violon, les riffs profonds de la contrebasse et une batterie luxuriante. S’ensuit un vrombissement venu de l’au-delà, bientôt interrompu par un ostinato hypnotique et un bruissement de batterie sur lesquels se détachent les phrases vulnérables du violon.

Hommage à John Taylor et aux arbres, « Tree Songs », démarre avec les lignes sombres de la contrebasse, les crissements de la batterie, le crépitement du piano et un bourdonnement en arrière-plan. Peu à peu, l’atmosphère du morceau devient nostalgique, voire triste : le violon déroule des lignes aériennes, la batterie bruisse et  la contrebasse joue des traits. Quant au piano, il reste lyrique et moderne. Le tout se déroule dans une ambiance qui flirte toujours avec la musique contemporaine.

En bis, le quartet part dans des dialogues rythmiques avec le piano dans les cordes, les motifs enlevés du violon, une ligne de contrebasse vigoureuse et des frappes heurtées de la batterie. Chevillon installe ensuite un riff entraînant et le quartet décolle : le violon part dans une mélodie aérienne, soutenue par l’ostinato grondant de la contrebasse, les cliquetis de la batterie et les accords robustes du piano.


Marqué par la musique contemporaine, le jazz de chambre d’Open Land invite l’auditeur à un voyage passionnant dans les méandres de ses constructions étranges et fascinantes.


15 juin 2019

Philos – Park Jiha


Après Communion, sorti en 2018, Park Jiha publie Philos le 14 juin 2019, toujours chez Glitterbeat Records. Dans ce nouvel opus, dont elle a composé tous les morceaux, Jiha joue en solo et utilise le réenregistrement pour superposer les lignes du piri (hautbois), yanggeum (tympanon), saenghwang (orgue à bouche), percussions, effets électro et vocalises.

Des airs lancinants (« When I Think Of Her »), des thèmes cinématographiques (« Walker: In Seoul »), des mélodies romantiques (« Philos »), des ritournelles aux accents folkloriques (« Arrival »)… mis en relief par des nappes de sons lointaines (« Pause »), des vocalises en contrechant (« When I Think Of Her »), des motifs minimalistes (« Walker: In Seoul »),  des  effets électros (« On Water »)… et soutenus par une rythmique à base d’ostinatos (« When I Think Of Her »), de boucles (« Thunder Shower »), de pédales (« Walker: In Seoul »)… Elégante et méditative, la musique de Philos puise dans la tradition coréenne (les instruments), l’ambient (l’atmosphère) et, dans une moindre mesure, de la musique répétitive (les décors).

Jiha décrit Philos comme l'évocation de « son amour pour le temps, l’espace et le son ». Tout est dit ! 

Le disque

Philos
Park Jiha
Park Jiha (voc, piri, saenghwang, yanggeum, électro).
Glitterbeat Records – GBCD 077
Sortie le 14 juin 2018

Liste des morceaux

01. « Arrival » (03:03).          
02. « Thunder Shower » (04:15).      
03. « Easy » (06:08).  
04. « Pause » (02:08).           
05. « Philos » (06:05).           
06. « Walker: In Seoul » (05:59).      
07. « When I Think Of Her » (05:12).           
08. « On Water » (04:17).

Toutes les compositions sont signées Jiha.

Forêt Ma Walki – Nicolas Lafourest


Nicolas Lafourest marie sa guitare et ses pédales avec le théâtre et le cirque, mais aussi avec la danse et, bien entendu, la musique… Outre son duo The And avec G.W. Sok, co-fondateur du groupe punk néerlandais The EX, Lafourest joue également en duo avec le guitariste Marc Sens, dans le trio Coddiwomple (en compagnie de Sok et du guitariste Olivier Mellano), le quartet Cannibales & Vahinés (toujours avec Sok, plus Fabien Duscombs à la batterie et Marc Drémereau au saxophone), ou encore le quintet Ostaar Klaké (avec Duscombs, Drémereau, Florian Nastorg au saxophone et Lina Lamont à la contrebasse)…

Forêt est le nom d’un spectacle en solo de Lafourest et Ma Walki, le deuxième enregistrement de ce projet qui sort le 16 avril 2019 en vinyle et en numérique sur le label Mr Morezon. Les dix morceaux ont été composés par le guitariste. Apparemment « ma walki » se réfère au combat, à la lutte… en polonais ! Ni les titres des morceaux, ni la paisible illustration d’Eela Laitinen, un golden retriever stylisé en rouge au milieu de traits bleus, ne laissent présager qu’il va y avoir de la bagarre !

Ma Walki fait la part belle aux thèmes-riffs (« Landmark »), déroulés dans des ambiances de rock alternatif (« Toddler »), blues (« Flynt »), folk (« Take Low »), voire country (« Ma Walki »). Les développements naviguent d’un minimalisme électro (« Smother ») à un rock progressif, avec des accords saturés qui déchirent les lignes mélodiques (« Breathless »). Lafourest malaxe les textures sonores : vibrations (« Toddler »), saturations (« Dim Star »), grésillements (« The Glade »), déflagrations (« Breathless »), Larsen (« Ebb Tide »), crépitements électro (« Smother »)… côtoient la sonorité à la fois claire et sèche de la guitare acoustique (« Ma Walki »).

Ma Walki nous emmène dans un voyage psychédélique peuplé de constructions sonores étranges, comme dans « un rêve étrange et pénétrant »…

Le disque

Forêt - Ma Walki
Nicolas Lafourest (g)
Mr Morezon 020
Sortie le 16 avril 2019

Liste des morceaux

01. « Toddler » (03:23).
02. « Landmark » (02:56).
03. « Breathless » (03:07).
04. « Take Low » (05:23).
05. « The Glade » (02:30).
06. « Smother » (04:02).
07. « Dim Star » (02:24).
08. « Flynt » (03:08).
09. « Ebb Tide » (03:07).
10. « Ma Walki » (04:36)

Tous les morceaux sont signés Lafourest

08 juin 2019

Improse Extended Trio au Studio de l’Ermitage…


Le 28 mai 2019, le Studio de l’Ermitage affiche complet pour le concert de sortie d’Improse Extended, disque du trio monté par le pianiste Thierry Eliez, avec Ivan Gélugne à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie.

En 2017 Eliez enregistre son premier disque en solo : Improse, néologisme inventé par le pianiste pour désigner ce « laps de temps où l’esprit se libère de la pensée », condition sine qua non pour toute improvisation. L’année suivante Eliez poursuit l’aventure en reprenant le répertoire avec son trio. Enregistré au Studio de Meudon et masterisé par Philippe Teissier Du Cros, le disque sort sur le label Dood Music, le 29 mars 2019.


Le soir du concert, le trio reprend les neuf morceaux du disque et « Entre Pierre et Loup » (tiré du disque en solo). Les thèmes sont signés Eliez, à l’exception de « Circum », composé par Ceilin Poggi.

« Intérieur Nuit » commence par une introduction sortie du début vingtième sur un Fazioli au son à la fois ardent et cristallin. Les balais de Ceccarelli et la ligne économe de Gélugne accompagnent le thème, qu’Eliez expose en sifflant à l’unisson. Le développement swingue, avec moult excursions dans le domaine des comptines et de la musique classique. Les motifs en shuffle de la contrebasse et les caresses des balais portent « Absinthe », une ballade qui finit par s’emballer. « Forango » – encore un néologisme – tire son nom du Forró (danse du nord-est brésilien) et du fandango (danse espagnole) : les cliquetis de la batterie, le riff de la contrebasse et l’ostinato du piano lancent ce morceau entraînant aux accents arabo-andalous, pimenté d’un solo de contrebasse mélodieux et d’un chorus de batterie à base de frisés et de pêches robustes. La « Rêverie » de Claude Debussy se partage entre envolées lyriques et subtilités mélodiques, soutenues par une rythmique inébranlable. Une ligne sourde de Gélugne souligne les crépitements contemporains
d’Eliez, puis les roulements serrés de Ceccarelli propulsent « Circum » dans une course-poursuite sur laquelle plane l’esprit bop : chabada relevés de rim shot et walking véloce accompagnent le discours virtuose du piano. Hommage à l’artiste Frida Kahlo, « Frida » mélange allègrement les genres : jeu dans les cordes, touches moyen-orientales, passage latino, accents balkaniques… « Satie », dédié à la fille d’Eliez, est une ritournelle mise en valeur par un ostinato de la main gauche et les traits à l’archet de la contrebasse. Le développement s’inscrit dans une veine classique, sans se départir d’un balancement élégant. « Triptyque » est un morceau joueur : d’abord en solo, les phrases heurtées d’Eliez se bousculent, émaillées de clins d’œil tirés de comptines, boogies, strides, swing… La contrebasse et la batterie rejoignent le piano pour une ballade qui vire petit à petit au post-bop, assaisonné d’un chabada aux petits oignons et d’une walking relevée de shuffle… Le chorus de Ceccarelli commence par des cliquetis aériens et se termine sur des frappes sèches et vigoureuses, avant que le morceau ne s’achève sur des notes bleues. Si « Entre Pierre et Loup » se réfère évidemment à l’œuvre de Sergueï Prokofiev, l’approche rythmique et la montée en tension rappellent Ahmad Jamal. En bis le trio joue « Incognition », morceau dynamique et touffu qui conclut également le disque.


Le lyrisme brillant d’Eliez allié à une rythmique impeccable, portée par le gros son boisé de Gélugne et le swing incomparable de Ceccarelli, est tout simplement réjouissant. Improse Extended pétille de malice.


Le disque

Improse Extended Trio
Thierry Eliez (p), Ivan Gélugne (b) et André Ceccarelli (d).
Dood Music
Sortie le 29 mars 2019





Liste des morceaux

01.  « Circum », Ceilin Poggi (05:51).
02.  « Satie » (05:44).
03.  « Absinthe » (07:47).
04.  « Forango » (05:40).
05.  « Rêverie » (05:13).
06.  « Intérieur Nuit » (05:45).
07.  « Frida » (06:07).
08.  « Triptyque » (07:53).
09.  « Incognition » (04:02).

Tous les morceaux sont signés Eliez, sauf indication contraire.