31 octobre 2019

A la découverte de Flavio Perrella


Sideman particulièrement actif avec déjà près d’une dizaine d’albums à son compteur, le contrebassiste Flavio Perrella sort un premier disque sous son nom en décembre, The Bowhopper. L’occasion de partir à la découverte de ce musicien, leader du Nuzut Trio, qu’il a formé en 2016 avec Simon Martineau à la guitare et Thomas Delor à la batterie…


La musique

Je voulais une guitare électrique pour Noël, mais mes parents m’ont offert une basse et le passage à la contrebasse s’est fait naturellement. J’ai d’abord commencé par apprendre la musique classique au conservatoire.

En Italie, je jouais autant dans des orchestres symphoniques que dans des combos de jazz, que j’avais découvert vers quatorze ans, en fouillant dans les disques de mon père. Ensuite, quand je suis venu étudier à Paris, je ne me suis consacré plus qu’au jazz et j’ai passé mon Diplôme d’études musicales au Conservatoire à Rayonnement Régional.

Je suis autant influencé par Kenny Wheeler, Ambrose Akinmusire, Charles Mingus, Larry Grenadier, Brad Mehldau, Thelonious Monk… que Johann Sebastian Bach ou Dimitri Chostakovich.


Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? De l’étonnement !

Pourquoi la passion du jazz ? Cette musique entraîne l’oreille vers des horizons inattendus, incompris...

Où écouter du jazz ? Dans la voiture ou assis sur un canapé… pour pouvoir se concentrer sur les solos... Mais, surtout, éviter les parcours uniformisés par les médias !

Comment découvrir le jazz ? Quand on aime un musicien ou un groupe, il faut chercher à découvrir son parcours musical.

Une anecdote autour du jazz ? La réponse de Monk au producteur :
- Quel est le nom du morceau que tu viens d’enregistrer ? 
- Well, You Needn’t...
… Qui en est devenu le titre !


Flavio Perrella (c) M. Jacques


Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un porc épic,
Si j’étais une fleur, je serais une tulipe,
Si j’étais une boisson, je serais du vin rouge,
Si j’étais un plat, je serais des tes aux anchois,
Si j’étais une lettre, je serais N,
Si j’étais un mot, je serais liège,
Si j’étais une note, je serais Fa #.


Les bonheurs et regrets musicaux

Je suis particulièrement heureux de The Bowhopper, premier album sous mon nom, et regrette de ne pas avoir décidé de monter un projet en tant que leader plus tôt !


Sur l’île déserte…

Quels disques ? Angel Song  de Wheeler et When the Heart Emerges Glistening d’Akinmusire. 

Quels livres ? Le Naufragé de Thomas Bernhard.

Quels films ? Les ailes du désir de Wim Wenders.

Quelles peintures ? Saint Jean Baptiste de Léonard de Vinci.

Quels loisirs ? Les échecs.




Les projets

En dehors du Nuzut Trio et des différentes formations dans lesquelles je joue, en ce moment je travaille sur un projet de contrebasse solo.


Trois vœux…

1. Davantage d’ouverture de la part des programmateurs et de la presse pour les nouveaux projets...
2, Avoir toujours la chance de pouvoir vivre de la musique que j’aime !
3. Un contexte musical (et un public !) plus attentif aux qualités artistiques et à la créativité des musiciens qu’à celles du marketing...

26 octobre 2019

La Dynamo fait le pont…

Vendredi 18 octobre 2019 The Bridge fête son sixième anniversaire à La Dynamo, après être passé par le Musée d’Aquitaine et le Rocher de Palmer à Bordeaux, et avant d’investir l’Espace Cardin à Paris. Quelque chose comme un festival… propose des concerts, bien sûr, mais aussi des rencontres professionnelles et un colloque autour de W.E.B. DuBois.

Depuis 2013 The Bridge établit un pont musical entre des artistes français et américains en organisant des tournées de Chicago à Paris et vice-versa... L’association produit on seulement des concerts, plus de cent musiciens y ont participé, mais aussi des événements très variés : master-class, conférences, débats, spectacles de danse, magie, cirque, poésie… En 2017, The Bridge s’est doté d’un label – The Bridge Sessions – et d’une agence artistique – Passerelle. De 2019 à 2025, The Bridge entame un deuxième cycle qui s’annonce aussi fournit que le premier.

Pour le double concert de La Dynamo, The Bridge programme deux quintets : The Bridge #12 - Sea Angels et The Bridge # 3 - The Turbine!. En ouverture de la soirée, dans le grand hall de La Dynamo, une vingtaine d’adolescents de l’After School, Maters de Chicago donne un concert enjoué, qui laisse présager de belles vocations. Invitée d’honneur, une cinquantaine de jeunes assiste à la soirée, applaudisse copieusement les musiciens, surjoue leur enthousiasme et mette une ambiance plutôt incongrue dans un concert de musique d’avant-garde, mais l’écoute est respectée.



Sea Angels
The Bridge #12

Ce premier quintet présente la particularité de n’être constitué que de musiciens d’air : Lisa E. Harris au chant et au thérémine, Nicole Mitchell aux flûtes, Christian Pruvost aux trompettes, Lionel Garcin aux saxophones et Christophe Rocher aux clarinettes. C’est en 2016 que The Bridge #12 est formé, avec David Boykin aux saxophones et clarinettes, mais sans Harris. Le quintet vient de se baptiser Sea Angels, les anges de mer, des petits mollusques (autour de cinq centimètres) quasiment transparents qui nagent au large… Tout un symbole ! Pendant le set, des vidéos et autres images marines sont projetées derrière les musiciens. Les musiciens dialoguent sans discontinuer pendant une trentaine de minutes. 


Des bribes de phrases noyées dans des cris, sanglots, éructations, aboiements et autres vocalises écorchées... Des esquisses de mélodies étouffées dans les envolées tonitruantes des flûtes, les volutes débridées des trompettes, les nappes mystérieuses du thérémine, les cavalcades impétueuses des clarinettes et les effets échevelés des saxophones… D’un foisonnement déchaîné à un caquètement effréné, avec juste quelques accalmies en « trompe-l’oreille », la musique de Sea Angels n’a rien d’un long fleuve tranquille, mais bien d’un périple océanique mouvementé !

Une sensibilité à fleur de doigts et un expressionnisme sans concession : Sea Angels passe de hurlements « ayleriens » à des discours contemporains, dans un maelstrom de sculptures sonores inouïes.


The Turbine!
The Bridge #3

L’instrumentation du deuxième quintet diffère totalement du premier, mais reste tout aussi inhabituelle : deux contrebasses et trois batteries ! Créé en 2014 à l’occasion de Sons d’hiver, The Bridge #3, alias The Turbine!, rassemble Harrison Bankhead et Benjamin Duboc aux contrebasses, Hamid Drake et Ramón Lopéz aux batteries, et, pour la première, Marc Ducret à la guitare. Cinq ans plus tard, Ducret n’est pas de la partie, Bankhead, retenu pour des raisons de santé, est remplacé par Thibault Cellier, et Mike Reed se joint à Drake et López.


Comme le souligne avec humour Alexandre Pierrepont, infatigable animateur de The Bridge, « The Turbine à la Dynamo… c’est un peu une machine à sons... » : pendant près d’une heure, les cinq hommes ferraillent sans temps morts. Quand Drake crépite, López cingle et Reed bruisse, tandis que Cellier gronde et Duboc vibre. Aux passages musclés succèdent quelques courts moments plus tranquilles portés par les complaintes des archets, le grincement des cymbales, le crissement des peaux et le tintement du métal, dans un foisonnement mystérieux proche de la musique contemporaine. Puis le moteur repart de plus bel et quand Drake lance ses roulements furieux, López lui répond par des cliquetis effrénés, Reed rétorque avec des tintinnabulements cristallins, Cellier réplique à coup d’ostinatos furibonds et Duboc riposte par des vrombissements boisés.

Soixante minutes extatiques, entre frénésies rythmiques et dialogues percussifs contemporains, The Turbine porte bien son nom et propulse implacablement les auditeurs dans la stratosphère musicale !


La surprise

Même si tout le monde s’y attendait plus ou moins, c’est une belle surprise de voir les Sea Angels rejoindre The Turbine pour une vingtaine de minutes d’improvisation totale. La pression monte progressivement, portée par les gémissements des soufflants, les plaintes des contrebasses et les roulements des tambours. Le mouvement d’ensemble va crescendo, dans une atmosphère où mystère et majesté se disputent la vedette, puis, tandis que la rythmique installe un grondement puissant en arrière-plan, voix, flûte, saxophone, trompette et clarinettes se livrent un ballet de courses-poursuites qui passent du forte au pianissimo et d’élans débridés à des bribes de motifs mélodiques.


Les dix musiciens connaissent parfaitement le jeu des questions-réponses spontanées et leurs échanges sont intenses de la première à la dernière note.

The Bridge est une initiative formidable et souhaitons que le deuxième cycle soit aussi fructueux et passionnant que ne le fut le premier.

16 octobre 2019

A Universe that Roasts Blossoms for a Horse - Širom


Fondé en 2012, le label allemand Glitterbeat, dont la ligne éditoriale tourne autour des musiques du monde, a créé tak:till il y a deux ans pour sortir des disques dédiés aux musiques instrumentales entre tradition et futurisme, ce « Fourth World » de Jon Hassell.

A Universe that Roasts Blossoms for a Horse est le troisième disque de Širom et le deuxième pour tak:till, après I Can Be A Clay Snapper, publié en 2017. Širom est un trio de multi-instrumentistes venu de Slovénie : si les trois musiciens jonglent avec des percussions, instruments du monde et autres objets divers, Ana Kravanja est plutôt dans les cordes (violon, alto, ribab) et les flûtes, Iztok Koren joue du banjo et Samo Kutin passe d’une vielle à une lyre ou à un mélodica.

Les cinq compositions du disque sont signées Širom. Un bourdon, des vocalises aux accents orientaux, un foisonnement de percussions, quelques effets électro agrémentés de phrases acidulées, « A Washed out Boy Taking Fossils from a Frog Sack » ouvre l’album sur une ambiance plutôt world. « Sleight of Hand with a Melting Key » est un morceau d’un quart d’heure qui s’articule en plusieurs tableaux : le démarrage reste dans une veine world avec une mélodie-riff du banjo, bientôt enrichie de contre-chants qui forment des cellules rythmiques imbriqués dans l’esprit de la musique répétitive ; une transition avec des frappes rapides sur les balafons, soutenus par des sons synthétiques évanescents, annonce un nouveau mouvement dans la lignée de la musique minimaliste : phrases répétitives enchevêtrées qui évoluent avec des variations subtiles ; la mélodie du banjo, les percussions enlevées et les flûtes de la dernière partie évoquent davantage le Moyen-Age, mais toujours avec une appétence pour la transe. « A Pulse Expels Its Brothers and Sisters » commence sur un rythme rapide incantatoire, parsemé de tintinnabulements, puis une flûte et des gamelans introduisent une atmosphère asiatique, bientôt remplacée par une mélodie élégante et fragile qui penche vers la folk. Les tambours, les vocalises, la comptine reprise par les cordes et le mélodica en arrière-plan plongent « Low Probability of a Hug » dans la world, avec, toujours, des développements basés sur des répétitions de motifs superposés. A Universe that Roasts Blossoms for a Horse s’achève sur « Same as the One She Hardly Remembered », un morceau enlevé, porté par le banjo, des rubatos, une tournerie du violon et des juxtapositions soignées de lignes mélodico-rythmiques, un peu dans un style folklorique.

Avec A Universe that Roasts Blossoms for a Horse, Širom réussit à créer son univers, fait de world, folk, musique répétitive et ambient… Avis aux oreilles amatrices !

Le disque

A Universe that Roasts Blossoms for a Horse
Širom
Iztok Koren (bj, perc), Ana Kravanja (vl, perc, voc) et Samo Kutin (perc, voc).
tak:til – GBCD 079
Sortie le 30 août 2019

Liste des morceaux

01. « A Washed out Boy Taking Fossils from a Frog Sack » (2:43).
02. « Sleight of Hand with a Melting Key » (15:16).
03. « A Pulse Expels Its Brothers and Sisters » (9:26).
04. « Low Probability of a Hug » (7:50).
05. « Same as the One She Hardly Remembered » (8:28).

Tous les morceaux sont signé Širom.

14 octobre 2019

YR 3 fait décoller le Studio de l’Ermitage…

YR 3 n’est pas le nom d’un astéroïde ou d’une fusée interplanétaire, mais celui du nouveau trio d’Yvan Robillard avec Laurent David à la basse et Eric Echampard à la batterie. Le 10 octobre 2019, au Studio de l’Ermitage, YR 3 célèbre la sortie de Big Rock chez Klarthe Jazz.

Robilliard alterne les disques en solo, Mouvance en 2005 et The Unspoken en 2017, et en trio avec Intuitions en 2010 et Big Rock en 2019. Cet opus est consacré à la lune, foulée par l’homme pour la première fois il y a cinquante ans, le 21 juillet 1969… Neuf compositions sont signées Robilliard, et « Namaï » est librement inspiré de « Naïma » de John Coltrane. Des voix off s’intercalent entre les morceaux : le décompte du lancement de Saturn V et Harrison Schmitt lors de la mission Apollo 17, la dernière sur la lune, mais aussi Buzz Aldrin pendant Apollo 11, la première… ou encore, Coltrane et Julien Bassères, l’ingénieur du son de Big Rock.



Dans le noir, une voix off récite d’abord un texte cinématographique qui explique la démarche de Big Rock : c’est un voyage dans l’espace, du décollage jusqu’au retour sur terre, en passant par la lune – le « gros caillou ». Ce voyage spatial sera accompagné de jeux de lumières entre ombres et poursuites. Pendant que les musiciens s’installent, un clip montre le trio qui déambule dans un quartier où les habitants enfilent des lunettes pour observer la lune, avec la musique de Big Rock en bande-son. Après cette introduction, le décollage est imminent et l

Dès « Spirit », le ton est donné : claviers incantatoires, basse profonde et batterie foisonnante. Le phrasé élégant du piano et les mélodies teintées de romantisme n’empêchent pas Robilliard de participer activement aux développements rythmiques. Chaque morceau alterne d’ailleurs tempêtes et accalmies. Après « Rocket Launch », le compte à rebours de Cap Carnaveral, « Push » décolle sur les slap de la basse, puis s’envole dans un rock funky poussé par les frappes fougueuses d’Echampard, les riffs entraînants de David et les motifs psychédéliques de Robilliard. Une nappe de sons lointains enveloppe la mélodie cristalline et stratosphérique de « Space », interprétée par le synthétiseur. La basse, sourde, et la batterie, massive, font monter la tension, avant que David ne prenne un solo à la Jaco Pastorius et que les ostinatos et autres pédales lancinantes du clavier sur une rythmique binaire finissent par faire exploser la fusée !

« Float », dédié au père de Robilliard, se déroule dans une ambiance mélancolique, accentuée par le bruissement des cymbales, les bruitages mystérieux de la basse et la mélodie aux accents nostalgiques. La voix de Schmitt découvrant la lune sert de transition à un « Big Rock » survolté : Echampard en met partout à force de roulements rapides, secs, mats et furieux, David fait vrombir sa basse et Robilliard plaque des lignes hypnotiques. « Sphere » prolonge cette ambiance rock, porté par la transe des claviers, les motifs sourds de la basse et les martèlements étouffés de la batterie. YR 3 atterit avec « Moove It (On Earth) », encore un thème aux articulations rock, renforcées par le synthétiseur qui joue les guitar heroes sur les arpèges véloces de la basse et les coups redoublés de la batterie. En bis, « Namaï » démarre en suspension et, après un chorus agile de David, le morceau se transforme en un blues particulièrement entraînant.




Un nouveau clip centré sur l’enregistrement de Big Rock sert de conclusion  au concert, avec le trio qui s’amuse à échanger ses instruments dans un ballet dada comique. Robilliard, David et Echampard jouent une musique dense pour une soirée intense !

Le disque

Big Rock
YR 3
Yvan Robilliard (p), Laurent David (b) et Eric Echampard (d).
Klarthe Jazz – KRJ021
Sortie le 11 octobre 2019

Liste des morceaux

01. « Spirit » (9:48).
02. « Go In The Sky » (3:18).
03. « Push » (4:01).
04. « Rocket launch », Apollo 17 (0:29).
05. « MoOve It (during launch) » (1:58).
06. « Space » (8:13).
07. « Float » (4:49).
08. « BuzZ Sings », Buzz Aldrin - Apollo 11 (0:24).
09. « Namaï », Robilliard et John Coltrane (4:27) .
10. « Look Rock at there ! », Harrison Schmitt - Apollo 17 (0:14).
11. « Big Rock » (4:13).
12. « SpherE » (5:24).
13. « Return to Planet Earth », Julien Bassères (0:48).
14. « MOove It (on Earth) » (8:39).

Tous les morceaux sont signés Robilliard, sauf indication contraire.

12 octobre 2019

Sur le quai en octobre…

Seul à la barre de Jazz à bâbord, il n’est malheureusement pas toujours possible d’embarquer tous les disques qui veulent lever l’ancre chaque mois ! Voici ceux qui sont sur le quai en octobre…

Ivresse
Trio Viret
Mélisse – MEL666027
Sortie le 13 septembre 2019






Le JarDin
Julien Dubois
Julien Dubois (as), Simon Chivallon (kbd), Ouriel Ellert (b) et Gaétan Diaz (d), avec Elise Caron (voc) et Sylvain Rifflet (ts).
Déluge – DLG001
Sortie en octobre 2019






Epris par cœur
Laurent Damont
Maxime Berton (ss, bcl), Guillaume Lattil (cello), Laurent Damont (p) et Natascha Rogers (perc, voc).
LD Records
Sortie le 10 octobre 2019






Big Rock
YR 3
Yvan Robilliard (p), Laurent David (b) et Eric Echampard (d).
Klarthe Jazz – KRJ021
Sortie le 11 octobre 2019





Looking Forward
Mikael Godée – Eve Beuvens Quartet
Mikael Godée (ss), Eve Beuvens (p), Magnus Bergström (b) et Johan Birgenius (d).
Igloo Records – IGL296
Sortie le 11 octobre






Fly Fly
Céline Bonacina
Céline Bonacina (bs, ss, kayamb, voc), Pierre Durand (g), Chris Jennings (b) et Jean-Luc Di Fraya (d, perc, voc).
Cristal Records – CR 289
Sortie le 18 octobre 2019







Being Wild
Longboard
Alban Darche (sax, cl, kbd), Matthieu Donarier (sax, cl) et Meivelyan Jacquot (g, elec, perc, d).
Yolk Records – J2078
Sortie le 18 octobre 2019





2.0
Stéphane Belmondo & Sylvain Luc
Stéphane Belmondo (tp, bg) et Sylvain Luc (g).
Naïve – NJ7077
Sortie le 18 octobre 2019







Organic Machines
Pol Belardi’s Force
David Fettmann (as), Jérôme Klein (p), Pol Belardi (b) et Niels Engel (d).
Cristal Records – CR296
Sortie le 10 novembre 2019






Altérité
Naïssam Jalal (fl, voc), Guillaume Latil (celle, voc), Edourad Ferlet (p) et Sonny Troupé (d, perc, voc).
Mélisse – MEL666028
Sortie le 25 octobre 2019

07 octobre 2019

The Nearness of You – Marie Carrié


Musicienne depuis toujours et venue au jazz il y a une quinzaine d’années, la chanteuse Marie Carrié a déjà enregistré deux disques en duo avec le guitariste Yann Penichou. Pour The Nearness of You, qui sort sur le label Black & Blue en octobre 2019, Carrié et Penichou s’entourent d’un quartet de haut vol : Alex Golino au saxophone ténor, Nicholas Thomas au vibraphone, Fabien Marcoz à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie.

Au programme, huit standards du Tin Pan Alley (« Don’t Blame Me », « The Best Thing For you », « Just In Time »…) et deux morceaux signés Clifford Brown,(« Joy Spring » et « Sandu »). Un timbre plutôt haut, à peine feutré, une diction claire et une mise en place efficace : Carrié passe d’une interprétation bop (« Joy Spring ») chaloupée (« Don’t Blame Me »), vive (« Just In Time ») et parsemée de scat (« Sandu ») à des ballades nonchalantes (« The Nearness of You ») et décontractées (« Little Niles »), mais toujours pleine de swing (« Spring Can Really Hang Up You Up The Most »). Dans ce contexte be et hard bop, Marcoz et Benhammou forment une paire rythmique de premier choix. Alliés au chabada imperturbable (« Misty ») de la batterie, la walking inébranlable (« The Best Thing For You ») et les shuffle entraînants (« Lullaby of The Leaves ») de la contrebasse maintiennent une tension salutaire pour les solistes. La fluidité du vibraphone et sa sonorité cristalline apportent de la légèreté à la section rythmique (« Joy Spring »). Le jeu aérien de Thomas met en relief les ballades (« Little Niles ») et ses solos balancent joyeusement (« Lullaby of The Leaves »). Golino joue dans une veine Blue Note (« Misty ») enlevée (« Joy Spring ») et robuste (« Lullaby of The Leaves »), avec accents « Getziens » dans les ballades (« Little Niles »). Quant à Penichou, il renforce la section rythmique avec des lignes d’accords solides (« Don’t Blame Me »), soutient les solistes avec des contrepoints habiles (« The Nearness of You »), prend des solos véloces (« Just In Time ») avec, parfois, un phrasé qui rappelle la West Coast (« Sandu »).

Dans la lignée des chanteuses bop, Carrié chante avec une énergie et un plaisir communicatifs !

Le disque

The Nearness of You
Marie Carrié
Marie Carrié (voc), Alex Golino (ts), Yann Penichou (g), Nicholas Thomas (vib), Fabien Marcoz (b) et Mourad Benhammou (d).
Black & Blue – BB 1080 2
Sortie le 4 octobre 2019

Liste des morceaux

02. « The Nearness of You », Hoagy Carmichael & Ned Washington (06:26).
03. « Misty ». Erroll Garner (05:17).
04. « Don’t Blame Me », Jimmy McHugh & Dorothy Fields (03:43).
05. « The Best Thing For You », Irving Berlin (03:34).
06. « Little Niles », Randy Weston & Jon Hendricks (07:39).
07. « Just In Time », Jule Styne & Betty Comden (03:31).
08. « Lullaby of The Leaves », Bernice Petkere & Joe Young (04:34).
09. « Spring Can Really Hang Up You Up The Most », Tommy Wolf & Fran Landesman (06:35).
10. « Sandu », Clifford Brown (04:32).

06 octobre 2019

Dichotomie’s - Daniel Zimmermann


Daniel Zimmermann continue de publier un disque tous les trois ans : après Bone Machine en 2013 et Montagnes russes en 2016, Dichotomie’s poursuit la série et sort en novembre 2019 chez Label Bleu. Le tromboniste reste sur une formule en quartet, mais change de section rythmique : la guitare (Maxime Fougère et Pierre Durand) laisse sa place au piano et synthétiseur de Benoît Delbecq, et la paire Jérôme Regard Julien Charlet est remplacée par la saxophone basse de Rémi Sciuto et la batterie de Franck Vaillant. Côté répertoire, Zimmermann signe les neufs morceaux et, à son habitude, s’amuse avec les titres des morceaux : des vacances dans un petit village des Hautes-Pyrénées, le beurre et son argent, la danse d’un crapaud buffle…

Zimmermann soigne ses mélodies comme des standards (« Little Sun »), plutôt énergiques (« Le Monde d'après »), pleines d’humour (« Summer in Barrancoueu »), voire burlesques (« Les Moutons de Panurge »), mais parfois aussi empreintes de gravité (« Eclipse »). Dans les développements, le trombone met en place des ambiances très variées, qui vont de l’atmosphère nonchalante de la West Coast (« Little Sun ») à des jeux expressifs de techniques étendues (« Vieux robot »), en passant par une danse vintage (« Summer in Barrancoueu »), un climat funky (« Toad Buffalo Courtship Dance »), avec des touches latino (« Eclipse »), contemporaines (« Volatiles ») et, bien sûr, rock (« The Butter & the Money ») . L’instrumentation inhabituelle de la section rythmique, avec un saxophone basse au lieu de la traditionnelle contrebasse, ne lui enlève pas une once de force ni de souplesse. Les lignes économes (« The Butter & the Money »), les walkings (« Les Moutons de Panurge ») ou les riffs entraînants (« Vieux robot ») de Sciuto assurent une carrure solide et sa maîtrise du mastodonte de la famille des saxophones lui permet de dialoguer en contre-chant avec le trombone (« Eclipse ») et de prendre des solos fluides (« Volatiles »). Le drumming impulsif et foisonnant de Vaillant apporte une impulsion rock (« The Butter & the Money ») et dansante (« Summer in Barrancoueu ») au quartet. Son jeu charnel (« Eclipse ») et puissant (« Toad Buffalo Courtship Dance ») maintient une tension de tous les instants. Delbecq alterne un jeu dans un style contemporain (« Volatiles ») avec des questions – réponses malicieuses (« The Butter & the Money »), des accompagnements plus subtils les uns que les autres, tantôt chaloupés (« Toad Buffalo Courtship Dance »), tantôt sobres (« Little Sun »), ou wawa, au synthétiseur (« Les Moutons de Panurge »).

« Division de concept en deux concepts contraires couvrant l'étendue du concept » . Cette définition (Reverso) de la Dichotomie’s va comme un gant à l’approche de Zimmermann et de ses compères : leur musique rassemble musiques savantes et populaires dans un creuset jouissif.

Le disque

Dichotomie’s
Daniel Zimmermann
Daniel Zimmermann (tb), Rémi Sciuto (bs), Benoit Delbecq (p, syn) et Franck Vaillant (d).
Label Bleu – LBLC6732
Sortie le 15 novembre 2019

Liste des morceaux

01. « The Butter & the Money » (07:28).
03. « Les Moutons de Panurge » (02:45).
04. « Vieux robot » (05:58).
05. « Eclipse » (06:33).
06. « Summer in Barrancoueu » (07:09).
07. « Volatiles » (05:57).
08. « Toad Buffalo Courtship Dance » (06:52).
09. « Le Monde d'après » (07:25).

Tous les morceaux sont signés Zimmermann.