Etienne de La Sayette,
qui s’illustrait déjà, entre autres, dans l’éthio-jazz avec Akalé Wubé,
s’attaque à présent à la pop coréenne des années soixante.
Bae Ho est un
crooner coréen né en 1942 et décédé en 1971. Malgré sa courte carrière, avec
plus de trois cents chansons à son actif, Bae Ho fut l’un des chanteurs coréens
les plus populaires, avant de tomber dans un oubli quasiment complet... jusqu’à
ce que de La Sayette le remette sur le devant de la scène !
Pour ce périple coréen, à l’exception du guitariste Giani Caserotto (BZ), de La Sayette
s’entoure d’habitués du label Bruit Chic : Victor Michaud (Wunderbar Orchestra) au cor et aux claviers, François Chesnel (Japanese Song) au piano
et Stefano Lucchini (La Brasserie Moderne) à la batterie.
Les cinq morceaux de BaeshiBang sont – évidemment – des tubes chantés par Ho, aux titres
évocateurs : « Au-delà du soleil », « Le radeau de
Hwangpo », « La voix de l’aimée », « Le chemin dans la
nuit » et… « Vous ».
A la fois entraînante et subtile, la musique de Baeshi Bang rend un bel hommage à Bae
Ho. Les mélodies, simples et chantantes, paraissent familières, un peu comme des
thèmes de cinéma (« Téyangé Jopion »). Cette impression de musique de
film est également renforcée par les voix off (dialogue dans « Téyangé
Jopion », voix lointaine dans « Imé Moksoli »). Dans l’ensemble,
Baeshi Bang expose fidèlement les chansons (« Chot Kil »). Le quintet
joue sur sa sonorité pour accentuer certains effets – ostinato lancinant
au piano (« Téyangé Jopion »), foisonnement électro (« Imé
Moksoli »), riffs hypnotiques (« Tang Shin »)… –, mais aussi pour mettre du relief dans le
déroulé des morceaux : jeux de voix (décalage, superpositions,
contrepoints… « Chot Kil »), échange solennel entre la guitare et le
piano (« Imé Moksoli »), questions-réponses et unisson autour du
thème entre le saxophone ténor et le cor (« Tang Shin »), ambiance
extrême orientale sur rythme rock’n roll (« Hwangpo Tooté »), ballade
coltranienne du ténor sur un fourmillement de clusters, de saturation et de
bruissement (« Imé Moksoli »)… Le quintet interagit constamment :
c’est bien le Baeshi Bang au complet qui incarne Bae Ho, et non pas l’un des
instruments en particulier.
Sous des dehors frivoles, Baeshi
Bang dégage un léger parfum nostalgique, un peu comme un pierrot : une
musique gaiement triste…
Le disque
Baeshi Bang
Etienne de la Sayette (ts, fl, kbd), Victor Michaud (cor, kbd),
François Chesnel (p), Giani Caserotto (g) et Stefano Lucchini (d).
BruitChic – BC005
Sortie en octobre 2014
Liste des morceaux
01. « Téyangé
Jopion », Karl-Erik Welin (5:43).
02. « Imé
Moksoli », Baek Young Ho (7:51).
03. « Hwangpo
Todté », Baek Young Ho (3:58).
04. « Chot
Kil », Baek Young Ho (4:30).
05. « Tang
Chin », Na Kyu Ho (6:30).