30 août 2015

Baeshi Bang

Etienne de La Sayette, qui s’illustrait déjà, entre autres, dans l’éthio-jazz avec Akalé Wubé, s’attaque à présent à la pop coréenne des années soixante.

Bae Ho est un crooner coréen né en 1942 et décédé en 1971. Malgré sa courte carrière, avec plus de trois cents chansons à son actif, Bae Ho fut l’un des chanteurs coréens les plus populaires, avant de tomber dans un oubli quasiment complet... jusqu’à ce que de La Sayette le remette sur le devant de la scène !

Pour ce périple coréen, à l’exception du guitariste Giani Caserotto (BZ), de La Sayette s’entoure d’habitués du label Bruit Chic : Victor Michaud (Wunderbar Orchestra) au cor et aux claviers, François Chesnel (Japanese Song) au piano et Stefano Lucchini  (La Brasserie Moderne) à la batterie.

Les cinq morceaux de BaeshiBang sont – évidemment – des tubes chantés par Ho, aux titres évocateurs : « Au-delà du soleil », « Le radeau de Hwangpo », « La voix de l’aimée », « Le chemin dans la nuit » et… « Vous ».

A la fois entraînante et subtile, la musique de Baeshi Bang rend un bel hommage à Bae Ho. Les mélodies, simples et chantantes, paraissent familières, un peu comme des thèmes de cinéma (« Téyangé Jopion »). Cette impression de musique de film est également renforcée par les voix off (dialogue dans « Téyangé Jopion », voix lointaine dans « Imé Moksoli »). Dans l’ensemble, Baeshi Bang expose fidèlement les chansons (« Chot Kil »). Le quintet joue sur sa sonorité pour accentuer certains effets – ostinato lancinant au piano (« Téyangé Jopion »), foisonnement électro (« Imé Moksoli »), riffs hypnotiques (« Tang Shin »)…  –, mais aussi pour mettre du relief dans le déroulé des morceaux : jeux de voix (décalage, superpositions, contrepoints… « Chot Kil »), échange solennel entre la guitare et le piano (« Imé Moksoli »), questions-réponses et unisson autour du thème entre le saxophone ténor et le cor (« Tang Shin »), ambiance extrême orientale sur rythme rock’n roll (« Hwangpo Tooté »), ballade coltranienne du ténor sur un fourmillement de clusters, de saturation et de bruissement (« Imé Moksoli »)… Le quintet interagit constamment : c’est bien le Baeshi Bang au complet qui incarne Bae Ho, et non pas l’un des instruments en particulier.

Sous des dehors frivoles, Baeshi Bang dégage un léger parfum nostalgique, un peu comme un pierrot : une musique gaiement triste…

Le disque

Baeshi Bang
Etienne de la Sayette (ts, fl, kbd), Victor Michaud (cor, kbd), François Chesnel (p), Giani Caserotto (g) et Stefano Lucchini (d).
BruitChic – BC005
Sortie en octobre 2014

Liste des morceaux

01. « Téyangé Jopion », Karl-Erik Welin (5:43).
02. « Imé Moksoli », Baek Young Ho (7:51).
03. « Hwangpo Todté », Baek Young Ho (3:58).
04. « Chot Kil », Baek Young Ho (4:30).
05. « Tang Chin », Na Kyu Ho (6:30).