Marcus Strickland
fait partie de cette génération de musiciens virtuoses qui fusionnent tradition
jazz, poly-rythmes groovy et éléments de variété noire américaine, à l’instar
du RnB, rap, funk... Remarqué aux côtés de Roy
Haynes, Jeff « Tain »
Watts, Dave Douglas Keystone, Lonnie Plaxico…
Après At Last
(2001) et Brotherhood (2003),
enregistrés en quartet avec Jeremy Pelt,
Robert Glasper et Brandon Owens pour Freshsound New
Talent, Strickland forme son groupe Twi-Life et son label Strick Muzik au mitan
des années 2000. Un premier album éponyme sort en 2005, suivi d’Open Reel Deck en 2007. En parallèle, Strickland
monte un nouveau quartet avec David
Bryant au piano, Ben Williams à
la basse et son frère, E.J. Strickland,
à la batterie. Leur premier opus, Of Song,
est publié par Criss Cross en 2009, avec la participation de la harpiste Brandee Younger. Chez Strick Music, Idiosyncrasies paraît en 2009 (sans
Bryant), suivi des deux volumes Triumph
of the Heavy (2011). Mais c’est avec Twi-Life que Strickland retourne dans
les studios pour Nihil Novi, qui sort
chez Blue Note, le 15 avril 2016.
Strickland signe les quatorze titres et confie la production
de Nihil Novi à Meshell Ndegeocello. Twi-Life est composé de Keyon Harrold à la trompette, Mitch
Henry et Masayuki Hirano aux
claviers, Kyle Miles à la basse et Charles Haynes à la batterie.
Strickland fait également appel à la voix de Jean Baylor pour « Talking Loud », « Alive » et
« Inevitable » et de nombreux invités qui interviennent au fil des morceaux.
Dès « Tic Toc », l’influence de M’Base est
évidente : thème mélodieux, plans superposés, nappes électro, motifs de
basse profonds et polyrythmie groovy. « Cycle », « Drive »
et « Celestelude » s’inscrivent également dans cette lignée. Même si,
dans l’ensemble, la direction de Nihil
Novi reste cohérente, Strickland varie les ambiances. « The
Chant » est une prise en public avec, toujours, ces mélodies entraînantes
sur des percussions dansantes, teintées de funk. Une approche musicale qui se
retrouve chez Ambrose Akinmusire, Kamasi Washington, voire Esperanza Spalding. La patte
Ndegeocello... L’afrobeat s’invite également sur « Sissoko’s Voyage » et dans « Mirrors ». Deux textes-poèmes servent d’intermèdes : « Mantra »,
récité par Harrold, et « Cherish Family », par E.J. Strickland. « Truth »
se déroule dans un esprit similaire, sur une ligne mélodique touchante,
déroulée à la clarinette par Strickland. L’hommage éponyme à Charles Mingus est construit sur une
série de contrepoints élégants soutenus par une rythmique enjouée. Quand Bayor
intervient, la balance penche vers le RnB
avec des arrangements soignés dans une veine variété classieuse.
Strickland a choisi le titre de son nouvel opus à bon
escient : Nihil Novi – « rien de
nouveau » – ne révolutionne effectivement pas le jazz, mais le disque est
bien dans l’air du temps : des belles mélodies mises en relief par des
arrangements efficaces et des rythmes puissants, le tout servi par des
musiciens irréprochables.
Le disque
Nihil Novi
Marcus Strickland's Twi-Life
Marcus Strickland (as, voc, ts, b cl, ss, elec), Keyon Harrold (tp, voc, bugle), Mitch Henry (kbd, org, voc), Masayuki Hirano (voc, kbd), Kyle Miles (b) et Charles Haynes (d), avec Jean Baylor (voc), E.J. Strickland (voc, d), Pino Palladino (b), Meshell Ndegeocello (b), James Francies (kbd), Chris Dave (d), Chris Bruce (g) et Robert Glasper (p).
Blue Note
Sortie le 16 avril 2016
Liste des morceaux
01. « Tic Toc » (3:45).
02. « The Chant » (2:45).
03. « Talking Loud » (4:31).
04. « Alive » (5:38).
05. « Sissoko's Voyage » (4:39).
06. « Mantra » (1:18).
07. « Cycle » (4:15).
08. « Inevitable » (4:56).
09. « Drive » (3:43).
10. « Cherish Family » (0:41).
11. « Celestelude » (4:34).
12. « Mingus » (1:31).
13. « Truth » (4:36).
14. « Mirrors » (6:08).
Toutes les compositions sont signées Strikland.