Dans le onzième
arrondissement, à une encablure de la Bastille, le 4 décembre 2016 Alexandre Saada donne rendez-vous à une trentaine de musiciens au Café de la Danse pour
le lancement de We Free, sorti en
novembre sur son label, Promise Land.
Le 7 février 2016 Saada invite vingt-neuf musiciens au
Studio Ferber. Il y a des instruments partout, aucune partition et le casting
est resté secret jusqu’au dernier moment. De neuf heures du soir à deux heures
du matin, l’orchestre improvise sans aucune contrainte, en toute liberté. A
partir des cinq heures enregistrées, Saada sélectionne et monte près de
soixante-quinze minutes de musique pour le disque We Free.
Sorti du Conservatoire d’Avignon, où il a suivi un cursus
classique, Saada s’oriente rapidement vers le rock et le jazz, et voyage dans
les Caraïbes et aux Etats-Unis. Son premier disque, …éveil, sort en 2013, avec Chris
Jennings à la contrebasse et David
Eléouet à la batterie. Le pianiste forme ensuite un quintet avec Sophie Alour au saxophone, Yoann Loustalot à la trompette,
Jennings à la basse et David Grébil
à la batterie. Il publie Be Where You Are
en 2005. Suivent Panic Circus (2009),
toujours avec Alour, mais en compagnie de Jean-Daniel
Botta à la basse et Laurent Robin
à la batterie, puis Present (2010), Continuation To The End (2014) et Portraits (2015), tous en solo.
Parmi les musiciens réunis par Saada pour We Free, il y a évidemment les fidèles,
à l’instar d’Alour, Jennings et Robin, mais aussi Julien Alour, Sébastien
Llado, Olivier Temime, Marc Berthoumieux, Clotilde Rullaud, Ichiro
Onoe, Antoine Paganotti, Macha Gharibian, Philippe Baden-Powell,
Jocelyn Mienniel, Christophe Del Sasso, Olivier Louvel… sans oublier tous les
autres ! Autant dire que Saada s’est entouré de la crème !
Le concert se déroule sur trois heures avec une pause. Ça-et-là des instruments sont à
disposition, un tapis avec des percussions et jouets musicaux a été disposé sur
le devant de la scène… Saada prévient le public que les musiciens vont aller et
venir au grès de leur humeur musical (et de leur soif !), comme les
soufflants qui déboulent du fond de la salle…
L’improvisation collective s’ouvre sur une pédale de sons
électro, soutenue par un motif puissant de la basse, des crépitements sur les
cymbales et des roulements serrés sur les peaux. Les soufflants entrent en jeu par
petites touches mélodieuses. Suivent des contre-chants aériens, puis le mouvement
prend de l’ampleur, dans une ambiance sourde. Témime lance ensuite un riff
groovy, mis en relief par les deux batteries, touffues. Alour poursuit au
soprano dans la même veine, pêchue et tendue. Les passages intermédiaires
foisonnent, avec toutes les voix qui se répondent à qui mieux mieux, dans
l’attente d’une idée qui permette de rebondir. Les percussions proposent des
motifs entraînants, sur lesquels Alour et sa trompette partent dans des
développements enthousiastes. La musique dégage une tension tranquille (sic)
qui repose sur un brouhaha permanent. Le spectateur retrouve l’ambiance de
certains concerts de jazz fusion des années soixante-dix avec ces périodes
d’attente, de confusion, de motifs lancinants… Le vibraphone, l’accordéon et la
flûte construisent des décors de musique du monde, sur une rythmique qui reste groovy.
Les solistes déroulent lentement des propositions mélodiques sur des fonds
sonores luxuriants. Quand une mélodie accroche une oreille, le reste de l’orchestre
s’en empare. A l’instar des chanteuses qui dialoguent sur des vocalises
soutenues par les riffs des soufflants ou de Llado qui part petit-à-petit dans
un chorus débridé aux allures free.
La soirée passe tour à tour par des atmosphères hypnotiques,
rocks, folkloriques, pop, world, moyen-orientales, africaines… Il n’y a certes pas
de fil rouge, mais les musiciens restent plutôt mesurés pour que le terrain de
jeu soit pour tous. Il n’y a donc pas de lâcher-prise à la John Coltrane, Albert Ayler
ou autres expériences de Sound Painting… L’ensemble du concert est foisonnant
avec, parfois, quelques difficultés pour bien cerner les voix – notamment les
guitares électriques et les claviers. Sur disque, ces imprécisions
disparaissent évidemment en grande partie. Le mixage permet également de de
réorganiser les passages en séquences plus cohérentes et d’éliminer les moments
de flottement.
Avec ses climats funky, groovy, soul… We Free propose une musique spontanément dansante. Caractéristique
que l’auditeur retrouve en grande partie lors du concert au Café de la danse, qui
a tout d’un happening de pop star !
Le disque
We Free
Alexandre Saada
Malia, Marc Berthoumieux, Sophie Alour, Philippe Baden Powell, Jocelyn Mienniel, Martial Bort, Olivier Louvel, Laurent Robin, Larry Crockett, Dominique Lemerle, Chris Jennings, Alex Freiman, Julien Alour, Sébastien Llado, Julien Herné, Gilles Coquard, Illya Amar, Meta, Olivier Temime, Clotilde Rullaud, Macha Gharibian, Tosha Vukmirovic, Olivier Hestin, Tony Paeleman, Antoine Paganotti, Bertrand Perrin, Florent Brique, Ichiro Onoe, Alexandre Saada
Promise Land
Sortie le 15 novembre 2016
Liste des morceaux
01. Part I (13:40).
02. Part II (10:17).
03. Part III (5:38).
04. Interlude I (0:29).
05. Part IV-A (4:16).
06. Part IV-B (9:30).
07. Part V (4:02).
08. Interlude II (0:54).
09. Part VI (7:54).
10. Part VII (13:23).
11. Part VIII (7:58).
Tous les morceaux sont improvisés.