Pour célébrer la
sortie d’In The Court of King Crimson,
en janvier 2017, SuPerDoG se produit sur la scène du New Morning le 5 avril
2017. Le concert se déroule en deux parties. C’est Ben Rando et son sextet qui
ouvrent le bal, à l’occasion de la publication de True Story chez Onde.
Ben Rando
True Story
Formé d’abord à l’Institut Musical de Formation
Professionnelle, puis aux conservatoires de Marseille et de Paris, Rando cofonde
en 2006 le quintet Dress Code, avec Yacine
Boularès aux saxophones soprano et ténor, Olivier Laisney à la trompette, Simon Tailleu à la contrebasse et Cédrick Bec à la batterie. Ils enregistrent Far Away. Rando tourne également avec la chanteuse Anna Farrow et le groupe pluridisciplinaire,
Anyta. En parallèle il compose pour le cinéma, crée le Studio Eole et le label Onde.
En 2016, Rando forme un sextet avec Boularès et Bec, mais
aussi la chanteuse Sarah Elizabeth
Charles, le guitariste Federico
Casagrande et le contrebassiste Sam
Favreau. True Story est le
premier disque du pianiste sous son nom.
Le New Morning est quasiment plein et la plupart des
spectateurs semblent connaître Rando et ses compères, de près ou de loin. Les
grincements du parquet, le cliquetis des verres, les éclats de voix, les
glouglous… rappellent que le New Morning est un vrai club !
Le programme reprend le répertoire de True Story, avec des compositions de Rando et des textes signés
Charles. Le concert commence par deux pièces en trio dans une veine mainstream,
héritées de Brad Mehldau
(« True Story ») et Bill Evans
(« Dandy’s Waltz ») avec des mélodies soignées, des riffs de
contrebasse élégants et une batterie dense et efficace. De l’adaptation d’un
poème de Walt Whitman (« Clear Midnight ») à « une chanson
d’amour [qui] parle du fait que quand on est amoureux nos deux cœurs ne
deviennent qu’un » (« One Heart »), les mélodies penchent vers
la balade (« Walk Along ») avec des
touches pop (« Better Angels »).
La rythmique assure une pulsation confortable (« Clear Midnight »),
avec des passages qui balancent allègrement (« Sail »). Les
contrechants du saxophone et de la guitare mettent en avant la voix et leurs
chorus sont inspirés (le ténor dans « Clear Midnight », la guitare
dans « Sail »). Le piano joue un rôle central par ses introductions
(« Walk Along »), ses accompagnements minimalistes (« One
Heart »), ses motifs répétitifs (« Better Angels ») et son
phrasé mélodique (« True Story »). Quant à la voix, aigüe, cristalline
et aérienne (« Moments »), d’une souplesse indiscutable
(« Sail »), elle aurait sans doute davantage de relief si elle était
moins amplifiée et réverbérée.
Après cette première partie, dans une veine mainstream avec
quelques touches pop, place au rock progressif mâtiné de jazz !
SuPerDoG
In The Court of King
Crimson
SuPerDog est un brass band, avec Florent Briqué à la trompette et au bugle, Guillaume Nuss au trombone, Fred
Gardette au saxophone baryton et Christophe
Telbian à la batterie. Leur hommage au groupe de rock alternatif King
Crimson, In The Court of King Crimson
(label L’oreille en friche), est une bouffée radieuse de notes et de rythmes.
Le concert est donc attendu avec impatience.
Le quartet reprend les neuf morceaux du disque, tous tirés
des principaux albums de King Crimson : In The Court Of The Crimson King, The Power To Believe, Discipline,
Lizard… Dès « 21st Century Schizoid Man », SuPerDog affiche son
humour et sa joie de jouer. Les échanges fourmillent et les digressions fusent.
« Elephant Talk » regorge d’unissons, de contrechants et autres questions-réponses.
La mise en place est exigeante, à l’instar des boucles combinées aux cliquetis
rythmiques de « Dangerous Curve », inspiré de la musique répétitive. Comme
dans « Indoor Games », les motifs rythmiques – lignes sombres du
baryton, contrepoints heurtés de la trompette et du trombone et frappes entraînantes
de la batterie – insufflent une vitalité à la musique de SuPerDog qui ne se
dément jamais. Les va-et-vient élégants entre les soufflants mettent aussi en
relief les belles mélodies de King Crimson (« I Talk To The Wind »). Au
grès des interactions et des délires, « Vroom Vroom » passe sans
prévenir de la fanfare au free, avec même un détour rigolo par une samba...
SuPerDog s’amuse et nous aussi ! Ce Power Quartet allie également puissance
et majesté : dans « The Power To Believe », les roulements
serrés de Telbian, l’ostinato de Nuss et le riff bouché de Briqué accompagnent un
chorus solennel de Gardette. Le blues, avec des touches funky, assaisonne un « Sex
Sleep Eat Drink Dream » dansant à souhait. Quant aux techniques étendues,
elles s’invitent sur presque tous les morceaux, mais particulièrement dans « Moonchild »,
qui clôture la soirée en beauté.
Si le disque, bourré d’astuces et d’énergie, a déjà marqué
plus d’une oreille, le concert met les deux oreilles au diapason ! Le concert
de SuPerDog est lumineux.Et tant pis pour les spectateurs qui ont déserté le
New Morning après le premier concert de la soirée…