11 septembre 2020

A la découverte de Raphaël Pannier

Rapahël Pannier n’a pas encore eu le temps de se faire un nom en France, mais cela ne saurait tarder ! De retour à Paris après une dizaine d’années passée aux Etats-Unis, le batteur sort son premier disque en leader, Faune, publié chez French Paradox le 18 septembre 2020. L’occasion de partir à la découverte d’un musicien passionné…

 

La musique

Le choix de la batterie s’est fait très naturellement, de manière évidente : quand j’avais deux ou trois ans, je tapais déjà partout et adorais chanter des rythmes. Je me souviens avoir été marqué par un reportage à la télé sur Doudou N’Diaye Rose, un très grand percussionniste sénégalais. Il enregistrait un disque avec une centaine de percussionnistes ! Ça m’a complètement fasciné ! A partir de là, mon attrait pour la batterie s’est développé pour devenir une passion… C’est inexplicable !


Raphaël Pannier © Jean-Baptiste Millot

A cinq ans, j’ai commencé l’apprentissage de la musique au conservatoire municipal. C’est à peu près l’année suivante que j’ai découvert le jazz : j’étais déjà fou de batterie et de percussions et ma mère m’a offert un disque d’Art Blakey. Je n’écoutais que les solos de batterie ! Et je les connais encore par cœur, évidemment ! Par la suite, je me suis intéressé au jazz plus sérieusement : passionné par la batterie et l’improvisation, le jazz est devenu incontournable...

J’ai fini le programme du conservatoire vers quatorze ans et j’ai enchaîné avec des cours particuliers en France. A dix-neuf ans, je suis parti à Boston pour étudier au Berklee College of Music. Quatre ans après, j’ai déménagé à New York et passé mon Master à la Manhattan School of Music. En parallèle j’accompagnais de nombreux musiciens. J’ai vécu six ans à New-York, donc dix ans en tout aux Etats-Unis, et là, je viens de me réinstaller à Paris.

J’ai été influencé par beaucoup de musiciens ! D’abord Doudou N’Diaye Rose bien sûr, mais aussi Art Blakey et Elvin Jones, que j’ai pu voir quand j’avais six ans… Sinon, il y a aussi mes professeurs : Thomas Patris, Ralph Peterson Jr. et Hal Crook. Plus récemment, Obed Calvaire, qui est à la fois un mentor et un ami. J’ai également eu la chance de suivre un stage de deux semaines avec l’un de mes héros vivant de la batterie, Eric Harland, dont je me suis beaucoup rapproché. Mais mon batteur favori reste Brian Blade. En dehors des batteurs, tous les musiciens avec qui je joue me marquent… La liste est longue, mais celui qui me vient à l’esprit immédiatement, c’est Emil Afrasiyab, un pianiste incroyable !... Il y a tellement de musiciens que j’admire… Allez ! J’en choisis trois : Brad Mehldau, Wayne Shorter et Miguel Zenón

 

Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? La liberté.

Pourquoi la passion du jazz ? L’écoute de l’autre, le don de soi… Le besoin crucial d’authenticité, d’humilité et de générosité… La traduction d’un « moment » éphémère…

Où écouter du jazz ? N’importe où, mais allez voir des très grands ! Ça vaudra toujours le coup : vous découvrirez la liberté !

Comment découvrir le jazz ? En concert ! C’est très important pour comprendre ce qui se passe, sentir l’énergie, ressentir l’importance du « moment »…

Une anecdote autour du jazz ? Un des meilleurs concerts que j’ai vu, surtout au niveau batterie : Obed Calvaire et David Binney qui jouent au 55 Bar, à New York, avec Ambrose Akinmusire en invité spécial… Jusqu’à trois heures du matin, sans aucun « filet » ou « filtre »... De la pure liberté… Incroyable !

 

Les bonheurs et regrets musicaux

L’un de mes grands bonheurs est d’avoir enregistré ma musique avec mes héros musiciens : Miguel Zenón, Aaron Goldberg et François Moutin. C’est l’aboutissement de mes dix années passées aux Etats-Unis...

Pour la petite histoire : quand j’avais six ans, je suis allé voir François jouer au théâtre de Suresnes tous les soirs… Il accompagnait Antoine Hervé dans le spectacle « Mozart, la nuit ». Ce théâtre était dans le même immeuble que mon conservatoire et je connaissais un chemin secret pour m’introduire dans la salle et écouter les concerts… Je rêvais déjà de jouer avec François… Et quelques vingt-deux années plus tard, mon rêve s’est réalisé !... Miguel et Aaron sont des rêves plus tardifs mais aussi forts… Je les admire énormément !

Je ne pense pas avoir de regrets. Je suis fier de mon parcours aux Etats-Unis et aurais justement regretté de ne pas l’avoir fait. Evidemment j’aurais souhaité avoir toujours plus d’opportunités… Mais on rêve toujours d’avoir plus !

 

Sur l’île déserte…

Quels disques ? Djabote de Doudou N'Diaye Rose, Day Is Done de Brad Mehldau, Four & More de Miles Davis, Directions in Music: Live at Massey Hall d’Herbie Hancock, When the Heart Emerges Glistening d’Ambrose Akinmusire.

Quels Livres ? Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupery.

Quels films ? J’adore tout Quentin Tarantino, Pedro Almodóvar et Joel & Ethan Cohen.

Quelles peintures ? Toute l’œuvre de Michel-Ange… Ses sculptures m’ont particulièrement marqué.

Quels loisirs ? Les échecs.




Les projets

Dans l’immédiat je me concentre sur la sortie de Faune pour faire tourner le quartet et trouver de beaux concerts ! Sinon je dois aussi me réinstaller en France… Et comme j’ai remporté la bourse FACE (French-American Cultural Exchange) pour enregistrer un nouvel album avec Miguel Zenón en 2021, je compose !...

 

Trois vœux…

1. Artistique : développer ma carrière en leader et sideman. Réussir à jouer avec mes héros, comme Brad Mehldau. Faire des concerts magiques et toucher mon public ! Inviter / inspirer à toujours plus d’authenticité…

2. Personnel : me développer dans mes deux mondes, France – Etats-Unis, construire ma famille et garder des liens forts avec mes amis.

3. Extra-personnel : souhaiter au monde autant de bonheur que le mien !