Le 3 avril 2025, au Comptoir Halle Roublot, Joce Mienniel invite Vincent Peirani et Malik Ziad pour le dix-septième et dernier épisode de la saga des Instruments Migrateurs, débutée en septembre 2023. Des tournées sont en cours de préparation et une compilation des concerts sortira sur disque chez Buda Musique.
Après l’exquis pâté de Pierrot et le succulent poulet au citron de Marianne, la soirée peut commencer ! Malheureusement Sophie Gastine, l’enthousiaste maîtresse de cérémonie du Comptoir, doit confirmer une information affligeante : « le Comptoir s’arrêtera après le 21 juin ». Malgré ses vingt-quatre années d’activités et le soutien de la ville de Fontenay-sous-Bois, la suspension des subventions du Ministère de la Culture ne permet plus à Musiques au Comptoir de continuer son activité.
Après l’exquis pâté de Pierrot et le succulent poulet au citron de Marianne, la soirée peut commencer ! Malheureusement Sophie Gastine, l’enthousiaste maîtresse de cérémonie du Comptoir, doit confirmer une information affligeante : « le Comptoir s’arrêtera après le 21 juin ». Malgré ses vingt-quatre années d’activités et le soutien de la ville de Fontenay-sous-Bois, la suspension des subventions du Ministère de la Culture ne permet plus à Musiques au Comptoir de continuer son activité.
Sophie Gastine (c) PLM |
Malgré cette mauvaise nouvelle, les flûtes de Mienniel, l’accordéon de Peirani – toujours pieds nus – et les guembri et mandole de Ziad transportent les spectateurs loin des affres de la vie quotidienne pendant près d’une heure et demie.
Véritable cri de ralliement des Instruments Migrateurs, « Stéréométrie » lance la soirée. Le thème-riff, repris en boucle grâce aux pédales, sert de décor aux broderies jazz folk de la flûte. Ziad, puis Peirani prennent des chorus qui permettent à Mienniel de les présenter. Le mandole s’évade au Moyen-Orient, tandis que l’accordéon s’amuse autour du thème, entre ritournelle de bal et déroulé moderne. « B et H », signé Peirani, commence par une introduction sombre de l’accordéon, bientôt soutenu rythmiquement par le guembri dans un rôle de basse et la flûte en mode percussion, avec le souffle mêlé aux claquements des clés. Le développement est dense et dansant, porté par le son grave, plein et chaud du guembri, la flûte, expressive à souhait, qui navigue entre mélodie et rythme, et l’accordéon, d’abord accompagnateur attentif, puis soliste à la fois entraînant et foisonnant. Pendant que le guembri garde une carrure inamovible, l’accordéon et la flûte se répondent, croisent leurs voix et interagissent avec malice. Comme à chaque concert, les Instruments Migrateurs ont droit à leur solo a cappella. Ziad a la primeur avec « Le souffle de la brise » qu’il interprète au mandole et au chant. Le morceau s’appuie sur une nouba et plusieurs maqâm. Il s’inscrit typiquement dans la tradition arabo-andalouse et plonge les spectateurs dans l’univers chaloupé des musiques du monde. L’improvisation de Mienniel joue avec la spatialisation du son, une houle sonore et des ostinatos lancinants. Elle dégage une ambiance psychédélique relax, quasi-hypnotique. Le trio se retrouve pour « Rituel », proposé par Ziad. Le mandole et la flûte démarrent à l’unisson sur un motif dansant. L’accordéon et les vocalises de Peirani se joignent ensuite au duo pour exposer un thème-riff enlevé. Le trio fait circuler la musique avec maestria. Chaque échange est intense et les variations, particulièrement relevées, font la part belle aux envolées mélodico-rythmiques. Peirani joue une improvisation autour d’un motif qui revient ça-et-là au milieu des développements. Epoustouflant, le solo statufie l’assemblée avec ses contrepoints de toute beauté, ses alternances de calmes plats et de tempêtes, ses silences qui ménagent le suspens, ses élucubrations complexes qui côtoient des phrases simple, sa construction sophistiquée, mais toujours logique. Mienniel a composé « Zerberb » il y a plus de vingt ans, lors d’un voyage à Oujda, dans le désert, au nord est du Maroc, près de la frontière Algérienne. Il joue d’abord d’une flûte traditionnelle, proche du ney, à la sonorité grave, puissante et veloutée, puis passe à une sorte de zurna, aiguë et nasillarde. Le guembri et l’accordéon reprennent le riff de la flûte avant d’embraser le morceau. C’est dans une atmosphère surchauffée que le trio demande au public de l’accompagner en frappant dans les mains 1-2-3-4-5-678… En bis, les musiciens interprètent un air inédit de Mienniel, sans titre pour l’instant. La ronde enflammée de l’accordéon, les boucles déchaînées de la flûtes et les motifs enivrants du guembri débouchent sur un délire free qui finit par se canaliser...
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Vincent Peirani, Joce Mienniel et Malik Ziad - 3 avril 2025 - Comptoir Halle Roublot (c) PLM |
Avec ses Instruments Migrateurs, Mienniel a réussi le pari magnifique d’unir des musiciens de tous les pays, marier des musiques des quatre coins du monde et fusionner des cultures hétéroclites. Bravo !
Encore merci aux Musiques du Comptoir pour cette initiative, mais aussi d’avoir régaler nos oreilles pendant un quart de siècle avec tous ces concerts jubilatoires !