Saxophoniste ténor et
clarinettiste basse, Toine Thys anime des projets aussi variés que Take The
Duck, Rackham, DERvISH, Toine Thys Trio, mais aussi un conte pour enfants (La Mélodie Philosophale). Thys s’implique
également dans la défense des musiciens et divers projets pédagogiques en Europe,
Afrique et Asie. Partons à la découverte
de ce musicien enthousiaste...
La musique
J’ai
commencé la clarinette à dix ans parce que le professeur de mon quartier
ne voulait pas me donner cours de saxophone ! A l’époque, c’était assez
courant car la plupart des professeurs de sax étaient avant tout des
clarinettistes… et le saxophone ne les intéressait pas ! Aujourd’hui, quand
j’y repense, ça m’amuse, mais je dois reconnaître que ma formation de
clarinettiste m’est très précieuse.
C’est mon
frère, Nicolas Thys, qui m’a fait
découvrir le jazz. Il faut dire que c’est un contrebassiste – et bassiste – renommé :
il joue et a joué avec Kris Defoort,
Tutu Puoane, Toots Thielemans, Bill
Carrothers, Serge Lazarevitch… Nicolas m’a fait écouter de très beaux
disques ! Par la suite nous avons organisé des sessions d’écoute entre
amis…
Après
dix ans de clarinette classique, j’ai intégré le Conservatoire Royal de La
Haye, où j’ai suivi les cours du grand John
Ruocco, le maître de presque tous les bons saxophonistes de cette partie de
l’Europe… Il faut ajouter à cet apprentissage académique pas mal de séjours à
New York et des voyages en Afrique, pendant lesquels j’ai fait de nombreuses
rencontres très formatrices.
Cela
dit, j’ai un parcours un peu atypique : à côté de ma formation musicale, je
suis également diplômé en géographie des universités de Bruxelles et de
Lisbonne… et j’ai pris une année sabbatique pour parcourir l’Amérique du Sud !
Les influences
La
liste des musiciens qui m’ont influencé est longue… et il n’y a pas uniquement des
saxophonistes !
En
bref, et plus ou moins dans l’ordre chronologique : j’ai d’abord beaucoup
écouté Miles Davis, Bill Evans, puis je suis passé à Sonny Rollins, Cannonball Adderley et Kenny
Garrett. Ensuite, mes héros saxophonistes ont été Seamus Blake, Joe Henderson,
Chris Speed, Chris Cheek, Bill McHenry
et Ben Wendel. Aujourd’hui, les saxophonistes
m’influencent moins que des compositeurs comme Jon Hopkins, Dorian Concept,
Kurt Rosenwinkel, Jozef Dumoulin… des groupes – Radiohead,
par exemple – ou les musiciens avec qui je joue : Dries Laheye, Patrick
Dorcean, Antoine Pierre…
Photo : François De Ribaucourt
Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ? C’est un espace de
liberté… qu’il faut reconquérir à chaque fois !
Pourquoi la passion du jazz ? Parce qu’il est ouvert
aux autres musiques – en principe…
Où écouter du jazz ? En live, sur disque,
dans un bar… Partout !
Comment découvrir le jazz ? Rien de mieux que de se
rendre à un bon concert.
Une anecdote autour du jazz ? Herbie Hancock félicite Dave
Holland qui vient de jouer son premier concert avec Miles Davis : « c’est
bien, tu n’es t’es pas évanoui »…
Les bonheurs et regrets
musicaux
Je suis
très content de Grizzly, le disque du
trio sorti en l’année dernière, mais ma plus belle aventure reste probablement
le projet mené avec le trompettiste belge Laurent
Blondiau : Les Ventistes du Faso.
Il s’agit d’une école d’instruments à vent que nous avons monté à Ouagadougou,
au Burkina Faso, depuis maintenant près de deux ans. Nous formons et fédérons
les soufflants de cette grande ville avec le soutien de la Fédération
Wallonie-Bruxelles.
Mon plus
grand regret, c’est de ne pas avoir des journées plus longues pour pouvoir entreprendre
tout ce que je veux !
Sur l’île déserte…
Quels disques ? Chiaroscuro
d’Arve Henriksen, The Imagined Savior Is Far Easier To Paint
d’Ambrose Akinmusire et du Johann Sebastian Bach…
Quels livres ? Lettres à son frère Théo de Vincent Van Gogh.
Quels films ? The Party
de Blake Edwards et Fitzcarraldo de Werner Herzog,
Quelles peintures ? Des tableaux de Pablo Picasso, et des photographies.
Quels loisirs ? Du sport et de l’ébenisterie.
Les projets
Avec le
Toine Thys Trio, composé de l’organiste Hammond néerlandais Arno Krijger et du jeune – vingt-deux
ans – batteur belge Antoine Pierre, nous
travaillons sur un nouveau répertoire, en compagnie du guitariste
Franco-sénégalais Hervé Samb. Sinon,
nous revenons d’une semaine de concerts en Corée du Sud avec six percussionnistes
traditionnels coréens : le groupe Don Nam Pung. La rencontre a été
fabuleuse ! Et nous nous proposons de refaire cet échange l’année
prochaine. C’est donc un autre projet à faire évoluer…
Photo : Lara Herbinia
Par
ailleurs, il y a aussi le groupe DERvISH avec le bassiste Belge Dries Laheye, le claviériste Néerlandais
Niels Broos et le batteur Haïtien Patrick Dorcean. Nous jouons de la musique
électronique improvisée, dans laquelle j’utilise largement des effets pour retraiter
le son du saxophone. Nous enregistrons notre premier disque en décembre 2015…
Trois vœux…
1. Faire de belles rencontres musicales.
2. Devenir chaque jour un meilleur musicien.
3. Voyager avec la musique…