Derrière la
voix et le violoncelle de Connie & Blyde ne se cachent pas un couple de
bandits romantiques qui suivrait les traces de Bonnie Parker et Clyde Barrow,
mais les artistes Caroline Sentis et Bruno Ducret. Partons à la découverte de ce
duo montpelliérain qui a sorti Blanc en
2014 et Ultra décor en 2015…
La musique
Connie :
c’est en fouillant dans les disques de mes parents
que j’ai découvert le jazz, même s’ils n’en écoutaient pas particulièrement. Je
suis tombée immédiatement sous le charme d’Ella
Fitzgerald et de Miles Davis.
J’ai commencé à improviser en apprenant par cœur les solos de Fitzgerald. J’ai
aussi repris des solos d’instrumentistes. Ce qui m’a donné ce goût de la voix
traitée comme une matière sonore, en plus de pouvoir porter les mots. J’ai
toujours chanté : le choix de la voix s’est fait de lui-même. D’abord autodidacte,
je me suis beaucoup intéressée aux musiques traditionnelles, notamment à la
musique gnawa et au flamenco. Lhassa de
Sela, Björk, Fitzgerald, Davis, Camille, Estrella Morente… sont également au nombre de mes influences. En
2012, je suis rentré au Conservatoire de Jazz de Montpellier.
Blyde : le jazz est une affaire de famille : je suis né et j'ai
grandi avec ! Après commencé par la guitare, quand j’ai eu dix-neuf ans, le
violoncelle s'est imposé de lui-même… J’ai démarré au Conservatoire de
Montreuil avant d’intégrer l’école des musiques actuelles ATLA, à Paris. Ensuite,
j’ai rejoint le Conservatoire de Nîmes puis celui de Montpellier. De nombreux
groupes d’hier et d’aujourd’hui m’influencent et j’écoute le plus possible des
styles de musique différents : Jeff
Buckley, Jeff Beck, Gautier Capuçon,
Hank Roberts, Bill Frisell, Charles Mingus,
Thelonious Monk, Eric Dolphy, Julien Desprez, Don Pullen,
Ornette Coleman...
Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ?
Connie :
la liberté…
Blyde :
c'est un état à atteindre. La
communion entre les oreilles, la culture musicale, les moyens techniques sur
l'instrument et notre « moi » profond…
L'essence
du jazz, pour moi, c'est ce moment qui surgit après les codes, le langage, la
réflexion, la démonstration… C'est l’instant où l'on s'exprime : quand ce
que l'on appelle la « pertinence », le « phraser », le
« wow ça joue terrible » devient la vérité du musicien. La musique dépasse
alors le langage pour n'être plus que l'expression d'un chant. Au final, le
jazz c’est une vie de travail sur soi et sur un instrument pour arriver à
chanter. Bien sûr on peut chanter directement, mais certains chantent toute
leur vie sans jamais trouver leur véritable voix, celle avec laquelle ils sont
à l'aise et ont des choses à dire. Jouer d'un instrument n'est pas un processus
naturel, il faut donc passer sa vie à en faire une extension de soi…
Pourquoi la passion du jazz ?
Connie :
parce que son langage est si ouvert qu’il ne connaît pas de frontière !
Blyde : au sens large, le jazz est passionnant car il invoque un
état. Mais cet état est présent dans toutes les musiques : le jazz n’est pas
le roi, c'est la musique qui l’est... Selon moi, la musique, c'est l'infini et
le vide. C'est l'unique moyen d'accéder à la toute-puissance intérieure pour
réussir à communiquer réellement.
Où écouter du jazz ?
N’importe
où, n’importe quand !
Comment découvrir le jazz ?
Ecoute n'importe quoi et n'importe
qui ! S’il y a un bruit qui te plait, c'est par la qu'il faut aller…
Le portrait chinois de
Connie
Si j’étais un animal, je serais un martinet,
Si j’étais une fleur, je serais du mimosa,
Si j’étais un fruit, je serais une banane,
Si j’étais une boisson, je serais un Pac à l’eau,
Si j’étais un plat, je serais un sushi,
Si j’étais une lettre, je serais un Z… qui veut dire Zorro !,
Si j’étais un mot, je serais clap,
Si j’étais un chiffre, je serais 6,
Si j’étais une couleur, je serais bleu,
Si j’étais une note, je serais sol.
Les bonheurs et regrets
musicaux
Connie :
je ne crois pas qu’on puisse vraiment parler de
réussite ou d’échec dans la musique… Cela dit, mon plus grand regret est de
n’avoir qu’une vie ! J’aimerais savoir faire sonner une trompette !
Blyde :
j'espère ne jamais avoir ni bonheur,
ni regrets musicaux…
Sur l’île déserte avec
Connie
Quels disques ? Kind of Blue de Davis et La Llorona de Lhassa.
Quels livres ? Rien ne
s’oppose à la nuit de Delphine de
Vigan.
Quels films ? La Loi du marché de Stéphane Brizé.
Quelles peintures ? L’antipape de Max Ernst.
Quels loisirs ? Cuisiner.
Les projets
Connie :
Connie & Blyde, bien sûr, mais aussi les
Banan’N Jug et, à partir de septembre, un projet avec le Grand Ensemble Koa. J’aimerais
aussi réaliser une création radiophonique.
Blyde : dans l'immédiat : du Jazz énervé, de la
musique de chambre, du Rock Noise, du Ragtime électrique, de la musique traditionnelle
de l'est... Et demain : du quatuor à cordes, de la folk et du Ragtime électrique !