Pendant près d’une heure et demie, le trio ETE enchaîne la plupart des morceaux de
The Useful Report. Emler, Tchamitachian et Echampard privilégient les mouvements d’ensemble (« The Document »). Les mélodies sont essentiellement esquissées via de courtes phrases glissées ça-et-là au gré des développements, par l’un des trois musiciens. Exceptions qui
confirment la règle : « The Endless Hopelude », une phrase tourmentée du piano et de la contrebasse à l’archet qui rappelle un peu
Olivier Messiaen, « La main engloutie dans la neige » – titre improvisé avec humour par Emler, car basée sur « Des pas sur la neige » et « La cathédrale engloutie », deux préludes de
Claude Debussy – dans laquelle les lignes arpégées, les accords solennels et les dissonances subtiles du piano s’inscrivent tout à fait dans l’esprit debussyste, et « Tee Time » (tiré de
Sad and Beautiful), avec ses citations (« Ave Maria », « Au clair de la lune »…). Si la plupart des morceaux est clairement marquée par le dynamisme d’un rock progressif sur-vitaminé (« The Resistant »), la musique du trio s’appuie également sur les boucles de de la musique répétitive (« The Real »), la sophistication des constructions contemporaines (« The Lies »), le raffinement de la musique du début XXe (« Broken glace »), l’élégance de la musique de chambre (« The Worries »)… et, bien entendu, la pâte sonore et l’ingéniosité propres au jazz (« No Return »).