01 décembre 2025

Guillaume Latil & Matheus Donato au Café de la Danse

Pour célébrer la sortie d'Hémiphères le 15 septembre 2025 chez Matrisse Productions, le violoncelliste Guillaume Latil et le joueur de cavaquinho Matheus Donato se produisent au Café de la Danse le 5 novembre 2025. 

Avec le Cuareim Quartet, en duo avec Pierre Tereygeol ou Anthony Jambon, dans Le Temps Virtuose en compagnie de Sophie Alour, Pierre Perchaud et Anne Paceo ou aux côtés d'André Manoukian, de Mosin Kawa et de Rostom Khachikian, Latil multiplie les coopérations musicales tous azimuts. Doanato n’est pas en reste, en solo ou en trio avec Mauricio Melo et Darcy Gomes ou le projet Aquele Baïle!, avec Azilis Esnault, Edouard Ravelomanantsoa, Christope Bras, Giulia Tamanini et Rossmary Rangel... Leur curiosité commune pour tout style musical, avec une prédilection pour les musiques du monde et le jazz, ne pouvait que les rapprocher. 

Le programme de la soirée reprend dix des douze morceaux d'Hémisphères, plus l'andante du concerto pour deux mandolines d'Antonio Vivaldi, « Sensivel » de Pixinguinha et « Un Verdadero Americano », signé Donato. Alour et Perchaud sont venus écouter leur compère du Temps Virtuose, il faut dire que le guitariste est le directeur artistique du disque. Rozenn Bézier, Thierry Eliez, Diego Imbert, Clément Janinet... font également partie du public.

Matheus Donato & Guillaume Latil – Café de la Danse – 5 novembre 2025 © PLM

Sur le fringant andante de Vivaldi, Donato fait sonner le cavaquinho comme une mandoline, tandis que le violoncelle en pizzicato assure la basse continue. Le duo enchaîne sans transition « Palais Longchamps », une composition élégante de Latil. Donato passe d'un soutien délicat à un déroulé vif, pendant que le violoncelle brode dans une veine lyrique. Le morceau éponyme du disque est entraînant avec un dialogue du cavaquinho et du violoncelle qui prend parfois la tournure d'un tango : les phrases romantiques du violoncelle répondent aux lignes magistrales du cavaquinho. Dans « Aos Meus Amigos » le violoncelle dessine des arabesques tandis que le discours du cavaquinho s'inscrit également dans une ambiance arabo-andalouse dansante. « Urban Poem » démarre dans une atmosphère baroque avec des leitmotivs solennels, puis le cavaquinho et le violoncelles mettent en scène un motif sombre. Le cavaquinho joue un ostinato imperturbable pendant que le violoncelle virevolte et le morceau s'emballe avant un final poétique. « Et si... », sorte d'intermède sans thème, repose juste sur quatre accords simples qui s'entrecroisent. « Milonga Gris » est un morceau du pianiste argentin Carlos Aguirre. Sur un riff entraînant de Latil en pizzicato, Donato fait d'abord jaillir le thème à toute allure, avant de le développer avec subtilité, sans cesser de converser avec le violoncelle. « Sensivel » de Pixinguinha démarre par des effets et un foisonnement de voix. Sur une ligne de basse solide jouée au violoncelle, le cavaquinho expose ensuite la valse, qui prend un virage folklorique. Latil et Donato s'en partagent le développement, gracieux et aérien. « Un Verdadero Americano » est un morceau de Donato en 5/8 inspiré d'un meringue vénézuélien. La mélodie et le rythme sont sophistiqués, un mélange de danse et de musique classique. Le romantique « Träumerei », tube de Robert Schumann extrait du cycle Kinderszenen, prend de l'élan quand Latil frappe la table d'harmonie et Donato glisse des syncopes dans son interprétation. « Yaô » est un maxixe de Pixinguinha. Après une introduction au violoncelle préparé, dont la sonorité s'apparente de loin à une sanza, le cavaquinho déroule lentement l'air sur un pizzicato tranquille du violoncelle. L'accélération et les crépitements du duo font décoller « Yaô », avec une dramaturgie habilement structurée. Le thème-riff de la « Prière en Bambara » reprend l'architecture d'un morceau traditionnel avec des boucles rythmiques et le discours du cavaquinho qui ressemble à celui d'une kora. La conclusion rappelle davantage la musique manouche, avec des échanges acérés entre Latil et Donato. Une gigue folklorique enjouée lance « Horochoroforró », combinaison du horo bulgare, du choro et du forró brésiliens… Le violoncelle et le cavaquinho alternent les rôles jusqu'au chorus virtuose de Donato, a capella, et à la reprise de la ronde folklorique qui conclut le morceau. En bis, le duo propose « La vie en rose » et fait chanter le public. 

Le jazz du monde de Latil et Donato réunit deux Hémisphères géographiques, peut-être, mais surtout musicaux : musiques ethniques et musiques savantes. Ils nous donnent en tous cas l'occasion d'écouter un duo inouï et une musique envoûtante.