04 janvier 2015

A la découverte de… Jacques Vidal

Entre ses relectures de l’œuvre de Charles Mingus – dont Cuernavaca, disque sorti en septembre 2014 –, ses Concerts Thématiques au Sunside, son quintet avec la chanteuse Isabelle Carpentier, le saxophoniste Pierrick Pédron, le tromboniste Daniel Zimmermann et le percussionniste Xavier Desandre-Navarre, son quartet avec le guitariste Gilles Clément, le pianiste Richard Turegano et le batteur Eric Dervieu, son trio (Carpentier et Turegano) et tout le reste… le contrebassiste Jacques Vidal donne moult raisons pour partir à sa découverte !

La musique

Quand j’avais quatorze ans, j’habitais Athis-Mons où il y avait beaucoup de musiciens. Le père de l’un de mes amis était batteur amateur et jouait très régulièrement, entre autres avec Mowgli Jospin. Il m’invitait souvent pour écouter des disques… qui m’ont fait découvrir le jazz !

Comme il n’y avait pas de bassiste dans le coin, mes amis musiciens m’ont quasiment « imposé » de jouer de la contrebasse ! Je m’y suis donc mis et commencé son apprentissage en autodidacte. J’ai juste rencontré une fois un contrebassiste de l’harmonie municipale de Juvisy qui m’a montré en gros où placer les mains ! J’écoutais beaucoup de disques et reproduisais ce que je pouvais, comme je pouvais… A cette époque, à l’école de musique de Longjumeau, il n’y avait de pas professeur de contrebasse, mais Kenny Clarke y donnait des cours de batterie et je les ai suivis pendant un an.


Jacques Vidal © Jean-Baptiste Millot

Par la suite, j’ai rencontré un musicien qui m’a fermement conseillé de m’inscrire au conservatoire. J’ai d’abord atterri au conservatoire du dixième arrondissement de Paris, en classique, puis au conservatoire de Versailles, dans la classe de Jacques Cazauran. Ensuite, j’ai été pris dans l’Orchestre Pasdeloup et dans un orchestre de chambre.

De 1967 à 1974, je joue beaucoup : Magma, Mal Waldron, Graham Monchur IIITed Curson, Joachim Kuhn, Siegfried Kessler…  En 1973 j’ai monté TRIJOUMS, mon premier groupe ! Avec le guitariste Frédéric Sylvestre, rencontré en 1976, nous avons donné beaucoup de concerts et enregistré plusieurs disques. En 1978, j’ai pris des cours de piano. De 1983 à 1985 je suis parti enseigner la contrebasse classique à Taipei. De retour à Paris, je rejoue avec Christian Vander et Francis Lockwood, mais également avec Sylvestre, Florin Niculescu, Michel Graillier, Simon Goubert… et j’enregistre plusieurs disques, dont, en 1999, Ramblin’, un album important pour moi, car c’est un hommage à des contrebassistes. Je monte ensuite un septette qui sort Sans Issue, en 2005, puis d’autres disques autour de la musique de Mingus ou inspirée par Mingus.

Les influences

Difficile de répondre : j’aime beaucoup de choses différentes et ne m’arrête pas un style ou une période. Par exemple, au niveau de la dynamique, je citerais Glenn Gould, Ludwig van Beethoven… Mais on peut dire que le premier choc a été John Coltrane… et, bien sûr, Miles Davis, Bill Evans, Mingus – évidemment ! –, Paul Chambers, Scott LaFaro, Miroslav Vitous

Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Le jazz est une attitude, une façon de vivre… C’est ce qui m’a attiré à mes débuts.

Pourquoi la passion du jazz ? Le jazz permet à chacun de s’exprimer et d’obtenir des résultats d’une grande qualité avec ses moyens, même s’ils sont limités.

Où écouter du jazz ? Le mieux, c’est d’écouter du jazz en live dans des petits clubs, des petites salles, où l’on est proche des musiciens.

Une anecdote autour du jazz ? Evans ne voulait pas engager La Faro !!!!! Quand on sait ce qu’il est advenu de leur collaboration par la suite…



Les bonheurs et regrets musicaux

Ma plus belle réussite, dans le domaine musical, c’est d’avoir toujours l’envie de travailler, de faire de la musique… Et je regrette de ne pas avoir étudié la musique dès l’âge de trois ou quatre ans !

Sur l’île déserte…

Quels disques ? Johann Sebastian Bach, Gustav Mahler, Beethoven, Johannes Brahms… ou, encore, Gould, des symphonies dirigées par Claudio Abbado… Mais aussi Davis, Errol Garner, Ornette Coleman, Keith Jarrett, Django Reinhardt et du fado !

Quels livres ?  Fiodor Dostoïevski et Charles Dickens.

Quels films ? Tout Stanley Kubrick, mais surtout Orange Mécanique… Et Charlie Chaplin, Buster Keaton

Quelles peintures ? Vincent Van Gogh et Jérôme Bosch.

Quels loisirs ? Pas le temps pour des loisirs : il faut survivre et construire un radeau pour m’enfuir au plus vite de l’île déserte !

Les projets

Continuer... Je ne parle pas de projets concrets, même si j’ai bien une ou deux choses dans un coin de la tête !

Trois vœux…

1.   Rester en bonne santé pour jouer et travailler mon instrument le plus longtemps possible.

2.    Que les humains aient plus de considération envers les animaux…

3.  Que toute personne qui entreprend une activité artistique avec sincérité connaisse épanouissement et réussite !