10 décembre 2016

A la découverte de Nicolas Folmer

Du CNSMDP à Horny Tonky, le parcours musical de Nicolas Folmer passe par la musique latine, NoJazz, l’ONJ, le Paris Jazz Big Band, Dee Dee Bridgewater et beaucoup d’autres choses à découvrir…


La musique

A la maison, mes parents écoutaient beaucoup de musiques et m’emmenaient aux concerts. A onze ans j’ai commencé à jouer dans un big band. Mes camarades avaient sept ou huit ans de plus que moi : j’étais un peu comme leur petit frère. Cette situation m’a d’autant plus stimulé que je n’ai pas de grand frère. C’est dans cet orchestre que j’ai appris à m’exprimer et à aimer comprendre ce qui se passe. J’y ai aussi noué des amitiés qui durent encore. Le chef de l’orchestre, tout comme mon premier professeur de trompette, sont des personnes géniales et ouvertes. Leur rapport à la vie swingue… Et ça, j’ai tout de suite adoré !

La trompette est venue naturellement. Peut-être grâce au Festival International de Musiques Militaires d’Albertville ! Je crois que ce qui m’a plu dans la trompette, c’est le côté à la fois brillant et parfois très intime… Sa palette d’expressions est très large.

Mon apprentissage musical c’est un tiers de conservatoire, un tiers autodidacte, un tiers de rencontres et un tiers de chance – « ça dépend de la grosseur des tiers », comme dirait Marcel Pagnol !... Le tout avec une bonne dose de travail, bien sûr ! Il n’y a pas de secret et pas (encore) de formule magique. Je me suis installé à Paris car c’est une ville cosmopolite. En arrivant, j’ai d’abord commencé par la musique latine, à la mode dans la fin des années quatre-vingts dix. Puis j’ai joué du Raï, de la musique classique, de la musique africaine, du rhythm’n’blues, du funk… tout ce qui était disponible ! J’ai la chance d’être un bon lecteur et de m’adapter assez rapidement. Donc je faisais beaucoup de remplacements à droite et à gauche. C’était une période enivrante ! La vie était peut-être plus douce aussi : un Paris-la-nuit plus intense, avec davantage de gens qui sortait et une insouciance palpable….

Je dirais que j’ai été influencé par tous les musiciens et aucun à la fois ! Et ce, dans tous les styles que j’ai eu à portée de main. Les influences dépendent des périodes… C’est délicat de donner un nom. Il en est souvent déduit, à tort, que nous sommes influencés à vie, que nous copions etc. Aujourd’hui, je crois que ce qui m’influence le plus, c’est l’époque actuelle. J’essaie de la comprendre et de la ressentir…Sinon, en tant que compositeurs, j’ai eu la chance de rencontrer Eric Mallet – Kapagama, Kosinus… Il m’a ouvert les portes de la musique d’illustration sonore pour la publicité, la télévision, le cinéma… Il m’a appris le métier de compositeur et nous travaillons ensemble depuis près de vingt ans.




Cinq clés pour le jazz

Qu’est-ce que le jazz ? Une culture dans laquelle tout est possible, dans laquelle il n’y a rien d’obligatoire et qui rassemble.

Pourquoi la passion du jazz ? Pour l’improvisation, pour son côté universel, son ouverture et son acceptation de l’autre dans ses différences…

Où écouter du jazz ? En concert ! Il faut vibrer et partager avec les artistes l’instant présent, qui est unique.

Comment découvrir le jazz ? Le jazz est un univers très vaste : il contient autant  de périodes en cent vingt ans que la musique dite classique en quatre cent ans ! Il est plein de styles et de genres différents et chacun peut en trouver un qui parle à son âme... Partez d’un style musical que vous aimez et allez découvrir comment il s’est métissé avec le jazz. Parce que le jazz a, entre autres, le pouvoir de se réapproprier les styles musicaux. Et prenez votre temps ! Le temps est un luxe d’aujourd’hui… Enfin, rien ne vaut la musique live ! Surtout pour le jazz ! Et surtout en club… où les musiciens sont libres, ont tout leur temps, où vous pouvez presque les toucher, sentir leur énergie, voir leurs mains, croiser leur regard… C’est ça que j’aime. Cette communication instantanée entre le public et l’artiste.

Une anecdote autour du jazz ? En 1998, j’ai joué avec John Lewis à Paris et, en 2000, il m’a invité à dîner chez lui à New York. Il m’a raconté sa vie, ses relations avec Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Miles Davis etc… C’était un moment très intense. Je lui avais apporté une bouteille d’un bon vin blanc de Savoie. Je savais qu’il apprécierait. Mais il m’en a servi un grand verre et, moi qui boit très peu et ne tient pas l’alcool, j’ai dû faire un effort surhumain pour me concentrer sur ses paroles sans perdre ma contenance… Ce qui me reste, c’est sa gentillesse, sa générosité et son ouverture d’esprit. Voilà de belles valeurs !
  

Le portrait chinois

Si j’étais un animal, je serais un oiseau qui plane, puis un koala pour finir ma vie… mais pas trop défoncé par les feuilles d’eucalyptus quand même !
Si j’étais une fleur, je serais un édelweiss, mes grands-parents les adoraient aussi…
Si j’étais un fruit, je serais une mangue, tendre à l’intérieur, mais recouverte d’une peau solide…
Si j’étais une boisson, je serais de l’eau très pétillante.
Si j’étais un plat, je serais un carry de poisson épicé.
Si j’étais une lettre, je serais la lettre grecque Phi.
Si j’étais un mot, je serais solidaire, une valeur qui doit revenir au premier plan.
Si j’étais un chiffre, je serais le 9, une bulle dans les étoiles rattachée au sol…
Si j’étais une couleur, je serais orange.
Si j’étais une note, je serais le fa, la note la plus agréable et naturelle à chanter pour moi… et, quand j’étais ado, dans les notes aigües, le contre fa était le nirvana à atteindre. Quand quelqu’un montait au contre fa, on disait : « Ouaou ! Il monte au contre fa ! ».


Les bonheurs et regrets musicaux

La production d’Horny Tonky Experience avec Michel Casabianca est une fierté. D’ailleurs, jusqu’à présent, les professionnels du son, le monde du jazz et le public nous l’ont confirmé. Et nous ferons encore mieux la prochaine fois ! En tout cas, nous ferons tout pour...

J’aurais aimé pouvoir jouer avec Michael Brecker. Malheureusement il nous a quittés en 2007. J’aurai adoré pouvoir l’inviter, mais il y a dix ans c’était encore un peu tôt et aujourd’hui c’est trop tard…



Sur l’île déserte…

Quels disques ? L’intégral de Maurice Ravel pour orchestre dans la version de Pierre Boulez avec le New York Philarmonic. Un bon album d’Earth Wind and Fire et de Frank Sinatra, période Capitol. Un disque de Clément Saunier, le plus grand trompettiste classique et de musique contemporaine actuel.

Quels livres ?  Bruits de Jacques Attali, L’heure du peuple de Jean-Luc Mélenchon, Le journal d’Anne Franck… Et un manuel de survie : je suis quand même sur une île déserte !

Quels films ? Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf, avec Charlotte Gainsbourg, Anémone, Vincent Lacoste et Didier Bourdon. Travail d’arabe de Christian Philibert, avec Mohammed Metina – quel acteur ! Full Metal Jacket de Stanley Kubrick… Mais aussi La grande vadrouille, pour des raisons affectives : c’est l’effet « madeleine de Proust » pace que je me souviens de l’avoir vu en famille quand j’étais gamin…

Quelles peintures ? Daniel Humair ! J’ai adoré sa dernière expo… et Salvator Dali, tout !

Quels loisirs ? Plongée sous-marine, ski alpin, que je pratique depuis que je marche, histoire et, depuis peu, les échecs…


Les projets

J’ai des créations en cours dans des domaines que je connais, mais dans lesquels je n’avais pas encore réalisé de projet en entier : une pièce pour orchestre symphonique et trompette solo, et un disque de chansons avec les musiciens d’Horny Tonky.


Trois vœux…

1. Dans mon rayon : plus de diversité musicale, accessible au plus grand nombre et en concert ! La diversité, c’est la liberté. Elle éveille les consciences, or, aujourd’hui, elle est menacée. La télévision, par exemple, ne diffuse pratiquement que de la chanson et quasiment jamais de musique instrumentale…

2. Un nouveau modèle de société, sur le plan économique, bien sûr, mais aussi sur le plan social : une société qui place l’humain au centre, le préserve, en prenne soin… Le modèle actuel, fondé sur une croissance infini dans un espace fini, a atteint ses limites. Nous sommes entrés en dette écologique le 13 août 2015 et le 8 août 2016 [dates auxquelles « l’humanité a consommé les ressources produites par la biosphère depuis le 1er janvier » – NDLR]. Le message n’est-il pas clair ? De toute façon le modèle actuel est mathématiquement absurde, sauf peut-être pour un économiste…

3. Me téléporter à volonté… Être l’homme invisible arrive bien après !