24 décembre 2019

Le Studio de l'Ermitage à l'heure cubaine...

Le 29 novembre 2019 Manuel Anoyvega Mora se produit au Studio de l'Ermitage pour célébrer la sortie de Cuba Cuba chez Universal Music. Il a fallu près de quarante ans de carrière avant que le pianiste cubain sorte son premier disque en leader, grâce à Fo Feo Productions, structure montée par Jean-Louis Perrier en 2005.

Formé d'abord à la musique classique à l'Ecole Nationale des Arts de La Havane, Anoyvega Mora a bifurqué vers le jazz, comme moult de ses confrères, de Chucho Valdés à Omar Sosa, en passant par Gonzalo RubalcabaRoberto FonsecaHarold Lopez Nussa... 

Anoyvega Mora se présente avec son quintet, constitué de Guillaume Naturel au saxophone ténor et à la flûte, Pierre Guillemant à la contrebasse, Abraham Mansfarroll à la batterie et Inor Solotongo aux percussions. Sont également invités à la soirée, la chanteuse Melissa, petite-fille de Tito Puentes, le trompettiste Alexis Emilio Gonzales et le saxophoniste ténor (et frère cadet de Anoyvega Mora) Nicolas Anoyvega Mora

Anoyvega Mora reprend le répertoire de Cuba Cuba, ajoute des morceaux de Puentes, accompagne Melissa dans « Le rendez-vous », chanson signée Martine Demary, et le quintet ou septet part aussi dans des descarga endiablées : deux heures de musique non-stop !

Histoire de chauffer le public – tout acquis à sa cause – Anoyvega Mora commence par « Veneracion », une rumba dansante à souhait. Une fois que Naturel a exposé le joli thème nostalgique au saxophone ténor, Mansfarroll et Solotongo se déchaînent et chantent en chœur avec Annoyvega Mora un riff vocal typique de la musique latino. Dans « Alizé », Naturel passe à la flûte et alterne unissons et contre-chants avec le piano sur les poly-rythmes foisonnants des percussions et de la batterie. Retour au calme avec « Preludiosa Matanzas », un court solo romantique d’Anoyvega, à peine perturbé par le tintinnabulement discret du chimes (construit avec des clés). Le combo enchaîne ensuite « Marinna », un boléro élégant, magnifié par un saxophone ténor nonchalant et un piano énergique. Danzón vigoureux, « Ilduara Carrandy » est dédié à la professeure d’Anoyvega Mora. Le pianiste part dans un développement salsa, puis s’accompagne de la voix. Le premier tribut à Puentes retrouve le chemin d’un latin-jazz lyrique, avec Gonzales et Anoyvega Mora frère en soutien. Après «  Le rendez-vous », davantage variété que jazz ou musique latino, le deuxième tribut à Puentes a tout d’une descarga, avec ses « chase » entre les soufflants (et un petit clin d’œil à « Caravan » en passant), un piano luxuriant, des chœurs en boucles et une section rythmique enjouée. « Cuba ! Cuba ! Perla preciosa » est une rumba enlevée qui donne l’occasion à Anoyvega Mora de faire chanter le public. Anoyvega Mora et Guillemant se partagent l’ouverture majestueuse de « Frescoson », mais c’est la flûte de Naturel qui ouvre le bal sur ce son qui balance terriblement. Un motif funky de la contrebasse introduit « Bianco Mango, Bianco Blanco » (?) avant que le morceau se transforme en une descarga trépidante. En bis, Annoyvega joue d’abord une ballade mélancolique, aux parfums de « Solplos de musa », et la soirée s’achève sur un « Mira como vengo yo Echando candela » enthousiaste, qui met définitivement le feu à l’auditoire !

Musique virtuose marquée par une joie de vivre et une sensualité contagieuses, l'hommage d'Anoyvega Mora à Cuba est à l'image de son île natale : chaleureux et chatoyant...


Le disque


Cuba Cuba
Manuel Anoyvega Mora
Guillaume Naturel (ts, fl), Manuel Anoyvega Mora (p), Pierre Guillemant (b), Abraham Mansfarroll (d) et Inor Solotongo (perc).
Universal Music - 
Sortie le 15 novembre 2019




Liste des morceaux

01. « Veneration » (7:15).
02. « Alizé » (5:04).
03. « Preludiosa mantanzas » (2:08).
04. « Marinna »(5:45).
05. « Ilduara carrandy » (4:58).
06. « Soplos de musas »(5:02).
07. « Cuba cuba! perla preciosa » (6:21).
08. « Frescoson » (6:58).

Tous les morceaux sont signés Anoyvega Mora.