Le guitariste Pierrick Hardy profite de la sortie de L'Ogre Intact, le 28 novembre 2019 sur le label Emouvance, pour se produire au Triton, avec Catherine Delaunay à la clarinette et au cor de basset, Régis Huby au violon et Claude Tchamitchian à la contrebasse.
L'Acoustic Quartet joue le répertoire du disque, entièrement composé par Hardy. Les musiciens et l’instrumentation du quartet ne laissent planer aucun doute : la musique sera de chambre et subtile ou ne sera pas ! Les titres des morceaux, dédicaces et références confortent cette impression. « Avant dire », premier thème du concert (et du disque) rappelle le néologisme que Stéphane Mallarmé préfère à préface ; « Tamasuburō » est un hommage à l’onnagata Bandō Tamasuburō V (acteur contemporain majeur du théâtre kabuki) ; « Eléonore d’Aragon » est inspiré du buste éponyme du XVe, sculpté par Francesco Laurana ; « L’Ogre » est dédié à l’Orchestre de contrebasses ; « La Fresque » est une évocation de la peinture etc. Par ailleurs chaque morceau est construit comme une suite, avec des mouvements aux allures et ambiances variées.
Avec ses unissons et contrepoints énergiques, « Avant dire » va comme un gant au quatuor : après l’introduction, sur un ostinato de la contrebasse, la guitare part dans un solo en zigzags avec, ça-et-là, des accents andalous, quelques notes de « Nuages », des traits véloces… Quand la clarinette et le violon s’en mêlent, le morceau devient majestueux et débouche directement sur « Tamasuburō ». L’élégance des voix qui se superposent, les dissonances aux contours adoucis, le chorus sombre et douloureux d’Huby, les ripostes solennelles de Delaunay et les motifs profonds d’Hardy et de Tchamitchian évoquent la musique du XXe, avec un petit quelque chose d’Olivier Messiaen en filigrane.
« Eléonore d’Aragon » a droit à un thème mélancolique (comme l’expression pensive du buste de Laurana…), brutalement perturbée par les fulgurances du violon et de la clarinette sur un continuum de Tchamitchian, à l’archet. Des dialogues se succèdent ensuite avec des phrases legato, des échanges heurtés et des contre-chants, soutenus par les pédales et lignes rythmiques souples de la contrebasse, en pizzicato ou à l‘archet.
Dans « Flottements », tandis qu’Huby, Tchamitchian et Hardy plantent un décor ténébreux, Delaunay part d’une mélodie délicate et fait monter progressivement la tension dramatique du morceau, jusqu’à ce que des conversations croisées prennent le relais. Dans le dernier mouvement, les roulements discrets d’Hardy soutiennent un chorus écorché et parsemé de touches moyen-orientales de Tchamitchian.
Une introduction flamboyante ponctuée d’« espagnolades » accueille « La Violence du terrain ». Huby prend la suite d’Hardy et expose une mélodie raffinée, soulignée par les contre-chants astucieux de Delaunay. Des jeux rythmiques à base de pizzicato et de staccato se développent dans une ambiance au parfum arabo-andalous, avant que la guitare d’Hardy ne tournicote autour des walking de Tchamitchian et que Delaunay et Huby n’échangent des questions-réponses pétillantes.
Le titre éponyme du disque démarre sur une tournerie du violon, une pédale de la guitare et une introduction grandiose – grave, profonde et boisée – de la contrebasse qui débouche sur un riff. Delaunay donne à « L’Ogre » un tour entraînant, avec des côtés folkloriques, puis revient à des variations plus contemporaines. Huby reste dans cette veine avec des phrases tortueuses. Le quatuor au complet prend la suite, en déclinant les dissonances jusqu’à des interactions minimalistes.
Le concert se termine par « La Fresque », intense et sévère, marquée par des notes tenues, jeux de bourdonnements, duo de clarinettes, échanges croisés à quatre voix et chorus de guitare au parfum folk.
Si, comme le dit Voltaire, « l’oreille est le chemin du cœur », alors, avec ses constructions au cordeau et son émotion à fleur de cordes et de souffles, L’Ogre Intact a bel et bien trouvé la route des tympans !
Le disque
L'Ogre Intact
Acoustic Quartet
Catherine Delaunay (cl, cor de basset), Régis Huby (vl), Pierrick Hardy (g, cl) et Claude Tchamitchian (b).
Emouvance - emv1041
Sortie le 28 novembre 2019
Liste des morceaux
01. « Avant dire » & « Tamasaburō » (10:29).
02. « Eléonore d’Aragon » (6:25).
03. « Flottements » (11:07).
04. « L’Ogre » (7:43).
05. « La Violence du terrain » (5:54).
06. « La Fresque » (10:01).
Tous les morceaux sont signés Hardy.
L'Acoustic Quartet joue le répertoire du disque, entièrement composé par Hardy. Les musiciens et l’instrumentation du quartet ne laissent planer aucun doute : la musique sera de chambre et subtile ou ne sera pas ! Les titres des morceaux, dédicaces et références confortent cette impression. « Avant dire », premier thème du concert (et du disque) rappelle le néologisme que Stéphane Mallarmé préfère à préface ; « Tamasuburō » est un hommage à l’onnagata Bandō Tamasuburō V (acteur contemporain majeur du théâtre kabuki) ; « Eléonore d’Aragon » est inspiré du buste éponyme du XVe, sculpté par Francesco Laurana ; « L’Ogre » est dédié à l’Orchestre de contrebasses ; « La Fresque » est une évocation de la peinture etc. Par ailleurs chaque morceau est construit comme une suite, avec des mouvements aux allures et ambiances variées.
Avec ses unissons et contrepoints énergiques, « Avant dire » va comme un gant au quatuor : après l’introduction, sur un ostinato de la contrebasse, la guitare part dans un solo en zigzags avec, ça-et-là, des accents andalous, quelques notes de « Nuages », des traits véloces… Quand la clarinette et le violon s’en mêlent, le morceau devient majestueux et débouche directement sur « Tamasuburō ». L’élégance des voix qui se superposent, les dissonances aux contours adoucis, le chorus sombre et douloureux d’Huby, les ripostes solennelles de Delaunay et les motifs profonds d’Hardy et de Tchamitchian évoquent la musique du XXe, avec un petit quelque chose d’Olivier Messiaen en filigrane.
« Eléonore d’Aragon » a droit à un thème mélancolique (comme l’expression pensive du buste de Laurana…), brutalement perturbée par les fulgurances du violon et de la clarinette sur un continuum de Tchamitchian, à l’archet. Des dialogues se succèdent ensuite avec des phrases legato, des échanges heurtés et des contre-chants, soutenus par les pédales et lignes rythmiques souples de la contrebasse, en pizzicato ou à l‘archet.
Dans « Flottements », tandis qu’Huby, Tchamitchian et Hardy plantent un décor ténébreux, Delaunay part d’une mélodie délicate et fait monter progressivement la tension dramatique du morceau, jusqu’à ce que des conversations croisées prennent le relais. Dans le dernier mouvement, les roulements discrets d’Hardy soutiennent un chorus écorché et parsemé de touches moyen-orientales de Tchamitchian.
Une introduction flamboyante ponctuée d’« espagnolades » accueille « La Violence du terrain ». Huby prend la suite d’Hardy et expose une mélodie raffinée, soulignée par les contre-chants astucieux de Delaunay. Des jeux rythmiques à base de pizzicato et de staccato se développent dans une ambiance au parfum arabo-andalous, avant que la guitare d’Hardy ne tournicote autour des walking de Tchamitchian et que Delaunay et Huby n’échangent des questions-réponses pétillantes.
Le titre éponyme du disque démarre sur une tournerie du violon, une pédale de la guitare et une introduction grandiose – grave, profonde et boisée – de la contrebasse qui débouche sur un riff. Delaunay donne à « L’Ogre » un tour entraînant, avec des côtés folkloriques, puis revient à des variations plus contemporaines. Huby reste dans cette veine avec des phrases tortueuses. Le quatuor au complet prend la suite, en déclinant les dissonances jusqu’à des interactions minimalistes.
Le concert se termine par « La Fresque », intense et sévère, marquée par des notes tenues, jeux de bourdonnements, duo de clarinettes, échanges croisés à quatre voix et chorus de guitare au parfum folk.
Si, comme le dit Voltaire, « l’oreille est le chemin du cœur », alors, avec ses constructions au cordeau et son émotion à fleur de cordes et de souffles, L’Ogre Intact a bel et bien trouvé la route des tympans !
Le disque
L'Ogre Intact
Acoustic Quartet
Catherine Delaunay (cl, cor de basset), Régis Huby (vl), Pierrick Hardy (g, cl) et Claude Tchamitchian (b).
Emouvance - emv1041
Sortie le 28 novembre 2019
Liste des morceaux
01. « Avant dire » & « Tamasaburō » (10:29).
02. « Eléonore d’Aragon » (6:25).
03. « Flottements » (11:07).
04. « L’Ogre » (7:43).
05. « La Violence du terrain » (5:54).
06. « La Fresque » (10:01).
Tous les morceaux sont signés Hardy.