Le temps retrouvé – Nathalie Loriers
A l’occasion du Gaume Jazz Festival 2013 la pianiste Nathalie Loriers forme un trio avec Tineke Postma aux saxophones et Philippe Aerts à la contrebasse. L’enregistrement du concert, Le Peuple Silencieux, est publié par W.E.R.F. La pianiste retrouve Postma en 2016 et, avec Nicolas Thys à la contrebasse, elles enregistrent We Will Really Meet Again, toujours pour W.E.R.F. Le trio récidive en 2021, avec Le temps retrouvé, édité par Igloo Records.
Neuf titres sont signés Loriers, dont « Le temps retrouvé », dédié à Marc Maréchal - musicien et enseignant, notamment à l’IMEP et à l’Académie de musique d’Eghezée -, et « Shanti », à la mémoire de Rick Bevernage - label W.E.R.F., club éponyme, Jazz!Brugge... - décédé en 2018. Le trio joue également « Round Midnight » de Thelonious Monk.
Loriers propose des mélodies finement ciselées (« Le temps retrouvé »), aux dissonances raffinées, qui rappellent la musique du début vingtième (« Alizés ») et évoquent la musique de chambre (« Rebirth »). Cette impression est renforcée par les contrepoints soignés (« Round Midnight »), les dialogues tranchants (« Jaane Do »), le lyrisme omniprésent (« Zéphirs »), une nostalgie qui frise parfois la tristesse (« Shanti ») et, bien sûr, l’absence de batterie. D’ailleurs, qui dit absence de batterie, ne dit pas absence de rythme... à l’image de l’introduction funky de « Zéphirs », des shuffle entraînants dans « Rebirth », de la walking de « Rafales » ou des passages syncopés (« Jaane Do », « Le temps retrouvé »). Postma joue le jeu de l’intimité et navigue d’un free contrôlé à la Steve Lacy (« Le temps retrouvé »), à un neo-bop moderne, un peu dans la lignée d’Art Pepper (« Round Midnight »). Ce qui ne l’empêche pas de monter dans les tours (« Rebirth »). Loriers joue tout en finesse (« Rebirth ») et ses développement mélodiques, teintés de mélancolie (« After »), font parfois penser à Mal Waldron (« Le temps retrouvé »). Quant à Thys, il passe de motifs minimalistes (« Round Midnight ») et sobres (« Rebirth ») à une ligne enlevée et mélodieuse (« Zéphirs »). La musique circule toujours avec fluidité entre les trois musiciens (« Jaane Do ») et leur connivence est palpable (« Rebirth »).
Dans Le temps retrouvé, Loriers, Postma et Thys se comprennent à merveille et leurs dialogues coulent de source... Une musique intelligente !
Le disque
Le temps retrouvé
Nathalie Loriers
Tineke Postma (sax), Nathalie Loriers (p) et Nic Thys (b)
Igloo Records – IGL325
Sortie le 7 mai 2021
Liste des morceaux
01. « Le temps retrouvé » (5:32).
02. « Zéphirs » (7:19).
03. « Round Midnight », Thelonious Monk (8:11).
04. « Rebirth » (5:29).
05. « After » (5:14).
06. « Shanti » (2:12).
07. « Alizés » (6:52).
08. « Jaane Do » (7:52).
09. « Rafales » (5:01).
10. « Shanti » (3:03).
Tous les morceaux sont signés Loriers sauf indication contraire.
Boggamasta III – Flat Earth Society
Peter Vermeersch monte l’orchestre Flat Earth Society à la fin des années quatre-vingt dix. Dès le départ cet ensemble à géométrie variable affiche son désir de partir dans toutes les directions musicales, car comme le déclarait Vermeersch : « j’ai l'impression de faire un peu n'importe quoi et suis certain qu'on trouvera toujours une ligne artistique après ! Mais ça ne m'occupe pas... C'est bien de se lâcher et de recommencer continuellement ! J'aime la vie au jour le jour... ».
FES, comme l’appellent les intimes, a déjà sorti près d’une vingtaine d’albums et Boggamasta III est la... troisième saison d’une série entamée en 2017. Aux côtés de Vermeersch à la clarinette basse et aux effets électro, un invité quasi-permanent de FES, le guitariste David Bovée, et les membres de l’orchestre : Benjamin Boutreur au saxophone alto, Michel Mast et Martí Melià au saxophone ténor, Bruno Vansina au saxophone baryton et à la flûte, Bart Maris et Pauline Leblond à la trompette, Peter Delannoye et Marc Meeuwissen au trombone, Berlinde Deman au tuba, Peter Vandenberghe aux claviers, Mirko Banovic à la basse, Kristof Roseeuw à la contrebasse, Wim Segers aux percussions et Teun Verbruggen à la batterie. A noter que la plupart des musiciens donnent également de la voix...
Au programme, quatre morceaux de Vermeersch, trois de Bovée, deux co-signés et « Trust In Me », que les frères Robert et Richard Sherman ont composé pour Le livre de la jungle, le film de Walt Disney sorti en 1967. Quant à Boggamasta, ce serait « le personnage principal de l’album, [le] power addict et mégalomane »... Si c’est du lingala, son nom pourrait se traduire par le pôte (masta) de Bogga (village du nord est de la RDC, proche de l’Ouganda)... Voilà pour les annecdotes !
Une rythmique puissante, un choeur aérien, un chant parlé sur les contre-chants des souflants ou des voix : « Dust From The Stars » tient de l’opéra rock roccoco. Avec des voix enfantines et des chuchottements, un tempo en suspension, des chorus et des lignes croisées aux allures de fanfare, « Trust In Me » frise la parodie. Même ambiance décalée pour « Cryptoman », entre les pompes du piano, la batterie énergique, les riffs tonitruants, les solos débridés, une voix lointaine et un chant à l’unisson punk ou rock... L’ombre de Franck Zappa planne au-dessus de « Sit Rise » : section ryhtmique rock, chant-parlé dans le style du moustachu, arrangements qui mêlent effets et envolées volubiles aux sonorités jazzy. « What » se déroule en plusieurs tableaux : d’abord une danse macabre avec un timbre d’orgue de barbarie, un martèlement lent, des ostinatos de claviers et un air lugubre étiré, mais toujours pimenté d’un humour décapant ; le développement part ensuite dans tous les sens avec un chant faussement pop, un choeur tout en modulations, une voix nasillarde bouffone, des saxophones réverbérés ou effrénés, des claviers déjantés, une batterie et une basse qui grondent... Et un final grandiloquent. Avec le vocoder, la rythmique funky sourde, la guitare rock en arrière-plan, les jeux de voix, les éffets électro et les motits fracassants des vents, « Carbon Based » est résolument « barock » ! « Bury The Corn » s’envole dans un délire rock progressif : chant excentrique, guitare wawa et saturée, choeurs de shouters, chorus costauds - saxophone, trompette, trombone... -, rythmique vigoureuse et régulière... Retour au rock progressif clownesque pour « Moog For You », avec un jeu de voix expressionnistes parsemé d’effets électro, toujours soutenu par une batterie et une basse robustes et des soufflants à l’affût. Une guitare bleusy, portée par un orchestre au diapason, introduit « Breathe In The Colour Pink ». L’orchestre prend ensuite un chemin de fanfare funk, légèrement vintage... « Slave Driver » conclut l’album dans une ambiance funky solide ! Les chuchottements et les voix à l’unisson s’ébrouent dans une atmosphère dansante, ponctuée de foisonnements musicaux aux contours kitsch.
Boggamasta III poursuit la route empreintée par les opus précédents : un jazz fusion dada déjanté !
Le disque
Boggamasta III
Flat Earth Society
Peter Vermeersch (bcl, voc, electro), Benjamin Boutreur (as), Michel Mast (ts), Martí Melià (ts), Bruno Vansina (bs, fl), Bart Maris (tp), Pauline Leblond (tp, voc), Peter Delannoye (tb), Marc Meeuwissen (tb), Berlinde Deman (tu, voc), David Bovée (g, voc, electro), Peter Vandenberghe (p, kbd), Mirko Banovic (b), Kristof Roseeuw (b), Wim Segers (perc, voc) et Teun Verbruggen (d).
Igloo Records – IGL327
Sortie le 18 juin 2021
Liste des morceaux
01. « Dust From The Stars », Bovée (3:38).
02. « Trust In Me », Robert & Richard Sherman (5:28).
03. « Cryptoman », Vermeersch (6:14).
04. « Sit Rise », Bovée (3:26).
05. « What », Vermeersch (12:46).
06. « Carbon Based », Bovée (7:39).
07. « Bury The Corn », Vermeersch (9:43).
08. « Moog For You », Vermeersch (5:17).
09. « Breathe In The Colour Pink », Bovée & Vermeersch (6:03).
10. « Slave Driver », Bovée & Vermeersch (6:29).
Tide - Thomas Champagne Random House
Au début des années 2000
Thomas Champagne s’est d’abord fait connaître avec son trio en compagnie de
Nicholas Yates (contrebasse) et
Didier Van Uytvanck (batterie). Parallèlement à de multiples projets - The Sidewinders, UTZ, Al Manara, Kind of Blue Tribute... - le saxophoniste crée le Thomas Champagne Random House en 2014, avec le guitariste
Guillaume Vierset, le contrebassiste
Ruben Lamon et le batteur
Alain Deval. En 2017, le quartet enregistre
Sweet Day pour Igloo Records.
Pour Tide, qui sort en juin 2021, Champagne invite le trompettiste new-yorkais Adam O’Farrill. Vierset et O’Farrill apportent chacun deux compositions et Champagne signe les quatre autres.
Des thèmes dansants (« Bad Date ») et plaisants (« Breath Breath ») donnent cours à des développements plutôt vifs (« Looking Forward ») qui permettent au saxophone et à la trompette de croiser leurs notes (« Gentle Breeze »). Les contre-chants de Champagne et O’Farrill égaient les morceaux plus lents (« Tide »). Lamon et Deval forment une section rythmique puissante (« Bad Date »), régulière (« Tide ») et volontiers rock (« Looking Forward »). Vierset plante des décors aériens (« Bad Date »), déroule des lignes d’accords relax (« Tide »), mêle des ostinatos sourds aux frappes de la batterie (« Looking Forward ») et joue également dans un style rock (« Breath Breath »). O’Farrill passe d’une envolée virtuose (« Bad Date ») à des motifs étirés à la trompette bouchée (« Tide »), et répond toujours avec a propos aux discours du saxophone (« Muse »). Le style de Champagne se situe dans la lignée d’un bop incisif (« Bad Date »), doté d’une bonne dose de lyrisme (« Looking Forward ») et d’un sens de la construction affûté (« Gentle Breeze »).
Ramdom House inscrit Tide dans une lignée néo-bop marquée par le rock et le fait de fort belle manière !
Le disque
Tide
Thomas Champagne Random House
Thomas Champagne (as), Adam O’Farrill (tp), Guillaume Vierset (g), Ruben Lamon (b) et Alain Deval (d).
Igloo Records - IGL317
Sortie le 18 juin 2021
Liste des morceaux
01. « Bad Date », O’Farrill (6:59).
02. « Breath Breath », Vierset (6:14).
03. « Tide », O’Farrill (3:07).
04. « Interlude 1 », Champagne (1:46).
05. « Muse », Champagne (4:57).
06. « Looking Forward », Vierset (6:59).
07. « Interlude 2 », Champagne (3:01).
08. « Gentle Breeze », Champagne (4:32).
Arco - Lorenzo Di Maio
Sal La Rocca,
Fabrice Alleman,
Chrystel Wautier,
Greg Houben,
Antoine Pierre,
Jean-Paul Estiévenart... Autant dire que
Lorenzo Di Maio est l’un des guitaristes les plus recherchés outre-Quiévrain ! Il a pourtant attendu 2016 avant de publier son premier disque,
Black Rainbow, en quintet, chez Igloo Records.
Pour son deuxième opus, Arco, Di Maio s’appuie sur Pierre à la batterie et Sam Gerstmans à la contrebasse. Le trio jazz dialogue avec le quatuor à cordes Ultra Foniiki Orchestra (UFO), composé de Maritsa Ney et Martin Lauwers au violon, Marie Ghitta à l’alto et Marine Horbaczewski au violoncelle. Au répertoire, huit compositions du leader et « Line-up » de Lennie Tristano.
Le départ en canon du quatuor et les nappes de cordes en arrière-plan pendant que le trio jazz déroule « Elia » placent d’emblée Arco dans le cross over. La souplesse de la contrebasse, la vivacité subtile de la batterie et le discours mélodieux de la guitare fusionnent avec le quatuor grâce aux arrangements adroits de Fabian Fiorini, à l’image de l’emballement final d’« Elia » ou de la conclusion de « Look For The Best ». Comme souvent dans les combinaisons jazz - classique, les parties se succèdent (« Mela ») et, quand elles se superposent, les cordes assurent le décor pour mettre en valeur la partie jazz (« No More Samba », « Look For The Best »). Les cordes servent aussi à renforcer les ambiances plus sombres (« The End and The Beginning », « Blues Stream »). Avec ou sans cordes, Di Maio, Gerstmans et Pierre confirment leur savoir-faire, aussi bien dans une veine entraînante (« Mela », « Zara et Carlos »), voire néo-bop (« Line-up ») ou à tendance rock (« Look For The Best »), que dans des balades bien senties (« 3 février »), un blues profond (« Blue Stream »)... ou lors de leurs chorus : la contrebasse dans « The End and The Beginning », la guitare dans « Blues Stream », la batterie dans « Zara et Carlos ». Le jeu du trio repose sur la précision et la limpidité de Di Maio (« The End and The Beginning »), le gros son et la carrure solide de Gerstmans (« 3 février ») et le dynamisme et la musicalité de Pierre (« Bleu Stream »). Force est de constater que la plupart du temps, la présence du trio jazz éclipse quelque peu le rôle du quatuor (« Looking For The Best »).
Avec Arco, Di Maio, Gerstmans & Pierre démontrent qu’ils forment un trio jazz des plus convaincants.
Le Disque
Arco
Lorenzo Di Maio
Lorenzo Di Maio (g), Sam Gerstmans (b) et Antoine Pierre (d, électro), avec Maritsa Ney (v), Martin Lauwers (v), Marie Ghitta (va) et Marine Horbaczewski (cello).
Igloo Records - IGL323
Sortie le 27 août 2021
Liste des morceaux
01. « Elia » (8:35).
02. « No More Samba » (3:53).
03. « Mela » (4:57).
04. « 3 février » (3:40).
05. « The End And The Beginning » (9:05).
06. « Line-up », Lennie Tristano (1:12).
07. « Blue Stream » (6:16).
08. « Looking For The Beast » (8:06).
09. « Zara et Carlos » (4:32).
Tous les morceaux sont signés Di Maio.
Inner Geography - Eve Beuvens
Eve Beuvens s’est fait un nom avec son quartet (
Noordzee - 2009), son septet (
Heptatomic - 2015) et son association avec le saxophoniste
Mikael Godée (
MEQ - 2013 - et
Looking Forward - 2019).
Inner Geography, qui sort en septembre 2021 chez Igloo records, est son premier disque en solo.
La pianiste propose six thèmes de son cru, plus « Jolene », de l’icône de la country, Dolly Rebecca Parton, et le tube « Caravan » de Juan Tizol, Duke Ellington et Irving Mills.
Beuvens soigne la construction de chaque pièce en alternant habilement phrasés classiques et jazz (« Snow, Wind and Wings »). Les mélodies impressionnistes (« Your Own Title to This Song »... Pourquoi pas « Notes d’automne » ?), les lignes arpégées (« Auditorium de Tenerife »), les successions de vagues (« Super Nina’s »), la délicatesse des phrases (« Phagocytes »)... révèlent l’influence de Claude Debussy. Mais Beuvens ajoute des accords puissants (« Caravan »), des zestes de swing (« Auditorium de Tenerife »), des modulations (« Phagocyte »), des ruptures (« Snow, Wind and Wings ») et des développements que ne renierait pas Lennie Tristano (« Rain Drops Moving On A Window »).
L’exercice du solo n’est pas une sinécure et Beuvens s’en sort avec beaucoup de classe : Inner Geography part à l’aventure d’un jazz de chambre moderne et spirituel.
Le disque
Inner Geography
Eve Beuvens
Eve Beuvens (p)
Igloo records - IGL324
Sortie le 17 septembre 2021
Liste des morceaux
01. « Phagocyte » (4:57).
02. « Super Nina's » (3:37).
03. « Jolene », Dolly Rebecca Parton (4:43).
04. « Rain Drops Moving On A Window » (5:56).
05. « Snow, Wind And Wings » (5:48).
06. « Your Own Title To This Song » (2:55).
07. « Auditorium De Tenerife » (5:57).
08. « Caravan » Juan Tizol, Duke Ellington & Irving Mills (3:52).
Tous les morceaux sont signés Beuvens sauf indication contraire.
About Time - Martin Salemi
Diplômé du Koninklijk Conservatorium van Brussel en 2013,
Martin Salemi enchaîne les projets, parmi lesquels Salemi/Cabras/Sicx, Otto Kintet, OPMOC... et son trio avec
Boris Schmidt à la contrebasse et
Daniel Jonkers à la batterie.
Après Short Stories, sorti en 2017 chez Igloo Records, Salemi et ses comparses publient About Time, en octobre 2021. Le pianiste est l’auteur des sept morceaux. Comme pour le premier opus, la belle vignette de bande-dessinée qui illustre la pochette du disque est confiée au dessinateur, graveur, musicien et père du leader, Jean-Claude Salemi.
Dans « Remembered » la batterie imprime une pulsation douce, la contrebasse trace des contrepoints élégants et le piano déroule des phrases mélodieuses. « Doubt » est porté par des frappes mates et lointaines, des motifs en shuffle entraînants et un exposé inventif, toujours empreint de délicatesse. Un peu dans le même esprit, « One Fine Day » swingue généreusement. Le trio s’appuie sur une sonorité acoustique chaleureuse : boisée pour la contrebasse, franche pour la batterie et claire pour le piano. Les contre-chants subtils du piano et de la contrebasse, puis le développement enjoué de « Lamento » sont soulignés par une batterie énergique, sans jamais être étouffante. Une pédale, une ligne minimaliste et un drumming solennel accompagnent la composition mélancolique « Late April ». Un ostinato de Salemi, des roulements de Schmidt et un crépitement de Jonkers lancent « Still Water », morceau débridé, mais sous contrôle. La fluidité de « Most of The Time » évoque d’abord un thème de film, avant de décoller tranquillement, soutenus par la pulsation solide du duo contrebasse - batterie. Salemi, Schmidt et Jonkers jouent avec des mains de fer dans des gants de velours !
About Time plonge l’auditeur dans un univers intime, ballotté entre tension et détente.
Le disque
About Time
Martin Salemi
Martin Salemi (p), Boris Schmidt (b) et Daniel Jonkers (d)
Igloo Records – IGL331
Sortie le 1er octobre 2021
Liste des morceaux
01. « Remembered » (6:03).
02. « Doubt » (4:32).
03. « One Fine Day » (4:45).
04. « Lamento » (4:51).
05. « Late April » (6:14).
06. « Still Water » (6:27).
07. « Most of The Time » (4:01).
Tous les morceaux sont signés Salemi.