Après une introduction plaintive, « Jim Dine » est exposé à l’unisson sur une rythmique luxuriante, entrecoupé d’un intermède bluesy. Le trombone bouché, particulièrement expressif, dialogue avec la batterie et la contrebasse, tandis que le saxophone ténor alterne phrases bop et traits free. Construit sur une structure thème – solos – thèmes classique, « Jim Dine » est riche en événements... Lê Quang lance « More Tuna » a capela, avant de développer le thème avec vivacité, en compagnie de Blaser. Les échanges, intenses, s’appuient d’abord sur une batterie puissante et une contrebasse lancinante. Une walking et un chabada véloces ouvrent ensuite la voie au saxophone ténor pour prendre un solo dans l’esprit de Sonny Rollins, et au trombone pour broder dans une veine hard-bop. Composé par Kühn, « Salinas » évoque la musique de chambre : un thème énigmatique et entraînant, des questions-réponses élégantes, une rythmique expressive qui débouche sur une walking et un chabada ponctué de rim shot, et des chorus mélodieux, notamment celui de Kerecki, ample et musical. Comme l’explique Humair en s’amusant, « Give Me Eleven », coécrit avec Kühn, « est à onze temps… c’est à dire douze temps moins les taxes ! ». Le morceau balance du début à la fin. Après le thème, une complainte criarde, les tableaux s’enchaînent, d’abord des contrepoints de Lê Quang et Blaser, suivis d’envolées démonstratives et débridées du trombone sur des changements de tempo. Le chorus a capela du ténor, entre bop et free contrôlé, bientôt enveloppé par une rythmique dense, précède une conclusion bluesy. Humair annonce « Mutinerie » avec des roulements vigoureux et une charleston régulière. Le saxophone soprano, le trombone et la contrebasse embrayent à l’unisson. La mélodie, « ethnique », donne lieu à des variations intenses et compactes, avant que le décor ne change. Kerecki prend un solo monumental, accompagné par les balais subtils d’Humair. Joueur, Blaser les rejoint avec sa sourdine wah-wah. S’engage alors une course-poursuite entre walking et chabada virtuoses et trombone, qui alterne nonchalance et vivacité. Les volutes du soprano, accompagnées des roulements de la batterie et d’un ostinato de la contrebasse, replantent un décor ethnique.
Le trio plus un propose un jazz franco-suisse énergique, piquant, malicieux, volubile... et savoureux comme un banquet de fondue et de poule au pot !
Le disque
Prismes à l’eau
Daniel Humair
Vincent Lê Quang (ts, ss), Stéphane Kerecki (b) et Daniel Humair (d), avec Samuel Blaser (tb).
Le Triton – TRI-24579
Sortie le 8 novembre 2024
01. « New (amuse-bouche) », Stéphane Kerecki (00:48).
02. « For Flying Out Proud », Franco Ambrosetti (03:07).
03. « Lyria Inn », Daniel Humair & Vincent Lê Quang (04:03).
04. « Free 1 », (01:46).
05. « Give Me Eleven », Danie l Humair (05:16).
06. « Abstract Bass Bone » Daniel Humair et Vincent Lê Quang (03:29).
07. « Cavatine », Stanley Myers, (04:08).
08. « Free 2 « Dark Choc" », Daniel Blaser, et Vincent Lê Quang (06:13
09. « Salinas », Joachim Khühn (03:23).
10. « Missing a Page », Joachim Khu (04:55).
11. « Drama Drome », Daniel Humair (04.26).
12. « Saint-Cyn-CYR », Stéphane Kerecji (03:18).
13. « Triple Hip Trip », Daniel Humair (04:14).
14. « New (Pousse-Café) », Stéphane Kerecki (00:52).