20 février 2024

Naïri au Studio de l’Ermitage

Depuis ses voyages en Arménie, en 1994 et 1995, Claude Tchamitchian intègre volontiers la culture musicale de ses ancêtres dans ses projets : le duo avec le joueur de kamantcha Gaguik Mouradian (Le monde est une fenêtre), une partie du répertoire de Lousadzak (Need Eden) ou de Ways Out, et, bien sûr, Traces, commémoration du génocide arménien. Naïri, autre nom de l’Arménie, s’inscrit dans une démarche similaire. Tchamitchian présente ce nouveau programme au Studio de l’Ermitage le 13 février.

Naïri sort le 9 février 2024 chez Emouvances. Outre le label, dont le catalogue compte désormais plus d’une quarantaine de disques, la Compagnie Emouvances, fondée en 1994, assure la promotion de musicien, accompagne la diffusion de projets, produit des concerts, organise le festival Les Emouvantes à Marseille et coproduit le festival L’Oreille du Perche.

Pour Naïri, comme toujours ou presque, Tchamitchian s’entoure de musiciens-amis : à la clarinette, Catherine Delaunay, également membre d’Acoustic Lousadzac et de Vortice , et, à la guitare acoustique, Pierrick Hardy, que Tchamitchian accompagne dans L’Ogre Intact. Le programme du concert reprend les quatre suites du disque.
 
Catherine Delaunay - Claude Tchamitchian - Pierrick Hardy © PLM

Si, comme le rappelle Tchamitchian en introduction, Naïri est clairement liée à l’Arménie, la première suite s’inspire davantage de l’aède, ce troubadour de la Grèce antique qui chante des poèmes en s’accompagnant avec une lyre. Le trio enchaine « La caresse du temps », « Guillaumos le Grec » et « Les Sarmates ». L’ambiance solennelle – ostinato de la guitare, unisson de la clarinette et de la contrebasse lent, sombre, mélancolique – et les questions-réponses fougueuses de la clarinette et de la guitare, parsemées de phrases tourbillonnantes, évoquent d’autant plus la musique de chambre, que l’architecture des morceaux est sophistiquée et que le trio a pris le parti du tout acoustique.

« L’écume des soupirs », « Les héros perdus » et « L’invisible armada » constituent la deuxième suite. Les titres sont explicites et cette suite n’invite pas à la rigolade. Un bourdon à l’archet souligne une mélodie triste, exposée par la clarinette. La guitare rejoint sa consœur pour un dialogue profond et d’une rare authenticité. Le développement est grave, avec d’abord un chorus de Tchamitchian à l’archet, pimenté de glissandos aux accents orientaux, puis des lignes mobiles de Delaunay, qui alterne sauts d’intervalles, cris aigus et phrases étirées, le tout soutenu par une pédale et un riff dignes de la musique répétitive. Le troisième mouvement est entrainant à souhait, avec un motif dansant de la contrebasse qui accompagne le solo enjoué de la guitare.

« Armenia » est un intermède dont le thème majestueux et sombre, dans un esprit vingtièmiste, est joué à l’unisson par la clarinette et la contrebasse, à l’archet. Delaunay et Hardy poursuivent dans la même veine, soutenus par un bourdon de Tchamitchian. Le chorus de la guitare, particulièrement raffiné, s’inscrit également dans une lignée chambriste.

La dernière suite s’articule autour d’un thème fétiche de Tchamitchian, « Katsounine », et d’un développement qui reprend le premier mouvement de la première suite, « Le temps d’une caresse ». L’introduction de Tchamitchian, à la fois imposante et mélodieuse, débouche sur un riff puissant qui met en relief les unissons de Delaunay et Hardy, puis, avant une conclusion en douceur, la clarinette s’ébat en toute liberté au-dessus des accords de la guitare et l’ostinato de la contrebasse.
 

Naïri © PLM


Le trio joue à la fois sur les interactions mélodiques, les amplitudes sonores, les variations rythmiques et les nuances harmoniques : Naïri est d’une richesse monumentale !
 

Le disque


Naïri

Claude Tchamitchian Trio

Catherine Delaunay (cl), Pierrick Hardy (g) et Claude Tchamitchian (b).
Emouvance – emv 1048
Sortie le 9 février 2024

 
 
 
 
 
 
 
Liste des morceaux

01. Suite 1 - « La caresse du temps » (7:49).
02. Suite 1 - « Guillaumos le Grec » (2:13).
03. Suite 1 - « Les Sarmates » (6:47).
04. Suite 2 - « L’écume des soupirs » (5:15).
05. Suite 2 - « Les héros perdus » (7:19).
06. Suite 2 - « L’invisible armada » (4:05).
07. Suite 3 - « Armenia » (5:24).
08. Suite 4 - « Katsounine » (6:29).
09. Suite 4 - « Le temps d’une caresse » (2:02).

Tous les morceaux sont signés Tchamitchian.