20 décembre 2014

MO’drums au Marcounet

Située le long du quai de l’Hôtel de Ville, entre le Pont Louis Philippe et le Pont Marie, une péniche construite en 1925, Le Marcounet, propose des concerts, café-théâtre, bals et autres spectacles visuels. Avec ses trente-huit mètres de long et ses cinq mètres de large, cette Freycinet peut accueillir une petite centaine de spectateurs. L’accueil d’Arnaud Séité et de son équipe est souriant et chaleureux.


C’est ce lieu que MO’drums a choisi pour le lancement de Triplet Feel. MO’drums, c’est un trio à géométrie variable créé par le batteur Siegfried Mandon en 2001. Après un album éponyme enregistré avec le saxophoniste ténor Barend Middelhoff et le contrebassiste Rémi Vignolo, Mandon sort Rock’n Heavy Hits, reprises de tubes hard rock et pop, en compagnie du pianiste Patrick Cabon et du contrebassiste Gildas Boclé. Après un saxophone ou un piano, et une contrebasse, MO’drums change radicalement de formule, en faisant appel au vibraphone de David Patrois et à l’orgue de Guillaume Naud. Le guitariste Simon Martineau se joint au trio pour un titre.

Le trio reprend cinq morceaux de Triplet Feel et démarre sur « The Moontrane » de Woody Shaw, tiré du disque éponyme sorti chez 32 Jazz en 1974. Le ton est donné : walking énergique, chabada enlevé et lignes dynamiques. L’hommage de Patrois à Bobby Hutcherson, l’un des maîtres du
vibraphone avec Lionel Hampton et Milt Jackson, confirme l’ancrage de MO’drums dans le hard-bop. Autre clin d’œil au vibraphone, « Midnight Sun », composée par Hampton et Sonny Burke en 1947, et mise en parole par Johnny Mercer en 1954, se déroule dans une ambiance mystérieuse et aérienne. Le trio poursuit avec le thème du dessin animé Gargoyles (1994 - 1997), partagé entre les roulements de Mandon et un dialogue touffu entre Patrois et Naud. Ce premier set s’achève sur « Sad Refrain », signé Martineau. Là encore, l’esprit Blue Note plane sur le quartet : une musique vive, tendue, qui pulse. L’aisance technique, la mise en place rythmique et la sonorité nette et métallique de Martineau illuminent le morceau.

Outre les cinq morceaux du concert, Triplet Feel compte deux courtes improvisations collectives (« Coda 1 » et « Coda 2 »), un solo de batterie hommage à Elvin Jones (« Gimme Five, Mr Jones »), « Edda » de Wayne Shorter (The Rumproller Lee Morgan – 1965), « Two Bass Hits » de John Lewis et Dizzy Gillespie (MilestonesMiles Davis – 1958) et  « The Last Blues » de John Coltrane (Living Space – 1965).

Walking haletantes (« Tribute To Bobby Hutcherson »), chabada et pêches frémissantes (« Two Bass Hits »), lignes impétueuses (« Gargoyles »), Triplet Feel est à l’image du concert : MO’drums ne révolutionne pas le jazz, mais déploie une énergie et un swing contagieux !

Le disque

Triplet Feel
MO’drums
Guillaume Naud (org), David Patrois (vib) et Siegfried Mandon (d), avec Simon Martineau (g)
Autoproduction
Sortie en novembre 2014

Liste des morceaux

01.   « Edda », Shorter (6:50).
02.   « Tribute To Bobby Hutcherson », Patrois (5:55).
03.   « Sad Refrain », Martineau (6:19).
04.   « Coda I », Mandon, Naud & Patrois (1:22).
05.   « The Moontrane », Shaw (5:18).
06.   « The Midnight Sun », Hampton, Burke & Mercer (5:18).
07.   « Two Bass Hits », Lewis (4:35).
08.   « Gimme Five, Mr Jones », Mandon (2:09).
09.   « Gargoyles », Rosnes & Weitskof (5:41).
10.   « The Last Blues », Coltrane (4:02).
11.   « Coda 2 », Mandon, Naud & Patrois (2:10).