Après Nebulosa
(2010) et Particula (2012), le
contrebassiste Hugo Carvalhais
continue son exploration musicale de l’univers avec Grand Valis, hommage au roman de Philip K Dick (1981), qui sort chez Clean Feed en mai 2015.
Carvalhais continue l’aventure avec Dominique Pifarély au violon et Gabriel Pinto aux claviers, mais la batterie de Mário Costa est remplacée par les
manipulations électroniques de Jeremiah
Cymerman.
Huit des dix morceaux de Grand
Valis sont de Carvalhais et les deux derniers sont co-signés avec Pinto.
Comme dans les précédents disques, les titres évoquent la vie, l’univers… et
l’élégante pochette du disque reproduit une vue de l’espace.
Avec deux instruments à cordes, un orgue (qui sonne comme un
orgue d’église) et des claviers et effets électroniques, la matière sonore de Grand Valis est pour le moins
inhabituelle. L’absence de batterie, les dix thèmes traités comme les
mouvements d’une suite et le développement des morceaux basé sur une
interaction totale du quartet renforcent le côté musique de chambre.
Bruitages électro mystérieux (« Exegesis »), voix
éparpillées et lointaines (« Oblong Emission »), motifs minimalistes
(« Involution »), grésillements électriques (« Decoding
Maya »), duos aériens (« Exegesis »), grondements sourds
(« Zebra »)… l’ambiance générale de Grand Valis lorgne évidemment vers la science-fiction et rappelle
parfois Jerry Goldsmith
(« Amigdala Waves »). Cymerman dose savamment ses effets
électroniques et reste d’une présence discrète dans la plupart des
morceaux : effets de souffle en arrière-plan (« Logos »), nappes
de sons sobres (« Oblong Emission »), zébrures électriques furtives
(« Holographic Maya »)… Pinto tire des phrases cristallines de son
clavier (« Exegesis »), un peu comme un vibraphone
(« Involution »), qui contrastent avec le timbre de la contrebasse et
contribue au caractère énigmatique de la musique (« Amigdala Waves »).
L’orgue avec ses envolées denses (« Anamnesis ») tel un Dietrich Buxtehude contemporain (pour les
syncopes de la main gauche – « Logos » et « Digitalis ») et
sa sonorité baroque, tranche avec la modernité de la musique
(« Digitalis ») et renforce le côté cinématographique. D’un duo
spatial avec les claviers (« Exegesis ») à des phrases en
contrepoints avec l’orgue (« Anamnesis »), en passant par des touches
orientales (« Decoding Maya ») et une complainte mystérieuse
(« Holographic Maya »), Pifarély met la souplesse mélodique de son
violon au service du quartet, en gardant toujours l’archet dans la musique de
chambre contemporaine. Le violoniste participe également aux recherches
bruitistes : grincements foisonnants (« Logos »), bourdonnement
indien (« Involution »), saccades électriques free
(« Digitalis »)… Quant à la contrebasse, elle sonne boisée et naturelle
(« Oblong Emission »), grave et puissante (« Exegesis »). Des
walking rapides et des shuffle entraînants (« Logos »), des
contrechants subtils (« Anamnesis ») et des lignes chaudes
(« Decoding Maya »), des tournures dynamiques (« Involution »)
et des motifs jazz (« Digitalis ») : Carvalhais maintient une
carrure et une pulsation (« Holographic Maya »), des repères
harmoniques et rythmiques sans lesquels la musique perdrait en cohérence.
Dans Particula,
Carvalhais bousculait déjà la galaxie établie… Mais, dans Grand Valis, Carvalhais pousse l’audace encore un peu plus loin et,
l’avant-garde en quête d’univers « spatial a temporel mélodique
rythmé » a assurément trouvé son vaisseau...
Le disque
Grand Valis
Hugo Carvalhais
Jeremiah Cymerman (électro), Dominique Pifarély (vl), Gabriel
Pinto (kbd) et Hugo Carvalhais (b, electro).
Clean Feed – CF330CD
Sortie en mai 2015
Liste des morceaux
01. « Exegesis »
(5:03).
02. « Logos »
(5:46).
03. « Oblong
Emission » (4:38).
04. « Anamnesis »
(3:46).
05. « Involution »
(1:51).
06. « Decoding
Maya » (4:36).
07. « Amigdala
Waves » (4:58).
08. « Holographic
Maya » (4:37).
09. « Digitalis »
(6:45).
10. « Zebra »
(2:40).
Toutes les compositions sont signées Carvalhais, sauf
indication contraire.