De l’Acoustik
Lousadzak au Synaesthetic Trip, en passant par le Mec duo, Bitter Sweets, Das
Kapital… sans oublier ses expositions photographiques (Portraits d’Amérique
centrale au Triton), ses peintures, ses textes… Edward Perraud est un percussionniste hyperactif, avide de
sensations !
La musique
Depuis ma
plus tendre enfance – dès l’âge de quatre ans – j’ai toujours ressenti un
étrange magnétisme pour la batterie : un instrument aussi fascinant
visuellement que physiquement… Pourtant, j’apprends d’abord la guitare à huit
ans, puis, quelques années plus tard, à treize ans, je mets à la batterie.
Suivront les percussions classiques, à seize ans, et le piano, vers dix-sept
ans…
J’avais
quinze ans quand j’ai véritablement découvert le jazz… Après une partie de
tennis ! A l’époque je jouais du rock métal. Mon adversaire me dit :
« j'ai appris que tu faisais de la batterie ? J'ai beaucoup de disques
chez moi. Si tu veux venir en écouter… Ce n’est pas du hard rock, mais ça peut
t'intéresser ». Cet homme s'appelle Patrick
Gentet. Pendant une dizaine d’années, il a été mon précepteur en musique.
Il avait quinze ans de plus que moi et c’est l’un des fondateurs du magazine
Improjazz... Ma vie musicale a basculée.
Après mon bac
musique, j’ai passé une maîtrise de musicologie, suivie d’un DEA à l’Ircam avec
Hugues Dufourt. Ensuite, j’ai
intégré la classe d’analyse de Michaël
Levinas au CNSMDP. J’assistai aussi, en auditeur libre, à l’enseignement de
Jean-François Jenny Clark et Daniel Humair. J’ai également suivi les
cours de musique indienne de Patrick
Moutal et Ramon Lopez. Après
avoir été dans la classe d’ethnomusicologie de Gilles Léautaud, je suis sorti du CNSDMP avec un premier prix…
J’avais vingt-sept ans !
Les influences
Tous les musiciens que j'ai croisés plus que du regard… m’ont
influencé ! Et les grands maîtres du passé... Sans oublier les musiques
extra-européennes, d’Inde, d’Afrique ou d’ailleurs... Mais leurs influences ne
font que commencer ! La musique est, avec le cinéma et la peinture, ce qui
m'inspire le plus pour composer. Pour moi, le plaisir d'écouter de la musique
est équivalent à celui d'en jouer... Ce n’est pas peu dire !
Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ?
Le jazz est un adolescent qui apprend
toutes les musiques en même temps... Il est jeune, avec un avenir prometteur...
Il est la musique savante la plus populaire et inversement ...
Pourquoi la passion du jazz ?
Le jazz est passionnant parce
qu’il touche en surprenant...
Où écouter du jazz ? D’abord en concert… Les disques ne
viennent qu’ensuite... Mais le concert c'est
un moment de rituel magique...
Comment découvrir le jazz ?
Pour découvrir le jazz, il faut
le découvrir réellement. Je veux dire qu’il faut le mettre à nu, sans a priori...
L'écouter et se laisser aller… Il est tellement multiple...
Une anecdote autour du jazz ?
Pierre
Desproges a dit « il
n'y a que quatre-vingts ans entre la mort de Napoléon et la naissance de Louis
Armstrong ». Pour ma part, je suis né l'année où Armstrong et Igor Stravinski meurent... en 1971.
Le portrait chinois
Si j’étais un
animal, j'essayerais d'être un homme qui pense à retrouver la part de l'animal de
jadis qui faisait corps avec la nature… Et pas celui qui ne pense qu'à sa
propre extension... Cet animal que nous avions en nous a disparu... Alors j’essayerais
de le retrouver, pour penser d'avantage à la nature, à la faune et à la flore… Théodore Monod pose la question à l’homme :
« qui t'a fait roi ? »…
Si j’étais
une fleur, je serais l'agave qui ne fleurit qu'une seule fois… Il fleurit puis il
meurt... Mettre toute sa vie à fleurir et mourir… Cela me fait penser à Michel de Montaigne : « tous
les jours vont à la mort, le dernier y arrive ».
Si j’étais un
fruit, je serais une cerise. J'aime son goût et ses couleurs variées… Et le
temps des cerises, c'est ma saison préférée sous nos latitudes...
Si j’étais
une boisson, je serais un vin qui me surprenne... Blanc ou rouge ! Que je
partagerais avec des amis en parlant d'art...
Si j’étais un
plat, je serais une purée
de pomme de terre montée au beurre, parfumée aux truffes...
Si j’étais
une lettre, je serais le
E… Je l'aime... Sans doute parce que c'est la première lettre de mon prénom...
Une lettre sur laquelle on peut mettre beaucoup d'accents...
Si j’étais un
mot, je serais Amour... On en a jamais assez ! On utilise souvent ce mot
superficiellement... Et sans amour il n'y aurait rien... Ni personne... En
théorie...
Si j’étais un
chiffre, je serais le
0... C'est l'une des plus belles inventions mathématiques… L'abstraction
absolue.
Si j’étais
une couleur, je serais le rouge, sa vivacité, le sang, la vie... la mort…
Si j’étais
une note, je serais le sol, car pour s'élever il faut toujours partir de là...
Les bonheurs et regrets
musicaux
Tous les opus
sur lesquels j'ai passé du temps...
Je n'ai aucun
regret : les frustrations que j’ai pu avoir ici et là m'ont transformé et ont
fait partie intégrante de mon processus de développement... J'ai un moteur « diesel »
qui met du temps à chauffer, mais je sens qu'il peut aller très loin… Son
carburant, ce sont les belles et moins belles choses qui m'arrivent...
Sur l’île déserte…
Sur une île
déserte... J'emporterais le souvenir de toute la peinture, de la musique, du cinéma,
de la photographie etc. que j'ai vu et aimé... Je ne peux rien choisir en
particulier, car d'un jour à l'autre j'ai des envies différentes... J'aime le
souvenir et le désir des choses, plutôt que les choses elles même !... Et aucun
loisir ! Je déteste ce mot ! Juste le loisir de se remémorer le
bonheur de s'être délecté de tous ces domaines de la création et du savoir…
Les projets
Aujourd'hui, je
veux faire tourner mon Synaesthetic Trip dans le monde entier. Mais aussi poursuivre
la complicité avec Philippe Torreton.
Ensuite, écrire et enregistrer un nouveau répertoire pour un trio piano –
contrebasse – batterie. Et puis avoir un groupe américain... et composer toujours
d'avantage !
Trois vœux…
Un monde sans
violence...
Voir grandir
mes enfants le plus longtemps possible
Jouer dans
les plus belles salles de concerts du monde avec mes amis musiciens...