Daybreak
Anne Quillier 6Tet
Pierre Horckmans (cl, bcl), Aurélien Joly (tp, bg), Grégory
Sallet (as, ss), Anne Quillier (kbd), Michel Molines (b) et Guillaume Bertrand (d).
Label Pince-Oreilles 005/1
Sortie en janvier 2015
A chaque région, sa scène jazz : Rhône-Alpes a, entre autre,
la chance d’héberger Anne Quillier.
Ancienne élève du conservatoire de Chambéry, la pianiste fait partie du
collectif Pince-Oreilles. Outre Watchdog, un duo avec le clarinettiste Pierre Horckmans, et Blast, un trio
avec Horckmans et le batteur Guillaume
Bertrand, Quillier anime également un sextet depuis 2011. Daybreak est le premier disque de cette
formation, publié par le label du collectif. A Horckmans et Bertrand, s’ajoutent
Aurélien Joly à la trompette et au bugle,
Grégory Sallet aux saxophones alto
et soprano et Michel Molines à la
contrebasse.
Daybreak, un mot souvent
employé par les musiciens de jazz et de blues, est un bel hommage à l’éclectisme :
de Jimmy Smith (disque homonyme de 2002)
à Franck Sinatra (chanson éponyme de
1963), en passant par Dave Burrell
et David Murray (1989), mais aussi Pat Metheny (New Chautauqua – 1979), sans oublier le « Daybreak Express »
de Duke Ellington… Huit des neuf morceaux
sont signés Quillier et « Lost Continuum » est d’Horckmans. « Chanson
Épique pour les superhéros injustement méconnus » est judicieusement dédié
à l’auteur du neuvième art, Manu
Larcenet, notamment créateur de la série culte… Blast. Quant à « Dance
With Robots », Quillier le dédicace à son confrère Vijay Iyer.
Les mélodies sont séduisantes (« Last Flight »),
les rythmes expressifs (« Lost Continuum »), les harmonies modernes (« La
longue ascension ») et le sextet sonne comme une fanfare gaiement nostalgique
(« Chanson épique… »), quelque part entre Carla Bley (« Hymne obsédant ») et Bruno Régnier (« Lignes troubles »). Remarquablement
habile, la construction des morceaux mise sur des ruptures d’intensités sonores
(« Dance With Robots »), des changements de climats (latin et klezmer dans « Aaron’s Piece »)
et des contrastes entre unissons (« Lost Continuum »), pédales (« Hymne
obsédant »), ostinatos (« Ondes de choc ») et contrepoints (« Lignes
troubles »). Même si Quillier laisse suffisamment d’espace pour que les musiciens
prennent des chorus, l’entrelacs des voix et l’organisation plutôt verticale de
la musique mettent en avant le groupe, plutôt que les solistes.
Aux manettes de son 6Tet, Quillier sait parfaitement doser réalisme
et abstraction, tension et subtilité : Daybreak
est une réussite… un point du jour étincelant !