Yaron Herman
Blue Note –
472 0743
Sortie le 31 août 2015
Depuis Takes 2 To Know
1, duo avec le batteur Sylvain Ghio
sorti en 2003 chez Sketch, Yaron Herman
a enregistré Variations en solo
(2006), A Time For Everything (2007)
et Muse (2009) en trio pour Laborie, Follow The White Rabbit (2010), toujours
en trio, et Alter Ego (2012), en
quintet, sortis chez ACT. Pour son premier disque chez Blue Note, Herman revient
au duo piano – batterie, en compagnie de Ziv
Ravitz, déjà présent sur Alter Ego.
Le duo invite également les chanteurs Helgi Jonsson et Jean-Pierre
Taïeb pour « Volcano », chanson co-signée avec Valgeir Sigurðsson (ingénieur du son de
Björk). Herman propose treize morceaux, dont trois
interludes : « With Open Hands », le prélude numéro 4 opus
74 d’Alexandre Scriabine et
« Children Don’t Always Play Fair ». Il reprend aussi
« Retrograde » du musicien électro James Blake. Un collage urbain dans un style pop art, signé du
graphiste Yann Legendre, illustre la
pochette d’Everyday.
Des carrures solides (« Vista »), un touché puissant
(« Everyday »), un phrasé net et précis (« Fast Life »),
une acuité mélodique lumineuse (« Five Trees »)… et autant d’instruments
que de mains (et de pieds pour Ravitz…) : les caractéristiques du jeu d’Herman
sont là. Les motifs rythmiques foisonnent (« Point of View »),
renforcés par le drumming serré (« City Lights »), tendu (« 18:26
») et entraînant de Ravitz (« Nettish »). La musique d’Herman associe
habilement des ingrédients hétéroclites : de Keith Jarrett (« Five Trees ») à Lennie Tristano (« Point Of View ») en passant par le
Moyen-Orient (« Everyday »), la pop (« Vista »), le piano
préparé (« Everyday »), des effets électro (« Retrograde »), du
jeu dans les cordes (« Children Don't Always Play Fair »)… Avec son
chant vaporeux, ses effets électro très seventies et ses chœurs de violons
synthétiques, « Volcano » s’apparente un peu à de la variété pop,
légèrement incongrue au milieu des autres morceaux d’Everyday. En revanche, dans l’ambiance d’abord minimaliste, puis majestueuse
de « 18:26 », quand, en arrière-plan, une voix clame inlassablement « I
Will Come Back », nous l’espérons bien !
Au fil des albums, en solo, en trio, en quintet ou en duo,
avec des effets électro, acoustique ou avec un quatuor de musique de chambre,
sur des standards, des compositions personnelles, des tubes pop ou des chants
traditionnels juifs, Herman construit peu à peu un monde musical aux paysages rythmiques
singuliers et peuplés de mélodies traitées avec vigueur et modernité. Everyday n’échappe pas à la règle et s’inscrit
pleinement dans la continuité des précédents opus.