Anima
Arnault Cuisinier
Jean-Charles Richard
(ss), Guillaume de Chassy (p), Arnault Cuisinier (b) et Fabrice Moreau (d)
Mélisse – MEL666018
Sortie le 6 octobre
2015
En 2008, Arnault
Cuisinier monte un quartet avec Jean-Charles
Richard au saxophone soprano, Guillaume
de Chassy au piano et Fabrice Moreau
à la batterie. Il enregistre Fervent,
pour Laborie, en 2010 et récidive en 2015, avec Anima, chez Mélisse.
Entre Benjamin
Moussay (Mobile, Swimming Pool), de Chassy (Silences), Edward Perraud (Synaesthetic
Trip), ses expériences latines (Alborada),
les ensembles de musique vocale contemporaine… Cuisinier n’hésite pas à larguer
les amarres pour explorer des territoires musicaux éclectiques s’il en est
!
Concis et denses – en moyenne moins de cinq minutes – les
onze morceaux sont signés Cuisinier. Par ailleurs, le contrebassiste a confié
la production et la direction artistique d’Anima
à Edouard Ferlet.
Cuisinier écrit avant tout pour le quartet : unissons
élégants (« Anima »), mouvements solennels (« Psaume »),
thèmes mystérieux (« Credence »), envolées lyriques
(« Persona »), tourneries enlevées (« Windows of Bliss »), développements
contemporains (« Song Y »), passes à trois (« Archétypes »)…
Moreau se montre tour à tour minimaliste (« Song Y »), foisonnant
(« credence »), mélodieux (« Archétypes »), emphatique
(« Psaume ») et balance toujours subtilement (« Beliefs »).
De Chassy alterne accompagnements modernes (« Anima ») et passages
quasi romantiques (« Persona »), parsemés de jeux rythmiques à base
d’ostinatos (« Credence »), de riffs (« Beliefs »), de motifs
sourds (« Non Sense ») ou, au contraire, de cliquetis aigus
(« Song Y »). Avec sa sonorité nette et veloutée, le soprano de
Richard renforce encore davantage l’élégance du quartet (« New
Earth »). La douceur de ses phrases contraste avec la rythmique virulente
(« Non Sense »), ses phrases aériennes survolent les fourmillements
rythmiques (« Credence »)… Cuisinier navigue tantôt du côté de la
mélodie, à l’unisson du piano (« Anima »), en solo
(« Persona ») ou en contrepoints (« Song Y »), tantôt du
côté de la section rythmique avec des lignes entraînantes (« Non
Sense »), des pédales mates (« Le prophète ») et des traits
profonds (« Archétypes »). L’archet se fait souvent énigmatique
(« Credence »), mais aussi majestueux (« Psaume ») et
lyrique (« Song Y »).
Spirituel, intime et d’une grande cohérence, Anima porte bien son titre. Si la
musique du quartet est soignée et structurée, elle n’en reste pas moins d’une vitalité stimulante…