Mechanics
Sylvain Rifflet
Sylvain Rifflet(sax,
cl, elec), Jocelyn Mienniel (fl, sanza), Philippe Gordiani (g), Benjamin
Flament (d, perc).
Jazz Village –
JV957009
Sortie en septembre 2015
Depuis qu’il est sorti du Conservatoire National Supérieur
de Musique et de Danse de Paris, Sylain Rifflet accumule les collaborations avec, notamment, Alban Darche, puis, à partir de 2007, il développe ses propres
projets, en commençant par Rockingchair, groupe formé avec Airelle Besson. Viennent ensuite des musiques de film (Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïméche), divers projets pédagogiques et, en 2011,
Alphabet, un quartet avec Jocelyn Mienniel
à la flûte, Philippe Gordiani à la
guitare et Benjamin Flament aux
percussions. Le quartet sort un premier disque éponyme en 2012, suivi de Mechanics, en septembre 2015.
Sept des douze moreaux sont des inédits de Rifflet. Quant à
« Electronic Fire Gun », il est renommé « Enough Fucking
Guitar » pour l’occasion. Le quartet reprend également « 2 West 46th
Street » et « Elf Dance » de Moondog, « Tout dit » de Camille et joue une « Improvisation # 1 » collective
pour conclure Mechanics. Le titre de l’album,
les compositions de Moondog, l’hommage à Philip
Glass dans « Glassicism », voire même le minimalisme de Camille…
sont autant de références à la musique répétitive. Avoir choisi d’illustrer la
pochette du disque avec un dessin extrait du Guide des Cités est également révélateur des intentions musicales de
Rifflet : Les Cités obscures, la
bande dessinée en treize volumes de François
Schuiten et Benoît Peeters,
décrit un monde parallèle dans lequel l’architecture joue un rôle clé…
Paradoxe de Mechanics :
sans clavier, ni contrebasse, le quartet n’a pas choisi une configuration
particulièrement structurante. Et pourtant, la musique de Rifflet, Mienniel,
Gordiani et Flament est rudement organisée ! Elle repose sur le jeu
collectif (« 2 West 46th Street »), des morceaux construits autour de
contrepoints (« Mechanics »), d’ostinatos (« Glassicism ») et
de boucles (« Origamis »), une approche rythmique rigoureuse (« Enough
Fucking Guitar ») et des motifs mélodiques tracés au cordeau
(« Fantoms »). Mechanics joue
également avec les textures sonores : assemblage de timbres variés (sanza, boîte
à musique, percussions diverses…), travail sur le mixage (réverbérations,
nappes synthétiques…), malaxage du son (souffle, growl…), effets expressif
(staccatos, tourneries folk, passages bruitistes…)… Au milieu de ces constructions futuristes, Mienniel (« From C ») et Rifflet (« Origamis ») laissent leur lyrisme errer sans contrainte, au grès de leurs envies.
Musique urbaine, s’il en est, la musique de Rifflet et de
ses compagnons évoque, bien sûr, la bande
dessinée (Les Cités obscures, Moebius), mais aussi le cinéma (Metropolis, Les temps modernes, Playtime…),
voire Maurits Cornelis Escher, pour
les clins d’yeux et autres vrais-faux semblants. Mechanics met à sauce, avec maestria, des ingrédients cueillis dans
la musique répétitive et le jazz, et le menu justifie le voyage…