Créée en
2009, Concertons ! est une association de la région toulousaine qui
produit et soutient des créations musicales. Violoniste et kemençiste, concertiste
et enseignant, Raphaël Sibertin-Blanc en est le directeur musical. La sortie du
premier disque de son Dadéf Quartet, qui mêle jazz et
musique orientale, est l’occasion de partir à la découverte d’un musicien
voyageur…
La musique
Quand j’avais
autour de trois ans, un ami de mes parents, violoniste, m’a amené voir et
écouter une répétition de son orchestre baroque. Je suis resté fasciné. Et
quand j’ai débuté la musique, quelques années plus tard, j’avais toujours gardé
cette envie de jouer du violon !
Après une
école de musique, j’entre au conservatoire. J’aime particulièrement la classe d’orchestre car
le chef nous fait partager son enthousiasme et nous donne vraiment envie de
jouer ensemble. A quatorze ans, je fais un stage dans le cadre du festival Jazz
à Cluny. J’y ai rencontré Gabriel, un ami aujourd‘hui disparu, avec qui, pendant
mes années de lycées, j’ai passé mes nuits et week-ends à jouer… Il m’a piqué
au virus du jazz et du partage de la musique dans l’amitié. C’est également à
cette période que j’ai pris mes premiers cours de jazz, au saxophone et au
violon.
Vers dix-huit
ans, je commence à jouer dans des groupes. D’abord, de la musique antillaise dans
l’orchestre des parents d’un copain : j’étais le petit jeune perdu au
milieu de vieux amis qui jouaient ensemble tous les vendredis depuis près de
trente ans !... Mais aussi du jazz manouche avec Stéphane Bissières – vingt ans après, nous travaillons encore
ensemble sur des projets de musiques plus contemporaines ! – et du rock… Ces expériences ont été de la source
de rencontres amicales et musicales déterminantes : c’est avec le groupe
de rock kabyle El Gafla que je joue mes premières notes orientales… A cette
époque, je joue de la musique klezmer le matin, et arabe le soir !…
Licence de
mathématiques en poche, je m’oriente vers la formation musicale professionnelle
du Music’Halle de Toulouse – où j’enseigne aujourd’hui –, puis au Centre des Musiques Didier Lockwood. J’y
monte le Sibertin trio, qui est le premier projet pour lequel je compose. Par
la suite, j’ai la chance de rencontrer Vincent
Courtois, Régis Huby… qui me
donnent de précieux conseils, comme celui de prendre des cours de violon
classique ! Ce que je fais avec Marc-Olivier
de Nattes, avec qui je reprends la
technique du violon au tout début…
De plus en plus
attiré par les musiques traditionnelles – merci Paris et sa multiplicité
culturelle – je me tourne en particulier vers l’Orient. A mon retour à
Toulouse, je joue avec Lakhdar Hanou
– Ne fût-ce qu’en Chine, son dernier
disque, est sorti cet automne. En parallèle, toujours attaché au jazz et aux
musiques improvisées, je fonde un groupe de musique turque avec mon ami Thomas Ceyhan : Yol Hikayesi, l’histoire
en chemin… Je pars ensuite en Crète pour apprendre le Klasik kemençe, une lyre
d’Asie Mineure jouée autant par les Turcs que par les Grecs – les Grecs l’appellent
la lyre de Constantinople…
Je continue également
à travailler les musiques improvisées avec le FIL, orchestre d’improvisation
libre toulousain, et Bissière, avec qui nous montons Chronométries, un duo Kemençe et piano
– machines électroniques, dans lequel nous jouons sur l’inversion du rapport
homme / machine, la matière sonore, la musique répétitive, le minimalisme… Et,
bien sûr, Dadéf Quartet, groupe dans lequel je joue du violon et du kemençe et pour
lequel je compose des morceaux à la lisière du jazz et des musiques
traditionnelles. Labyrinthe, notre
premier disque, est un hommage à l’école des musiques traditionnelles
méditerranéennes où j’ai appris le kemençe. C’est un lieu vraiment
extraordinaire, dirigé par Ross Daly.
Les influences
En plus des jazzmen traditionnels et dans le désordre : Stéphane Grappelli et Django Reinhardt, Johann Sebastian Bach, Claude
Debussy, Béla Bartók, Dominique Pifarély, Courtois, Louis Sclavis, John Zorn, Mark Feldman,
l’Art Ensemble of Chicago – mon premier concert de musiques improvisées ;
un grand souvenir… – le Taraf de
Haïdouks, Anouar Brahem, Derya Türkan, Erkan Oğur, Sokratis
Sinopoulos, Steve Reich, Terry Riley…
Quelques clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ?
L’écoute, le partage, la rencontre,
l’improvisation, le son… une recherche de liberté.
Pourquoi la passion du jazz ?
… Ben : voir la définition
!
Où écouter du jazz ? N’importe où et n’importe quand :
il suffit de choisir le jazz que l’on a envie d’écouter… Il en existe tellement
de sortes !
Comment découvrir le jazz ?
Aller aux concerts ! Peut-être
risquer de se faire chier parfois, mais pour quelques moments de grand bonheur
! Être actif dans l’écoute, mais aussi se laisser porter…
Le portrait chinois
Si j’étais un fruit, je serais tous les fruits !
Si j’étais une boisson, je serais du vin… évidement ! Qu’importe sa
couleur ou son origine dès lors qu’il est fait avec passion… un peu comme la
musique, en fait !
Si j’étais un plat je serais cuisiné par ma femme,
Les bonheurs et regrets
musicaux
Mon bonheur
musical, j’aimerais qu’il soit toujours
à venir ! Et… pourquoi regretter ?
Sur l’île déserte…
Quels livres ? Quelques kilos… Mais là, j’avoue je serais
tenté par une liseuse pleine de livres !
Quels films ? Pas besoin de films sur l’île : la
mer a l’avantage d’être un film permanent et en plus elle sonne !…
Les projets
J’ai plein de
beaux projets en ce moment : La Chamade, un duo de violons avec Lucie Laricq ; Alambic, un trio d’improvisation
avec des instruments improbables – tabouret à fil, freins, cafetière, aire de
jeux, vielle à roue, dilruba, violon et violoncelle – et des improvisateurs
chevronnés – Dominique Regef et Hélène Sage – ; l’Ensemble FM
dirigé par Christine Wodrascka ;
Le journal intime d’un cep de vigne,
une pièce de théâtre de Jean-Marie Doat
avec Philippe Babin ; accompagner
des contes avec Dominique Despierre…
Sans oublier tous les projets que j’ai déjà cités…
En bref :
continuer et apprendre, approfondir les musiques de l’Asie Mineure et les
assimiler dans le jazz et l’improvisation, poursuivre le travail sur le son,
tout seul et avec les copains... et toujours essayer de raconter des histoires
qui font voyager…
Trois vœux…
1. Pouvoir
continuer d’être musicien, pour partager mon plaisir et donner aux gens des moments
d’évasions…
2. Que
le maelström sonore ne dévore pas tout l’espace...
3. Et, si possible, tant qu’à y vivre, la paix dans le monde, s’il vous plait !