Un sextet berlinois,
un label limousin et un studio malakoffiot s’unissent pour une soirée de répétition
générale avant l’enregistrement d’un disque…
Violoniste formée au Conservatoire de Tour, Héloïse Lefebvre est désormais installée
à Berlin. En 2012, elle crée Please Spring! en compagnie du guitariste Paul Audoynaud. En 2015, le duo donne naissance au sextet Sun Dew, avec Liron Yariv au
violoncelle, Johannes Von Ballestrem
au piano, Paul Santner à la
contrebasse et Christian Tschuggnall
à la batterie, Sun Dew se produit le vendredi 15 avril dans le studio La
Fonderie à Malakoff, où il va enregistrer son premier opus, du 16 au 21, pour
le label Laborie. Lefebvre apprend également au public qu’elle joue sur un violon
Fabien Gram – présent dans la salle –
et que celui du concert a été signé par Yehudi
Menuhin…
Créé en 2006, le label Laborie s’attache à découvrir et enregistrer
des jeunes musiciens qui, depuis, ont fait leur chemin : Anne Paceo, Perrine Mansuy, Shai Maestro,
Paul Lay, Yaron Herman, Michel Reis,
Elodie Pasquier… En 2015, Laborie s’associe
à la Mutualité Française Limousine pour renforcer ses activités tout en
maintenant sa ligne éditoriale.
Sextan et Pee Wee, deux sociétés de production, d’enregistrement
et d’ingénierie sonore, fusionnent en 2000 et s’installent à Malakoff. C’est dans
les locaux où fut notamment moulé Le
Penseur que Sextan ouvre le studio La Fonderie en 2005. Le studio est une
grande pièce de cent cinquante mètres carrés à l’acoustique impeccable et qui peut
se transformer en salle de concert. La Fonderie a vu naître plus de trois cent
disques et défiler Yves Rousseau, Jean-Marie Machado, Ricardo Del Fra, François Couturier, l’ONJ, Ahmad
Jamal… et bien d’autres encore, dont Sun Dew.
Le programme du concert comporte sept morceaux signées ou
cosignées Lefebvre et Audoynaud. La prise de son surexpose légèrement la
section rythmique, ce qui place le violon et le violoncelle en arrière-plan. Les
thèmes sont délicats et mélodieux (« Le Mexicain »), souvent énoncés
à l’unisson par le violon et la contrebasse (« L’écho du songe »). Sur
fonds de batterie musclée, entre jazz (« Les méandres ») et rock (« Clint »),
les développements sont variés, même au sein d’un morceau (« Les méandres »),
avec un côté cinématographique (« Tones From The Backwods »). Sun Dew glisse des traits pop (« Le Mexicain »), des tourneries folk (« Le
Penseur »), des bruitages électro dans un esprit musique contemporaine (« Clint »),
mais aussi des accents de rock progressif (« Clint »), quelques
traces orientales (« Tones From The Backwods »), « tango destroy »
(« Black trash ») et, bien sûr, manouches (« Les méandres »).
Tschuggnall possède un drumming plutôt énergique (« Le Mexicain »),
voire binaire (« L’écho du songe »). La basse de Santner est carrée
et solide (« Les méandres »). Von Ballestrem est volontiers lyrique (« Black
Trash »), mais se montre aussi plein de swing (« Le Mexicain »).
Audoynaud apporte une touche folk prononcée (« Tones From The Backwods »),
souligne subtilement le discours de ses collègues (« L’écho du songe »)
et se charge de la plupart des effets électro (« Clint »). Yariv
soutient en chœur le violon et prend un chorus a capella dans un style baroque
(« Clint »). Lefebvre n’accapare jamais la vedette et fait circuler
la musique (« Clint »), utilise sa virtuosité sans esbroufe (« Les
méandres ») et son discours fluide est constamment expressif (« Le
Mexicain »).
Loin de se cantonner au répertoire violon-jazz habituel
(manouche, swing, fusion ou avant-garde), la musique de Sun Dew part
vers des horizons multiples et réussit à trouver une voie personnelle
prometteuse…
Note : les titres ont été accrochés au vol et peuvent
donc comporter quelques imprécisions…