Crystal Rain
Céline Bonacina
Céline Bonacina (bs), Gwilym Simcock (p), Chris Jennings (b)
et Asaf Sirkis (d, perc)
Cristal Records – CR 245
Sortie en mars 2016
Solo, duo, trio, quartet, quintet, sextet… Céline Bonacina promène son saxophone
baryton dans toutes les directions ! Après Vue d’en haut, autoproduit et enregistré à La Réunion en 2005, la
saxophoniste s’associe à Nguyen Lê et
publie deux albums en trio chez Act : Way
of Life, en 2010, et Open Heart, en
2013.
Changement de format et d’équipe pour Crystal Rain, qui sort en mars 2016 chez Crystal Records. Bonacina
et le pianiste anglais Gwilym Simcock
commencent à jouer ensemble en 2013, à l’occasion d’une carte blanche à l’Amphithéâtre
de l’Opéra de Lyon. Après une tournée en Europe le quartet prend sa forme actuelle,
avec le contrebassiste canadien Chris
Jennings et le percussionniste israélien Asaf Sirkis. Si leur première a lieu à Hambourg, en 2014, c’est au
Festival Europa Jazz du Mans, en mai 2015, que le Crystal Quartet est baptisé.
Bonacina signe ou cosigne huit des dix morceaux de Crystal Rain. Simcock et Jennings
apportent chacun un titre. Bonacina équilibre les voix et n’accapare
jamais la vedette. Bien au contraire, la saxophoniste instaure constamment des
dialogues avec ses partenaires sous forme de contrepoints, d’unissons, de
superpositions… (« On The Road »). La structure des morceaux est
protéiforme, avec des alternances de passages tempétueux et d’accalmies (« Smiles
For Serious People »), un peu comme dans une histoire (« Child’s Mood »).
Les thèmes, mélodieux (« Smiles For Serious People »), sont empreints
d’une certaine fragilité (« Crystal Rain ») et ressemblent parfois à des
refrains de chansons (« Väntan » et ses côtés « Non, je ne
regrette rien »). Sirkis assure une pulsation souple et dansante (« Two
Sides ») et son jeu, même s’il est volontiers touffu (« Trails In The
Sky »), laisse toujours de la place aux solistes. Le gros son boisé, les
riffs rapides (« Cyclone »), l’archet élégant (« Crystal Rains »),
les lignes profondes (« Väntan ») et les chorus inspirés (« Shanty »)
de Jennings servent à merveille la musique de Bonacina. Simcock possède un jeu
rythmique solide (« Crossing Flow »), des réminiscences bop (« Smiles
For Serious People ») et un à propos notable : sobre (« Shanty »),
dansant (« Child’s Mood »), folk (« Two Sides »), chantant (« Väntan »)…
au grès des atmosphères. Quant à Bonacina, elle combine jeu straight (« On
The Road »), technique étendue (touches dans « Cyclone »,
souffle dans « Crystal Rain »), passages contemporains (« Two sides »)
et envolées libres (« Shanty »). Ses développements, sophistiqués,
restent toujours accessibles (« Trails In The Sky »).
Le Crystal Quartet porte bien son nom : sa musique possède
de multiples facettes, plus éclatantes les unes que les autres...