Dreamers
Sébastien Texier
Quartet
Sébastien Texier (as, cl, acl), Pierre Durand (g), Olivier
Caudron (org) et Guillaume Dommartin (d)
Cristal Records – CR 240
Sortie en avril 2016
Voilà plus de vingt ans que Sébastien Texier écume les clubs, salles de concert et autres
festivals. En 2003, il sort son premier disque, Chimères, en quintet avec Alain
Vankenhove, Gueorgui Kornazov, Nicolas Mahieux et Jacques Mahieux. Suivent, en 2009, Don’t Forget You Are An Animal, avec Chaude Tchamitchian et Sean
Carpio, puis, en 2013, Toxic
Parasites, avec Vankenhove, Bruno
Angelini, Frédéric Chiffoleau et
Guillaume Dommartin. Pour Dreamers, publié en avril 2016 chez
Crystal Records, Texier a constitué un quartet sans contrebasse, avec Pierre Durand à la guitare, Olivier Caudron à l’orgue et Dommartin
à la batterie.
Tous les thèmes sont de Texier, sauf « Cape Code »
signé Caudron. Comme l’indique le saxophoniste dans les notes de la pochette,
« le fil de ces nouvelles compositions est le rêve » : la
Nouvelle-Orléans (« Let’s Roll »), clin d’œil à Durand (Chapter 1 : Nola Improvisations), Ornette
Coleman (« Dreaming With Ornette »), la solidarité (« Silent
March »), l’amitié (« Friendship »), la douceur (« Smooth
Skin »), l’équilibre (« Crest Waves »), les paysages
(« Cape Cod »)…
Modernes (« Crest Waves »), tendues (« Friendship »),
touchantes (« Silent March »), aériennes (« Dreamers »),
tranquilles (« Smooth Skin »)… Texier peaufine ses mélodies, qui
s‘inscrivent souvent dans un style néo-bop (« Let’s Roll »). Avec une
belle sonorité qui rappelle Art Pepper
(« Dreaming With Ornette »), Texier navigue dans les eaux d’un hard-bop
tendu (« Friendship ») pimenté de dissonances (« Crest Waves »),
mais il sait aussi jouer le blues (« Let’s Roll ») avec une mise en
place parfaite (« Silent March ») et des ballades qui valsent joliment
(« Cape Cod »). A l’aise et impliqué dans n’importe quelle situation,
Durand met le son rock bluesy de sa guitare au service de « Let’s Roll »,
endosse le rôle du guitar hero à la Carlos
Santana (« Silent March »), joue des lignes planantes dans « Dreamers »,
souligne subtilement le discours de l’alto (« Silent March »)… Le son
churchy de l’orgue de Caudron renforce l’ambiance bluesy (« Let’s Roll »),
ses nappes d’accords (« Cape Cod ») et autres ostinatos (« Dreamers »)
mettent en relief les dialogues du saxophone ou de la clarinette et de la
guitare. La majesté de l’orgue ajoute également de l’emphase à « Silent
March », qui prend des allures de marche solennelle. Quant aux walking de
la main gauche de Caudron (« Friendship »), elles se couplent aux chabada
énergiques de Dommartin (« Crest Waves »). Marqué par le swing du
bop, Dommartin possède un jeu varié : un drumming touffu (« Let’s
Roll »), des bruissements subtils des balais (« Cape Cod »), des
roulements furieux (« Friendship »), des cliquetis fébriles (« Dreaming
With Ornette »)...
Dans Dreamers Texier
et son quartet continuent d’explorer avec cohérence un néo hard bop marqué par
le free, une musique pleine de vitalité et de personnalité.