En 2011, le batteur Gilles
Le Rest et le tromboniste Laurent Skoczek
montent Free Human Zoo. Dans la foulée, Patrice
Kornheiser (piano), Nicolas Feuger
(basse) et Samy Thiébault (saxophone ténor et flûte) rejoignent le duo. En 2014, Free Human Zoo
enregistre Aïki Dõ RéMy, avec Gildas Martin à la guitare. C’est également
en 2014 que Dan Decrauze intègre
le quintet. Avec l’aide de l’ingénieur du son Marcus Linon, Free Human Zoo enregistre Freedom, Now ! au Kramus Deluxe Studio entre 2014 et 2016. Le
disque sort chez ex-tension Records en 2016.
A l’instar des groupes de rock – ou de Magma, influence
avérée – Free Human Zoo s’est doté d’un logo : dans un style bande dessinée, un
grand cerf, entouré d’un lion, d’un perroquet, d’un écureuil, d’un tigre et d’un
chimpanzé, semble sortir de la tête d’un homme ! Les hommes, les animaux
et la liberté… Poésie et onirisme s’invitent également dans l’univers du combo.
Quant au sous-titre de Freedom Now !,
il est explicite : « une aventure musicale de libération et d’émancipation ».
Freedom Now !
est constitué de quatre suites : « Bokoroni », inspiré de l’interprétation
d’un morceau traditionnel guinéen par le joueur de djembé Famoudou Konaté ; « Amour Moteur, matrice », « hymne
à la passion » ; « Aspettando la Primavera », dédié à Aldo Romano ; « Maniacus »,
un hommage à tous les disparus… Le Rest a composé les treize mouvements
des suites.
Riff de guitare entêtant, motif de basse minimaliste et
sourd, batterie puissante et ambiance touffue : « Une nuit, cette Présence… »
lorgne vers le Metal. Effet encore renforcé par le solo tranchant de Decrauze sur
une rythmique toujours vive et dense. Puis, sur un rythme chaloupé des îles, Thiébault
emmène « Danse de l’Ivresse, Corps et Esprit… » vers des rivages mainstream.
La jolie « Valse ascensionnelle » permet à I’M’ de laisser libre
court à son sens mélodique, sur une walking et un chabada alertes. « Amour
moteur, Matrice » s’ouvre sur des nappes de sons saturés qui ramènent « Magie
d’un sourire… » vers des contrées rock. Le chorus d’I’M’ s’inscrit
davantage dans une veine latine avec, toujours, un soutient luxuriant. « Rupture
des temps, cassure du Temps… » porte bien son titre : la guitare s’emporte
et l’atmosphère tourne à la fusion. Soucieux d’alterner les climats, le sextet
fait danser « L’instant vient… », porté par les solos chantants du
ténor puis du trombone, sur un ostinato du piano et des roulements secs et serrés de la batterie. I’M’ joue l’élégant « Aspettando… » avec
une sonorité mi-métallique, mi-cristalline. Léger et vif, le groupe reprend
en chœur le thème, puis le ténor déroule de belles phrases fluides, sur un
accompagnement souple, fait de contre-chants et autres riffs. Avec ses boucles répétitives
à la Steve Reich, « L’Horloge
atemporelle » laisse le trombone s’exprimer dans un esprit entraînant,
avant que, dans « Pluie, Vapeur, Sécheresse… », la guitare électrique
ne rappelle que le rock progressif et la musique minimaliste ne sont jamais très
loin… La quatrième suite, « Maniacus », commence par la « Marche
des méchants… », un morceau inscrit dans la lignée de l’Ecole de
Canterbury : la section rythmique gronde, avec une pointe de nervosité, le
piano évoque Keith Tippett, les
soufflants épaississent le décor, la guitare joue les héros… bientôt rejointe
par le ténor. Ce premier mouvement se conclut sur un final psychédélique. Comme
pour la « Valse ascensionnelle… », c’est à I’M’ d’exposer la « Valse
des Enfants… », sur une ligne déliée de Feuger et un drumming alerte
de Le Rest. Porté par le piano et la guitare, « Solitude… » revient
au rock progressif qui, avec l’irruption des autres musiciens, fusionne avec la musique
répétitive pour aboutir à « Des pleurs aux Rires… ».
Free Human Zoo met du cœur à l’ouvrage : Freedowm Now ! respire cette joie
de jouer et la musique est authentiquement originale.