En juin
2017, Cissy Street, un quintet au nom évocateur, sort son premier disque. L’occasion
de partir à la découverte de son leader, Francis Larue.
La musique
Pour autant que je m’en
souvienne, j’ai découvert le jazz quand j’avais quinze ou seize ans : c’est
un professeur de guitare qui m’a mis sur ce chemin. A l’époque, comme beaucoup
d’ados, j’écoutais beaucoup de rock, dans le sens large du terme. Ce prof a su
m’ouvrir progressivement à d’autres univers, sans jamais dénigrer ce que
j’écoutais. Et je lui en suis vraiment très reconnaissant. Un jour je suis
tombé sur une K7 de Be-bop : je n’y comprenais rien ! Ca me passait
complètement au-dessus de la tête… Ni ma famille, ni mes amis n’écoutaient de
Jazz. Mais ce prof a su me faire écouter des choses « progressives »
et éduquer mon oreille.
Mon père jouait de la guitare
dans un orchestre de bal. Il est fort probable que j’ai choisi l’instrument que
j’avais sous la main… Du coup ça n’est peut-être pas vraiment un choix ! J’ai
commencé à apprendre en le voyant jouer. Ensuite je suis allé à la Maison des Loisirs
et de la Culture dans le village d’Auvergne où vit ma mère. Des bénévoles
donnaient des cours de guitare folk, En parallèle Je jouais et chantais dans un
groupe de rock et j’ai fait quelques bals musette avec mon oncle,
accordéoniste.
Au lycée, je me passionne de
funk et tente de monter un groupe. Grâce à lui, je rencontre d’autres musiciens
et nous nous « professionnalisons ». C’est comme ça que j’ai pu
lâcher mon travail de l’époque – dans l’électronique – pour me consacrer à la
musique. Je joue pendant plusieurs années avec la chanteuse Claire Vaillant dans des styles et des formes
différents : jazz, musique brésilienne, funk… Duo, trio, quartet… Et ça a
été mon école !
Par la suite, je suis allé à
Lyon où j’ai passé un Diplôme d’Etudes Musicales de jazz et un diplôme d’état.
J’ai eu l’occasion de travailler, entre autres, avec le trompettiste Pierre Drevet, le Big Band Bigre…
Les
influences
Côté guitaristes, mes
principales influences sont surtout George
Benson, Pat Metheny et John Scofield. Quant aux autres musiciens, c’est
très large : Stevie Wonder, Jaco Pastorius, Earth, Wind and Fire, Miles Davis, Bill Evans, Michel Camilo…
Mais aussi Nirvana ou Rage Against
The Machine.
Cinq
clés pour le jazz
Qu’est-ce
que le jazz ? Pour moi,
le jazz c’est la vie, c’est l’instant, c’est une musique changeante, variable,
pleine de contradictions… à l’image de l’humain qui la joue !
Pourquoi la
passion du jazz ?
C’est une musique pleine d’imprévus. C’est un carrefour au milieu de multiples
cultures, un terrain d’expériences pour les mélanges.
Où écouter
du jazz ? Je ne sais
pas s’il y a un moment plus propice pour écouter du jazz : le matin dans
sa voiture, la journée en faisant le ménage, le soir autour d’un verre…
N’importe quel moment me paraît bien ! Le découvrir en live, c’est
évidemment le mieux, mais pas que ! Une chose peut-être : par moment
il faut savoir adopter une vraie écoute, impliquée, concentrée, analytique ou
interrogative et sortir du syndrome « musique de fond ».
Comment
découvrir le jazz ?
Quand on vient d’une famille qui n’écoute pas de jazz, comme moi, et qu’on est
curieux de découvrir cette musique, je pense qu’il faut simplement trouver les
ponts qui nous correspondent. C’est sûr que pour apprécier certains musiciens, il
faut avoir l’oreille éduquée ou habituée à ce langage. Mais les frontières du
jazz sont très diffuses et offrent suffisamment de possibilités pour que chacun
y trouve son compte et se l’approprie de manière progressive : si on aime
le funk, les Headhunters ne dépayseront que partiellement… Tout comme écouter Mike Stern si l’on vient du rock… Dans
le jazz, il y en a pour tout le monde, et ce sera de plus en plus le cas !
Le portrait chinois
Si j’étais
un animal, je serais un écureuil,
Si j’étais
une fleur, je serais un tournesol,
Si j’étais
un fruit, je serais une orange,
Si j’étais
une boisson, je serais du thé,
Si j’étais
un plat, je serais des aubergines au parmesan,
Si j’étais
une lettre, je serais E,
Si j’étais
un mot, je serais tolérance,
Si j’étais
un chiffre, je serais 6,
Si j’étais
une couleur, je serais bleu,
Si j’étais
une note, je serais La.
Les bonheurs et regrets musicaux
Je souhaite que mon bonheur
musical soit à venir… et je regrette peut-être de ne pas avoir passé plus de
temps à composer… pour l’instant !
Sur l’île déserte…
Quels
disques ? Allez ! J’en cite cinq : Life on Planet Groove de Maceo Parker, Imaginary Day du Pat
Metheny Group, You Must Believe in Spring
de Bill Evans, The Florida Concert de Jaco
Pastorius et Ya yo me curé de Jerry Gonzalez.
Quels
livres ? Quelques
romans de science-fiction de Philip K
Dick ou d’Orson Scott Card, et
quelques polars d’Henning Mankell.
Quels
films ? Disons,
quelques films de Francis Ford Coppola,
Ang Lee, Jeff Nichols, Denis
Villeneuve…
Quelles
peintures ? Je suis un
vrai inculte dans ce domaine !
Quels loisirs ?
De quoi cuisiner convenablement
!
Les projets
En ce moment, j’ai deux projets
principaux : Cissy Street, mon quintet, qui vient de sortir son premier album,
et pour lequel je commence doucement à écrire un deuxième disque ; et un
projet avec Pierre Drevet autour d’une
formation avec quatuor à cordes, sur un répertoire bossa nova.