16 mars 2018

Triopolycordes 3

Créé en 1995, le Triopolycordes est unique en son genre : harpe, mandoline et guitare, trois instruments à cordes pincées… Florentin Calvo et Jean-Marc Zvellenreuther ont d’abord été associés à Isabelle Daups, remplacée en 2008 par Sandrine Chatron.

Le Triopolycordes publie son premier disque – Volume 1 – en 2000, puis un Volume 2 en 2003, suivi, en 2017, d’In Memoriam Frédérick Martin, hommage au compositeur disparu l’année d’avant. Le quatrième opus, Volume 3, sort en janvier 2018, toujours chez La Follia Madrigal. Le trio invite la mezzo-soprano Mareike Schelenberger sur deux morceaux.

Le répertoire du disque comprend cinq pièces composées spécialement pour le trio : « Une pincée de ciel » par le compositeur grec Alexandros Markeas, « TCP 17 » de Bruno Giner, « Sixty-One Ropes Shibari » de Sylvain Kassap, et deux œuvres autour de textes écrits par José Tono Martinez : « Tres cantos a Pandora » du compositeur argentin Luis Naón et « La caja de Pandora » de Michèle Reverdy.

Avec ses ostinatos et ses motifs qui s’imbriquent et se développent en boucle, « Une pincée de ciel » rappelle ça-et-là la musique minimaliste répétitive. Les tableaux se succèdent, tantôt sautillants, tantôt sombres, sous forme de questions – réponses ou de superposition des différentes parties. Dans les « Tres cantos a Pandora », la voix typiquement lyrique et puissante de Schellenberger se mêle aux cordes. Tandis que dans les chants numérotés trois et neuf les lignes évoluent plutôt en parallèle, dans le numéro cinq, elles dialoguent pendant que Naón déclame un poème de Martinez. Avec sa pédale, ses échanges rythmiques, ses jeux de bruitages, proches de la musique concrète, et ses fulgurances, « TCP 17 » pétille. Le « Sixty-One Ropes Shibari » de Kassap, qui pourrait se traduire par « soixante et une cordes attachées », rend hommage aux instruments du Triopolycordes. D’abord minimaliste, le morceau assemble ensuite des motifs mélodiques et rythmiques. Schellenberger retrouve le trio pour « La caja de Pandora », une pièce mélodieuse qui évoque un lied, avec quelques digressions rythmiques.

Le troisième opus du Triopolycordes est résolument ancré dans la musique contemporaine, avec des différences flagrantes par rapport au jazz, même d’avant-garde : les sonorités semblent plus polies, les intonations sont généralement très droites, les développements paraissent davantage contrôlés, avec moins d’aspérités, l’architecture des morceaux prime sur l’expressivité et l’approche du rythme est souvent rectiligne, sans cette pulsation si caractéristique du jazz. Une expérience intéressante qui ouvre les oreilles à d’autres mondes sonores.

Le disque

Triopolycordes 3
Sandrine Chatron (harpe), Florentino Calvo (mandoline) et Jean-Marc Zvellenreuther (g), avec Mareike Schellenberger (voc)
La Follia Madrigal – LFM 17091
Sortie en janvier 2018

Liste des morceaux

01.  « Une pincée de ciel », Markeas (10:38).
02.  « Tres cantos a Pandora, III », Naón (3:56).                  
03.  « Tres cantos a Pandora, V », Naón (9:36).                   
04. « Tres cantos a Pandora, IX », Naón (3:47).                  
05. « TCP 17 », Giner (9:33).            
06. « Sixty-One Ropes Shibari », Kassap (10:09).
07. « La caja de Pandora », Reverdy & Martínez (10:55).