Créé en 1995, le Triopolycordes est unique en son
genre : harpe, mandoline et guitare, trois instruments à cordes pincées… Florentin Calvo et Jean-Marc Zvellenreuther ont d’abord été associés à Isabelle Daups, remplacée en 2008 par Sandrine Chatron.
Le Triopolycordes publie son premier disque – Volume 1 – en 2000, puis un Volume 2 en 2003, suivi, en 2017, d’In Memoriam Frédérick Martin, hommage au
compositeur disparu l’année d’avant. Le quatrième opus, Volume 3, sort en janvier 2018, toujours chez La Follia Madrigal.
Le trio invite la mezzo-soprano Mareike
Schelenberger sur deux morceaux.
Le répertoire du disque comprend cinq pièces composées
spécialement pour le trio : « Une pincée de ciel » par le
compositeur grec Alexandros Markeas,
« TCP 17 » de Bruno Giner,
« Sixty-One Ropes Shibari » de Sylvain
Kassap, et deux œuvres autour de textes écrits par José Tono Martinez : « Tres cantos a Pandora » du
compositeur argentin Luis Naón et
« La caja de Pandora » de Michèle
Reverdy.
Avec ses ostinatos et ses motifs qui s’imbriquent et se
développent en boucle, « Une pincée de ciel » rappelle ça-et-là la
musique minimaliste répétitive. Les tableaux se succèdent, tantôt sautillants,
tantôt sombres, sous forme de questions – réponses ou de superposition des différentes
parties. Dans les « Tres cantos a Pandora », la voix typiquement
lyrique et puissante de Schellenberger se mêle aux cordes. Tandis que dans les
chants numérotés trois et neuf les lignes évoluent plutôt en parallèle, dans le
numéro cinq, elles dialoguent pendant que Naón déclame un poème de Martinez. Avec
sa pédale, ses échanges rythmiques, ses jeux de bruitages, proches de la
musique concrète, et ses fulgurances, « TCP 17 » pétille. Le « Sixty-One
Ropes Shibari » de Kassap, qui pourrait se traduire par « soixante et
une cordes attachées », rend hommage aux instruments du Triopolycordes. D’abord
minimaliste, le morceau assemble ensuite des motifs mélodiques et rythmiques. Schellenberger
retrouve le trio pour « La caja de Pandora », une pièce mélodieuse qui
évoque un lied, avec quelques digressions rythmiques.
Le troisième opus du Triopolycordes est résolument ancré
dans la musique contemporaine, avec des différences flagrantes par rapport
au jazz, même d’avant-garde : les sonorités semblent plus polies, les intonations
sont généralement très droites, les développements paraissent davantage
contrôlés, avec moins d’aspérités, l’architecture des morceaux prime sur
l’expressivité et l’approche du rythme est souvent rectiligne, sans cette
pulsation si caractéristique du jazz. Une expérience intéressante qui ouvre les
oreilles à d’autres mondes sonores.
Le disque
Triopolycordes 3
Sandrine Chatron (harpe), Florentino Calvo (mandoline) et
Jean-Marc Zvellenreuther (g), avec Mareike Schellenberger (voc)
La Follia Madrigal – LFM 17091
Sortie en janvier 2018
Liste des morceaux
01. « Une
pincée de ciel », Markeas (10:38).
02. « Tres
cantos a Pandora, III », Naón (3:56).
03. « Tres
cantos a Pandora, V », Naón (9:36).
04. « Tres cantos a Pandora, IX », Naón (3:47).
05. « TCP 17 », Giner (9:33).
06. « Sixty-One
Ropes Shibari », Kassap (10:09).
07. « La caja de Pandora », Reverdy & Martínez
(10:55).