Pour fêter les quarante ans du label JMS et les trente-cinq
ans de partenariat entre le Palais des Congrès de Mans et le festival
Europajazz, les protagonistes se retrouvent le 25 avril 2017 pour une soirée
anniversaire autour de trois artistes-phare du label : le regretté Didier Lockwood (qui a joué à
l’Europajazz en octobre 1981…), Jean-Yves
Lacombe avec le groupe vocal TSF et Henri
Texier.
En 1975, Jean-Marie
Salhani fonde Eurodisc, bientôt rebaptisé JMS, et construit un catalogue
impressionnant qui va de Lockwood à Texier en passant par Martial Solal, Louis
Sclavis, Joe Zawinul, Alan Holdsworth… Et c’est en octobre
1982 que le Palais des Congrès du Mans accueille pour la première fois
l’Europajazz…
A l’occasion du concert-anniversaire de JMS, et comme il
aime le faire, Texier a monté un quintet dans lequel se côtoient des compagnons
de route de longue date et des nouveaux venus : au saxophone alto et
aux clarinettes, Sébastien Texier,
présent dans les différentes formations de son père depuis plus de vingt ans ;
à la guitare, Manu Codjia, déjà
membre des Strada Sextet et Red Route Quartet ; aux saxophones ténor et
soprano, Vincent Lê Quang, avec qui
Texier a joué récemment au sein d’un trio avec Aldo Romano ; un nouveau venu tient la batterie, Gautier Garrigue, recommandé par
Codjia.
En automne 2017, le quintet enregistre Sand Woman pour Label Bleu, avec l’incontournable Philippe Teissier du Cros derrière les
micros. Pour illustrer la pochette du disque, Texier a choisi « Le
mouvement des marées », un collage dans les tons gris signé Jacques Prévert et tiré du recueil Fatras, qui représente une femme fantomatique - ni George, ni de sable - allongée sur une plage, par nuit de pleine lune…
Le répertoire de Sand
Woman reprend trois morceaux enregistrés pour Eurodisc – JMS : « Amir »
et « Quand tout s’arrête » sont tirés d’Amir, le premier opus de Texier, enregistré en solo en 1976 ;
« Les là-bas » figure sur Varech,
deuxième opus du contrebassiste, toujours en solo et sorti en 1977.
« Indians » est repris de l’album An
Indian‘s Week, publié par Label Bleu en 1993. Quant à « Hungry
Man » et « Sand Woman », il s’agit de deux nouvelles
compositions.
Sand Woman est
bien ancré dans l’univers musical de Texier : des belles ritournelles (« Sand
Woman ») invitent à la ronde (« Indians »), portées par des
riffs envoûtants (« Hungry Man »), des développements denses (« Les
là-bas ») et un son de groupe intense (« Quand tout s’arrête »).
Même si des touches rock (« Sand Woman ») et de free (« Indians »)
se glissent ça-et-là, Sand Woman s’aventure
plutôt dans les territoires néo hard bop (« Amir ») et blues (« Hungry
Man »).
Texier aime associer deux soufflants dans ses formations :
Sébastien, bien sûr, mais souvent accompagné de François Corneloup, Francesco
Bearzatti, Glenn Ferris, Georgy Kornazov… ou Lê Quang. Redoutable
improvisateur, le saxophoniste se joue des techniques étendues avec une
facilité déconcertante (« Amir »), s’envole volontiers vers des cieux
free (« Sand Woman »), mais connaît également son abécédaire bop sur
le bout des doigts (« Les là-bas »). Sébastien Texier est égal à
lui-même et nage dans la musique du contrebassiste comme un poisson dans l’eau
: sonorité profonde et ouatée (« Amir »), bilingue hard bop (« Amir »)
et blues (« Hungry Man »), tantôt agile et bondissant (« Les là-bas »),
tantôt majestueux (« Quand tout s’arrête »)… La guitare électrique métallique (« Les
là-bas ») ou aérienne (« Amir ») de Codjia apporte des couleurs
rocks (« Sand Woman »). « Hungry Man » est taillé sur
mesure pour les lignes bluesy, distorsions, échos et autres saturations de la
guitare. Avec Garrigue, Texier a trouvé un nouveau batteur à la fois physique
et subtil, attaché à la pulsation et musical : aussi à l’aise avec un
chabada régulier (« Amir »), qu’avec un jeu touffu (« Sand Woman »),
des frappes sur les cymbales ponctuées de rim shot (« Hungry Man ») ou
des roulements de tambours tribals (« Les là-bas »). Comme à son
habitude Texier soutient son quintet avec des walking dynamiques (« Amir »),
des riffs bluesy entraînants (« Hungry Man »), des ostinatos puissants (« Indians »)…
et ses chorus racontent toujours des histoires formidables (« Quand tout s’arrête »).
« Les musiciens de jazz n’ont jamais la certitude d’en
avoir fini avec une exploration », écrit Texier. En inlassable conteur de
sons, il le prouve une fois de plus avec Sand
Woman : toujours à l’affût d’une trouvaille, sa musique a beau être familière,
elle reste une source d’inspiration inépuisable…
Le disque
Sand Woman
Henri Texier Quintet
Vincent Lê Quang (ts, ss), Sébastien Texier (as, cl b, cl),
Manu Codjia (g), Henri Texier (b) et Gautier Garrigue (d).
Label Bleu – LBLC6728
Sortie 2 février 2018
Liste des morceaux
01. « Amir »
(12:05).
02. « Sand Woman » (10:55).
03. « Hungry Man » (10:59).
04. « Indians
» (10:01).
05. « Les
là-bas » (12:15).
06. « Quand
tout s'arrête » (7:02).
Tous les morceaux sont signés Texier.