Du 13 au 16 juin les
arènes de Lutèce retrouvent (presque) leur fonction première et vivent au
rythme des pièces de théâtre, concerts, spectacles de danse, expositions,
conférences, ateliers, jeux, débats, repas et même… des parties de pétanque
endiablées !
Créé en 2015, le festival Les Nuits des Arènes investit
l’amphithéâtre à ciel ouvert de la rue Monge. Construites au premier siècle,
ces arènes, qui comptaient autour de dix-sept mille places, préfigurent les
salles polyvalentes d’aujourd’hui puisqu’elles servaient à la fois aux jeux du
cirque et à des représentations théâtrales… Au programme de la cinquième
édition du festival : pas moins de cinq concerts, huit pièces de théâtre,
un spectacle de danse, quatre expositions et, toujours, de nombreux moments
d’interactions et de convivialité avec le public.
Depuis 2003 et leur disque éponyme, la vingtaine (plus ou
moins) de musiciens du Surnatural Orchestra suit son bonhomme de chemin et
aligne les projets : Sans tête,
Pluir, Profondo Rosso, Ronde, Esquif… sans compter ceux qui ne sont pas –
encore – sortis sur disque. En 2018, l’orchestre a posé ses instruments dans le
théâtre L’Echangeur à Bagnolet, où il a installé son studio, Caracol. Le 15
juin, le Surnatural Orchestra présente son dernier projet, Tall Man, puis il est rejoint en deuxième partie par l’octet de Denis Charolles.
Comme souvent pour leurs concerts, le Surnatural Orchestra monte
sur scène déguisé (en robe pour la plupart) et affublé de coiffes loufoques.
Pendant tout le set, les musiciens changent de place, vont et viennent devant
l’orchestre, au grès des solos, se mêlent aux spectateurs, montent dans les
gradins, jouent avec des escabeaux et des spots, invitent le public à danser…
dans une atmosphère festive. Et quand la Campagnie des musiques à ouïr de
Charolles s’en mêle, la fête redouble d’intensité ! Mais ces facéties n’empêchent
pas la musique, souvent dirigée par des instructions de Soundpainting, d’être tout
ce qu’il y a de plus sérieuse pendant près de trois heures !
Des mélodies plutôt courtes, sous forme de ritournelles ou
de refrains, laissent place à des développements foisonnants, qui alternent des
ambiances de fanfare, de cirque, de carnaval, mais aussi d’hymnes, de marches,
d’odes… dans des croisements de voix, des contrepoints, des questions-réponses,
des envolées déjantées… tous plus jubilatoires les uns que les autres ! La
Nouvelle Orléans, le rock’n roll, le calypso, le free, le rock alternatif, le
charleston, le cha-cha-cha, la valse, la scottish… ou encore les musiques du
monde, arabo-andalouses, folkloriques, voire klezmer s’invitent dans la danse.
Le tout, toujours parsemé de chorus inspirés, d’interactions astucieuses, de
digressions ingénieuses et de dialogues relevés. Entre la batterie – devant l’orchestre
–, les percussions, les motifs de la guitare et les riffs des soufflants, le
rythme est également l’une des composantes essentielles de la musique du
Surnatural Orchestra. Comme d’habitude, Hanno
Baumfelder est préposé aux propos dada hilarants, tandis que Nicolas Stephan part dans des envolées
dignes d’un opéra bouffe… Charolles n’est pas en reste avec un discours
grotesque dans un sabir inintelligible, puis avec une caricature de rock’n roll
particulièrement savoureuse !
Les deux orchestres ont la pêche : une joie de jouer contagieuse,
un plaisir manifeste de mélanger les genres, une malice évident à alterner
musiques faciles et passages ardus… Du surnaturel à ouïr d’urgence, assurément !