07 mars 2022

Forêts – Tatanka

Quand deux membres du Very Big Experimental Toubifri Orchestra et deux membres du Helmut Krakor Quintet se retrouvent, cela donne
un trio ! C’est la trompettiste Emmanuelle Legros qui a réuni en 2016 le batteur Corentin Quemener et le claviériste Guillaume Lavergne pour former Tatanka : le bison en langue sioux… En 2018, Tatanka sort Baïkal, puis leur deuxième opus, Forêts paraît le 25 février 2022, toujours sur le label… La bisonne ! La trompettiste a composé dix des douze morceaux du répertoire, Quemener et Lavergne en amènent chacun un.

Aérienne, la trompette vole sur « Divague », au-dessus d’un foisonnement électro, d’une batterie touffue et puissante, dans un esprit rock progressif, et quand la voix s’en mêle, le morceau prend une tournure onirique. « Humus » a des côtés ronde folk : le thème, vif et sautillant, est basé sur les lignes élégantes de Legros, les réponses malicieuses de Quemener et un ostinato entêtant de Lavergne. La sonorité velouté du bugle, le swing appuyé de l’orgue et le jeu luxuriant de la batterie font décoller « Olé, une chambre à soi ». Si le « Menuet des sous-bois » commence délicatement, presque comme une comptine, avec une mélodie gracieuse exposée à l’unisson par la trompette et des vocalises, c’est dans une ambiance rock déjantée qu’il se termine, saturation et frappes binaires à l’appui. « Force » est nerveux et dansant comme une samba. Une pédale à la main gauche, un motif cristallin à la main droite, des effets électro discrets, une tournerie lointaine, une tension croissante… « D’eaux » est empreint d’une gravité que les phrases sinueuses de la trompette mettent en relief. « Nana Bozo » s’étire tranquillement, au grès des accents mystérieux de Lavergne, du drumming léger de Quemener et du discours tout en douceur de Legros. « Thelonious », hommage au pianiste décédé le 17 février 1982, il y a juste quarante ans, est aussi un clin d’œil à La Nouvelle Orléans, ses rythmes chaloupés, ses pianos de bastringue et ses trompettes bouchées expressionnistes. « Dans la brume » est un intermède bruitiste sombre, qui débouche sur « Les Ruines », un air peut-être nostalgique, partagé entre le discours souple de la trompette, sur un balancement rythmique entraînant, puis des vocalises en voix de tête sur un clavier argentin et des percussions alertes. « Le jour d’après la nuit » est également construit autour de deux tableaux : après une ode, ponctuée par la majesté de la trompette sur le vibrato de l’orgue et le frémissement des cymbales, le morceau part dans une veine ethnique, marquée par les ostinato de l’orgue au son boisé et les envolées éthérées de la trompette. Forêts se conclut sur une joyeuse « Crazy Dance », aux rythmes chatoyants et aux alternances de vocalises et de traits claironnants de la trompette.

La musique de Tatanka a de la personnalité et ses Forêts sont un mélange de Tronçais, Fontainebleau, Brocéliande, Haguenau, Iraty… dans lesquelles on se perd toujours avec plaisir !

Le disque

Forêts 
Tatanka
Emmanuelle Legros (tp, bg, voc), Guillaume Lavergne (kbd) et Corentin Quemener (d).
La bisonne
Sortie le 25 février 2022

Liste des morceaux

01. « Divague » (5:43).
02. « Humus » (5:40).
03. « Olé, une chambre à soi » (3:56).
04. « Menuet des sous-bois » (4:27).
05. « Force », Quemener (3:01).
06. « D’eaux » (8:11).
07. « Nana Bozo », Lavergne (5:19).
08. « Thelonious » (2:17).
09. « Dans la brume » (0:37).
10. « les Ruines » (4:16).
11. « Le jour d’après la nuit » (4:46).
12. « Crazy dance » (5:03).


Tous les morceaux sont signés Legros sauf indication contraire.