Le 20 octobre 2023, Musiques au Comptoir présente Echoes of Time, le nouveau projet de Christophe Marguet. Après l’inévitable pâté de Pierrot et l’incontournable pot-au-feu de Marianne, place à la musique...
Comme il l’annonce en introduction, Marguet s’est entouré d’amis. Au violon, Régis Huby, avec qui il a joué, entre autre, au sein de Ways Out de Claude Tchamitchian, Akasha d’Yves Rousseau... A la guitare, Manu Codjia, rencontré chez Henri Texier, qui fait également partie de deux autres groupes de Marguet, aux côtés de Sébastien Texier et François Thuillier : We Celebrated Freedom Fighters! et Célébrations. Quant à Hélène Labarrière, Marguet a fait partie de son quartet – Désordre – et la contrebassiste participe à deux autres formations du batteur : Happy Hours avec Yoan Loustalot et Julien Touery, et Pronto ! en compagnie de Daniel Erdmann et Bruno Angelini.
Les neuf morceaux au programme sont des inédits composés par Marguet qui feront l’objet d’un enregistrement dans les semaines à venir. Le concert est dédié à Carla Bley, disparue le 17 octobre, et le quartet joue une composition en hommage à Steve Swallow – compagnon de Bley. Echoes of Time pourrait être un clin d’œil au jeu de rôle vidéo éponyme, mais c’est plutôt Triple Echo, le disque de Soft Machine, qu’évoquent les ambiances éthérées (« L’immensité ») et rock progressif (« Vibrations », « Magic Box ») des morceaux. Les montées en tension s’inscrivent également dans une veine rock progressif (« Vibrations », « Entre les jours »), comme les sonorités rugueuses, raclements, grésillements et autres saturations qui constellent des mouvements foisonnants et noisy (« Magic Box »), toujours tendus (« Song For A Drum ») et parfois brutaux (« En équilibre »). Echoes of Time s’aventure aussi dans la musique de chambre (« Rupture »), la musique classique du XXe (« Entre les jours »), le jazz-rock bluesy (« Thérapie »), voire le cinéma (« Song For Drums »).
Côté construction, Marguet reprend la structure thème – solos – thème. Thèmes qui sont d’ailleurs le plus souvent exposés à l’unisson (« Magic Box », « L’immensité ») et qui reposent sur un riff entraînant (« Vibrations »), une marche (« Entre les jours »), un air torturé (« Un petit tango »), un chant grave dans une veine début XXe (« Rupture ») ou des compositions chaloupées et dissonantes, un peu dans l’esprit de Texier (« Song For Drums », « Thérapie »). Le quartet joue également sur les contrastes entre la rythmique acoustique et les solistes électriques (« L’immensité »). Les morceaux s’appuient sur des contre-chants abrupts (« Thérapie ») et des plans successifs : batterie touffue, contrebasse carrée, violon dans un nuage électro et guitare en mode rock dans « L’immensité » ; batterie véloce, dialogues réfléchis entre le violon et la guitare, et contrebasse pour le liant dans « Un petite tango » ; échanges délicats dans « Entre les jours »...
La rythmique est tour à tour touffue (« L’immensité »), puissante (« Vibrations »), subtile (« Rupture »), dansante (« Magic Box »)... Les développements de Marguet sont souvent complexes et ses solos volubiles et énergiques (« Thérapie »). Marguet fait crépiter ses frappes (« Un petit tango »), et voltiger ses roulements sur les peaux, avec force et musicalité, dans des élans charnels (« Song For Drums »). Labarrière assure une carrure solide en toute circonstance (« Un petit tango ») et ses solos affichent une belle musicalité (« L’immensité »). Ses pédales (« Un petit tango »), ses ostinato (« Magic Box »), son minimalisme grondant (« En équilibre »), ses lignes mélodieuses (« Song For Drums ») et ses phrases vrombissantes (« Thérapie ») mettent le quartet sous tension. Le programme d’Echoes of Time va comme un gant à Codjia, qui peut placer des envolées de guitar hero (« L’immensité »), prendre des solos aériens (« Un petit tangos ») et planer sobrement (« En équilibre »), ou, au contraire, lâcher des traits cristallins et véloces (« Entre les jours »), mais aussi dialoguer élégamment avec Huby (« Un petit tango »), et échanger avec le violon des questions-réponses dans une veine contemporaine (« Un petit tango »). Huby nage comme un poisson dans l’eau au milieu d’une impressionnante rangée de pédales qui lui permettent de varier les effets, de jets électriques digne du rock progressif (« Vibrations ») à des plaintes langoureuses (« Rupture »), en passant par un free buritiste (« Entre les jours ») ou lyrique (« Song For Drums »).
Alternative ou continue, qu’importe ! La musique électro-acoustique d’Echoes of Time recharge les batteries les plus à plat !