1980 : Brian Eno
est déjà une star aux multiples facettes, Jon Hassell est toujours un trompettiste-chercheur… Ils décident d’enregistrer pour
Polydor un album-concept au titre éloquent : Fourth World Vol. 1 Possible Musics. Pour Hassell, c’est un peu
comme un manifeste dans lequel il expose sa «coffee-coloured classical music »
et son jeu « future primitive »… une « fourth stream », en
quelque sorte. Le concept d’Hassell repose sur un métissage de musiques synthétiques
et de musiques traditionnelles. En novembre, le label allemand Glitterbeat,
spécialiste des musiques africaines, réédite Fourth World Vol. 1 Possible Musics.
Les six morceaux du disque, composés pour une moitié par
Hassel et pour l’autre par le duo, ont des titres qui évoquent l’Afrique :
« Griot (over « Contagious Magic ») » et l’Afrique de
l’ouest, « Ba-Benzélé » du nom de la tribu pygmée, « Rising
Thermal 14° 16’ N; 32° 28’ E » situé dans le sud Soudan, « Charm
(Over « Burundi Cloud ») » au nom explicite, « Delta Rain
Dream » qui pourrait faire référence au Nil… Sans oublier, bien entendu,
la photo satellite de la pochette du disque, un cliché de la région du sud de
Khartoum.
Si Hassell est présent sur toutes les plages, en revanche
Eno ne joue du synthétiseur (Prophet et Minimoog) ou de la guitare que dans
quatre morceaux. Comme souvent, Hassell est accompagné de Naná Vasconcelos au ghatam (percussion indienne en forme de pot) ou
aux congas. Il fait également appel au percussionniste sénégalais Aïyb Dieng sur trois morceaux. D’autres
invités se joignent également à la partie, au grès des ambiances…
Entre Eno, en plein développement du concept musical ambient avec Discreet Music (1975) et Music
for Airports (1978), et Hassell, qui a suivi les cours de Pandit Prân Nath et reste sous l’influence
de Karlheinz Stockhausen, Terry Riley, La Monte Young… la musique de Fourth
World Vol. 1 Possible Musics est imprégnée de minimalisme répétitif.
Pas d’unité de temps pour les morceaux qui s’étalent de trois
à vingt-et-une minutes. Les mélodies sont réduites à un motif de quelques notes
(« Chemistry ») développé à l’économie (« Delta Rain Dream »)
et la rythmique est un enchevêtrement de boucles récurrentes (« Charm
(Over « Burundi Cloud ») »). Fourth
World Vol. 1 Possible Musics joue avant tout sur des juxtapositions sonores
qui créent des paysages évocateurs : les sons acoustiques naturels et chaleureux
des percussions (« Chemistry ») ; la voix déformée, feutrée,
voire fêlée, de la trompette électrifiée ((« Charm (Over « Burundi Cloud ») ») ;
les sonorités synthétiques des claviers (nappes d’harmoniques emphatiques dans (« Delta
Rain Dream ») ; un riff groovy de conga et de basse (« Ba-Benzélé ») ; les
effets réalistes (claquements de mains dans « Griot (over
« Contagious Magic ») », orage dans « Ba-Benzélé »,
grillons et bruits de la nuit dans « Rising Thermal 14° 16’ N; 32° 28’
E »…)…
Décors et rythmiques africains, minimalisme et réitérations dans
la lignée des Riley, Steve Reich, Philip Glass… et trompette aux
vocalises de synthétiseur : Hassell se lance dans une musique électro d’ambiances.
Le disque
Fourth World Vol. 1
Possible Musics
Jon Hassell & Brian Eno
Jon Hassell
(tp), Brian Eno (g, synth, électro), Naná Vasconçelos (percu) et Aïyb Dieng
(percu), avec Percy Jones (b), Michael Brook (b), Jerome Harris (b), Paul
Fitzgerald (electro), Gordon Philips, Andrew Timar et Tina Pearson (mains)…
Glitterbeat – GBCD 019
Sortie en novembre 2014
Liste des morceaux
01. « Chemistry », Hassell & Eno (6:50).
02. « Delta Rain Dream », Hassell & Eno
(3:26).
03. « Griot (Over « Contagious Magic »)
» (4:00).
04. « Ba-Benzélé » (6:15).
05. « Rising Thermal 14° 16' N; 32° 28'
E », Hassell & Eno (3:05).
06. « Charm (Over « Burundi Cloud ») » (21:29).
Toutes les compositions sont signées Hassell, sauf
indication contraire.