La Corée, l’Ethiopie,
l’Irlande, la Guinée, le Zimbabwe, les Antilles, le Mali, l’Inde, le Brésil… découvrir
Etienne de La Sayette, c’est comme s’embarquer pour un périple autour du monde…
La musique
J’avais autour
de huit ans et je ne sais ce qui m’a pris de vouloir écouter du jazz, sans
savoir vraiment ce que c'était... Ma gentille maman qui n'y connaissait goutte
m'a emmené chez un disquaire : « le petit veut écouter du jazz ». Et le gentil
monsieur nous a vendu le disque Atomic
Basie. Sur le coup je n’ai pas franchement été emballé… Mais j’avais écouté
du jazz !
Vers neuf ou dix ans, j’ai commencé le violoncelle
dans un conservatoire. Il a presque réussi à me dégoûter à tout jamais de la
musique. Dans la foulée, j'ai redoublé débutant B en solfège… Un exploit ! Vers
quatorze ans, le saxophone me semblait être le summum du cool et du branché sexy…
Donc je suis passé au saxophone… Autant de raisons stupides, of course !
Parce qu’aujourd’hui, je n'ai ni affinité particulière, ni dégoût pour cet
instrument. C'est juste celui dont je sais à peu près jouer, mais ça pourrait être
aussi bien du piano, du banjo ou de l'ophicléide baryton…
Du saxophone au
jazz, il n’y a qu’un pas… Quelques chouettes professeurs particuliers m’ont conseillé,
mais j’ai surtout appris un maximum de choses grâce aux voyages, aux rencontres
et à une pratique acharnée. Composer, arranger, monter plein de projets, apprendre
à jouer toutes sortes de flûtes du monde, créer pour le théâtre, écrire des
musiques de pub, tourner avec des groupes de reggae, faire de la musique
irlandaise dans les maisons de retraite, jouer du jazz dans des caves et du
zouk dans les stades... Le kiff autodidacte quoi !
Les influences
Il y a tellement de sources d’influence… C’est impossible de toutes les
citer. Sans compter que je ne suis pas forcément influencé par des musiciens,
mais plutôt par des musiques. Pour être plus clair : je suis davantage
influencé par les musiques traditionnelles européennes ou non, en tous cas qui
existent dans une tradition collective, plutôt que par la création singulière
de tel ou tel individu. D’ailleurs les musiciens qui sont tout en haut de mon
panthéon personnel – John Coltrane,
par exemple ! – ne sont pas forcément ceux qu’on entend dans ma musique…
Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ?
Le jazz je m'en fous ! Si on
enferme le jazz dans une définition, il va crever, étouffé, même si on fait des
petits trous dans la boite pour qu’il respire !
Pourquoi la passion du
jazz ? La
liberté, l'improvisation...
Où écouter du jazz ? Dans une boite échangiste à Bamako…
Comment découvrir le jazz ? Allez en écouter en live !
Une anecdote autour du jazz ?
Pas d'anecdote mais une citation
que j'adore : « writing about music is like dancing about architecture »,
c'est Thelonious Monk qui aurait dit
ça...
Le portrait chinois
Si j’étais un
animal, je serais un cochon, mon
signe astrologique chinois – Et dans le cochon tout est bon !
Si j’étais un
plat, je serais du yukae jang, un ragout de bœuf épicé coréen – Mmmmmmmm !
Si j’étais un
mot, je serais bordel !
Si j’étais
une couleur, je serais une
couleur qui pète : orange fluo
ou rose fuchsia, comme antidote à
l'emmerdement et à la morosité ambiante qui flottent sur Paris, et en souvenir
des couleurs vibrantes de l'Inde…
Les bonheurs et regrets
musicaux
Le bonheur c’est
le prochain projet ! Et, aujourd’hui, non, je ne regrette rien, rien de rien…
Sur l’île déserte…
Quels disques ? Arf ! Il vaut mieux se mettre à
fabriquer des instruments, quelques flûtes en roseau, une conque pour souffler,
des percussions en bambou et des sanzas en arêtes de poisson…
Quels films ? Aucun, je serais trop occupé à
fabriquer des instruments et à monter un orchestre avec les survivants du
naufrage…
Quelles peintures ? Si l'île n’est pas trop moche, et
qu'en plus, avec un peu de chance, il y a la mer autour… il n’y a pas besoin de
peinture…
Quels loisirs ? L'élevage des petites grenouilles dendrobates.
Les projets
D’abord je
veux continuer la belle aventure Akalé Wubé. C’est un authentique groupe avec
qui je prends mon pied depuis six ans et qui a un gros potentiel pour nous emmener
très loin.
Il y a, bien
sûr, le nouveau quintet Baeshi Bang. Après avoir trouvé une identité sonore
bien à lui, Baeshi Bang ne demande plus qu'à tourner et s'acoquiner avec des
musiciens de Corée, son pays d'adoption...
Je fais
également partie du rutilant Wunderbar Orchestra de mon pote Victor Michaud. D’autre part, je
compose et produits aussi des musiques de films. Récemment j’ai notamment écrit
la musique du superbe Concrete Stories,
un film de mon pote Lorenz Findeisen.
Par ailleurs j’ai des nouvelles collaborations en vue avec mon ami Blundetto. En bref, c’est toujours des
histoires de potes !
Sinon, je
monte un nouveau projet avec le balafoniste Lansiné Diabaté et des musiciens mandingues de Guinée. Nous
commençons en novembre et je trépigne d'impatience !
Enfin, je
veux continuer à collectionner les claviers vintage et apprendre à jouer pour
de vrai de la mbira du Zimbabwe…
Trois vœux…
Habiter
dans une grande maison au milieu de la forêt tropicale et avoir trente-quatre
enfants...
...
Et même qu’Hermeto Pascoal serait mon
grand-père...
...
Et qu'on jouerait toute la journée de la flûte dans la rivière !