Après deux premiers disques dans une veine plutôt mainstream
– Junjo en 2006 et Esperanza en 2008 – Esperanza Spalding prend un virage RnB avec Chamber Music Society, en 2010, et Radio Music Society, en 2012. Emily’s
D + Evolution, qui sort en mars 2016 chez Concord, marque une nouvelle
orientation à tendance pop rock.
Spalding est accompagnée du guitariste Matthew Stevens (NEXT, Christian
Scott, Terri Lyne Carrington, Harvey Mason…) et du batteur Karriem Riggins (Ray Brown, Mulgrew Miller,
Paul McCartney, Diana Krall, Erykah Badu…).
Autour de ce trio central, selon les morceaux, la contrebassiste s’entoure de
chœurs, d’un deuxième batteur, Justin
Tyson, et invite également Corey
King. Spalding a composé dix des douze morceaux, cosigne « Noble
Nobles » avec King et reprend « I Want It Now » qu’Anthony Newley et Leslie Bricusse ont écrit en 1971 pour Charlie et la chocolaterie.
Chansons à texte mélodieuses (« Farewell Dolly »),
rythmique puissante et régulière au service de la voix (« One »),
chœurs « à pattes d’éléphant » (« Rest In Pleasure »), structure
basée sur couplets / refrain (« Ebony And Ivy »), mise en place
précise (« Unconditional Love ») et production travaillée : Emily’s
D + Evolution réunit tous les ingrédients nécessaires pour un nouveau
Grammy ! D’autant plus que les ambiances des morceaux sont bien dans l’air
du temps : un rock aux accents punk (« Good Lava », « Funk
The Fear »), le RnB toujours en filigrane (« Unconditional
Love »), du funk rythmé (« Earth To Heaven ») ou bluesy à la Prince (« Judas »), de la pop
sophistiquée (« One »), de la folk des années soixante-dix (« Noble
Nobles »), des tentations slam (« Ebony And Ivy »), un hymne
(« I Want It Now »)… Spalding joue de sa voix diaphane
(« One »), toujours mobile (« Elevate Or Operate ») et
d’une assurance rythmique solide (« Funk The Fear »).
Avec Emily’s D +
Evolution, Spalding se lance dans la variété haut de gamme.